ne put jamais éteindre. Bientôt la guerre dont son pays était devenu le théâtre, et les sollicitations de sa famille, le déterminèrent à passer dans le Levant. Il quitta la Hollande en 1674, visita l'Italie, et arriva à Smyrne au milieu de l'année suivante. Après s'être rendu familiers les idiomes du pays, il porta son attention sur les antiquiquités dont abonde cette contrée. Des recherches soutenues lui procurèrent une suite précieuse de monuments de toute espèce. Nommé vice-consul de sa nation, il profita du crédit que lui donnait cette place pour augmenter encore le riche cabinet qu'il s'était formé. Après un séjour de treize années en Asie, il se disposait à repasser en Europe, lorsque le 10 juillet 1688, un tremblement de terre affreux vint ruiner la ville de Smyrne. En un instant, Cosson perdit sa fortune, sa maison et tout ce qu'elle renfermait. Obligé d'abord de chercher un asyle sur un vaisseau, où les secousses qui se renouvelaient par intervalle le retinrent long-temps, il se refugia avec ses compatriotes dans un village voisin, nommé Hadgilar, où, quelques mois après, il fut victime d'un malheur encore plus funeste. Étant sorti dans la campagne, un livre à la main, pour se promener, il fut surpris par des Algériens qui avaient abordé sur la côte. Deux de ces pirates, pour l'empêcher de fuir, lui coupèrent le tendon d'Achille, et, l'ayant ensuite entraîné dans une cabane écartée, ils le percèrent de plusieurs coups dont il mourut. Il était âgé seulement de quarante ans. Nous avons puisé ces faits dans l'éloge qu'a publié Jacques Gronovius, sous ce titre : Memoria Cossoniana, Leyde, 1695, in-4°. A la suite de cet éloge, on trouve une copie du célèbre monument d'Ancyre, plus exacte et moins incomplette que celle qu'avait rapportée Busbecq, et quel ques autres inscriptions que Cosson avait envoyées en Europe avant la perte de son cabinet. Z. COSSON (PIERRE-CHARLES), né à Mezières vers 1740, après des études brillantes dans le college de Ste.Barbe, à Paris, se voua de bonne heure à la carrière pénible de l'instruction publique. Deux prix de maitre-ès-arts, remportés en 1762 et 1763, annoncèrent qu'il avait profite des leçons de ses maîtres, et qu'il était digne d'en donner à son tour. Ces succès lui firent obtenir une chaire d'humanités à la Flèche, et ensuite à Paris au collége des Quatre-Nations. Le jeune professeur, après avoir satisfait aux vœux de l'université, qui exigeait de ses maîtres des composi tions latines, ne crut pas être transfuge en cultivant aussi la littérature française, puisqu'elle devait faire partie de son enseignement. L'année suivante (1764), il remporta le prix que l'académie de Besançon avait propose sur cette question: « Les progrès des » modernes ne dispensent point de » l'étude des anciens ;» et son discours prouva qu'il avait approfondi les uns et les autres. L'Eloge de Bayard, qu'il publia en 1770, se fit remarquer par l'expression éloquente d'un amour pour sa patrie, qui rendait le panegyriste digne du héros. En accordant un culte de préférence aux muses latines, comme sa place lui en faisait un devoir, Cosson avait offert aussi quelques hommages aux muses françaises, et il sut, entre autres efforts, faire celebrer à la poésie les premiers succès d'un de nos plus célèbres géomètres (M. Legendre). La traduction de Tite-Live, par Guérin, étant épuisée, la réputation de Cosson fit jeter les yeux sur lui pour en préparer une nouvelle édition. On savait d'ailleus que cet historien était son auteur favori, qu'il l'avait constamment expli qué à ses élèves, et qu'il les entretenait souvent du chef-d'œuvre de cet écrivain, la seconde guerre punique, en le rapprochant de Polybe et de Silius. Cosson fit tous ses efforts pour rendre ce travail digne des regards du public, retoucha presque en entier la version de son ancien confrère, et la publia en dix volumes in-12, 1775.Quoique cette traduction soit loin d'être sans mérite, sous le rapport de l'exactitude, on peut croire que Cosson eût encore mieux réussi, s'il eût été dégagé des entraves où se trouve nécessairement un réviseur, partagé entre la crainte d'altérer un travail estimable et le désir d'en corriger les imperfections. Cosson, insouciant sur l'avenir, et content de l'humble médiocrité de sa place, s'était peu occupé de sa fortune; il avait atteint l'éméritat, lorsque la révolution vint lui enlever, avec la pension d'émérite, le fruit d'une vie consacrée tout entière à l'instruction publique. Une autre carrière lui fut ouverte. M. Alexandre, qui avait été son élève