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en Angleterre pour tâcher d'engager le roi à satisfaire le parlement par quelques concessions sur divers points de religion. Davenant, dit le lord Clarendon son ami, « était un honnête » homine et un homme d'esprit, mais fort au-dessous d'une parcille tà» che. » Il parla à Charles avec tant de légèreté de la religion qu'il voulait l'engager à sacrifier, et que luimême avait abandonnée, que celui-ci, oubliant sa douceur naturelle, se livra à une vive indignation et renvoya le poète en France fort triste et fort confus. Ce fut après ce retour qu'il composa les deux premiers livres de son Gondibert; ils furent diversement reçus et divisèrent la petite cour de la reine. D'ailleurs sa détresse, ainsi que celle des autres individus de cette cour augmentant journellement, il abandonna pour le moment toute entreprise littéraire, et, avec la protection de la reine, entreprit de transporter dans la Virginie un nombre considérable d'artisans, et particulièrement de tisserands, qui manquaient de travail et de pain en Frauce; mais ce projet noble et utile ne put avoir son exécution; le bâtiment qui les transportait fut pris par des vaisseaux de guerre au service du parlement. Davenant fut emmené en Angleterre, et mis en prison à l'île de Wight; il fut ensuite transféré à la tour de Londres, en attendant que son procès lui fut fait par la haute cour de justice. It n'avait sans doute à attendre que la mort, si Milton et quelques autres de ses amis n'eussent vivement intercédé pour lui. Il ne re couvra néanmoins sa liberté que deux ans après, et il se trouva alors sans ancune ressource. Les tragédies et les comédies étant défendues comme choses profanes et impies, il se mit à composer sur le modèle des opéras

italiens, en y adaptant des caractères tirés en partie des tragedies de Corneille, des pièces qui se jouaient sous le nom de Intertainments ( divertissements), et qui sont, à ce que nous croyons, les premiers opéras qui aient été représentés en Angleterre. Après la restauration, il obtint un privilége pour former une nouvelle troupe d'acteurs tragiques et comiques, sous la protection de Jacques, duc d'York. Ce fut à cette époque qu'il témoigna dignement sa reconnaissance à Milton, en lui rendant le même service qu'il en avait reçu.

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mournt le 17 avril 1668, âgé de soixante-trois ans. On lit ces mots sur sa tombe 0 rare sir William Davenant. On voit auprès un très beau monument élevé par ordre du parlement en l'honneur de Th. May, son rival. Ses ouvrages, publiés en 16-3 par sa veuve, se composent principalement de poésies, de piè ces de théâtre, et du poëme de Gondibert, commencé à Paris, dans le palais du Louvre, continué dans la prison de file de Wight, et resté incomplet. Ce poëme, dont le premier defaut est dans la conduite du sujet, dénué de toute espèce de merveilleux, a occupé les critiques pen-. dant plus d'un siècle. Le mauvais goût et l'exagération y abondent, mais laissent cependant quelquefois la place à des sentiments vrais et nobles, exprimés d'une manière poétique; il jouissait encore, au temps de Gay, d'une telle réputation, que ce poète a fait on revu trois nouveaux chants destinés à servir de suite aux six que nous a laissés Davenant. On ne les lit plus guère aujourd'hui, non plus que les autres ouvrages de son auteur, plus fait, par la nature de son talent, pour briller dans la circonstauce que pour y survivre. Rempli

d'esprit et de cette imagination tou jours prête à s'échauffer et à produire sur les sujets qui se présentent à elle, il manquait de cette force de méditation, seule capable de donner naissance à des ouvrages durables. On ne peut, toutefois, lui refuser l'honneur d'avoir puissamment contribué à relever le théâtre anglais, et d'avoir en même temps disposé les esprits à goûter la régularité des pièces françaises. Ce fut sous sa direction, et en quelque sorte envoyé par lui, que le fameux acteur anglais Betterton passa en France pour s'y instruire sur les moyens de perfectionner les représentations théâtrales, et en rapporta les décorations mobiles, jusqu'alors inconnues en Angleterre. Il introduisit aussi sur le théâtre la richesse des costumes, aidé en cela, à la vérité, par le roi et les gens de la cour, et par le goût de luxe qu'ils portaient dans leurs divertissements. A l'ouverture du théâtre de Dorset Garden, on joua une pièce de Davenant, dont les deux principaux acteurs étaient vêtus des habits qu'avaient portés le roi et le duc d'York le jour du couronnement, et qui leur avaient été donnés par ces princes.

