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de recevoir le baptême et n'était encore que néophyte, lorsqu'il fit vœu de continence, et vendit ses biens pour les distribuer aux pauvres. Débarrassé de tout autre soin, il s'occupa d'études convenables à un chré tien; il lut avec soin les saintes écritures et les écrits des pères, surtout ceux de Tertuilien, qu'il estimait beaucoup, et qu'il appelait son maître ; mais dont il sut éviter les erreurs. On ignore en quelle année il fut baptisé; mais on sait qu'entre son baptême et son épiscopat, il se passa peu de temps. Ce fut à la mort de Donat, évêque de Carthage, en 248 ou 249, que les suffrages du peuple et du clergé, l'appelèrent à cette dignité. Il y avait déjà quelque temps qu'il était prêtre. S. Cyprien fit ce qu'il put pour se soustraire à un emploi qu'il croyait au-dessus de ses forces; mais il lui fallut céder au vou du peuple qui était venu investir sa maison. Cinq prêtres néanmoins, parmi lesquels se trouvait Félicissime, homme turbulent, s'opposèrent à son élection, parce qu'il était encore néophyte; mais le peuple leur imposa silence, et voulut même qu'ils fussent deposes. S. Cyprien leur pardonna. Dès qu'il fut devenu évêque, son premier soin fut d'établir l'ordre dans son église. Il fit de bons réglements pour la conduite des vierges, rechercha les abus, sut les réprimer, et travailla sans relâche à l'instruction de son peuple et au bien de la religion, par la parole et par ses écrits. La persécution de Dèce, qui éclata en 250, et dont le pape Fabien fut une des premières victimes, donna un ample aliment au zèle de S. Cyprien. Il avait été dénoncé aux magistrats; on avait même demandé en plein theatre qu'il fût livré aux lions. Le saint examina ce qu'il était le plus utile de

faire. Il voyait que son peuple avait besoin d'être encouragé, et qu'il pouvait lui être plus utile par ses exhortations et ses soins, que par le mar tyre, et il sortit de Carthage; mais sa vigilance ne se ralentit point. Il consolait les fidèles par ses lettres, soutenait le courage de son derge, envoyait de l'argent pour le soulagement des pauvres, et réglait tout, comme s'il eût été présent. Il s'en fallut beaucoup néanmoins que tant de zèle eût un plein succès. La fo d'un grand nombre de chrétiens fiechit pendant cette persécution. Les uns, pour se soustraire au martyre, prenaient des magistrats des billets qui attestaient qu'ils avaient sacrific. On leur donna le nom de libellatiques, libellatici. D'autres sacrifièrent en effet, ou mangèrent des viandes immolées aux idoles. La persécution ayant cessé, les uns et les autres cher chèrent à rentrer dans l'église. Plusieurs de ces tombes; car c'est ainsi qu'on les appelait, pour s'exempter de la pénitence à laquelle ils devaient être assujetis, s'adressaient à ceux qui avaient confessé la foi, pour en obtenir des lettres de recommandation, au moyen desquelles on leur faisait grâce, et on les réconciliat. Cette condescendance nuisait à la discipline. S. Cyprien, consulté à ce sjet, assembla un concile qui eut bru le 15 mai 251. On y régla la condime qu'on devait tenir à l'égard des tombes. Il fut décidé qu'on réconcilierat ceux qui avaient pris des billets do magistrat, sans avoir idolâtre; mais qu'on laisserait en pénitence ceux qu avaient offert de l'encens aux dieux, ou fait quelques autres actes d'idolatrie, à moins qu'ils ne fussent en danger de mort, et que préalablement ils n'eussent commencé leur pé nitence. Quant aux ecclésiastiques

