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d'entrer dans les prisons, et d'y porter des secours à la classe d'hommes la plus rebutante et la moins propre à intéresser. Ils ont su entr'autres qu'il y avoit à Sainte-Pélagie un assez grand nombre d'enfans déjà condamnés pour vols ou autres délits, et qui, confondus avec les autres prisonniers, prenoient par cette funeste communication le goût et l'habitude de tous les vices. Ils ont demandé qu'on les isolât du reste des détenus; ce qui leur a été accordé. Ils ont entrepris ensuite d'instruire ces malheureux enfans plongés dans l'ignorance, et dont la plupart n'avoient jamais entendu parler de Dieu que pour le blasphemer, et n'avoient reçu aucune leçon de morale, ni aucune idée de vertu. Ce profond abandon n'est que trop commun dans Paris, où des parens vicieux ne prennent aucun soin de l'éducation des enfans, les laissent errer à leur gré ou les forment même au crime par leurs exemples. C'est sur cette classe, plus malheureuse encore aux yeux de la foi que sous les autres rapports, que s'exerce la charité des vertueux jeunes gens dont on ne peut se lasser d'admirer le zèle pour les bonnes œuvres les moins agréables à la nature. Ils vont plusieurs fois par semaine faire des instructions à ces enfans, dont un assez grand nombre se montrent ac cessibles à la voix de la raison. Si quelque chose peut triompher de leurs coeurs, et faire impression sur leurs esprits, c'est sans doute la bonté et le zèle avec lesquels on se dévoue pour eux, et on vient les visiter sans autre intention que de leur faire du bien, et de leur appreudre à connoître Dieu et à aimer la vertu. La religion seule peut inspirer le désir efficace de se consacrer à ce ministère; les idées libérales n'ont pas encore, que je sache, eu assez de crédit pour déterminer personne à se charger d'une mission si peu attrayante. Il n'y a rien là pour la vanité.

-Le dimanche 11 août, jour où dans le diocèse de Paris on célèbre la fête de la Susception de la couronne d'épines du Sauveur, on a exposé à la vénération des

fidèles, dans l'église de Saint-Sulpice, des fragmens de cette couronne dont l'authenticité est attestée par des pièces sûres, et qui ont été donnés à l'église par une personne pieuse et zélée. Le clergé est allé recevoir ces fragmens avec pompe à la porte de l'église. Ils étoient déposés dans un reliquaire préparé à ce dessein. Après le salut, le clergé et les fidèles sont allés à l'adoration. Le ministre de l'intérieur vient d'engager M. l'archevêque, duc de Reims, grand aumônier de France, à réunir à ses attributions le soin de distribuer les secours accordés par S. M. aux congrégations religieuses, et aux prêtres âgés et infirmes. Cette proposition a été agréée par ce vénérable prélat auquel de semblables fonctions conviennent éminemment, tant à raison de son caractère, que par les moyens qu'elles lui procurent d'exer cer sa charité.

Le ministère public ayant rendu plainte contre l'ouvrage de M. l'abbé Vinsou, le Concordat expliqué au Roi, cette affaire a été appelée, le 10 août, au trịbunal correctionnel. L'abbé Vinson y a paru, et a exposé, qu'arrivé de Londres depuis trente-six heures, it n'avoit pas eu le temps de préparer ses moyens de défense, et n'étoit pas en état de répondre aux questions qui pouvoient lui être faites. M. le procureur du Roi a lu la plainte qui porte: «qu'attendu qu'en 1816, le sieur Vinson a fait imprimer, vendre et distribuer un ouvrage dans lequel il développe les principes les plus dangereux et les plus susceptibles de faire naître des nouveaux troubles dans l'Etat ; attendu que notamment aux pages 49, 73, 85, 92, 93, 94, 95, 102 et 123, le sieur Vinson s'élève tout à la fois contre l'art. 13 de la loi du Concordat, du 15 juillet 1801, et contre l'art. 9 de la Charte, il a répandu des alarmes sur l'inviolabilité des propriétés, dites nationales, et que son ouvrage doit être regardé comme une sorte de provocation au genre de délit prévu par la loi du 9 novembre 1815, à raison de la doctrine dangereuse et erronée qu'il professe, et de

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son opposition formelle avec les lois politiques, civiles et pénales qui nous régissent ». La cause sèra remise à quinzaine, sur la demande de l'abbé Vinson. L'instruction et les débats se feront à huit-clos. On a appelé dans la même séance une cause semblable pour M. le procu reur du Roi contre l'abbé Fleury, demeurant à Nantes. Elle est aussi remise à quinzaine, et l'instruction aura lieu de même à huit-clos.

-Les ouvrages de l'Eglise de la Madeleine avancent beaucoup depuis quelque temps. Les deux chapelles à droite et à gauche sous le choeur de l'église sout achevées. Les colonnes du péristyle ont été fort exhaussées, et une grande quantité de pierres sont toutes taillées et prêtes à être mises en place,

-Antoine Mausire, cultivateur de la paroisse de Dampierre, diocèse de Rouen, canton de Gournay en Bray, a fait don à l'église de cette paroisse, par acte devant notaire, de 77 perches de terre qu'il avoit acquises au commencement de la révolution, et qui appartenoient à cette même église.

-Un journal contient l'article suivant dont nous ne garantissous point l'authenticité : « Le gouvernement wurtemburgeois a repris ses négociations avec le saint Siége, et y met beaucoup de suite. Elles étoient trèsavancées en 1811, lorsqu'elles furent rompues tout à coup par ordre de Buonaparte. M. le conseiller ecclésiastique Keller a été chargé de les reprendre à Rome, et on dit qu'il a été convenu qu'il y auroit un second évêque suffragant dans le royaume. Cet évêque, qui seroit M. Keller lui-même, seroit chargé de l'administra tion des 95 cures catholiques qui existent dans le Wurtemberg. Ainsi il y auroit deux évêques in partibus et point d'évêque titulaire ».