S-D.

DAVENANT (CHARLES), fils aîné du précédent, naquit en 1656. Après avoir fait ses études à Oxford, il vint à Londres, où il donna au théâtre en 1675, n'ayant encore que dix-neuf ans, une tragedie intitulée: Circe, qui fut imprimée en 1677, avec un Prologue de Dryden, et un Epilogue du comte de Rochester. Malgré le succès qu'obtint cette tragédie, il paraît avoir renoncé dès lors à la littérature, pour se livrer entièrement à l'étude des lois. En 1685, il fut choisi pour représenter au parlement Je bourg de Saint-Yves, dans le comté de Cornouailles, et fut chargé, con

jointement avec l'intendant des spectacle de la cour, d'examiner les pieces de théâtre, sous le rapport de la décence et de la morale. Il occupa la place de commissaire de l'excise depuis 1685 jusqu'en 1689, et se conduisit, dans ces différentes fonctions, avec autant d'habileté que de zèle. Les nombreux écrits qu'il publia ensuite sur des matières de gouvernement mirent ses talents plus en évidence, mais lui suscitèrent une fou le d'ennemis. Les premiers de ces écrits ne parurent que quelques années après la révolution, entierement dans les principes qui l'avaient amenée. Davenant, pendant toute la vie de Guillaume III, se montra en opposition avec le ministère, dont i attaqua les mesures avec une liberté sans bornes. Quelques réflexions peu favorables pour le clergé d'alors, insérées dans son ouvrage intitulé: Essais sur la balance du pouvoir, lui altirèrent, en 1700, une censure très sévère de la part d'une des chambres de

convocation. Il n'y eut pas un de ses écrits qui ne fût l'occasion de qudques pamphlets, dont les auteurs essayaient de le présenter comme un séditieux et un homme sans honneur et sans foi. Quoiqu'il eût écrit avec chaleur contre la France, on alla jusqu'a l'accuser d'être secrètement venda au gouvernement français, dont il recevait, disait-on, une pension considérable. Davenant fut élu, en 1698. membre du parlement pour le bourg de

Great-Bedwin. S'étant en suite reconcilié avec les ministres, il obtint la place d'inspecteur-général des exportations et importations, place qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivee le 6 novembre 1714. Tous ses ouvrages furent bien accueillis par le public dans leur nouveauté, et sont encore estimés en Angleterre. On y trou

ve beaucoup de connaissances et des vues excellentes pour un temps où la science de l'économie politique était encore dans l'enfance. On reproche néanmoins à Davenant d'avoir trop sacrifié à l'esprit de parti, et de s'être trop laissé entraîner à son goût pour l'arithmétique politique. Voici les titres de ses principaux ouvrages: J. Essai sur les moyens (Ways and means) de subvenir aux frais de la guerre, 1695, in-8°. Cet ouvrage fut si bien accueilli, que Davenant, pour assurer le succès de ses ouvrages subséquents, les signait presque tous depuis l'auteur de l'Essai sur les moyens. II. Discours sur les revenus publics et le commerce de l'Angleterre, 2 vol. in-8°., 1698; II. Essai sur les methodes probables de donner l'avantage à une nation dans la balance du commerce, 1699, in-8".; IV. Essais sur la balance du pouvoir, le droit de faire la guerre, la paix et les alliances, la monarchie universelle, 1701, in-8.; V. Essai sur la paix dans l'intérieur et la guerre au dehors, 1704, in-8. Sir Charles Whitworth a publié un recueil des OEuvres politiques et commerciales de Charles Davenant, avec un index fort étendu, 1771, 5 vol. in-8'. DAVENANT (Guillaume), frère de Charles, etudia à Oxford, et obtint vers l'année 1680 un bénéfice dans le comté de Surrey; mais, ayant bientôt après accompagné en France, en qualité de gouverneur, Robert Wymondsole de Putney, auquel il devait ce bénéfice, il se noya en 1681, en s'amusant à nager dans une rivière des environs de Paris. On a de lui la traduction anglaise des Observations sur les grands historiens grecs et latins, par la Mothe-le-Vayer. X-s.