dont la foi ne s'était point soutenue,
ils devaient être exclus du clergé, ré-
duits à la communion laïque, et
quelques-uns mêmes, suivant la natu-
re du délit, mis en pénitence. Le mê-
me concile excommunia le prêtre Fé-
licissime, à cause des troubles qu'il
avait excités dans l'église de Cartha-
ge pendant l'absence de S. Cyprien.
Le concile fit part à Corneille, nouvel
lement élu évêque de Rome, à la place
de Fabien, des décisions qui y avaient
été arrêtées. Le nouveau pape, de son
côté, assembl un synode de soixante
evêques, qui adoptèrent cette disci
pline, et excommunièrent Novatien,,
lequel s'étant joint à Donat, refusait
la communion à ceux qui étaient
tombés, et s'était fait ordonner évê-
que de Rome, contre Corneille. Quoi-
que cette ordination, faite par des
évêques schismatiques, n'eût aucun
caractère de légitimité, il en résulta
des divisions dans l'église; mais S.
Cyprien et tous les évêques d'Afri-
que reconnurent Corneille, et lui
envoyèrent des lettres de commu-
nion. Les schismatiques, pour s'en
venger, firent ordonner un certain
Maxime, évêque de Carthage. De
son côté, Felicissime, ennemi de
S. Cyprien, fit aussi élire évêque de
Carthage un nommé Fortunat, qui fut
ordonné par Privat de Lambèze. Ce
Fortunat se rendit à Rome pour faire
approuver son ordination par Cor-
neille, qui d'abord s'y refusa, mais
qui ensuite, circonvenu par cette fac
tion, se laissa ébranler, et conçut
quelques doutes qu'il fit connaître
à S. Cyprien dans une lettre qu'il lui
écrivit. S. Cyprien y répondit avec
fermeté; Corneille lui rendit justice,
et ce schisme s'éteignit insensible-
ment. Tout faisait prévoir à S. Cy-
prien que
la persécution se renouvel-
larait incessamment. Une peste ra-

vageant l'empire, le peuple attribuait
ce fléau à ce qu'il appelait l'impiété
des chrétiens. Pour apaiser les
dieux on ordonna des sacrifices, et
on commençait à exiger des chré-
tiens qu'ils y participassent. Déjà on
avait entendu répéter dans l'am-
phithéâtre le cri de a Cyprien aux
»> lions. » Le saint évêque crut qu'il
fallait préparer les fidèles au combat,
et fortifier ceux qui, étant tombés
dans la persécution précédente, n'a-
vaient pas été réconciliés. Cette réso-
lution fut approuvée dans un concile
de quarante-un évêques d'Afrique,
en 252 ou 253, et Corneille en fut
informé par une lettre synodale, ave
prière d'en faire autant. Mais la mê-
me année ce pape souffrit le martyre,
et S. Luce, elu à sa place, ne tint le
siége que huit mois. Il eut pour suc-
cesseur S. Étienne, dont l'histoire a
un rapport particulier avec celle de
S. Cyprien, à cause de la grande
question qui s'éleva sur la validité
du baptême donné par les héréti-
ques. S. Cyprien et l'église d'afri-
que, celles mêmes de Cappadoce et
de Cilicie, pensaient que le baptême
ne pouvait point s'administrer hors
de l'église. Ainsi ils baptisaient de
nouveau ceux qui avaient déjà été
baptisés par des hérétiques. L'église
de Rome, au contraire, croyait que le
baptême était valide, quel qu'en
cût été le ministre. La coutume d'A-
frique avait été approuvée par plu-
sieurs conciles, et S. Cyprien, con-
sulté plusieurs fois sur ce sujet, avait
toujours répondu conformément à ces
décisions. Il en écrivit au pape Étienne,
exposa l'opinion de l'église d'afri-
que, comme un point de discipline
ecclésiastique, fondé sur un long usage,
bon à maintenir par conséquent ; mais
sans exiger que les autres églises s'y
conformassent, jusqu'à ce que la chose

vint à Carthage, et S. Cyprien retourna dans ses jardins. Les personnes les plus qualifiées de la ville vinrent l'y trouver pour l'engager à se retirer jusqu'à ce que le feu de la persécution fût apaise, mais il ne voulut point y consentir. Le 13 septembre 258, n officier public suivi de gardes vint l'arrêter, et le conduisit au proconsul qui était alors pour sa santé à Sext, lieu très voisin de la ville. Ce ne fut que le lendemain 14 que S. Cyprien comparut devant Maxime. Ce magistrat lui intima, de la part de l'empe reur, l'ordre de sacrifier. S. Cyprien s'y étant refusé, Maxime lui lut sa seutence ainsi conçue : « Nous ordonnons » que Thascius Cyprianus ait la teo

