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peuple qui, tout indigné, l'appelait ouvertement Katili padischah, ou le regicide; il fut donc forcé de prendre la fuite; mais bientôt découvert et ramené à Constantinople, les jannissaires, repentants de leur égarement, demandèrent la tête du coupable. Daoud convaincu, jugé et condamné dans le même instant, fut conduit dans la prison de sa malheureuse victime. On remarqua que sur la route il but, pour se désaltérer, à la même fontaine où le jeune Othman s'était arrêté. Amené enfin dans l'enceinte des Sept-Tours et dans le lieu même où il avait été le bourreau de son souverain, il y expia son crime en périssant du même supplice, en l'année 1623.

S-Y.

DAOYZ (ÉTIENNE), bénédictin et chanoine de Pampelune, très habile dans le droit civil et canonique, dont il a facilité l'étude par des tables ou index très étendus. Celui du droit civil, imprimé à Venise, 1610, in-fol., forme le 7. volume du corps de droit, in-fol.', avec les gloses, Lyon, 1612 - 1627. Il a été réimprimé à Milan en 1742,4 vol. in-fol. Celui du droit canonique forme aussi un vol. in-fol., Bordeaux, 1613. Daoyz mourut en 1619. B-I.

DAPPER (OLIVIER), médecin hollandais, joignit à la pratique de son art l'étude de l'histoire et surtout de la géographie. Il s'appliqua avec un zèle infatigable à recueillir dans les livres qui existaient tout ce qui pouvait faire connaître les pays étrangers, et composa, du résultat de ses recherches, des descriptions très étendues et très intéressantes. Il orna ses ouvrages de cartes et de figures nombreuses. Les planches, bien dessinées et gravées avec soin, représentent avec assez de fide ité les lieux les plus importants et les usages des habi

tants. La plupart des ouvrages de Dapper sont dédiés à Nic. Witsen, bourg mestre d'Amsterdam, avec lequel la conformité de goût pour la géographie l'avait intimement lié. Dapper ayant quelquefois mis peu de choix dans les matériaux qu'il a recueillis, a induit en erreur les auteurs qui se sont fiés à son témoignage sans l'examiner d'après les règles d'une sage critique. Il mourat en 1690. On a de lui: 1. Description historique de la ville d'Amsterdam, Amsterdam, 1663, in-fol.; II. His toire d'Herodote et vie d'Homère, traduite en hollandais, Amsterdam, 1665, in-4°.; III. Description des les del' Afrique, Amsterdam, 1668; ibid., en allemand, 16715 IV. Description des pays de l'Afrique, de l'Égyp te, de la Barbarie, de la Lybie, d Biledulgerid, de la Nigritie, de la Guinée, de l'Ethiopie, de l'Abys sinie, etc., Amsterdam, 1668 et 167 ibid., en allemand, 1670; traduite en anglais par Ogilby, Londres, 167, in-fol. (il ne mit pas à son livre k nom de Dapper); traduite en français, Amsterdam, 1686, in-fol. Les tradarteurs français et anglais ont réuni dans leur version les deux ouvrages de Dap per sur l'Afrique, V. Expedition me morable de la compagnie des Indes orientales, le long des côtes et dan l'empire de Taising ou Chine, com tenant la seconde ambassade a vice roi Singlamong et au genera Taising-Lipoui, par Jen van Cam pen et Constantin Nobel, suivie à la relation des événements arres en 1643 et 1644, le long de la cóme de la Chine et auprès des iles või sines, sous les ordres de Balthasar Bort; et la troisième ambassade s Kon-Chin, empereur tartare de la Chine et de la Tartarie Oriental sous la conduite de Pierre sa Hoorn, avec une description ¿

