tembre 1691. La publication de ce voyage fit connaître avantageusement Dampier; il avait dédié son livre à Charles Montaigu, président de la société royale, qui le présenta au comte d'Orford, premier lord de l'amirauté. On confia à Dampier le RoeBuck, bâtiment de douze canons, pour aller faire des découvertes à la Nouvelle-Hollande. Il partit des Dunes le 26 janvier 1699, et, après avoir touché au Brésil, il fit voile à l'est, et aperçut la terre d'Eendraght, ou de la Concorde, à la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande, découvrit la baie des Chiens-Marins, visita dans une étendue de trois cents lieues, la partie nord-ouest de cette côte, qui depuis a été parcourne par les vaisseaux français, le Géographe etle Naturaliste. Les habitants étaient si farouches, qu'il essaya vainement d'avoir communication avec eux. N'ayant pu se procurer ni eau ni vivres, il fut obligé de relacher à Timor où son apparition inquiéta les Hollandais. A son départ il s'avança au milieu de l'archipel voisin jusqu'à la côte occidentale de la Nouvelle-Guinée, dont il eut connaissance Je 1. janvier 1700. Après avoir doublé le cap Nabo, il suivit la côte nord-ouest jusqu'à l'île Schouten, se dirigea à l'est, découvrit plusieurs îles, et arriva à un cap auquel il donna le nom de St.-Georges, et qui forme la pointe sud-est de la Nouvelle-Irlande. Dampier croyait toujours côtoyer la Nouvelle-Guinée jusqu'au moment où, passant par le détroit qui porte son nom, il reconnut que la terre qu'il avait eue à l'est en était distincte. Il appella celle-ci Nouvelle-Bretagne. Il prolongea la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée, reconnut le cap Nabo, ct, par une route jusqu'alors inconnue, aborda à Ceram. Après s'être réparé à Batavia, il revenait en Europe, lorsque dans l'ocean Atlantique, le 21 février 1701, son bâtiment coula bas par une voie d'eau près de l'île de l'Ascension. Dampier se sauva avec son équipage; deux mois après il fut recueilli par un navire anglais, et revit enfin sa patrie. Il fit ensuite deux autres voyages dans le grand Océan, en qualité de simple pilote; l'on en 1704, l'antre avec Woodes Rogers de 1-08 à 1711. Depuis lors l'on n'a plus de détails sur sa vie. Dampier doit avoir été d'une constitution très robuste pour supporter tant de fatigues; i est étonnant qu'après avoir reçu les premiers éléments d'une bonne education, il ait manifesté un perchant si fort pour une vie vagabonde, et qu'il ait pu se résoudre à rester si longtemps avec les flibustiers, qui se livraient au pillage et à tous les excès de la férocité la plus brutale. Il psrait qu'une certaine dureté de carac tère, jointe à une grande familiarité de manières, et peut-être une volonté ferme et capricieuse, rendaient Danpier peu propre à conduire les hom mes; du moins les troubles qui edaterent parmi l'équipage du Roe-Buck l'empêchèrent-ils d'exécuter tout ce qu'on avait droit d'attendre du talent dont il avait fait preuve dans la relation de ses premiers voyages. Cette opinion semble d'autant mieux fondée, qu'après cette campagne à la Nouvelle-Hollande, on ne lui confia plus aucune expédition, et qu'il fut oblige de s'engager comme pilote dans des entreprises faites par des particuliers. Quoi qu'il en soit, tous ses défauts doivent être effacés aux yeux de la postérité par le fruit qu'elle peut retirer de la relation de ses premiers voyages. Ils contiennent des descriptions faites par un homme doué da coup d'œil le plus sûr, du tact le plus decat, et d'un jugement exquis. Il y règue un air de vérité, une précision et une rapidité de style qui charment le lecteur. On ne peut trop en recommander l'étude aux marius. Tout ce qui tient à l'art nautique n'est pas composé, comme dans les autres voyages, de faits isolés ; tous ceux qui s'y trouvent y sont liés par des principes