cût été pleinement décidée. Il paraît qu'Étienne se méprit sur l'intention de S. Cyprien, et crut qu'on blamait l'usage de l'église de Rome, qu'il savait avoir été observé dès les temps apostoliques. Il répondit durement, blama hautement l'usage des églises d'Afrique, et prétendit que ceux qui soutenaient cette opinion devaient être excommuniés. Il défeudit même aux chrétiens de Rome de recevoir et de loger les députés de S. Cyprien. Celui-ci fit assembler un grand concile de toutes les églises d'Afrique, et la coutume de rebaptiser y fut de nouveau approuvée. Cette contestation, quelque vivacité qu'Etienue y mît, n'alla pas jusqu'à rompre l'union. Tous les pères louent la modération de S. Cy->>tranchée.» Le saint répondit : «Qne prien dans cette occasion. S. Denis d'Alexandrie s'entremit auprès du pape Étienne et l'adoucit. Quoique le différent durât encore du temps de S. Sixte, successeur de S. Étienne, l'amour de la paix l'emporta, dit S. Augustin: Vicit pax in cordibus eorum. Enfin un concile plénier décida en faveur de la nonrebaptisation. Cependant la persécution avait recommencé en 257 sous l'empereur Valérien. Le 30 août, S. Cyprien fut mandé devant le proconsul Aspasius Paternus, et interrogé sur sa croyance. Il confessa généreusement sa foi, fut envoyé en exil à Currube, ville distante de Carthage d'environ douze lieues, et y demeura onze mois. Ayant ensuite été rappelé par Galère Maxime, qui avait succédé à Paternus, il eut ordre de se tenir dans des jardius qui étaient à lui près de Carthage. Peu de temps après, il sut que ce magistrat, qui était à Utique, avait ordonné de l'y faire conduire; mais désirant souffrir le martyre à la vue de son église et en présence de son peuple, il se cacha. Le ciel exauça ce vœu. Le proconsul re

» Dieu soit loué ». Conduit au lieu du supplice, il ôta lui-même ses vêtements, fit donner vingt-cinq écus d'or à celui qui devait le décapiter, et consomma courageusement son sacrifice. Les fidèles recueillirent son sang sur des linges, et son corps demeura quelques temps exposé. Le soir, il fut enterré honorablement près du chemin de Mappalia; dans la suite, une église fut clevée sur ce lieu. Vers l'an 806, des ambassadeurs de Charlemagne reve nant de Perse et passant à Mappalia, obtinreut d'un prince mahometan la permission d'ouvrir le tombeau de S. Cyprien et d'en enlever les reliques. Ils les déposèrent d'abord à Arles, d'où elles furent transportées à Lyon. Charles-le-Chauve les fit venir et pla cer dans l'église de l'abbaye de S. Corneille, qu'il venait de faire bâtir à Compiègne. Lactance remarque que S. Cyprien est un des premiers attteurs chrétiens qui ait été éloquent. « Il avait, dit-il, un esprit subtil, » agréable, et une grande nettete, ce >> qui est une des plus belles qualités » du discours. Son style est orné, sou

expression facile, son raisonnement » doué de force et de vigueur. Il plaît, instruit, persuade, et fait si bien ces >> trois choses qu'il serait difficile de » dire dans laquelle il excelle le plus. >> Les ouvrages de S. Cyprien consistent en lettres et en divers traités. Les lettres sont au nombre de quatre-vingtune dans l'édition d'Oxford, et de qua tre-vingt-trois dans celle de Pamelius, y compris quelques lettres en réponse. L'une des premières, et qu'il a écrite peu de temps après son baptême, est adressée à Donat, son ami. Il y parle des périls du monde, des crimes qui s'y commettent, et du bonheur d'éviter ses dangers. Cette lettre, extrêmement fleurie, se sent encore de l'éloquence mondaine. S. Cyprien adopta dans la suite un style plus måle, plus grave, moins chargé d'ornements et plus chrétien. Ses principaux traités Sout: De l'habit des vierges, Des tombés, De l'unité de l'église); De l'Oraison dominicale, ouvrage regardé comme un chef-d'oeuvre; De la mortalité (ce traité fut écrit pendant la peste qui ravagea l'empire, et dans laquelle S. Cyprien rendit de grands services, non seulement aux chrétiens, mais encore aux païens); Du bien de la patience, au sujet de la dispute avec le pape Étienne; De l'envie et de la Jalousie. Il faut ajouter à ces traités les trois Livres de temoignages contre les Juifs, et un Livre en l'honneur du martyre. On lui a attribué divers autres écrits qui ne sont pas de lui, et qu'on a mis à part dans quelques-unes des editions dont nous allons parler. Ces éditions sont en très grand nombre; on en distinque trois fort anciennes. L'une ne porte ni date, ni nom d'imprimeur ou de lieu; les deux autres sont de 1471. L'ane intitulée Sancti Cypriani "pus epistolarum, per Conradum

