tère très susceptible. Sa société, où l'on distinguait particulièrement M. Day, l'auteur de Sandford et Merton, formait une espèce de coterie philosophique, en rivalité avec la société du docteur Johnson, dont la dévotion superstitieuse fournissait une ample matière aux épigrammes de ses ennemis; c'était une arme favorite de Darwin; mais, parmi les torts qu'on lui a reprochés, il en est un qui demande surtout à être signalé, c'est le mépris qu'il faisait des rapports de ses malades sur ce qu'ils éprouvaient; non seulement il n'eu tenait jamais aucun compte, mais il leur imposait même quelquefois silence. Cette dureté devait affaiblir considérablement le mérite des soins gratuits qu'il donnait aux pauvres de son voisinage, ainsi qu'aux ecclésiastiques de sa paroisse, nalgré ses principes irreligieux. Il se livrait avec succès à des travaux de mécanique, et avait construit, entre autres machines, la voiture dont il se servait habituellement. C'est pour se conformer à son systême d'égalité politique, que dans son Jardin botanique, la rose est beaucoup moins bien traitée que le chardon. On trouve peu de profondeur et de précision dans ses ouvrages philosophiques, et plus d'éclat que de sensibilité dans sa poésie. Sa manière d'écrire est remarquable en ce qu'il place ordinairement le verbe avant le nom, et en ce qu'il personnifie toujours les objets inanimés qu'il peint. Dans ses Amours des plantes, l'avoine est la belle Avena, et le chardon la charmante Dipsaca: on a fait une parodie ingénieuse de ce poëme sous le titre d'Amours des triangles. On lui a reproché de n'avoir point parlé dans son Botanic Garden, du Connubia Florum de M. de la Croix. Quoique sa manière d'écrire ait eu des imitateurs, ct que l'on cite l'école darwinienne en Angleterre et en Amérique, on a prové que Henri Brooke en avait doune avant lui le modèle dans un poëme sur la Beautéuniverselle, publié en 1757 Il est vrai, et cela est assez rare, que Darwin a surpassé son modèle. Miss Seward a publié en 1804, in-8, les Mémoires de la vie de Darwin, principalement durant sa résidence à Lichfield, avec des anecdotes sur ses amis, et des critiques sur ses ouvrages. Ces mémoires sont intéres sants, mais écrits d'un style ridiculement emphatique. Charles Dar WIN, fils d'Erasme, et médecin comme lui, est auteur d'un Mémoire sur la distinction du pus et du mucus, qui obtint le prix proposé sur ce sujet par une société médicale d'Édim bourg. Son père a traduit et publié en anglais un autre mémoire, qu'il avait écrit en latin, sur les mouvements n trogrades des vaisseaux absorbents du corps animal dans certaines maladies. Il mourut, en 1778, à l'âge de vingt ans. SD. DASSIE (F***), constructeur de vaisseaux du roi de France au Havre, s'adonna avec succès à la pratique de son art; il cultiva aussi la science pautique, dans laquelle des voyages en Amérique l'avaient mis à même d'ac quérir de l'expérience. On a de lui: l'Architecture navale avec le Rowtier des Indes orientales et occiden tales, Paris, 1677, in-4°. Dassie dit que les auteurs qui avaient écrit sur les mathématiques ayant négligé l'arch tecture navale, il a voulu suppléer i leur silence, et que ce qu'il donne at public n'est qu'un petit échantillon d'une infinité de recherches qu'il do à sa curiosité persévérante. Ce traite fort succinct, puisqu'il comprend en un seul volume des objets qui font aujourd'hui la matière de plusieurs Ouvrages étendus, est curieux pour l'histoire de l'art. Dassié y a fait entrer tout ce qui concerne la construction des vaisseaux et des galères, jusqu'au moment où ils sont complètement équipés et prêts à partir. Il donne aussi l'état des officiers et des vaisseaux de la marine royale pour l'année 1673; on y voit les modifica tions que l'on a fait subir à la composition des flottes. Ce traité est ter miné par