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consacré un genre à sa mémoire sous le nom de Deeringia. Il appartient à la famille des amarantacées. D-P-s. DEFFANT (MARIE DE VICHY CHAMROUD, marquise DU) naquit en 1697, d'une famille noble de la province de Bourgogne. Mediocrement partagée des biens de la fortune, médiocrement élevée dans un couvent à Paris, ne pouvant, quoique remarquable par son esprit, ses grâces et sa beauté, espérer de faire un mariage de son choix et à son gré, elle accepta le premier parti convenable qui s'offcit et que ses parents lui proposèrent, le marquis du Deffant, beaucoup plus âgé qu'elle, et avec lequel elle n'avait aucune conformité de goût, d'inclinations et d'humeurs. Cette union ne fut pas heureuse. On ne sera pas étonné que Me, du Deffant, qui avait une particulière et invincible disposition à l'ennui et qui s'eunuyait de tout le monde, se soit bientôt ennuyée de son mari. Ils se séparèrent, et une tentative qu'ils firent dans la suite pour se réunir ne servit qu'a donner plus d'éclat, et même une sorte de ridicule à leur mésintelligence. Mlle. Aïssé, autre femme célèbre de ce temps, raconte ces événements d'une manière très défavorable à Mae, du Deffant. « Un am nt qu'elle avait, dit-elle, » l'a quittée quand il apprit qu'elle » était bien avec M. du Deffant, et lui » a écrit des lettres pleines de repro»ches. Il est revenu, l'amour-propre » ay nt réveillé des feux mal éteints. » La bonne dame n'a suivi que son » penchant, et sans réflexion elle a » cru un amant meilleur qu'un mari; » elle a obligé le dernier à abandonner » la place. Elle reste la fable du pu»blic, méprisée de son amaut, blå»mée de tout le monde, délaissée de > ses amis : elle ne sait comment dé

>> brouiller tout cela. » On ignors quel est cet amant dont parle Mile. Aïsse; belle, jolie, spirituelle, et ne se piquant pas de principes très rigoureux, Mme. du Deffant dut en avoir plusieurs. On prétend qu'elle fut l'objet passager des goûts du prince aimable et corrompn qui gouvernait alors la France, le régent duc d'Orléans; elle inspira un sentiment plus durable au président Hénault; mais enfin l'âge de la galanterie passa, et ce fut alors que M. du Deffant devint célèbre et acquit une grande considération. Sa maison fut le rendez-vous de ce que Paris renfermait d'illustre parmi les Français et les étrangers: grands seigneurs, ministres, hommes d'esprit de toutes les conditions, femmes belles et aimables, tous regardaient comme un avantage et tenaient pour ainsi dire à honneur | d'y être admis. Mme. du Deffant bisait le charme des conversations d'un cercle aussi bien choisi, et son esprit était toujours au niveau de ceux qui en avaient le plus. Cependant, tant de succès et de distractions ne purent la dérober au cruel ennemi de sa vie entière, à l'ennui. Elle en était accablée, excédée, s'en plaiguait à tout le monde, demandait des remèdes à tout le monde, n'en trouvait point, et toujours s'ennuyait horriblement, Elle dut ennuyer ses contemporains à force de le dire, et dans sa correspondance, elle ennuie quelquefois ses lecteurs à force de l'écrire. Un cruelle circonstance accrut cette dé plorable disposition de son ame: à cinquante quatre ans elle devint avengle. Ce fut au moment où elle était menacée de perdre la vue qu'elle fit la connaissance de M. de Lespinasse; elle crut trouver dans cette jeune personne, pleine de vivacité et d'esprit, une ressource contre le double mal

l'époque de cette fâcheuse tracasserie, que M. du Deffant connut M. Walpole, et c'est à cette connaissance qu'elle doit sa plus grande célébrité, parce que ses liaisons avec ce seigneur anglais donnèrent lieu à une correspondance qui, publiée derniè rement, a mieux fait connaître sa personne, son caractère, son esprit, et a excité à plus d'un titre l'attention générale. Me, du Deffant y fait passer en revue une infinité d'objets ; elle dit son sentiment sur tout avec une extrême franchise, et juge et les personnes et les choses, et les livres et les auteurs, et les gens du monde, et les hommes et les femmes de sa société, avec une excessive sévérité. Toutefois ses jugements littéraires sont pour la plupart très sains, et annoncent l'esprit le plus fin et le goût le plus delicat. Quelques critiques particulières sont, sans doute, d'une rigueur ontrée; mais à tout prendre, l'ensemble de son opinion sur la littérature de cette époque est très juste, et la postérité, qui a déjà commencé pour les hommes et les livres dont elle parle, l'a déjà confirmée et la confirme de plus en plus. Rien n'est plus difficile, même pour l'homme le plus exercé, que cette juste appréciation de la littérature de son temps et des hommes de lettres ses contemporains; rien n'annonce mieux la justesse de l'esprit et la délicatesse du goût. Ce qui distingue surtout celui de Me, du Deffint, c'est l'attrait vif et irrésistible qui l'entraîne toujours vers ce qui est simple, vrai, naturel, et son antipathie, son horreur pour ce qui est affecté, recherché, pour tout ce qui montre des prétentions et l'affectation du bel esprit: aucun de ces défauts ne lui échappe ; peutêtre ne voit-elle pas toujours aussi bien les bonnes qualités qui les