toute la Chine, Amsterdam, 1670, 2 vol. in-folio, traduite en anglais par Ogilby, sous ce titre : Atlas Sinensis, Londres, 1671, in-fol., fig.; en allemand, Amsterdam, 1674, 2 vol. in-fol., fig. On en trouve l'extrait dans l'Histoire générale des Voyages, tom. V, p. 282. Ces deux ambassades des Hollandais suivirent celle dont Nieuhof a donné la relation; la première eut lieu en 1662, la seconde en 1664. Moutanus, qui avait pris soin de recueillir les journaux de ces deux voyages, les remit à Dapper pour les publier. La route de ces ambassadeurs fut si différente de celle qu'avaient suivie les envoyés dont Nieuhof a parlé, qu'on en peut tirer des lumières nouvelles pour la géographie de la Chine; mais on regrette que Dapper ait mis dans sa narration si peu d'ordre, et une prolixité fatigante. V. Description de l'empire de Taising ou Chine, Amsterdam, 1670, in-fol., ouvrage totalement différent du précédent: Dapper le composa à l'aide d'extraits tirés de différents auteurs; VII. le NouveauMonde inconnu, ou Description de l'Amérique et de la Terre australe, Amsterdam, 1671, in-fol. Les figures sont les mêmes que celles dont on s'est servi pour l'Histoire de l' Amerique par Montanus; trad, en allemand, Amsterdam, 1671 et 1673, in-fol.; Vill. Description de la Perse et de la Géorgie, Amsterdam, 1672, infol. ; trad. en allemand, Nuremberg, 1681, in-fol.; IX. Asie ou Description de l'empire du grand Mogol et d'une grande partie de l'Inde, Amsterdamn, 1672, 2 vol. in-fol.; traduit en allemand, Nuremberg, 1681, in-fol,; X. Description de l'Aie, contenant la Syrie et la Palesine ou la Terre-Sainte, Rotterdam et Amsterdam, 1677, in fol.; ibid.,

1680, in-fol: c'est le plus beau des ouvrages de Dapper; traduit en allemand, Amsterdam, 1681, in-fol.; Nuremberg, 1688, in-fol.; XI. Description de l'Asie, contenant les pays de Mésopotamie, Babylonie, Assyrie, Anatolie ou Asie mineure, el aussi une description complète de toute l'Arabie, Amsterdam, 1680, in-fol.; XII. Description de la Morée et des iles de la mer Adriatique ou golfe de Venise, Amsterdam, 1688, in-fol.; XIII. Description des tes de l'Archipel, de la mer Méditerranée, Amsterdam, 1688, infol.; traduit en allemand sous le titre d'Archipelagus turbatus, Augsbourg, 1688, in-fol.; et sous celi de Délices et Singularités de lorient, Nuremberg, 1712, in-fol.; traduit en français, Amsterdam, 1703, in-fol. ; la Haye, 1730, in-fol. D. C. Maenuling fit un extrait de divers ouvrages de Dapper, et le publia sous le titre suivant: Dapperus exoticus curiosus, Francfort et Leipzig, 1717, 1718, 2 vol. in-8°. E-s. DAPRÈS DE MANNEVIL LETTE. Voy. APRÈS (D').

DAQUIN. Voy. AQUIN (D').

DARA-CHEKOUR (égal en majesté à Darius) naquit l'an 1025 de l'hegire (1616-17 de J.-C.). Fils aîné de l'infortuné Chah Djihân, et non moins malheureux que son père, il avait été choisi par lui, dès sa tendre jeunesse, pour monter sur le trône de l'Hindoustân. Cette désignation prématu→ rée fut, dans la famille impériale, un germe de discorde, que firent rapidement développer d'autres témoignages de prédilection paternelle, et surtout plusieurs imprudences de Dârâ. Son second frère Aureng-Zeyb ayant tenté inutilement deux expéditions. contre le Candahâr, celui-ci prétendit réparer l'honneur des armes mogholes

dans la même contrée. Le faible Châh Djihan n'accéda qu'à regret à la demande de son présomptueux fils, qui revint bientôt honteusement suivi des tristes debris de la belle et nombreuse armée qui s'attendait à vaincre sous lui. Pour le consoler de la juste douleur que lui causaient et sa défaite et la joie de ses frères, Châh Djihân l'associa ouvertement à l'empire. Ce ne fut pas une vaine cérémonie ; après J'avoir placé lui-même et en présence des grands de sa cour sous le dais impérial, lui avoir décerné le titre de chah bulend écbál (roi de haute fortune), il lui confia une partie de l'administration, et deux ans après cette inauguration, l'empereur étant tombé gravement malade, Dârâ se vit à la tête du gouvernement. Il profita de cette circonstance pour écarter ceux dout les sentiments lui étaient suspects, et il faut connaître le caractère des orientaux pour se former une idée de l'acharnement qu'il montra dans cette circonstance, des tendres soins qu'il rendit en même temps à son vieux père, et de la joie qu'il témoigna et qu'il éprouva réellement en lui remettant les rênes du gouvernement. Les grands qu'il avait éloignés de la cour, se réfugièrent auprès d'AurengZeyb; celui-ci affectait d'autant plus de moderation, d'éloignement pour les grandeurs humaines, et surtout de piété, que son frère montrait plus de goût pour tous les avantages du pouvoir suprême et de dédain pour les préjugés religieux. Le premier ministre avait été destitué et remplacé par un prince hindou; cette mesure était plus conforme aux idées d'une philosophie très déplacée parmi les musulmans, qu'aux principes d'une sage politique. Les trois frères de Dara crurent que le moment de faire éclater leur mécontentement était ar