une table des marées, des longitudes et latitudes et des distances respectives des principaux ports du monde, et par une description des dangers et des écueils. Le Routier ne contient rien sur les îles de l'Asie, et pour l'Amérique ne va pas au-delà du Rio de la Plata. Il est principalement tiré des auteurs portugais. II. Des cription générale des côtes de l'Amérique avec les mœurs et usages des peuples qui les habitent, Rouen, 1677, in-4°.; II. le Pilote expert, Havre, 1683, in-4°. Ce livre, témoignage du zèle et des connaissances de l'auteur, ne sert plus guère qu'à donner une idée des progrès immenses qu'a faits l'art nautique. E-s. DASSIER (JEAN), graveur en médailles, né à Genève, en 1677, d'un graveur des monnaies de la république, vint étudier son art à Paris, et retourna dans sa patrie, quand il eut atteint le degré d'habileté qui ne tarda pas à le faire connaître; il grava en acier un grand nombre de médailles, représentant des hommes illustres du siècle de Louis XIV, et qui ont servi de modèles à d'autres graveurs. On en trouve une grande partie dans l'ouvrage de Koehler. Dassier mourut à Genève en 1765, laissant un fils (Jacob - Antoine) qui fut, comme lui, un habile graveur en médailles. Gelui-ci naquit à Genève en 1715, étudia en Italie et en Fran ce, et se rendit à Londres, où il fut engagé à la Monnaie comme maître en second. Il quilta cette place, pour se rendre à St.-Pétersbourg, fit plusieurs médailles dans cette ville, et voulut retourner à Londres; mais il tomba malade en chemin, et mourut à Copenhague en 1759. L'œuvre de cet artiste, aussi remarquable que celui de son père pour la finesse du travail, est d'un intérêt beaucoup plus grand, parce que toutes les médailles qui le composent représentent les personnages les plus illustres dans les sciences. On y admire Montesquieu, Locke, Newton, Pascal, Haller, etc. Ces différents portraits ont un caractère de ressemblance qui en augmente encore le prix. Presque tous ont servi de modèles aux artistes qui ont voulu nous reproduire les traits de ces grands hommes; N. Dupuis et Benoît en ont gravé un grand nombre. On a imprimé l'Explication des médailles gravées par J. Dassier et par son fils, représentant une suite de sujets tirés de l'histoire romaine, 1778, in-8°., vol. rare et recherché. A-s. DASSOUCY. V. Assoucy. DASTIN, ou DAUSTEIN (JEAN), prêtre anglais, qui vivait en 1315, et qui s'appliqua beaucoup à la scie: ce hermétique. Pierre Borel, dans sa Bibliothèque chimique, dit que Dastin a été cardinal du titre de StAdrien, sous le pontificat de Jean XXII; mais il paraît que c'est une erreur. Ce prétendu philos phe a laissé deux ouvrages qu'on ne lit plus. Ils sont intitulés: I. Joh. Daustenii visio, seu de lapide philosophico in decade II Harmonia-chimico-philosophica à Joan. Rhenano, in -S., Francfort, 1625; II. Rosarium, correctius à Combachio publicatum, in-8°. Geismar, 1647. C. G. DASYPODIUS (PIERRE), né à Frauenfeld en Suisse, y fut maître d'école en 1530. Son nom était Rauchfuss, qui signifiait en allemand pied velus il le changea en Dasypodius, qui en grec a la même signification. On l'appela à Strasbourg pour y occuper la chaire de professeur de grec. Il publia un dictionnaire grec, latin et allemand (Strasbourg 1534, in-8°.), et un autre latin et allemand, tous les deux estimés dans leur temps et souvent réimprimés. - Conrad DASYPODIUS, son fils, fut professeur en mathématiques à Strasbourg, sur la fin du 16. siècle. Il servit utilement cette science en publiant en grec et en latin les deux premiers livres d'Euclide, et les propositions des treize livres suivants (Strasbourg, 1564, in-8°. ); on lui attribue aussi une traduction des Spheriques de Théodose, et de l'Optique et de la Catoptrique d'Euclide. Son Analysis geometrica sex libr. Euclidis, Strabourg, 1566, in-foi., est un