- M. l'ancien évêque de Saint-Malo vient d'arriver à Paris. M. Févêque d'Amyclée est aussi de retour du voyage qu'il a fait à Besançon.

MADRID. Joseph-Marie Morelos, ce curé de Caru

cuaro, qui avoit pris les armes dans le Mexique, et éloit devenu chef des rebelles, a été fusillé à Mexico, le 22décembre dernier. Avant de mourir, il a adressé au vice-roi une lettre où il se reconnoît coupable d'avoir quitté son état et son troupeau, excité les peuples à la révolte et versé le sang. Il en demande pardon à Dieu, à l'Eglise, à son souverain, et à ceux qu'il a égarés et scandalisés. Il fait volontiers le sacrifice de sa vie ponr expier ses crimes, et se recommande aux prières des fidèles. Cette lettre, datée du 10 décembre, porte les caractères du repentir. Nous avons dit précédemment que Morelos avoit été dégradé par l'autorité ecclésiastique. Il avoit été pris le 5 novembre au combat de Temalaca. Immédiatement après son exécution, le viceroi a publié une amnistie générale pour les insurgés.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. MADAME, duchesse d'Angoulême, est arrivée ici, le 10, à cinq heures du soir. Le Roi étoit sorti pour aller au-devant de MADAME; mais S. M. prit une route différente de celle que suivoit la Princesse et ne put la rencontrer. Mme. la duchesse de Berry, qui avoit été également audevant de MADAME, fut plus heureuse, et LL. AA. RR. revinrent ensemble à Paris. Le dimanche, MADAME a paru à côté du Roi, en revenant de la messe par la galerie vitrée. Le public a salué S. A. R. par de nombreuses acclanations. La santé de cette Princesse paroît s'être fortifiée dans son voyage.

Mr. le duc d'Angoulême a visité, à Lyon, plusieurs fabriques et ateliers. Le Prince a voulu voir travailler les ouvriers, et leur a laissé des preuves de sa libéralité. Instruit que l'art de lire les dessins pour les étoffes riches étoit presque abandonné, il a fait des fonds pour payer l'apprentissage de douze liseurs ou liseuses.

M. le préfet de la Seine a publié l'avis suivant:

Habitans de Paris, vous prévenez, par vos désirs impatiens, l'époque bien chère à la France de la fête de Saint-Louis, de cette auguste et sainte solennité, consacrée, depuis un temps immémorial, par

la religion et par l'amour des François pour leurs rois. Il vous tarde de pouvoir offrir au digne fils de saint Louis l'hommage de votre vénération pour les vertus de son auguste aïeul dont il retrace l'image, de votre amour tendre et respectueux pour sa personne sacrée, de votre vive reconnoissance pour les bienfaits dont il ne cesse de vous combler.

Vos magistrats, pour seronder vos vœux, avoient cru pouvoir offrirà S. M., et aux Princes et Princesses de sa famille, une fête à l'Hôtel de-Ville, S. M., dont le cœur paternel voudroit épargner à ses peuples jusqu'aux moindres sacrifices, a vu dans les dépenses qu'occasionneroit la fête qui lui étoit préparée de nouvelles privations à imposer aux fidèles habitans de la ville de Paris. S. M., en ajournant toute fête, pompeuse à des temps plus heureux, a daigné ajouter ces mots: Si la ville de Paris avoit en fonds libres et disponibles dans sa caisse' l'argent nécessaire pour la fête projetée à l'Hôtel-de-Ville, il faudroit le distribuer aux indigens.

+

Les devoirs de vos magistrats se trouvent tracés dans cette réponse, digne d'être à jamais gravée dans tous les cœurs : les dispositions de la fete prochaine seront réduites aux dépenses utiles et indispensables; des jeux aux Champs-Elysées et d'abondantes distributions de secours aux indigens en feront les principaux frais. Mais que chacun de vous, en contemplant les traits chéris du père des François, couronne son. image, l'environne des voeux de l'amour filial, et fasse parvenir jusqu'à lui l'expression de ses sentimens. De l'unanimité de ses vœux, leur expression vive et franche, de l'ensemb'e de toutes les fêtes parti-, culières qui termineront la journée, résultera une grande fête vérita blement nationale, sans faste, et toute offerte par le cœur.

de

C'est la seule qui puisse plaire à notre bon Roi. Un Prince qui aime ses sujets et qui en est aimé, voit dans le témoignage libre et spontané de leurs sentimens, et dans l'élan de la joie publique, le tableau d'une fête de famille, et le préfère à un spectacle d'apparat acheté par des sacrifices et des privations.

Fait à l'Hôtel-de-Ville, le 8 août 1816.

-

La frégate l'Eurydice, qui a porté aux Etats-Unis l'ambassadeur, M. Hyde de Neuville, et les flûtes la Caravane et la Salamandre, qui avoient été expédiées aux îles SaintPierre et Miquelon, viennent d'arriver à Brest. Les deux îles ont été remises au Roi, le 22 juin.

Une ordonnance du Roi exempte de tous droits d'en-, trée dans le royaume, jusqu'à nouvel ordre, les grains, farines, pain et biscuit de mer.

M. Pépin de Bellisle est nommé préfet de la Vendée, en remplacement de M. de Roussy.

- On a repris le procès du général Drouet-d'Erlon, qui avoit été ajourné faute d'instructions suffisantes. Le rappor teur, M. Delon, a recueilli un plus grand nombre de ren

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