heur d'être aveugle, ou, comme elle le dit énergiquement elle-même, « plongée dans un cachot éternel, » et d'être en proie à cette fatale maladie de l'ennui. Cette ressource lui manqua cruellement après quelques années d'une réunion qu'elle avait espéré de voir durer jusqu'à sa mort. C'est une circonstance malheureuse dans la vie de Mae, du Deffant, par les tracasseries qui accompagnèrent et suivirent cette séparation. Mile, de Lespinasse, plus jeune, eut plus de partisans; plus active, elle les mit plus vivement dans ses intérêts: elle se jeta d'ailleurs dans le parti des philosophes, des encyclopédistes, des économistes, de ceux qui alors faisaient et défaisaient les réputations : elle s'en fit des panegyristes, elle en fit des détracteurs de Mme. du Deffant. Il serait difficile de juger actuellement ce procès; il est à croire qu'il y a eu des torts réciproques. Mais quand on con sidère que M. de Lespinasse était l'obligée, et M. du Deffant, la bienfaitrice; quand on voit les attentions délicates dont celle-ci prévint la jeune compagne qu'elle s'était associée, la considération dont elle l'entoura à son arrivée dans le monde, la lettre pleine de noblesse qu'elle lui écrivit au moment de leur séparation, en réponse à une lettre assez froide et assez commune qu'elle en avait reçue, la modération avec laquelle elle en parla toujours dans la suite, on est porté à croire que, dans I répartition des torts, ce n'est pas elle qu'il faut charger des plus graves. Il est d'ailleurs bien probable que Mile, de Lespinasse, avec son caractère ardent et son ame passionnée, était d'une société encore plus difficile que M. du Deffint, aver sa raison calme, son esprit un peu défiant, son cœur un peu froid. Ce fut à peu près à

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compensent et les rachètent : il suit
de cette disposition d'esprit, qu'elle
n'aime pas tous les bons ouvrages,
mais qu'elle n'en aime point qui
ne soit bon ou même excellent. Sa
sévérité envers les gens du monde
n'est pas moins grande, et elle est
moins excusable: sa correspondance
est pleine de maximes générales qui
annnoncent clairement et durement
sa façon de penser sur la société de
son temps: «J'ai acquis, dit-elle, un»
» fonds très profond de mépris pour
» les hommes; je n'en excepte pas
» les dames; au contraire, je les
» crois bien pis que les hommes... >>
« Je ne suis point étonnée, dit-elle
» ailleurs, qu'il y ait si peu d'élus.»
Et on voit bien que si, pour être
sauvé, il fallait lui plaire, le nombre
des élus serait plus petit encore. Les
applications particulières sont dignes
de ces maximes générales, et toute la
correspondance n'est qu'une médi-
sance perpétuelle. Il faut observer,
sans en faire toutefois un motif d'ex-
cuse, que ses traits et ses portraits
satiriques ne manquent ni de justesse
ni de ressemblance. A défaut des té-
moignages nombreux, et de l'espèce de
tradition orale, ou même de quelques
preuves vivantes qui l'attestent, il y a
dans la nature même de ses obser-
vations un caractère de vérité qui
frappe d'abord : c'est ainsi qu'il arrive
de juger de la ressemblance d'un por-
trait dont on n'a jamais vu l'original. Le
tableau qu'elle présente de sa société
décèle un esprit qui ne voit pas en
beau, mais qui voit juste, un pinceau
qui ne flatte pas, mais qui est fidèle.
Cependant cet esprit de médisance et
de causticité qui n'épargne personne,
a confirmé l'opinion qu'on avait déjà
d'elle, de son temps, qu'elle n'avait
aucune affection dans le cœur. Ses
contemporains nous ont transmis plu-

