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Cette guerre fut longue et sanglante; mais enfin Rome l'emporta. Auguste récompensa le dévoûment de Cottius en augmentant sa puissance. Quelques savants pensent, sur l'autorité de Suétone, qu'il n'obtint des Romains le titre de roi que sous le règne de Tihère. Le même Suétone nous apprend qu'à la mort de Cottius, Néron réduisit ses états en province romaine. Cela arriva l'an 63; mais Cottius devait être mort lors de cette réunion à l'empire, ou elle eut lieu à la mort d'un de ses successeurs du même nom; car il n'est pas possible qu'il ait vécu si long-temps. Cottius mourut à Suze, où subsiste encore un monument, en forme d'arc de triomphe, avec une inscription portant les noms de tous les peuples qui lui furent soumis. Ce monument se trouve gravé dans Muratori Thesaurus inscription. tome II; dans le Museum Veronense de Mafféi; dans Mazzaza, Arco antico di Susa, in-folio, Turin, 1750, et dans la première partie de la Description des Alpes Grecques et Cottiennes, par AlbanisBeaumont.

B-G-T.

COTTON (PIERRE), jésuite célèbre, né en 1564, à Néronde, en Forez, fut envoyé fort jeune à Paris, puis à Bourges, où il étudia le droit. I achevait son cours, à Turin, lorsqu'un directeur jésuite, qui avait sa confiance, réussit à le faire entrer dans cet ordre célèbre, anquel il devait rendre les plus grands services. En vain le père de notre jeune religieux, qui était secrétaire des commandements de la reine-mère, obtint de cette princesse qu'elle priât le duc de Savoie de faire rendre le nouveau jésuite à sa famille; en vain ce père inconsolable conjurait-il son fils de laisser là ses suborneurs, Cotton persista dans son dessein, et réussit, à

l'âge de dix-neuf ans, à empêcher les poursuites de princes puissants, à fléchir et à calmer un père irrité. Ses supérieurs l'envoyèrent à Milan étudier la philosophie; il connut dans cette ville S. Charles-Borromée, dont la grande réputation, jointe à la protection qu'il accordait aux jésuites, ne contribua pas peu à placer notre jeune profes parmi les membres les plus fervents de cet ordre. Après avoir séjourné dans plusieurs autres villes d'Italie et particulièrement à Rome, il revint en France, où il prêcha avec succès, à Roanne, à Avignon, à Nîmes, à Grenoble, à Marseille. Il convertit à la religion catholique Mme. de Créqui, fille du maréchal de Lesdiguières; mais il n'obtint pas d'abord le même succès auprès de ce célèbre général, qui ne fit son abjuration qu'en 1622, et cependant, conservant toujours de l'estime et de l'amitié pour lui, en parla au roi Henri IV, comme d'un homme qui méritait sa protection. Après avoir paru avec éclat dans le midi, le P. Cotton fut envoyé à la cour, par ses supérieurs, pour y rétablir les affaires de son ordre. Henri IV l'accueillit avec bonté, l'embrassa, et s'entretint long-temps avec lui des intérêts des jésuites: tel fut le commencement de cette liaison qui régna entre le monarque et ce religieux. Henri emmenait avec lui le P. Cotton dans ses differents voyages. L'édit de Rouen, qui rappelait les jésuites de leur exil, fut une preuve non équivoque du crédit dont leur représentant jouissait à la cour, et l'offre de l'archevêché d'Arles et du chapeau de cardinal, qu'il refusa, ne fit qu'ajouter à la considération que ne manque jamais d'at tirer la faveur du monarque. Dans le temps de cette faveur, il reçut à la gorge un coup d'épée qui lui fut porté

