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commission par respect pour sa dignité, plutôt que par haine pour le régime monarchique que celui-ci allait rétablir. François étant entré dans Milan, Decembrio s'en alla à Rome, où le pape Nicolas V, qui l'estimait, le fit un de ses secrétaires apostoliques. Déjà, du vivant de PhilippeMarie Visconti, Eugène IV lui avait offert un pareil emploi, qu'il avait refusé par attachement pour ce duc, et surtout pour son pays. Rien ne put le consoler d'en être exilé. On voit par un billet, daté de Rome le 6 mai 1455, qu'il profitait de toutes les circonstances pour devenir agréable au nouveau duc. Ce fut encore dans ce dessein qu'étant à Naples auprès du roi Alphonse d'Aragon, et ce roi voulant se l'attacher, Décembrio lui déclara qu'il avait besoin pour cela du consentement et même de l'ordre du due de Milan. Nous avons sous les yeux la lettre originale de ce monarque par laquelle, en date du 18 mai 1456, il priait le duc François de permettre, et même de commander à Pierre Candide, secrétaire apostolique, de rester à son service; et Alphonse ly qualifie d'homme aussi savant que vertueux, et ajoute qu'il venait de s'attirer l'admiration de tous les Napolitains, par les traductions latines de quelques livres grecs. La permission fut accordée; mais Decembrio voulait rentrer dans sa patrie; la cour de Naples ne put le retenir; il se rapprocha de Milan en se rendant à Ferrare, d'où, le 10 août 1462, il écrivit à la duchesse, épouse de François Sforce, en sollicitant indirectement son pardon, et en joignant à sa signature les mots: Servus fidelis. En même temps, pour prouver sa fidélité, i. composait en vers héroïques latins une histoire de François Sforce, sous ce titre

De bellis italicis; il entreprit même un éloge du jeune Galéas Marie Sforce, fils de François. On le laissa se rapprocher clandestinement. Il se choisit un asyle dans lequel il se tenait si bien caché qu'il ne le nommait pas même dans les lettres qu'il écrivait de là aux amis du prince, pour les engager à solliciter sa grâce. Cette faveur lui fut enfin accordée; il revint à Milan, mais il ne jouit pas longtemps du bonheur qu'il s'était promis; car il y mourut le 12 novembre de la même année 1477: son corps fut déposé dans un tombeau de marbre

que

l'on voit dans l'église de St.-Anbroise, avec une pompeuse inscription. Il y est dit qu'il a écrit plus de cent vingt-sept ouvrages, sans compter ses opuscules. Tous ne furent pas imprimés, et le catalogue que nous en ont laissé Sassi et Ärgellati est loin d'être complet. Les deux cent soixante-huit lettres autographies des personnages célèbres avec lesquels il fut en correspondance, et qui forment un des nombreux manuscrits de la bibliothèque Ambrosienne, nous apprennent qu'il traduisit du grec en latin le 16. livre de Diodore de Sicile, pendant qu'il était à Rome; le livre de Platon De amicitia, ceux de Xénophon, une partie de ceux d'Aristote; qu'il fit un livre sur Lactance Pro defensione illustrium virorum; un autre, De ludicris; une l ́ie de S. Ambroise à laquelle il travailla deux ans, etc. On possède en cette même bibliothèque les manuscrits de quelques autres de ses ouvrages, savoir: Peregrina historia, libri III; Grammaticon et de proprietate verborum latinorum; Catonis Uticensis, Phocionis Atheniensis, et Titi Quinti Flaminii vitæ, écrites en caractères grecs, l'an 1457, de la main même de Decembrio; De

humani animi immortalitate; De vive ignorantia; un petit Abrégé d'Histoire romaine, dédié à Alphonse, roi d'Arragon; Homeri vita in latinum translata, en tête de l'Iliade, traduite en latin, avec le texte gree. Il y avait dans la bibliothèque des chanoines réguliers de St.-Antoine à Milan, un autre manuscrit de Decembrio, intitulé: Metricarum epistolarum libri duo: Egloga, noMaine Galathea, carmen latinum. On trouve encore de ses ouvrages manuscrits dans la bibliothèque laurentienne de Florence. Il avait commencé à ajouter un 13, livre à l'Enéide; mais son respect pour Virgile le fit renoncer à cette entreprise. Les vers qui nous en restent montreut qu'il avait assez bien saisi le genre de son modèle. Il ajouta un nouveau livre à la traduction que son père avait faite de dix livres de la Ré publique de Platon. Tous ces manuscrits sont dans la bibliothèque Ambrosienne. Ses ouvrages imprimés sont: 1. Vita Philippi Mariæ ducis Mediolanensis, Milan, 1625, et ensuite dans le recueil de Muratori (Rer. ital. scrip., tome XX); II. Vita Francisci Sforcie, dans le même recueil. Son style historique ressemble à celui de Suétone qu'il avait pris pour modèle. III. Appiani Alexandrini de civilibus et externis romanorum bellis, Venise, 1472, infol., ibid., 1477, in-fol. Cette traduction d'Appien est peu estimée; on la recherche pourtant, parce qu'on y trouve les Illyriques dont l'original grec est perdu. IV. Une traduction italienne de Quinte-Curce, qu'il avait faite à trente-neuf ans, et offerte en 1438 au duc Philippe-Marie, Milan, 1488, Venise, 1535; V. Vita Francisci Petrarche et commentaria in Italicam ejusdem poësim. On sait