généraux, simples et incontestables qui en font pressentir les causes. Son Traité sur les vents, les marées et les autres courants, est un des meilleurs ouvrages de ce genre; on n'y trouve que des faits, mais ils sont groupés et coordonnés avec une habileté surprenante. Dampier, qui ne négligeait rien de ce qui tient aux sciences, a fait connaître plusieurs plantes curieuses. On lui doit la première esquisse de la Flore de la NouvelleHollande; M. Brown, qui vient de la compléter, a rendu hommage à la mémoire de cet habile navigateur, en donnant le nom de Dampiera à un des genres qu'il a découverts dans cette partie du monde. Parmi les espèces qu'il contient, il y en a une dont on a conservé un échantillon au muséum d'Oxford, avec plusieurs végétaux que Dampier avait rapportés. Il a joint à sa relation les figures des plantes dont il parle. On a de Dampier: I. Nou veau Voyage autour du monde, Londres, 1697, 1 vol. in-82. A la 4. édition, publiée en 1699, il joiguit un second volume dédié au comte d'Orford, et dans lequel on trouve le Supplement du Voyage autour du monde. ou la Description du Tonquin, d'Achem et de Malacca; deux Voyages à la baie de Campeche, dans lesquels il donne les mémoires de sa vie, et le Traité des vents et des marées. II. Voyage à la Nouvelle-Hollande, Londres, 1701, in-8°., 1705, 1709, in-8°. Ils ont été traduits en français, le 1., Amsterdam, 1698, 2 vol. in-12, le 2., Amsterdam, 1705, in-8°., puis réunis ensemble et avec ceux d'autres navigateurs, Amsterdam, 1701 et 1705 in-12, puis en 1711 et 1712, Rouen, 1715,5 vol. in-12, puis en 1723 et 1739. Ces traductions françaises, mal faites d'ailleurs, ne comprennent point ce qui concerne la NouvelleGuinée, formant la fin du même voyage. Il ont aussi été traduits en allemand, Leipzig, 1702, 1708, 5 vol. in-8°. On en trouve des extraits dans un grand nombre de recueils. R-L et E-S. DAMPIERRE (GUI DE), comte de Flandre et pair de France, ne porta d'abord d'autre titre que celui de fils de la comtesse Marguerite, et ne prit le titre de comte de Flandre qu'après la mort de son frère aîné. Il rendit hom. mage à S. Louis en 1251, et deux ans après fut défait et fait prisonnier en Zélande, avec Jean son frère. 1's ne recouvrèrent leur liberté que par le traité de novembre 1256. Gui fit en 1270 le voyage d'Afrique avec S. Louis. En 1294, il conclut le mariage de sa fille avec Édouard, prince d'Angleterre, sans la participation de Philippe-le-Bel, qui le fit arrêter à Paris, où il s'était rendu avec sa fille avant de passer en Angleterre : celleci fut retenue auprès de la reine, et le comte de Flandre fat enfermé dans la tour du Louvre, d'où il ne sortit qu'après avoir juré, de nouveau, de se conformer au traité de Melun, et de ne faire aucune ligue avec l'Angleterre; mais dès qu'il fut retourné dans ses états, il traita de nouveau avec l'Angleterre, et déclara la guerre au roi, qui mit son pays en interdit, défit ses troupes à Furnes, et prit ses principales places, ce qui le força de re courir à la clémence du monarque, et de venir l'implorer à Paris, avec ses deux fils aînés et deux de ses petitsfils; mais Philippe-le-Bel les retint prisonniers, et se mit en possession de la Flandre où il établit des gouverneurs. Bientôt les vexations que ceuxci exercèrent firent révolter les Flamands, qui, commandés par les autres enfants du comte, battirent l'armée royale, près de Courtrai, en 1302. Une trève ayant eu lieu l'année suivante, le comte obtint du roi la permission d'aller en Flandre négocier la paix; mais n'ayant pu y faire consentir ses sujets, il revint en 1304 à Compiègne, se remettre prisonnier, ainsi qu'il en avait donné sa parole. Bientôt les Flamands, défaits à Mons en Puelle, devinrent moins difficiles, et les négociations recommençaient, lorsque le comte Gui, qui avait été transféré à Pontoise, mourut