de derrière une voiture où il se trouvait; mais heureusement la blessure ne fut pas mortelle. Les ennemis des jésuites attribuèrent cet assassinat à la vengeance de quelques laquais, que le P. Cotton avait fait punir pour l'avoir insulté; d'autres ont avancé que les auteurs de ce crime étaient les ennemis même de la religion catholique. Les succès du P. Cotton pouvaient accréditer ce bruit; il avait dès-lors converti, ou préparé à une conversion prochaine, plusieurs personnages d'un rang distingué. Le P. Cotton jouit de la faveur de Henri IV, long-temps avant d'être chargé de diriger sa conscience. On ne voit pas que cet emploi délicat, lorsqu'il est question surtout d'un prince tel que Henri, ait apporté quelque changement à la conduite de ce monarque; mais son confesseur sut conserver, avec les égards qu'il pouvait avoir pour les faiblesses d'un grand roi, la réputation d'un saint religieux et l'estime des plus illustres personnages. Son crédit douna lieu à quelques plaisanteries: on disait de Henri qu'il « avait » du coton dans les oreilles.» Plusieurs écrivains ont prétendu que ce religieux n'était pas sans reproche au sujet de la doctrine du tyrannicide, et que, lorsque le héros vainqueur de la ligue fut assassiné, son confesseur défendit à Ravaillac « d'accuser les gens » de bien; » mais nous n'avons sur ce point aucun renseignement authentique, et le P. Cotton, courtisan en faveur, était trop bien observé par ses ennemis, pour qu'ils laissassent échapper de pareils traits sans les rendre publics. Ce qu'il y a de cerfain, c'est qu'il témoigna la plus vive douleur à la mort de Henri. Ce grand prince avait légué son cœur au collége des jésuites de la Flèche. Le P. Cotton fut chargé de porter au licu

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de sa destination dernière ce triste gage de l'ancienne protection du monarque. Il avait, pendant deux ans avant la mort de Henri, enseigné la morale et la religion à son fils Louis XIII. On venait de publier la satire amère de l'Anti-Cotton, où est prouvé que les jésuites sont coupables du parricide d'Henri IV, Paris, 1610, in-8°. Cette satire fut suivie d'un grand nombre de pamphlets, pour et contre la compagnie de Jésus. La reine régente consola le P. Cotton en le nommant confesseur du nouveau roi, emploi qu'il conserva jusqu'en 1617. A cette époque, il quitta la cour, étant âgé de cinquante-quatre ans, et se retira à la maison du noviciat établie à Lyon. Son activité naturelle ne l'abandonna pas dans sa nouvelle situation. Il parcourut les provinces du Midi en missionnaire et en apôtre; il alla même en Italie, à Milan, à Lorette, à Rome, accomplir, de la part de Louis XIII, les vœux que ce prince avait faits à la Ste. Vierge, à S. Charles et à S. Pierre. Il revint même prêcher à Paris, et le roi, avec toute sa cour, alla l'entendre à St.-Gervais. Il eut cependant encore quelques contradictions à essuyer, au sujet du livre fameux du P. Santarel, jésuite italien, qui attribuait au pape un pouvoir révoltant sur l'autorité temporelle et même sur la vie des princes. Le P. Cotton se soumit, quoiqu'avec un peu de répugnance, à la déclaration et au désaveu que le parlement exigea des jésuites à ce sujet, et qui était une preuve du peu de confiance qu'inspiraient les opinions qu'on supposait à ces religieux. Le P. Cotton mourut à Paris, dans la maison professe de son ordre, le 19 mars 1626. Un grand concours de peuple assista à ses fu

nérailles. Il s'était fait la réputation d'un saint homme, et il était, pour son temps, un habile prédicateur. Son Institution catholique et sa Genève plagiaire sont des ouvrages de controverse, ainsi que son traité du Sacrifice de la messe. On a aussi de lui des sermons et quelques livres de piété. Les jésuites lisaient avec edification un recueil de maximes et de résolutions qu'ils tenaient de ce père, et qu'il avait composé pour son usage. Ils le regardaient comme un des plus savants et des plus saints personnages qui eût illustré leur ordre, Jamais aucun d'eux ne jouit en effet d'une plus grande considération. S. François de Sales paraît avoir eu pour lui une estime particulière. Il y a une Vie du P. Coton, écrite par le P. d'Orléans, Paris, 1688, in-4°., et une autre écrite par le P. Rouvier, tous deux jésuites. Cette dernière, imprimée à Lyon, 1660, in-8°. est en latin, et elle contient des faits impor. tants que le P. d'Orléans a passé sous silence (V. CARBONNET). C-t. COTTON (le chevalier ROBERT), né à Dentan en 1570, s'attacha principalement à étudier les antiquités d'Angleterre, et à déterrer les plus anciens manuscrits. Dans cette vue, il se transporta à Londres, où il se joiguit à un certain nombre de savants qui composaient une société d'antiquaires, au nombre desquels était Cambden. Animés tous du même zèle, ils voyagèrent vers le nord de l'Angleterre, où les Romains avaient fait un plus long séjour. Cotton y amassa un vaste et curieux recueil de manuscrits, dont Th. Smith a publié le catalogue sous ce titre Catalogus librorum manuscriptorum bibliothecæ Cottoniance, etc., 1696, in-fol. Cotton connaissait si bien les anciennes chartes anglaises, que c'était à lui qu'on