seulement que cet ouvrage fut imprimé; la 197. des lettres ci-dessus indiquées nous l'apprend sans faire connaître ni le licu ni l'année, et il ne reste plus rien de cette édition. - Pierre Candide eut un frère nommé ANGE, qui cultivait aussi les lettres avec succès. Il ne fut pas moins considéré que lui à la cour des dues de Milan, et fut chargé d'une ambassade auprès du pape Jules II. Parmi quelques ouvrages qu'il laissa, u seul, qu'il avait présenté au pape Pie II, en 1462, fut imprimé longtemps après sa mort; il est intitulé: De politia litteraria, Augsbourg, 1540, in-fol., Bâle, 1542, in-8°. C'est un recueil de dissertations sur différents sujets de littérature et d'érudition, à peu près dans le genre des Nuits attiques d'Aulu-Gelle. - HUBERT, père d'Ange et de Pierre Candide, avait aussi laissé plusieurs ouvrages, des traités de philosophie, de politique, | des traductions du grec, et des poé sies latines, dont les bibliographies italiennes donnent les titres, mais dont aucun n'a vu le jour. G

DÉCENCE (DECENTIUS MAGNUS), était frère de Magnence, qui se rendit maître de l'empire après avoir fait assassiner Constant 1**,, fils du grand Constantin. Décence fut fait cesar à Milan l'an 351, et vint s'établir dans les Gaules, pour les défendre contre les incursions des Germains; mais quoiqu'habile général, il fut défait dans une bataille où il avait réuni toutes ses forces. Dans le même temps, Magnence, chassé de l'Italie, se refugiait dans les Gaules où Constance le poursuivant. Son frère Décence marcha à son secours, mais ayant appris à Sens la mort de Magnence et n'espérant pas se soutenir dans le rang où il se trouvait placé, il s'étrangla. Décence était chrétien; il avait gouverné les Gaules pen

dant trois ans avec le titre de césar. Il n'est pas sûr qu'il fut créé auguste; la médaille sur laquelle on s'appuie pour le prouver, paraît apocryphe. Décence d'ailleurs est toujours représenté sur ses monnaies sans couronne et avec la simple qualité de césar. Quelquefois il y est appelé fortissimus, Il existe depuis peu au cabinet imperial un superbe médaillon d'or de Décence, c'est le seul que l'on connaisse, et l'on ne doit point regarder comme authentiques plusieurs autres médaillons de cette espèce qui se sont répandus depuis quelques années dans plusieurs cabinets de l'Europe: nous savons qu'ils sortent de l'atelier d'un habile faussaire de l'Allemagne que nous avons déjà signalé à Particle du Padouan ( Voy. CAVINO ). Décence avait un frère nommé Désidérius qui comme lui porta le titre de César. Il avait accompagné Magnence en Illyrie, et il partagea ses malheurs. On assure que lorsque cet empereur se poignarda à Lyon, il tua sa mère avant de se porter le coup mortel, et qu'il blessa Désiderius, dans le dessein de lui ôter la vie. Celui-ci, d'après quelques historiens, survécut néanmoins à son frère, mais on ignore son sort; on croit qu'il eut recours à la clémence de Constance qui lui pardonna. On ne connait point de médailles authentiques de Désidérius; celles qui se trouvent publiées dans différents recueils et citées par plusieurs écrivains sont fausses. T-N. DECIO (PHILIPPE), en latin Decius, jurisconsulte, fils naturel de Tristan de Dexio, qui tenait un rang distingué à la cour des ducs de Milan, et dont la famille avait tiré son nom du village d'où elle était originaire. Il naquit en 1454, et son père, qui s'était aperçu de ses heureuses dispositions, lui fit donner une édu