sieurs anecdotes qui accusent la froideur et l'insensibilité de son ame. On raconte qu'elle disait à Pont-deVerle, aussi froid qu'elle, et avec qui elle paraissait vivre avec beaucoup d'intimité depuis quarante ans : Pont» de-Veyle, depuis que nous sommes » amis, il n'y a jamais eu un nuage » dans notre liaison. Non, madame. N'est-ce pas parce que nous ne nous aimons guère plus l'un que l'autre ? - Cela pourrait bien être, madame. » Le jour de la mort de ce même Pont-de-Veyle, elle alla à un grand souper chez MTM*. de Marchais; on lui pañia de la perte qu'elle venait de faire: «Helas, dit» elle, il est mort ce soir à six heu» res; sans cela, vous ne me verriez » pas ici. » Et après ce tendre propos elle soupa fort bien; c'est un plaisir dont elle ne faisait pas facilement le sacrifice, étant naturellement gourmande et le regardant d'ailleurs comme la plus solide distraction à l'ennui qui la dévorait. « Les soupers, » écrit-elle à M. Walpole, sont nne » des quatre fins de l'homme; j'ai » oublié les trois autres. » Ces anecdotes, et d'autres encore, attestent son insensibilité; mais il faut s'en défier comme de la plupart des anecdotes, et il serait aisé de citer plusieurs endroits de sa correspondance qui prouveraient qu'après avoir été sensible à l'amour dans sa jeunesse, elle n'avait pas été insensible à l'amitié dans un âge plus avancé. On a imprimé, à la suite de sa correspondance avec M. Walpole, ses Lettres à Voltaire, qui, frappé de la justesse de ses observations et de ses jugements, l'appelait l'Aveugle clairvoyante. Ces lettres ne font pas moins que les autres honneur au goût et à l'esprit de MTM*. du Deffant. On a prétendu qu'elles

prouvaient la fausseté de son ame; Il est vrai qu'elle s'y relâche, sur quelques points, de cette franchise qui dans son autre correspondance paraît une de ses qualités les plus remarquables. Elle affecte pour Voltaire une amitié qu'elle n'a pas; elle lone quelques-uns de ses ouvrages qu'elle a vait traités avec le plus grand mépris en écrivant à M. Walpole. Cela était impossible autrement; la franchise ne va pas communément jusqu'à accuser tout juste aux personnes le degré d'amitié qu'on a pour elles, ni aux auteurs le degré d'estime qu'on fait de leurs ouvrages. Mais obligée, par toutes les lois de la politesse et de l'usage, de se contraindre sur ces deux points, elle se dédommage sur tous les autres qui sont moins personnels à Voltaire. Elle refuse constamiment de partager les préventions, les haines, les fureurs du patriarche de Ferney; son caractère, naturellement sage et modéré, ne se laisse jamais entraîner dans les sentiments exagérés et les démarches violentes. Incrédule ellemême, son bon goût lui suffit pour la préserver de tous les travers du fanatisme irreligieux; elle donne même à ce sujet d'excellents conseils, d'excellentes leçons à Voltaire, et lui parle avec une franchise qu'aucun autre des nombreux correspondants de cet homme d'un si beau génie, mais d'un caractère si irascible, n'a jamais euc. Cette franchise, qualité qu'on ne peut lui contester, s'exerçait jusque sur elle-même. Elle ne se juge pas moins sévèrement que la plupart des personnes dont elle parle, et n'est pas plus contente d'elle que des autres. Elle continua ce commerce de lettres avec Voltaire et avec M. Walpole jusque dans un âge très avancé, et les deux correspondances ne se ressentent, à aucune époque, ni de

l'affaiblissement de l'esprit ni des giaces de la vieillesse. Présentée à quatrevingts ans à l'empereur Joseph 11 qui voyageait en France, elle conserva toute sa présence d'esprit. « Vous fai»tes des nœuds, lui dit l'empereur. »Je ne peux faire autre chose.» Cela n'empêche pas de penser. » Et surtout aujourd'hui, où vous donnez tant à penser. » Long-temps avant sa mort, elle avait désiré devenir dévote, et avait voulu chercher dans les pratiques de la religion, ou des consolations, ou une ressource contre l'ennui. Dans une extrême vieillesse, elle revint à cette idée, et en fit part, sans respect humain, à M. Walpole, car elle ne dissimula jamais ses sentiments. « Souvenez-vous, » lui dit-elle, du songe d'Athalie :