s'adressait quand il s'agissait de faire valoir les droits de la couronne, et de maintenir les anciennes constitutions du royaume. C'est à Robert Cotton qu'est dû le rétablissement du titre de chevalier baronet qu'il retrouva dans de vieilles chartes. Il mourut en 1631. On publia en 1652 un recueil des traités qu'il avait composés dans des occasions importantes. Un de ses héritiers ayant donné à la couronne d'Angleterre la fameuse bibliothèque de Robert Cotton et la maison où elle était placée, afin que le public en pût jouir, on jugea à propos dans la suite de joindre cette bibliothèque à celle du roi, et de les placer l'une et l'autre dans une maison située dans le cloître de l'abbaye de Westminster; mais le feu y prit le 3 novembre 1931, et consuma quelques livres de la bibliothèque royale et un bien plus grand nombre de manuscrits de la bibliothèque Cottonienne. L'eau des pompes dont on se servit pour éteindre le feu gâta de telle sorte une partie de ceux que le feu avait épargnés, qu'il n'est plus possible de les lire. On trouve la note des précieux manuscrits qui périrent dans cette occasion dans l'Appendix du Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du roi,,par Gasley, Londres, 1734, in-4°. (en anglais). Z.

COTTON (CHARLES), poète anglais, né en 1630 d'une bonne famille du comté de Stafford, se distingua particulièrement dans le genre burlesque. Le plus célèbre de ses ou vrages, les Scarronides, ou Virgile travesti, poëme burlesque sur le 1er. et le 4. livres de l'Eneide, ne ressemble que par le titre à l'ouvrage de Scarron, et c'est, suivant quelques critiques anglais, après Hudibras, la meilleure production de ce

genre qui existe dans aucune langue. Rapprocher les Scarronides d'Hudibras, c'est comparer une caricature à une peinture qui, bien qu'un peu chargée, a le mérite d'un grand fond de vérité. Quoique Cotton ait rempli autrement le cadre de Scarron, il lui doit toujours ce cadre et l'idée de l'ouvrage. Ce poëme a été souvent réimprimé, notamment pour la huitième fois en 1700, et pour la quiuzième en 1771, et ce succès est peut-être moins dû à l'esprit et au talent de l'auteur, qu'aux détails licencieux dont l'ouvrage est rempli. Son autre poëme intitulé Burlesque sur burlesque, ou le Railleur raillé, contenant quelques-uns des dialogues de Lucien mis en galimathias anglais, reimprimé pour la huitième fois en 1771, a le même mérite et le même défaut. Un ouvrage plus estimable est la traduction des Essais de Montaigne, traduction digne de l'original, au rapport de quelques bons juges. Charles Cotton mourut dans un état assez misérable à Westminster, en 1687, à ce qu'on présume, après avoir été persécuté pendant les dernières années de sa vie par une foule de créanciers, de procureurs et de sergents, « ennemis plus redoutables, » dit-il dans un de ses poëmes, « que les » Goths et les Vandales. » Il eût pu cependant, avec un peu moins de penchant au burlesque, passer sa vieillesse dans l'aisance, du moins si l'on en croit l'anecdote suivante. Sa grand'mère, qui vivait à Peak, dans le Derbyshire, avait fait un testament, où elle lui léguait un bien de 4 ou 500 liv. sterl. de revenu par an; nais le poète s'étant permis, dans son Virgile travesti, de plaisanter sur une espèce de vertugadin qu'elle portait habituellement, cette bonne femme

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en fut tellement irritée qu'elle révoqua son testament, et laissa tout son bien à un étranger. Charles Cotton est auteur de plusieurs autres ouvrages et de quelques traductions du français : I. la traduction en vers de la tragédie des Horaces, de Corneille, 1671, in-4°.; II. Histoire de la vie du duc d'Épernon (traduction), 1670, infol.; III. Voyage en Irlande, poëme burlesque en trois chants; IV. la Belle de Tunis, roman traduit du français, 1674; V. Commentaires de Blaise de Montluc, maréchal de France (traduction), 1674 ; VI. le Manuel du planteur, ou Instructions sur la culture de toutes sortes d'arbres à fruits, 1675, in8.; VII. Instructions pour pécher la truite et l'ombre dans l'eau douce, imprimées à la suite du Parfait Pécheur de Walton, ami intime de Cotton; VIII. la traduction des Mémoires du sieur de Pontis, 1694, in-8'. On a imprimé pour la sixième fois en 1770, en un volume in-8°. et in12, un recueil de ses Poésies composées en différentes occasions. X-s.

