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SPENSER.

Old Spenser next, warm'd with poetic rage
In ancient tales amus'd a barbarous

age;

Through pathless fields, and unfrequented floods,. To dens of dragons, and enchanted woods.

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We view well pleas'd at distance all the sights
Of arms and palfries, battles, fields, and fights,
And damsels in distress, and courteous knights.”

ADDISON, on the English poets.

SPENSER avait à peine achevé son éducation, qu'il éprouva les rigueurs

*Le vieux Spenser plein d'une ardeur poétique, par d'anciens contes amusa un siècle barbare;

Dans des champs perdus, sur des mers infréquentées, vers des cavernes de dragons, dans des forêts enchantées,

(La suite à la page suivante. }

de la fortune et de l'amour. Le Calendrier du berger (the Shepherd's Calendar), recueil de plusieurs églogues, est rempli de sa passion malheureuse pour Rosalinde. Dans ces pastorales, il suit la nature, mais la suit peut-être de trop près, et peint quelquefois trop rustiquement les mœurs champêtres.

Il dédia cet ouvrage à sir Sidney, jeune seigneur qui, par son esprit, sa valeur et sa galanterie, faisait l'ornement de la cour de la reine Elisabeth. « Ce jeune Marcellus anglais, dit l'au»teur de sa vie, mourut avant trente-trois >> ans d'une blessure à la bataille de » Zutphen.

>>

Spenser entreprit ensuite un poëme héroïque de chevalerie, the Fairy Queen, (la Reine-Fée), et en adressa un chant à Sidney qui fut enthousiasmé de la

on aime à voir de loin tout ce spectacle

d'armes, de palefrois, de sièges, de combats,
de damoiselles en détresse et de courtois chevaliers.

pre

peinture du désespoir. Sidney lit la mière stance, et, dans son transport, il appelle son intendant et lui ordonne de porter cinquante guinées à l'auteur ; il lit la seconde stance, et double la somme. L'intendant surpris allait faire des représentations, mais le jeune Mécène avait lu la troisième stance ; élève la somme à deux cents guinées, et commande à l'intendant de la porter sans délai, de crainte 'qu'en poursuivant sa lecture, il ne fût tenté de donner tout son bien.

il

Sir Sidney présenta Spenser à la reine et le fit nommer poëte lauréat.

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Spenser fit, un jour, hommage d'un poëme à la reine qui chargea Burleigh, son ministre, de lui remettre cent guinées. Quoi! dit Burleigh, tant d'argent » pour une chanson! — Eh bien, reprit >> Elisabeth, donnez-lui ce que de raison, (what is reason). » Le ministre trouva probablement qu'il était raisonnable de

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ne rien donner. Le poëte s'en plaignit par le quatrain suivant :

I was promis'd on a time
To have reason for my rhyme;
From that time unto this season,
I receiv'd nor rhyme nor reason.

Ces vers eurent l'effet desiré.

*

La Reine - Fée, composée cent ans après le Roland furieux, lui ressemble beaucoup. Spenser a, comme l'Arioste, une imagination vive, brillante, mais qui souvent l'entraîne et l'égare. Le poëme anglais est cependant bien inférieur à l'italien : l'un est à peine connu, tandis que l'autre est traduit dans toutes les langues.

Devenu secrétaire de Grey, lord député d'Irlande, Spenser le suivit à

*Jadis un ordre auguste et magnanime
m'avait promis la raison pour ma rime;
depuis ce tems jusqu'à cette saison,
je n'ai reçu ni rime ni raison.

Dublin, y trouva une maîtresse moins cruelle que Rosalinde, la célébra dans des sonnets dont la série forme une

espèce d'histoire amoureuse et finit par l'épouser. Vers la fin de sa vie, ses biens furent pillés, et, retombé dans l'infortune, il vint mourir de chagrin à Londres, où il fut enterré dans l'abbaye de Westminster, à côté de Chaucer.

Spenser a imité de l'Arioste la manière d'écrire en stances: celles de l'Arioste ont huit vers, celles de Spenser en ont neuf sur trois rimes, et le dernier est toujours un vers alexandrin. Le style spensérique consiste à écrire en stances de même mesure et à emprunter quelques-unes de ces expressions surannées. Chaque poëte qui écrit dans ce style, choisit, à volonté, une plus ou moins grande quantité de ces vieux mots, et en donne ordinairement le dictionnaire à la suite du poëme.

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