cation très soignée. Son fière légitime, nommé Lancelot, qui professait le droit à Pavie, et auprès duquel son père l'avait envoyé, l'engagea à s'adonner, à l'âge de dix-sept ans, à l'étude de cette science. Il y fit de si rapides progrès, qu'il embarrassait souvent par ses questions ses maîtres et son frère lui-même, et qu'à vingt et un ans il fut en état d'enseigner. On était en usage, dans les écoles d'Italie, de mettre ensemble les professeurs également habiles; mais leur rivalité, au lieu de tourner à l'avantage de la science, ne servait souvent qu'à en troubler l'étude. Décio, homme très vain, ne ménageait pas l'amour-propre de ses collègues. Il ne put s'accorder avec aucun. On le vit aller d'université en université, donnant toujours la préférence à celle qui le payait le mieux. Il enseigna à diverses reprises le droit civil et le droit canonique, qu'il connaissait également, à Pise, à Pavie, à Sienne et à Rome, où il fut désigné auditeur de rote par Innocent VIII. Il voulait entrer dans l'état ecclésiastique, et il avait même déjà reçu les premiers ordres; mais il abandonna cette carrière, l'illegitimité de sa naissance étant un obstacle à ce qu'il pût devenir prêtre. En quittant Rome, Decio revint à Sienne, et ensuite à Pise. Il fut appelé à Padoue en 1502, pour remplir la première chaire du droit canonique. Le roi de France Louis XII, qui était alors maître du duché de Milan, et qui avait une affection particulière pour la jurisprudence, révendiqua Décio comme son sujet. On se disputait alors un habile homme presque autant qu'une province. Les Vénitiens, après une vive résistance, cédèrent à la volonté du roi. Décio vint professer à Pavie vers la fin de 1505; il y soutint très bien la réputation qu'il

s'était déjà faite, et au bout de quelques années, il obtint des appointements tels qu'aucun professeur n'avait encore eus. Cet état de prospérité fut suivi des plus affreux revers. Louis XII, en guerre avec Jules II, s'adressa à des jurisconsultes pour savoir par quelles mesures il pourrait réprimer les entreprises de ce pontife audacieux. Décio était du nombre, et ce fut lui qui conseilla de faire assembler un concile à Pise, par quelques cardinaux mécontents. Il vint lui-même dans cette ville pour en diriger les opérations. Jules II irrité le frappa d'excommunication. Cet anathême ne l'eût pas beau coup troublé, si la ligue qui s'était formée contre la France ne l'avait obligé de fuir de Pavie, et après s'être emparé de cette ville, n'avait pillé sa maison et sa bibliothèque. On eut même le barbare projet de livrer à la brutalité du soldat sa fille naturelle qui était âgée de dix ans, et qu'il y avait laissée; mais les religieuses chez qui elle était la sauvèrent de cet outrage. On se contenta de la dépouiller de tout ce qu'elle avait. Décio réfugié en France y fut fait conseiller au parlement de Grenoble et professeur à l'université de Valence, où sa réputation attira jusqu'à quatre cents écoliers. Après la mort de Jules II, Léon X, qui avait été l'élève de Décio, leva l'excommunication portée contre lui, et lui offrit une place de professeur de droit canon à Rome; mais la crainte de déplaire au roi la lui fit refuser. Il retourna cependant en Italie, et on l'appela à Pise, où François I., rentré dans le Milanais, ne lui permit pas d'aller, et l'envoya professer à Pavic; mais n'étant point payé de ses appointements, il vint à Pise et ensuite à Sienne, où il mourut le 15 octobre 1555. Il fut enterré à Pise dans un tombeau de marbre blanc,

que sa prévoyante vanité avait fai: construire d'avance, et dont on se railla beaucoup à cause de l'incorrection de son style. Il composa aussi l'epitaphe qui devait y être mise. Dans ses consei's il citait quelquefois à faux, et se pliait facilement aux intentions de ceux qui le consultaient. Il a en cependant d'illustres suffrages, et Da moulin n'a pas dédaigné de faire des notes sur ses Conseils et ses Commentaires sur les règles du droit. Il a écrit aussi sur les Décretales.

