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cuteur. Ce peuple qui a conquis la liberté voudroit-il donc exercer la plus violante tyrannies? Ce peuple bon & sensible veut-il ramener des jours de meurtre & de sang, souiller les regards de l'assemblée nationale, ceux du roi & de son auguste famille, de spectacles atroces & des scenes révoltantes? Ne voit-il pas que ces violences; ces assassinats déguisés, sous le nom de justice, ne peuvent qu'effrayer les bons citoyens, les forcer à fuir le séjour de la capitale, détruire entiérement ses ressources & son commerce, & priver toutes les classes industrieuses des moyens de subsistance que leur offrent les dépenses & les consommations des hommes riches qui cherchent la tranquillité & la paix? Ne voit-il pas qu'il sert, par de pareils excès, les ennemis de la révolution, qui ne peuvent manquer de contempler avec plaisir des désordres qui la feroient haïr de ceux qui confondent la licence dont elle est quelquefois le prétexte, avec la liberté qu'elle doit nous assurer pour jamais ? Non, l'administration ne peut croire que ce soit les habitans de Paris, ses véritables citoyens qui se portent volontairement à des violences aussi coupables. Une foule d'étrangers & de vagabonds infectent la capitale. Ils sont payés pour nuire & pour troubler

tout.

L'aministration est instruite que l'argent a été répandu dans le dessein d'entretenir une dange reuse fermentation; & sans la vigilance continuelle, les efforts soutenus de la garde nationale, & son infatigable patriotisme, l'or prodigué à des hommes sans principes, sans patrie, sans autre ressource que le crime, eût peut-être déjà renversé la constitution qui s'éleve. Voilà ce dont le bon peuple de la capitale doit être averti. Qu'il se sépare donc de ces hommes pervers qu'il est tems de punir, & qui seront pu nis s'ils osent tenter quelques entreprise's crimi nelles; qu'il se fie à la loi, & qu'il lui laisse le soin de juger ceux qui oseroient l'enfreindre. Si depuis quelque tems elle a paru dormir, si les vols & les brigandages ont été plus communs c'est l'effet des circonstances, d'une législation nouvelle, peut-être moins réprimante, mais plus humaine, & par-là plus assortie à une constitution libre, législation qui, d'ailleurs, n'a pa encore recevoir toute sa perfection. Cependant des mesures vont être prises pour protéger plus efficacement les propriétés des citoyens, éloigner de la capitale les brigands qui les menacent sans cesse assurer aux jugemens une prompte exécution, & par-là rétablir la paix, la tranquillité, le travail & l'abondance. Mais c'est à la puissance

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publique à prendre ces mesurès, c'est à elle seule à agir. Que les citoyens ne l'oublient jamais; qu'ils sachent que rendre, sans pouvoir, un jul gement de mort, est un crimé, & l'exécuter un opprobre...

L'assemblée a applaudi à la sagesse de cette proclamation.

Je demande, s'est écrié un membre, que l'assemblée s'occupe de la conduite du Châtelet, qui relâche tous les jours, sans les punir, des voleurs, des brigands, pour se mêler au peuple & pour exciter la guerre civile. On assure que les mendians reçoivent vingt sous par jour par par jour par des personnes intéressées à troubler l'ordre & la paix. IM. l'abbé Gouttes est venu à l'appui en disant que plusieurs personnes dignes de foi lui ont certifié que le Châtelet donnoit six livres à tous les brigands qu'il relâchoit.

M. Bailly a répondu que M. le lieutenant civil alloit rendre compte de la conduite du Châtelet.

Sur ces entrefaites, il a été observé qu'il étoit urgent d'entendre le comité de mendicité, qui avoit été chargé depuis long-tems de rendre compte à l'assemblée d'une pétition de la commune de Paris concernant la mendicité.

M. Prieur, membre de ce comité, a répondu que le comité s'étoit occupé de cette pétition

pendant cinq séances, où il avoit admis les députés de la commune ; que d'après le bruit alarmant que Paris contenoit quinze à vingt mille, mendians étrangers, le comité avoit fait vérifier. cette assertion, & avoit obtenu le résultat satis-, faisant qu'il n'y en avoit que quinze cents à deux mille dont M. de la Milliere s'étoit chargé, en les occupant à applanir les routes qui sont autour de la capitale.

M. Voidel a annoncé que des avis venus au comité des recherches, portent que des Piémontois sur-tout & des Savoyards sont envoyés & soudoyés pour mendier à Paris. Il a fait la motion que le comité des rapports présentât un moyen prompt & assuré pour y porter remede.

M. Fréteau l'a appuyé fortement, & a demandé que ce rapport fût fait samedi au soir, d'après le travail des deux comités de mendicité & des rapports. L'assemblée a décrété cette motion.

M. Talon a paru à la tribune, & a dit : On a répandu que le Châtelet ne condamnoit pas les coupables & donnoit de l'argent à ceux qu'il relâchoit. Je ne combattrai pas cette derniere allégation; elle tombe d'elle-même. J'exposerai seulement que le nombre ordinaire des prisonniers du Châtelet étoit de deux à trois cents; aujourd'hui il y en a huit cents. La prison ne pouvant

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en contenir un aussi grand nombre, le Châtelet a été obligé d'en transférer une partie à l'hôtel de la Force. Cette surcharge vient de ce qu'autrefois la police jugeoit la plupart des délits d'escroquerie, & condamnoit les auteurs à Bicêtre ou ailleurs. Mais vous avez sagement proscrit ces jugemens arbitraires. Cette surcharge vient aussi de la suspension des justices prévôtales. D'un autre côté, on ne peut plus mettre la même célérité dans l'expédition des affaires criminelles, depuis les nouvelles formes incomplettes jusqu'à l'établissement des jurés. Le Châtelet jugeoit autrefois dix procès criminels dans la matinée; aujourd'hui il peut à peine en terminer deux; encore y emploie-t-il la journée entiere. Cependant toutes les salles d'audience qu'il peut destiner à cet usage, il les y emploie. Il a de plus l'attention de ne pas rendre un jugement sans être assisté de notables. Mais pourquoi les condamnations sont-elles moins fréquentes? La raison en est bien simple. Vos nouvelles loix sont plus humaines. Les accusés ayant des conseils n'avouent plus leur délit ; les témoins mettent plus de réserve dans leurs dépositions, soit parce que la publicité leur en impose, soit par tout autre motif. Un voleur est arrêté & trouvé saisi de l'effet qu'il a volé, Il est coupable aux yeux du peuple

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