rivé, mais aucun ne donna plus d'in quietudes qu'Aureng-Zeyb. Leur vieux père voulait marcher en personne contre ce dernier; c'était le plus sûr moyen de le faire rentrer dans le de voir et de disperser ses partisans, qui n'auraient jamais osé combattre leur souverain. Dàrà s'y opposa; il voulut être chargé de cette expédition. Il alla en effet à la rencontre de son frère, l'action s'engagea à quatre lieues d'Agrah. La victoire se déclarait en faveur de l'armée impériale, et Aureng-Zeyb était réduit aux dernières extrémites, quand un traître persuada à Dârâ de descendre de son éléphant pour monter à cheval, et se mettre à la poursuite des fuyards; à l'instant même la br taille changea de face; les troupes inpériales ne voyant plus leur chef erarent qu'il avait été tué et prirent la fuite. « Étrange révolution, s'ecrie le »sage Bernier! Il faut que celui qui » vient de se voir victorieux se trouve >> tout d'un coup vaincu, abandonné » et obligé de s'enfuir lui-même s'il » veut se sauver; il faut qu'Aureng. » Zeyb, pour avoir tenn ferme un » quart d'heure sur un elephant, st >> voie la couronne de l'Hindoustin » sur la tête!» La défaite de Diri fut complète, et son malheur d'autant plus grand, qu'il avait affaire à un ennemi qui joignait la ruse et l'unhamanité à un courage inébranlable. Cet ennemi se fit bientôt reconnaître sonverain de l'Hindoustân; le plus mat heureux des pères et des inonarques, Châh-Djihàn fut enferiné à Agrah. Nous ne suivrons pas son fils bien-aimé fuyant à travers les montagnes de l'Inde; il nous suffit de savoir qu'après avoir erré, avoir vu expirer son épouse qui s'était empoisonnée pour se soustraire à la plus affreuse destinée, il fut arrêté par un traître etlivré au plus impitoyable des vainqueurs.

Oubliant les droits du sang et les égards que l'on doit au malheur, Aureng-Zeyb fit promener ignominieusement sou frère dans les rues de Dehly, et l'exposa couvert de lambeaux aux regards d'un peuple attendri, mais dont l'effroi arrêtait les larmes. A peine les portes d'une obscure et sale prison s'étaient-elles fermées sur Dârâ et sur son peut-fils, qu'elles s'ouvrirent. Le prince captif s'occupait à faire cuire lui-même des lentilles pour éviter le poison; il leva les yeux, recounut les satellites, et s'écria: « Mon cher » enfant, on vient nous assassiner.» Aussitôt il saisit un couteau, la seule arme qui lui reste, et poignarde le misérable qui essayait d'enlever le jeune enfant, fortement attaché aux genoux de son grand-père. Stupéfaits, effrayés, les assassins hésitent, mais leur chef les excite. L'enfant est enlevé, Dârâ massacré, et sa tête portée à l'exécrable Aureng-Zeyb: on laissa une nuit tout entière l'enfant dans la prison, auprès du cadavre sanglant et mutilé de son aïeul. Ainsi périt, le 11 septembre 1659, à peine âgé de quarante quatre ans, et victime de la juste, mais imprudente prédilection de son père, et de la haine et surtout de l'ambition forcénée de son frère, un prince digne à tous égards d'un meilIcur sort. Outre les vertus qui caractérisent à la fois un bon fils, un tendre père, un brave guerrier, ce prince avait un goût décidé pour la littérature. Il avait fait, à Bénarès même, une étude particulière de celle des Indiens; il traduisit ou fit traduire du samskrit en persan un assez grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels on distingue l'Oupnek hat (plus exactement Õupanischada), extrait des Védas. Cet ouvrage samskrit renferme la portion des Védas la plus importante pour le dogme. Les difficultés