B-L.

que

DÉCIUS-MUS (PUBLIUS), romain d'une famille plebeienne, fut l'un des cinq commissaires qui, l'an de Rome 404 (349 av. J.-C.), eurent la mission delicate de concilier les intéres des débiteurs avec ceux de leurs creanciers, et s'en acquittèrent à la satisfaction des uns et des autres. Huit ans après, Décius n'était encore simple tribun légionnaire dans l'armée du consul Cornelius Cossus Arvina, lorsque ce général se laissa entourer par les Samnites. Decius demanda alors au consul à être envoyé, avec un petit nombre de soldats, sur une hauteur qui commandait le camp des ennemis, et sauva par son devouement l'armée romaine du péril le plus imminent. Il tomba ensuite, pendant la nuit, sur les Samnites, qui n'avaient osé l'attaquer, traversa leur camp avec sa petite troupe, qui, poussant de grands cris, égorgeait tost sur son passage, et rejoignit, à la pointe du jour, l'armée qui le reçut comme son libérateur. A ce service signalé, Decius ajouta le conseil, que Cornelius suivit aussitôt, d'attaquer les Samnites dispersés en divers détachements. Leur camp fut pris, et ils perdirent plus de trente mille hommes. Cornélius, par une grandeur d'ame assez rare, n'hésita point à reconnaître pu

bliquement tout ce qu'il devait à un de ses subordonnés. Il donna à Decius une couronne d'or, avec cent bœufs, et un taureau blanc destiné aux sacrifices. Les soldats de Décius reçurent du consul deux tuniques, et l'assurance d'une double ration de froment à l'avenir. Les légions leur donnèrent aussi quelques mesures de farine et de vin. L'armée, en outre, honora son libérateur d'une couronne obsidionale, et les troupes de Décius y joignirent la couronne civique. Decius sacrifia le taureau blanc au dieu Mars, et distribua les cent boeufs à ses soldats. Cornélius cut les honneurs du triomphe, et Décius, qui marchait à la suite de son char, s'entendit plusieurs fois applaudir au milieu des acclamations publiques. Il fut ensuite nommé consul, et eut pour collégue le fameux Manlius Torquatus. La guerre ayant été déclarée aux Latins, les deux consuls allèrent camper au pied du mont Vésuve, en face des ennemis. Là, ils informèrent l'armée que, la nuit qui précéda la bataille, chacun d'eux avait eu une apparition semblable. Un homme d'une taille majestueuse leur avait prédit que l'armée dont le général se dévouerait aux dieux Månes remporterait la victoire. Nul doute qu'ils ne se fussent concertés pour exalter le courage des soldats, et que l'amour extrême de la patrie et de la gloire ne leur eût inspiré ce stratagême, qui devait, pour réussir, coûter la vie au moins à l'un des deux. Ils se partagèrent les troupes, et arrêtèrent que celui dont l'aile plierait la première, se dévoûrait. Manlius eut le commandement de la droit, et Décius celui de la gauche. Le combat se soutint d'abord sur les deux points avec le même avantage; mais Décins, avant vu que son aile commençait à plier, appela le grand

pontife pour qu'il lui dictât les mots dont il devait se servir, en se dévouant, et aussitôt il se jeta dans la mêlée, et expira percé de coups sur un monceau d'ennemis qu'il avait renversés. Ge dévouement rendit le courage aux Romains, et jeta la cousternation parmi les Latins, qui furent entièrement défaits, l'an de Rome 416 (558 avant J.-C.) Son collégue lui fit faire de magnifiques funérailles. Son fils, nommé aussi Publius DECIUS-MUS, fut quatre fois consul, puis censeur et proconsul. Il obtint de grands avantages contre les Samnites, et surtout contre les Étrusques. Après avoir pris et livré au pillage plusieurs villes, après avoir, pendant plusieurs années, porté le fer et le feu dans toute l'Italie, ainsi que son collegue Fabius, avec lequel il était dans la meilleure intelligence, il s'éleva entre eux une querelle sur le choix de la contrée où chacun d'eux devait commander. Décius céda généreusement à Fabius, et il se rendait même avec lui en Étrurie comme son lieutenant, lorsque l'armée romaine ayant été attaquée à la fois par les Étrusques, les Samnites et les Gaulois, fut accablée par le nombre, et mise en fuite. Après avoir fait d'inutiles efforts pour arrêter les fuyards, Décius ne voyant pas d'antre moyen d'obtenir la victoire, prit le parti de se dévouer comme avait fait son père. Il se jeta au milieu des ennemis, expira percé de coups, et rendit parlà le courage anx Romains, qui remportèrent une victoire complète, l'an de Rome 457 ( 296 av. J.-C. ). Get héroïsme héréditaire des Décius avait excité chez les Romains une grande admiration; et leurs ennemis en étaient frappés d'une telle crainte, que vingtsix ans après ce second sacrifice, un fils du dernier Decius, se trouvant

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