et qui était resté son ami, l'emmena comme son secrétaire, lors de la mission qu'il remplit dans les départements du Rhin, et, peu de temps après, M. Rudler, chargé de l'organisation des pays conquis sur la rive gauche de ce fleuve, lui confia les fonctions de commissaire du gouvernement près de l'administration dé-are: Lamentations sur la mort du partementale du Mont, Tansire" caractère, il fut rappelé à Paris, et vit sa tranquillité compromise par une suite des soupçons qu'avait inspirés son dénonciateur. Le nuage fut bientôt dissipé, et l'examen de ses papiers, la franchise de ses réponses, lui firent à l'instant rendre la liberté; mais le coup avait porté. Depuis ce moment, il ne fit plus que languir, et mourut le 18 juillet 1801. Dans le cours de ses fonctions administratives, il avait eu plusieurs fois des discours à composer, et l'impression nous en a conservé deux, celui qu'il prononça lors de l'installation des professeurs de Mayence, et celui qu'il fit à l'occasion de l'attentat commis à Rastadt sur la personne de nos plénipotentiaires; ils respirent tous deux l'eloquence du cœur et les sentiments du vrai patriotisme. Cosson était né bon et confiant; il portait hors de son college une naïveté et une bonhomie qui contrastaient quelquefois plaisamment avec les airs et l'étiquette des sociétés brillantes où il était admis, et tout le monde se rappelle ce dialogue piquant où M. Delille prouve à son ancien confrère qu'il a blessé quinze à vingt fois les usages du grand monde. Ce dialogue se trouve dans les notes de la Gastronomie, par M. Berchoux, Paris, 1806. Cosson a encore publié, sous le nom de Charlotte-Catherine CossON DE LA CRESSONIÈRE, quelques morceaux de poésie insérés dans le Mer Ice romplis eurs et de ses collegues, de ses supudre également de la faisuté et de la dureté, et faire respecter en lui le nom français. Dénoncé par un de ces hommes qui croyaient la fierté républicaine incompatible avec l'aménité des formes et la douceur du Dauphin, Paris, 1766, etc. N-L. COSSUS (AULUS CORNELIUS) se distingua par un memorable fait d'armes, l'an 516 de Rome, dans l guerre contre les Veiens. « Il y avait » dans la cavalerie rodine, dit » Tite-Live, un triban de soldats, le plus bel hom de l'armée, d'une » vigueur on moins extraordinaire » que son courage. Il avait reconnu, » à ses décorations royales, Volum»nius, qui, partout où il se présen» tait, faisait plier les escadrons ro» maius. Aussitôt il s'élance contre » le roi des Veiens, le renverse de » son cheval, et, se précipitant sur » lui, le perce de sa lance, et lui » coupe la tête.... » Quoiqu'il ne fût encore que tribun des soldats, Cossus porta les dépouilles opimes dans le temple de Jupiter-Férétrien, honneur réservé aux seuls consuls et aux dictateurs, et, dans le triomphe qu'obtint Mamercus Æmilius, le tribun fixa les regards de la multitude plus que le dictateur lui-même. Nommé ensuite consul, puis dictateur, Cossus eut de grands succès contre les Volsques; mais le véritable motif de sa nomination avait été de la part du sénat de l'opposer aux projets séditieux de Manlius Capitolinus. A peine a-t-il mis en fuite les Volsques, que Cossus revient à Rome; dès le lendemain, il somme Manlius de parature devant lui, et devant tout le sénat réuni au milieu de l'assemblée des comices. Là il l'interpelle à haute voix, et, se trouvant insulté par sa réponse, le fait conduire en prison (V. MANLIUS). Cossus triompha ensuite pour ses victoires sur les Voisques; mais le parti populaire dit qu'il celebran bien plutôt sa victoire sar Manlius, et qu'il ne lui manquait que de le tenir attache à son char. Cossus abdiqua peu de temps après; mais la défaveur du peuple le sunt dans sa retraite, et l'histoire ne fait plus mention de lui. M-D j. LESCHROS), chargea Cossutius de cet ouvrage immense, qui, suivant TiteLive, etait le seul temple de l'univers dont la grandeur répondit à la majesté du Dieu. Vitruve le compte parmi les quatre temples les plus celèbres, tels que ceux de Diane à Ephèse, d'Apollon à Milet, de Céres à Eleusis. Il en existe encore des dé bris; mais les voyageurs ne le reconnaissent pas tous dans les mêmes ruines; Spon, Leroi et Stuart ont indiqué divers emplacements : les conjectures de ce dernier semblent les plus probables. Cossutius ne put mettre la dernière main à ce monument, auquel on travailla encore sous le règne d'Auguste, mais qui ne fut fini et dédié que par l'empereur Adrien. L-S-E. : COSTA. V. ACOSTA et LACOSTE. COSTADAU (ALPHONSE), dominicain, né dans le comtat Vénaissin, vers la fin du 17. siècle, est auteur d'un Traité historique et critique des principaux signes dont nous nous servons pour manifester nos pensées, ou le Commerce des esprits, divisé en trois parties, savoir Des signes humains, Lyon, 1717, 4 vol. in-12; Des signes superstitieux et diaboliques, Lyon, 1720, 4 vol. in-12; Des signes divins, ibid., 1724, 4 vol. in-12. La première partie est la plus curieuse, quoiqu'il y ait bien du fatras; l'au teur y traite de l'origine des langues, de l'écriture, de l'imprimerie, du dessin, de la peinture, de la sculpture, COSSUTIUS, architecte romain, de la pantomime," ettion, des gestoe a vécu 173 ans av. J.