dans cette ville le 7 mars 1505, à l'âge de quatre-vingts ans, ayant eu dix-neuf enfants de ses deux femmes. B D. M. DAMPIERRE (AUGUSTE - HENRIMARIE PICOT DE) naquit à Paris le 19 août 1756, dans une famille déjà distinguée par ses services militaires. Passionné pour la gloire des armes dès sa plus tendre enfance, son imagination s'enflammait aux récits des moindres exploits. Parvenu à l'âge d'entrer dans une carrière vers laquelle il se sentait aussi fortement entraîné, le jeune Dampierre, désespéré de l'état de paix où se trouvait la France, fit tous ses efforts pour aller chercher loin de son pays des occasions de se signaler; mais l'opposition de sa famille et les ordres du gouvernement apportèrent à son ardeur des obstacles insurmontables. Après avoir sollicité eu vaiu la faveur d'aller combattre dans le NouveauMonde, et ensuite en Espagne, lors du siége de Gibraltar, il partit secre tement pour cette dernière expédition. et fut arrêté par ordre de la cour à Barcelone, d'où on le ramena au ré giment des gardes françaises où il était officier. En 1788, le désir de courir des hasards de toute espèce le por ta à s'élever dans les airs avec le duc d'Orléans (Voy. ORLÉANS), sur l'un des premiers ballons que Montgolfier construisit à Paris, et peu de temps après, il partit pour Lyon, où il s'eleva encore en ballon, aux applandissements d'une foule immense. Mais il se livra trop long-temps à l'empres sement du public et aux fêtes qui suivirent cet événement. Comme il s'était éloigné de son régiment sans permission, il fut mis aux arrêts à son re tour. Cette sévérité lui fit alors qutter les gardes françaises, et il alla visiter l'Angleterre. Déjà il était allé à Berlin, où il avait étudié les évolutions dirigées par le grand Frédéric. Son admiration pour ce prince était excessive, et, depuis son voyage, il s'etait efforcé dans toute sa conduite de singer les manières prussiennes. Un jour qu'il parut à une revue avec une longue queue, Louis XVI le remaqua, et dit à M. de Biron: a Avez-voES » vu ce fou avec ses manières prus » siennes. » Ce seul mot, entendu des ministres, devait apporter de grands obstacles à l'avancement de Dampierre. Après avoir servi encore quelque temps dans les régiments de Chartres et des chasseurs de Normandie, il prit le parti de se retirer dans ses terres, où il vivait paisibleinent jourssant d'une fortune considérable, lors que la révolution vint faire sortir de leur retraite tous ceux qui avaient paru en opposition avec la cour. Dès le commencement, il fit connaître ses opinions populaires, en réclamant dans les journaux contre l'inscription quer un point de rassemblement. Il s'établit à Aix-la-Chapelle, loin de ses avant-postes, et toute la ligne de la Roër avait été forcée dès le 1er. mars sans qu'il en fût informé. Obligé de se replier à la bâte sur Liége, il abandonna à leur propre défense plusieurs corps isolés. Dès le 3, le prince de Cobourg avait fait lever le siege de Maestricht, et l'armée française se retirait dans le plus grand désordre sur Louvain, où Dumouriez vint la rejoindre. Ce général, ayant résolu de reprendre l'offensive, livra aux Autrichiens, près de Tirlemont, plusieurs combats dans lesquels la valeur de Dampierre contribua beaucoup aux succès qui rendirent un peu de confiance à l'armée, et la préparèrent à la bataille de Nerwinde. Dampierre commandait le centre dans cette trop fameuse journée; il conserva toutes ses positions, seconda heureusement les efforts de l'aile droite; mais se trouvant découvert par la retraite de la gauche, il fut obligé de suivre le mouvement général. Malgré les services réels qu'il avait rendus dans ces circonstances importantes, Dampierre s'étant quelquefois laissé emporter par son ardeur naturelle au-delà des ordres du général en chef, en avait reçu de vifs reproches. Depuis ce