COTTON (NATHANIEL), médecin anglais du 18. siècle, exerça longtemps sa profession à St.-Albans, où il était chef d'un hôpital pour les insensés, et où il mourut en 1788. Comme plusieurs autres médecins ses compatriotes, il cultiva la poésie, et quoiqu'il ait publié des Observations sur un genre particulier de fièvre scarlatine, il est plus connu comme auteur de poésies insérées dans le recueil imprimé par Dodsley, et surtout par un ouvrage en vers, intitulé: les Visions, pour l'instruction des enfants, qui a été reimprimé plusieurs fois. X-s.

COTTON DES HOUSSAYES

(JEAN-BAPTISTE), né à la NeuvilleChant-d'Oisel, près de Rouen, le 17 novembre 1727, docteur et biblio

نا

thécaire de la Sorbonne, professa pendant quinze ans la théologie à Rouen. Il est mort à Paris le 20 août 1785. On a de lui: I. Éloge historique de M. Maillet du Boullay, Rouen, 1770, in-8°.; II. Eloge historique de l'abbé de Saas, 1775, in-8., et dans les Pièces relatives à l'académie de l'immaculée Conception de la Ste. Vierge, fondée à Rouen. Ce même recueil contient plusieurs discours de Cotton des Houssayes. III. Eloge historique de Chamousset, à la tête des OEuvres complètes de Chamousset, 1783, 2 vol. in-8., dont Cotton fut éditeur; IV. plusieurs articles dans le Journal de physique de 1780. Ces articles sont relatifs à la botanique, science que Cotton airaait beaucoup. Il travaillait à des Élements d'histoire littéraire universelle ou Bibliothèque raisonnée, dont on peut voir le plan dans l'Année litté raire de 1780, et dans le Journal des Savants de 1781. Il avait dessein de donner l'essai d'un Traité des universités de France, pour servir d'introduction au commentaire sur le chapitre des gradues de M. d'Héricourt. Son manuscrit avait 558 pages in-4°. A. B-T. COTYS, nom commun à plusieurs rois de la Thrace, de la Cappadoce, et du Bosphore Cimmérien. Le plus ancien que nons counaissions est Cotys, roi de Thrace, qui, vers l'an 600 avant J.-C., permit à Alyattes, roi de Lydie, de faire venir en Asie une colonie de Mysicns. Les rois de cette famille se disaient descendants d'Eumolpe, et, en conséquence, ils conservèrent toujours des liaisons très étroites avec les Athéniens, qui accordèrent à plusieurs d'entre eux le titre de citoyen.-Corys Ier., fils de Penthée, devint roi d'une portion de la Thrace, vers l'an 280 av. J.-C. Dans

les commencements de son règne, il vécut en bonne intelligence avec les Athéniens, et donna même sa fille en mariage à Iphicrate, l'un de leurs généraux, qui avait rendu quelques services à son père. Il subjugua plusieurs peuples voisins, et devint le roi le plus puissant de la Thrace, ce qui engagea les Athéniens, qui le ménageaient à cause de la Chersonnèse, à lui accorder le titre de citoyen, et à lui décerner des couronnes d'or. Cotys, pour ne pas le céder en générosité, declara aussi les Athéniens citoyens de Thrace. Quelque temps après, Miltocytlus, s'étant révolté contre Cotys, leur envoya demander des secours ; ils se hâtèrent de lui en accorder, et nommèrent Autoclès général à cet effet; mais les orateurs du parti d'Iphi crate trouvèrent le moyen de l'empêcher de partir, et Cotys, avant vaincu Miltocytlus, s'empara du MontSacré de la Thrace, et de tous les trésors qui y étaient. Les Athéniens, à cette nouvelle, firent le procès à Autoclès, et envoyèrent dans la Thra ce d'autres généraux que Cotys vainquit par les conseils d'Iphicrate; il voulut ensuite attaquer la Chersonnèse; mais Iphicrate ne voulant pas contribuer à dépouiller sa patrie, quitta son service. Cotys ne renonça pas pour cela à son projet, et il avait déjà pris la plus grande partie de la Chersonnèse, lorsqu'il fut assassiné, vers l'an 356 av. J.-C., par Python d'Enos et Héraclide son frère. Il eut pour successeur Cersobleptes son fils. Cotys avait quelques talents militaires; mais la violence de son caractère l'entraîna dans des actes de cruauté qui souillèrent son règne. Il était, dans les commencements, en garde contre lui-même; car, un marchand étranger lui ayant apporté des. vases de terre d'un travail très pré

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