Dans le temple des Juifs un instinet m'a poussée, Et d'apaiser leur dicu j'ai conçu la pensée. »J'ai donc cherché à satisfaire cette »inspiration.» Elle eut ensuite des conversations avec un ex-jésuite. Laharpe dit que c'est le P. Lenfant, célèbre prédicateur, dont la fin a été si tragique; elle lui trouve beaucoup d'esprit, en est très contente, et ne nous apprend plus rien sur cet objet. Quelques moments avant sa mort, elle fit appeler le curé de St.-Sulpice, et elle expira le 24 septembre 1780, dans sa 84°. année. Outre sa Correspondance avec M. Walpole, et ses Lettres à Voltaire, 4 vol. in-8'., Paris, 1811, édition bientôt suivie d'une seconde, Paris, 1812, on a publié sa Correspondance avec d'Alembert, le président Hénaut, Montesquieu, la duchesse du Maine, Paris, 1809, 2 vol. in-8.; mais la plupart des lettres sont de ses correspondants, et le petit nombre de celles qui ont été écrites par elle, sont bien moius agréables et moins piquantes que celles qu'elle adresse à M. Walpole et à Vol

taire. Mme. du Deffant fut renommée aussi pour ses bons mots c'est elle qui a dit de l'Esprit des lois, que c'était de l'esprit sur les lois; mot où il y a assez de vérité pour être excellent; c'est elle aussi qui, entendant deux personnes disputer sur le miracle de S. Denis, et soutenir, l'une que le saint n'avait porté sa tête entre ses mains que durant quelques minutes et dans un court espace, l'autre qu'il l'avait portée depuis Montmartre jusqu'à St.-Denis, termina la querelle par ce mot plaisant et connu: «Dans de pa» reilles affaires, il n'y a que le pre»mier pas qui coûte. » F-z.

DEFOE DANIEL). Voy. FoÉ. DEFORIS (JEAN-PIERRE ), né à Montbrison en 1752, entra dans la congrégation de St.-Maur à l'âge de vingt-ans, et fit profession à l'abbaye de St.-Allire de Clermont, le 28 août 1753. Ses supérieurs ne tardèrent pas à reconnaître en lui le goût et les talents propres à continuer la série des savants qui ont illustré cette célèbre congrégation; ils le chargèrent de travailler avec D. de Coniac, son ami, à la nouvelle édition des Conciles des Gaules, commencée par D. Hervin et D. Bourotte, continuée depuis par D. Labbat, qui n'a eu le temps d'en publier que le premier volume. D. Déforis renonça bientôt à cette entreprise pour se livrer à la défense de la religion contre les incrédules. Le premier fruit de son travail en ce genre fut: Refutation d'un nouvel ouvrage de J. J. Rousseau, intitulé Emile ou de l'Education, Paris, 1762, in-8°. Ce n'était là qu'une première partie où l'auteur avait cherché à détruire les objections du philosophe de Genève contre les miracles. Elle fut promptement suivie de deux autres sous ce titre: ta Divinité de la religion chrétienne

vengée des sophismes de J. J. Rousseau, Paris, 1765, in-12. La première de ces deux parties, qui forme la seconde de tout l'ouvrage n'est point de D. Déforis, mais de M. André, ci-devant de l'Oratoire, éditeur des OEuvres du chancelier d'Aguesseau, et ami de Déforis. M. Barbier s'est trompé en attribuant, dans son Dictionnaire des anonymes ( N°. 6144) les trois parties à M. André. L'ouvrage en général est écrit avec autant de force que de clarté; les grandes vérités de la religion y sont bien prouvées. D. Déforis ajouta une quatrième partie intitulée Préservatif pour les fideles contre les sophismes et les impiétés des incrédules, où l'on developpe les principales preuves de la religion, et où l'on détruit les objections formées contre elle, avec une réponse à la lettre de J. J. Rousseau à M. de Beaumont, archevéque de Paris, Paris, 1764, 2 vol. in-12. Il travaillait à une nouvelle édition de tout l'ouvrage, qui devait être augmenté d'un volume, lorsque les troubles excités dans la congrégation de St.-Maur, par la fameuse requête des religieux de St.-Germaindes-Prés, fournirent à son zèle un aliment d'un autre genre. Il résidat alors dans la maison des BlancsManteaux, et signa en 1765, avec ses confrères, la réclamation coutre le relâchement que voulaient introduire ceux de St.-Germain-des-Prés. Ce fut pendant la durée de ce schisme et pour le maintien des observances monastiques, qu'il publia l'Importance et l'obligation de la vie mo nastique, son utilité dans l'église e dans l'état, pour servir de préser vatif aux moines, et de reponse aux ennemis de l'ordre monastique, Paris, 1768, 2 vol. in-12. Cet or vrage n'est que le développement de

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