temps, la mésintelligence ne fit que s'accroître, et au moment où Dumouriez se préparait à résister à la convention, loin de faire part de ses projets à Dampierre comme à la plupart de ses généraux de division, il l'envoya sur les derrières commander le Quesnoy. Ce fut dans cette place que celui-ci apprit la défection du général en chef, et qu'il se prononça fortement en faveur de la république; ce qui lui valut bientôt le commandement de l'armée. C'était alors un pesant He son nom sur la liste du club mo- fardeau et une bien dangereuse responsabilité. Cette armée, découragée et réduite à trente mille hommes, avait en tête un ennemi beaucoup plus nombreux et fier de ses succès. Malgré cette fàcheuse différence, les commis aires que la convention avait envoyés auprès du général en chef pour surveiller et même diriger ses opérations, exigèrent qu'il prit l'offensive. Deux fois Dampierre échoua dans des opérations auxquelles il avait ainsi été contraint; et, à la seconde de ces imprudentes attaques qu'il conduisait lui-même avec le plus admirable dévouement, il fut tué d'un coup de canon dans le bois de Vicoigne, le 8 mai 1793. On a dit que cette mort glorieuse ne fit que le soustraire au supplice que lui préparait la tyrannie conventionnelle. Les honneurs du Panthéon lui furent cependant décernés; mais quelques mois après, le député Couthon dit hautement à la tribune de la convention qu'il n'avait manqué à Dampierre que quelques jours pour trahir son pays. Ce général était d'une figure sombre et d'un physique un peu lourd, mais d'une grande vivacité et surtout d'une bravoure à toute épreuve. C'était un excellent chef de corps; mais il était peu propre au commandement d'une armée, et les circonstances qui le portèrent à cette place éminente ne pouvaient que le conduire à sa perte. On lui attribue: I. Lettre d'un ancien munitionnaire des vivres des troupes du roi, la Haye, 1777, in8.; II. Mémoire sur une question relative aux vivres des troupes de terre, par un ancien munitionnaire, 1770, in-8°. - Son fils qui avait été sou aide-de-camp, et qui était auprès de lui sur le champ de bataille où il recut la mort, obtint sous le consulat le grade d'adjudant-général, et fut em ployé dans l'expédition de St-Domin gue, où il est mort en 1802. M—p į. DAMPMARTIN (PIERRE), DE C Languedoc dans le 16. siècle, merita la confiance de la reine de Navarre, qui l'employa en plusieurs occasions. Il fut ensuite nommé comseiller, et en 1585 gouverneur de Montpellier. Il avait fait un voyage es Angleterre par les ordres de la reine, et il en annonçait une relation qu contiendrait bien des particularis curieuses; il se proposait aussi de publier un ouvrage sur le Languedoc. Le temps lui a manqué pour exécuter ses projets, et le seul ouvrage qu'on ait de lui est intitulé: Vies de c quante personnes illustres, avet l'entre-deux des temps, Paris, 1599, in-4°. Le premier volume devait être suivi de neuf autres, qui n'ont point paru; il renferme les vies d'Auguste, de Tibère, de Vespasien, de Nerva et des Antonins. L'auteur, qui avait pris Plutarque pour modèle, établit une liison entre les vies de ces personnages par le récit des evenements qui se sont passés dans l' tervalle; c'est là ce qu'il appelle l'entre-deux des temps. - Un autre DAMPMARTIN (Pierre de ), conseiller à Cambrai, et procureur du dec d'Alençon, frère de Henri II, est auteur d'un ouvrage intitulé : Du bonheur de la cour et vraie felici té de l'homme, Anvers, 159, in12; réimprimé sous le titre suivant: La Fortune de la cour, ou Discours curieux sur le bonheur ou le malheur des favoris. Cette éditen fut donnée par Sorel, qui en retos cha le style, et y fit plusieurs adde, tions, Paris, 1642 et 1644, in-8°. Godefroy l'a réimprimné à la suite de son édition des Mémoires de la reine Marguerite, Liége, 1713 et 1715, 2 part. in-8'. W |