-C. Sa réputa- qu'il a été obligé de fa égala celle des artistes grecs, et une grande patience; maẞrouvent Antions Epiphanes ayant entrepris d'achever le emple de Jupiter-Olympien d'Athènes sur les fondements conunencés par Pisisate (V. CAL trouve ni goût, ni méthode, n'y ment. En traitant des signes dialo liques, et voulant se tenir égalemen cloigné de l'incrédulité philosophiqu et de la superstition, l'auteur montre une grande faiblesse d'esprit; il admet * l'existence des sorciers, et donne en preuve de leur commerce avec le diable les aveux que plusieurs de ces malheureux ont faits devant les tribunaux. Quant à la troisième partie, on peut la considérer comme un traité purement théologique. Ce fut celle que ses confrères jugèrent la meilleure. Le P. Costadau se proposait d'ajouter encore plusieurs voJumes à son ouvrage, mais ils n'ont point paru. Il enseignait la théologie = aux dominicains de Lyon, vers 1730, et on croit que cette année fut celle de sa mort. W-s. COSTADONI (JEAN-DOMINIQUE), l'un des plus savants religieux de l'or-dre des camaldules, naquit à Venise en 1714, d'une riche famille de commerçants. Après avoir fait de brillantes études au college des jésuites, 1. prit à seize ans l'habit religieux au minastère de St.-Michel, près Murano, et y reçut le nom de D. Anselme, saus lequel il est plus connu. y fit avec distinction ses cours de philosophie et de théologie, commença dès 1737 à se fre connaître par une lettre que, Sopra alcuni sentimenti pressi nell' Eloquenza italia da monsignor Giusto Foanini intorno a certi scrittori Camaldolesi. Il s'adonna spécialment à écrire l'histoire des homes illustres et des institutions es ordres religieux, principalemeut Hu sien. Les antiquités chrétiennes Fournirentaussi matière à ses travaux. I coopéra pendant dix-huit ans sans nterruption an grand ouvrage du saant P. Mittarelli, son maître, intitulé: Annales Camaldulenses. Après l'a-oir terminé, il n'étudia et ne publia -lus que des ouvrages de piété. Il mouut à Venise, le 25 janvier 1785, à l'âge de soixante-ouze ans. L'abbé For- e emiti camaldolesi, insérée dans COSTEUS. Voy. COSTÉO. COSTANZI (CHARLES), graveur graven. diamants pour le roi de Portugal. Le rédacteur de cet article en a vu des empreintes, ainsi que de plusieurs autres gravures du même artiste, et il y a reconnu un très haut degré de perfection. Costanzi dessinait avec justesse; ses portraits sont fort ressemblants; il serait difficile de faire en creux quelque chose de mieux que le portrait du cardinal George Spinola, qui est sur une agathe onyx. Les autres gravures de Costanzi sont répandues dans toute l'Europe. Il a également réussi à copier les pierres gravées antiques, et l'on prétend que personne, entre les modernes, n'a aussi bien gravé que lui la tête d'Antinous; aussi en a-t-il fait un grand nombre de copies que les connaisseurs les plus clairvoyants ont souvent prises pour des originaux. Il fit, en 1729, pour le cardinal de Polignac, une copie si ressemblante de la Méduse de Solon, que les artistes euxmêmes ne cessèrent de croire que c'était l'original que lorsqu'ils serent que cet original était dans le cabinet de Strozzi. Peu d'artistes ont reçu de leurs contemporains autant de témoignages d'admiration que Costanti. Le roi de Portugal lui avait donné l'ordre de Christ: l'ordre de St.-Jean de Latran lui fut conféré par Benoît XIV, etc. Quoique né à Naples, il se regarda toujours comme romain, parce qu'il n'avait point cessé de demeurer à Rome, où sou frère, nommé Thomas, moins habile que lui, grava néanmoins avec succès sur les pierres fines, et fut très occupé A-s. COSTANZO (ANGELO DI), célèbre historien, et poète italien du 16. siècle, issu d'une noble et ancienne famille napolitaine, et scigneur de Cantalupo, naquit à Naples, vers 1507. Lié d'amitié avec Sannazar et plusieurs autres grands hommes qui y vivaient alors, il fut encouragé par |