DAVENPORT (CHRISTOPHE),

savant franciscain anglais, né à Coventry, dans le comté de Warwick, vers 1598, se convertit au catholi cisme vers l'âge de dix-sept ans, et quitta l'université d'Oxford pour aller à Douai, et de là à Ypres, où il prit l'habit religieux en 1617. Il revint ensuite en Angleterre en qualité de missionnaire de son ordre, sous le nom de Franciscus à Sancid Clara, et montra beaucoup de zèle pour faire des proselytes. Il réunissait à un vaste savoir une éloquence facile et des manières vives et aimables qui le rendaient agréable même aux protestants, dont il se fit également estimer par ses mœurs et son caractère. La reine Henriette-Marie, femme de Charles 1., le choisit pour un de ses chapelains. Lorsque la guerre civile commença à éclater, il fut obligé de se tenir caché, tantôt à Londres, tantôt à Oxford. Un des griefs allégués contre l'archevêque Laud était d'avoir eu plusieurs conférences avec lui, dans la vue d'introduire « la doctrine romaine et la su» perstition dans le royaume. » Après la restauration, Davenport fut fait chapelain de la nouvelle reine Catherine de Portugal, femme de Charles II, et fut nommé pour la troisième fois provincial de son ordre en Angleterre, où il mourut en 1680. La collection de ses ouvrages a été imprimée à Douai, 1665, 2 vol. infol. Les principaux sont : I. Paraphrastica ex positio articulorum confessionis Anglica, ouvrage qui alarma tellement les jésuites qu'ils voulurent dit-on, le faire condamner au feu; II. Deus, natura, gratia, sive tractatus de prædestinatione, etc., réimpriné avec le précédent en 1655.

S-D.

DAVENPORT (JEAN), frère aîné du précédent, naquit à Coventry en

1597. Rempli de zèle, ainsi que son frère, pour la religion qu'il croyait Ja meilleure, il suivit avec succès, mais avec moins de modération, une route toute opposée. Il avait reçu durant le cours de son éducation les premières impressions du puritanis me. Nommé très jeune, et avant d'avoir pris ses degrés, vicaire de la paroisse de St.-Étienne à Londres, il s'y fit une grande réputation par des sermons conformes à l'esprit qui commençait à dominer. Plusieurs personnes du parti puritain s'étant associées pour faire des fonds destinés à payer des prédicateurs du parti, Davenport fut un des ecclésiastiques chargés de diriger l'emploi de ces fonds. L'évêque Laud ayant représenté au roi cette association comme une conspiration contre l'Église, on ordonna qu'elle fût dissoute, et les terres qu'elle avait achetées confisquées. Quoique cette ordonnance n'eût pas son entier effet, elle empêcha les associés de suivre leur projet, et Davenport, que cette affaire avait rendu suspect à l'évêque, inquiété pour ses opinions, jugea prudent de se retirer en Hollande, où il fut nommé, conjointement avec Paget, ministre de Peglise anglaise à Amsterdam; mais bientôt la rigidité de son zèle l'entraîna dans une controverse où, s'étant attiré l'animadversion de l'église hollandaise, il fut obligé de renoncer à l'exercice public de son ministère. Il prêcha alors en particulier, et avec un succès qui alarma le clergé. Les assemblées particulières lui étant aussi defendues, il retourna en Angleterre, où triomphait alors son parti; mais bientôt, mécontent de la tournure que prenaient les affaires, il reprit le projet qu'il avait formé depuis longtemps de passer à la Nouvelle-Angleterre: il y passa en effet en 1637, et

posa les fondements de la colonie de Newhaven dans le Connecticut, où il se fit respecter par ses talents et son caractère, mais où cette rigueur de principes, qui était de la fermeté durant la persécution, devint intulerance. Il fut appele en 1667 à Boston, où il mourut le 13 mars 1668. On a de lui en anglais 1. un Caté chisme imprimé en 1659; II. l'Au torité des églises congregation nelles établie et prouvée, 1672, in8.; un Traité sur la connaissance du Christ; IV. des sermons et autres écrits, la plupart de controverse. X-s. DAVESNE (FRANÇOIS), qui se donna lui-même le surnom de Pacifique, naquit à Fleurance, dans le bas Armagnac, et fut un des disciples du fameux Simon Morin, aux ouvrages duquel on croit même qu'il eut beancoup de part. Tandis que le maître expiait dans les flammes des folies tout au plus dignes des Petites-Maisons, Davesne, non moins fanatique et plus séditieux que lui, n'éprouva, dans tout le cours de sa vie, qu'une détention de plusieurs mois. Les regis tres du parlement font foi qu'en 1651, il était aux écroux, comme accuse d'avoir publié des libelles attentatoi res à l'autorité royale, et, certes, jamais accusation ne fut mieux fondée. Il paraît toutefois qu'elle n'eut aucune suite fâcheuse pour le prévenu; dumoins elle ne l'empêcha point de continuer d'écrire. On n'a donné que de mauvaises raisons de l'indulgence de la cour à son égard; nous ne connais sons d'ailleurs aucune autre particslarité de sa vie. On conjecture seulement qu'il mourut avant 1663; car il n'est fait aucune mention de lui dans le procès de Morin. Déchaîné contre le monarque, contre Mazarin, monsieur le Prince, et la plupart des grands,