que présente le texte original des Vé das, et surtout leur immense étendue, car ils forment 11 vol. in-fol., auront déterminé quelque savant Brâhmane, dont on ignore le nom, à faire l'abrégé dont il s'agit. Cet abrégé a été tradit en persan par le prince Dârâ-Chékoùh, qui, pendant son séjour à Bénatès, consacra six mois à ce travail; mais, ne sachant pas le samskrit, il ne fit que traduire en persan l'interprétation de ses pandits, et mêla au texte des Védas diverses gloses, et même le précis de la conversation des commentateurs hindoûs, qui ne sont ni moins prolixes ni moins subtils que les nôtres, de manière que la version persaue est une espèce de glose perpétuelle, dans laquelle il n'est pas toujours aisé de reconnaitre le texte original. Un autre reproche que nous ferons à cette version, c'est l'altération des noms propres, à commencer par le titre même de l'ouvrage, qui se trouve métamorphosé en Oupnek'hat: ce mot n'offre aucun sens en samskrit ni en persan, et il est fåcheux que ce soit là le titre sous lequel Anquetil-Duperron a publié sa traduction latine. Nous savons très bien, et il en convient lui-même, qu'il a travaillé d'après la version ou plutôt la glose persane, et non d'après le texte samskrit; mais combien on regrette que ce savant n'ait pas profité de ses connaissances dans les langues de l'Inde, pour rectifier les innombrables altérations et interpolations qu'on reproche, soit à Dârâ-Chekoùh, soit à ses maîtres, soit aux mourchy (ou copistes)! L'auteur de cet article a relevé quelques-unes de ces nombreuses altérations et essayé même de les rectifier dans les notes qu'il a ajou tées à la traduction française des Mé moires de la société asiatique de Calcutta, principalement tom. 1, pag.

402-404. Le projet chimérique de concilier et même de fondre ensemble deux religions aussi diametralement opposées dans leurs principes que le sont le pacifique et tolérant brahmanisme, et le sanguinaire et impitoyable islamisme, avait suggéré à Dâra-Chekoù l'idée d'un ouvrage écrit en persan et portant le titre arabe de Medjmà al-bahreïn (réunion des deux mers). L'illustre auteur s'efforce, dans ce traité theologico-philo. sophique, de simplifier les principes de deux religions bien opposées, et surtout de les concilier. Ce louable et philanthropique projet a produit au moins un ouvrage très savant et très curieux. On peut se former une idée des vastes connaissances et des immenses lectures de Dârâ-Chékoùh en jetant un coup-d'oeil sur l'encyclopédie médicale intitulée Iládját Chékouy (remèdes de Dârâ Chékoùh). C'est à la fois une nosologie et une pharmacopée indienne, formant 3 vol. in-fol. maximo; le 3o. volume renferme plus de quinze cents pages. Cet immense ouvrage fait partie des manuserits persans rassemblés par M. Brucis, résident français à Surate, et qu'il a cédés à la Bibliothèque impériale. La même bibliothèque possède, parmi les manuscrits orientaux donnés par le colonel Gentil, une partie de la vie de Dara Chékoùh écrite en persan, par un nommé Abbas à Dehly, en 1062 de l'hégire (1651-2 de J.-C.), conséquemment sept ans avant la mort tragique de ce prince. L---S. DARAN (JACQUES), chirurgien, né à St.-Frajon, petite ville de Gascogne, le 6 mars 1701, et mort à Paris en 1784. Après avoir terminé ses humanités, il embrassa la profession de chirurgien, et mit tant d'application à l'étude de cet art, que jeune encore il devint l'émule des plus

très

grands maîtres de son temps. L'ardent desir qu'il avait de voyager lui £t accepter du service dans les armées autrichiennes. L'empereur fit en faveur de son mérite une exception honora ble et rare à cette époque; Daran, avec le grade de chirurgien-major, obtint le rang d'officier. Bientôt après, sa passion pour les voyages le conduisit à Milan, puis à Turin, où il fut appelé par le roi de Sardaigue. Ce prince ne négligea rien pour le fixer dans sa capitale; mais Daran aimait trop sa patrie pour se fixer dans l'étranger; il refusa les offres de Victor Amédée, et continua des voyages où, satisfaisant son penchant, il augmentait ses connaissances. I parcourut successivement Milan, Rome, Vienne, et fit dans cette derniète ville une foule d'opérations remarquables, qui agrandirent sa renommée. Daran quitta Vienne pour se rendre à Naples, et de là il passa á Messine. Le prince de Villa-Franca qu'il rencontra dans cette dernière ville lui fit accepter, à force de sallicitations, l'emploi de chirurgienmajor de son régiment. Pendant san séjour à Messine, la peste y fit d'affreux ravages, et Daran deploya dans cette occasion les plus grands talents et la plus touchante humanité. Le consul français et les habitants de cette nation qui se trouvaient à Messing eurent beaucoup à se louer des soins qu'il leur prodigua. Cet exceller! homme porta les secours les plus désintéressés aux habitants de la ville, et recueillit les bénédictions universe les. Cependant, chaque jour, la peste moissonnait de nombreuses victimes. Daran conçut le projet hardi dy soustraire tous les Français qui habitaient Messine: il les fit embarquer sur un vaisseau de sa nation, et les ramena tous à Marseille, un seul

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