travail pedantesque où il a réduit en forme de syllogisme les démonstrations du géomètre grec, de manière qu'une proposition de quinze à vingt lignes s'y trouve delayée en plusieurs pages, et n'en est souvent que plus embrouillée, ou au moins plus difficile à suivre. Le premier et le cinquième livres de cet ouvrage appartiennent à Chr. Herlinus; Dasypodius n'a fait que les quatre autres, et il se proposait de publier dans un corps tous les mathématiciens grecs; mais la mort interrompit ses projets et l'enleva le 26 avril 1600, à l'âge de soixante-huit ans. C'est sur ses dessins que fut faite en 1580 la fameuse horloge de la cathédrale de Strasbourg, qui a long-temps passé pour la plus belle de l'Europe, et dont il a donné la description dans son Heron mathematicus, Strasbourg, 1580, in-4°. V. Biumhof, Essai sur la vie et les ouvrages de Conr. Dasypodius, avec une préface de Kæstner, in-8., Göttingue, 1798. — DASY PODIES (Wenceslas), savant bohémien, dans le 16. siècle, a publié : I. Elegia de ultimo judicio et mundi fine; ily annonce pour l'an 1583 la fin da monde et la descente de Jésus-Christ sur la terre pour juger les vivants et les morts. H vécut assez long-temps pour se persuader qu'il avait mal lu dans l'avenir. II. Carmen de terre motu, qui anno 1581 Moravian concussit; III. Calendarium perpetuum ad horizontem Pragensem directum, Prague, 1591; IV. Dic tionarium latino-bohemicum, qu'a Pologue on a pris pour base du plas ancien dictionnaire national, en pla cant seulement le mot polonais an lieu du bohemien, et que l'on a ainsi réimprimé plusieurs fois à Cracovie et à Varsovic. L'édition de Dantzig, 1642, est latine, allemande et p lonaise. G―y et U—1. DATHE (JEAN-AUGUSTE), cbre orientaliste allemand, naquit es 1731, d'un père qui était membre de l'administration ducale à Weissenfels, en Saxe. Il se sentit porte vers les études théologiques par les sentments religieux qu'il puisa dans l'instruction et les exemples de ses på rents. Après avoir posé dans l'écar de Naumbourg les fondements d'une érudition philologique aussi vaste qu'exacte, il suivit les cours d'huma nités et de théologie des professeurs les plus distingués des universites de Wittenberg, Leipzig et Göttingue. Les liens de parenté et d'amitié qui l'unissaient à J. A. Ernesti, son beau-frère, l'attachèrent au séjour de Leipzig, ou il prit successivement les degrés d maître-ès-arts et de docteur en theo logie, et où il obtint en 1762 la chaire des langues orientales, vacante par l'éloignement de J. R. Kiesling. Il consacra tous les moments que les devoirs de cette place laissaient à sa disposition, à la rédaction d'une nouvelle traduction latine des livres du Vieux-Testament, regardée par les protestants comme la meilleure de toutes celles qui existent dans cette langue, soit pour la fidélité et la clarté, soit pour l'élégance du style, ligne d'un disciple d'Ernesti. Dathe passa sa vie à retoucher cet ouvrage; adiction, constamment pure et élégante, ne voile aucunement le génie ebraïque: les couleurs de l'Orient ne fisparaissent point sous les phrases lu latiniste. Le scul reproche qu'on ui adresse aujourd'hui en Allemagne, 'est celui d'une trop grande circonsection et d'un attachement trop crupuleux à l'orthodoxie luthérienne au texte masorétique. Il est vrai e son extrême modestie et le resect qu'il portait aux livres saints efe disposaient pas favorablement our les hypothèses plus ingénieuses e solides, plus téméraires que santes, qui ont eu tant de succès en lemagne dans ces derniers temps, le rendaient lui-même peu propre operations de haute critique sur foi desquelles on ne voit maintet dans quelques universités de ce vs qu'un recueil de fragments de t âge dans le Pentateuque, une ece d'anthologie dans Isaïe, et mythologie indico-persico-chalnne dans la Genèse. Toute la vie Dathe