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Davesne nous menace sans cesse du renouvellement du monde, qu'il se croit appelé à gouverner. Il se regarde comme le vrai Messie, comme Jésus' incarné, et, par l'épithète de Pacifi. que qu'il se donne, il entend que lui scul peut procurer aux hommes la bonne paix, la paix générale. On jugera de la démence de ce prétendu prophète par le passage suivant de sa Jerusalem céleste, où, parlant de lui-même, il s'exprime ainsi

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Où trouverons-nous donc un hom» me selon le cœur de Dieu, pour »porter la paix à ses ouailles? Où » se rencontrera un esprit qui ne regarde que la divine gloire? Il est trouvé, il est trouvé. La France a » un français qui la convoite, et le quel Dieu, de sa souveraine puissance et authorité royale, clit roi » de ses provinces. Les sages verront » Jésus dans un sage, si l'on pénètre » au dedans du voile. Mais qui est ce » français ? Un inconnu du monde, » un petit à ses yeux, et un grand » devant le divin verbe. C'est ce fran»çais, dans lequel la sapience est »émanée pour la communiquer à ses » frères! c'est ce français ou plutôt ce » flambeau radieux qui doit éclairer » tout le monde. Voilà le prédit par » les apôtres, et celui que Dieu vous » manifeste par ses oracles. » Davesne a composé un grand nombre de pamphlets, que leur caractère et leur peu d'étendue ont rendus d'une rareté excessive. Imbert du Cangé, dont la précieuse collection de livres est connue de tous les savants, avait recueilli vingt-trois pièces de cet auteur, publiées de 1649 à 1652. Elles sont aujourd'hui à la bibliothèque impériale, sous le numéro D2., 2802, in-4°., le gouvernement ayant fait dans le temps l'acquisition de ce trésor littéraire. Les plus remarquables de ces pièces sont:

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I. Soupir français sur la paix itaa attribué cette pièce à Jean Duval; il lienne (en vers), in-4°., 8 pag. On en parut une réfutation en 1649. II. Harmonie de l'amour et de la justice de Dieu, au roi, à la reyne et à MM. du parlement, la Haye (Paris), 1650, in-12. Il en existe une edition postérieure, Jouxte la copie imprimée, laquelle est bien moins recherchée que la première. A la suite de cet ouvrage, un des plus considérables de Davesne, se trouve une espèce de pièce dramatique, dont voici le titre exact: Combat d'une divorce; elle restitue son bien à la ame avec laquelle l'époux est en justice, comme Jésus transporta aux Romains ce qu'il devait transiger à la synagogue, et il fait le semblable aux gentils, en rétrocédant la grace à Israël: avec le sens mystique est un sens moral, en trois acde sonnets, quatrains, colloques, etc. tes et en vers. Le tout est accompagné III. De la puissance qu'ont les rois peuples sur les rois, 1550, in-4°. 20 sur les peuples, et Du pouvoir des pag. Cette pièce est tellement seditieuse, qu'il est impossible d'en citer un fragment. IV. Lettre particulière de cachet, envoyée par la reyne régente, à MM. du parlement, etc., 1650 in-4°. Cette reine régente n'est autre que la vérité, qui régit le monde. V. Conclusions proposées par la reyne régente à MM. du parlement et à ses sujets, sur la paix, 1650, in-4°. 24 pag. VI. Ambassade de la bonne paix générale, in-4°. 16 pag.; VII. Réponse au Frondeur désintéTesse, 1650, in-4°. Il y joignit depuis la Balance de la véritable fronde et la Satyre au feu à l'épreuve de l'eau. VIII. Le Jugement et les huit beatitudes de deux cardinaux (Richelieu et Mazarin), confrontez à celle de

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