fut employée à des cours et des travaux sur les textes sacrés. ouvrages, peu conuus en France, itent d'être étudiés par ceux qui 11t avoir une idée des recherches orientalistes allemands dans cette sion des sciences théologiques. La principale est la traduction de l'An- DATHENUS (PIERRE ), né à Ypres, fut d'abord moine dans l'abbaye de Poperingen. Dès l'âge de dixhuit ans, il goûta les principes de la réformation, quitta son couvent, et se refugia en Angleterre, où il prit l'état d'imprimeur. Vers 1551, il se voua au ministère sacré, et, trois ans après, repassa sur le continent. I fut nommé pasteur à Francfort en 1555; publia en langue allemande (1560 et 1563) deux écrits en faveur des refugiés pour cause de rehgion, et voyant que le parti de la réforme prenait de la consistance dans les Pays-Bas, il y retourna et prêcha, en 1566, la doctrine de Calvin sur les mêmes lieux qui naguère l'avaient vu moine. I s'occupa dès-lors à traduire en vers hollandais les Psaumes de David, en les adaptant à la musique de la traduction française qu'en avaient faite Clément Marot et Theodore de Bèze. Ignorant l'hébreu, il ne fit même que suivre cette tra duction; ce que n'a point fait vers la même époque l'illustre Philippe Marnix de Ste.-Aldegonde, dont la version, calquée sur l'original, surpasse d'ailleurs celle de Dathenus pour l'élégance non moins que pour la force. Elzevier a imprimé ces deux traduc tions en regard l'une de l'autre à Leyde en 1617. La poesie hollandaise ne faisait que de naître. Le travail de Dathenus est estimable pour le temps où il a paru, et il a été trop sévèrement jugé depuis. Dans son Histoire de la poésie hollandaise (publiée à Amsterdam, 1808 et 1810, 2 vol. in-8°. ), M. Jérôme de Vries a traité Dathenus avec plus d'indulgence. Les Etats de Hollande avaient promis une prime, non pour la meilleure, mais pour la première traduction qui paraîtrait, et Dathenus remporta ce prix; aussi sa traduction fut-elle adoptée en Hollande pour le culte public, à l'usage duquel la tyrannie de l'habitude ne l'a conservée que trop long-temps. Ce n'est qu'en 1773 qu'elle a cnfin fait place à celle dont on se sert aujour d'hui, et qui, choisie entre plusieurs autres successivement publiées, est digne de l'etat actuel de la littérature hollandaise. Si Dathenus ne fut pas sans mérite comme poète, il parat avoir eu aussi une grande vogue comme prédicateur. Il avait le geare d'éloquence que veut la multitude dans les grandes crises, soit religieuses soit poliùques, et réunissait quelquefois sous la voûte du ciel jusqu'a quinze mille auditeurs autour de lu Le fanatisme plutôt que la raison, et la violence plûtôt que la force, carat térisaient ses discours. Il n'épargnat pas les invectives aux hommes sages et modés és. Le prince d'Orange avant admis dans la pacification de Gand quelques articles que Dathenus jugrat trop favorables au culte catholique, il ne le harcelait pas moins dars ses virulentes déclamations que ne le faisait d'un autre côté le fougueux franciscain Cornelisz Adriaansen. Le prince d'Orange était attendu à Gand; Dathenus intrigua de toutes ses forces pour qu'il n'y fût pas reçu; mais ayant échoué dans ses séditieuses menées, il ne jugea pas prudent d'y ter, et chercha un asyle dans le Palataat. L'électeur palatin, Frederic, nomma son chapelain, lui donna le titre de conseiller, et l'attacha à b personne de son fils Casimir, qu'i accompagna dans une expédition m litaire. Dathenus ne se montra ga plus modéré dans le Palatinat qua ne l'avait été en Flandre. Quand il s trouva plus de danger pour lui à tourner dans les PaysBas et en H lande, il y revint; mais il ne tarda pas à être arrêté à Vreeswyck, près da Viane, et de là fut transféré pris nier à Utrecht. Le long interrogate qu'il subit en cette occasion nous été conserve, et il nous apprend bist |