Sweynheim, Rome, in-fol., est rare et recherchée des curieux; l'autre sous le même titre, Venetiis, per

indelinum de Spirá, in-fol., est encore plus rare on ignore quelie est la plus ancienne. Erasme en donna une en 1520, à Bâle, ex officina Frobeniana, in-fol. Cette édition fut souvent réimprimée. Celle de Cologne en 1544, donnée par Henri Gravius, savant dominicain, mérite d'être distinguée. Baluze, néanmoins, prétend qu'elle n'est pas de Gravius, maist d'un autre écrivain qui s'est servi d'un exemplaire chargé des notes de ce savant religieux. Paul Manuce en donna une nouvelle à Rome en 1543, avec des additions. Guillaume Morel fit réimprimer cette édition à Paris en 1564, et l'augmenta encore. Pamelius revit ce travail, le confronta de nouveau avec d'anciens manuscrits, et donna en 1568 à Anvers, uue nouvelle édition avec des notes et la vie du saint evêque. Cette édition eut 'plusieurs réimpressions à Cologne e à Paris. Simon Goulart donna aussi à Genève en 1593, une édition de S. Cyprien, qu'il entacha, dit-on, de calvinisme. On doit à M. Rigaut une édition de S. Cyprien, qui fut publiée à Paris en 1648 et 1666. L'édition d'Oxford, l'une des plus célèbres, et qui parut en 1682, est due aux soins de deux évêques anglicans (Voyez DODWELL). Elle fut réimprimée à Brême en 1699. Casimir Oudin parle d'une troisième réimpression. Tant d'éditions et les jugements favorables qu'on portait de celle d'Oxford ne purent detourner Baluze d'en entreprendre une nouvelle. Quelque parfaites que fussent plusieurs de celles qui avaient paru, il y avait remarqué des fautes, et i

espéra qu'au moyen de trente manuscrits qui avaient échappé à Rigaut, à Pamelius et aux évêques an

glais, il pourait donner un texte plus pur. Son ouvrage était fort avancé et même imprimé en partie lorsqu'il mourut. Dom Maran, de la congrégation de St.-Maur, se chargea d'achever ce travail, et le fit avec le zèle et la sagacité qui caractérisaient les membres de cette congrégation. Il l'enrichit d'une préface et de la vie du saint: cette superbe édition, imprimée au Louvre, parut en 1726, in-fol. Elle a été réimprimée à Venise en 1758. Les œuvres de S. Cyprien ont été traduites en français par Jacq. Tigeon, Paris, 1574, in-fol. version oubliée, et par Lombert, en 1672, in-4°., avec des notes savantes et dans un ordre nouveau, d'après les Mémoires de le Maître. Lombert et Dom Gervaise, ont écrit la vie du saint. Quelques auteurs, et S. Grégoire de Nazianze lui-même, confondent S. Cyprien, évêque de Carthage, avec un autre S. Cyprien, évêque d'Antioche (1), surnommé le magicien, parce qu'avant sa conversion il s'était adonné à la magic. Celui-ci, que l'impératrice Eudocie, femme de Theodose le jeune, a célébré dans ses vers, souffrit le martyre dans la persécution de Diocletien, à Nicomedie, vers l'an 304.

L-Y. CYPSELUS, fils d'Ection et de Labda, fut destiné à la mort dès sa naissance par les Bacchiades, à qui l'oracle avait prédit que cet enfant renverserait un jour leur domination; mais Labda, sa mère, instruite de leurs projets, le cacha dans un coffie nommé cypsela en grec, ce qui lui fit donner le nom de Cypselus. Corinthe étoit alors gouvernée par les Bacchiades, qui, au nombre de plus de deux cents, se rendaient insupportables par

(1) Gette ville d'Antioche n'est point celle qui était capitale de la Syrie, mais une autre ville

d'Antioche, située entre la Syrie et l'Arabie, et qui dépendait du gouvernement de la Phénicie.

leur orgueil. Cypselus, parvenu à l'â ̧” viril, se mit à la tête du parti poplaire, chassa les Bacchiades et se t décerner l'autorité souveraine. Il en usa avec beaucoup de modération, quoi qu'en dise Hérodote, et la preuve en est dans le refus qu'il fit de prendre des gardes pour sa sûreté personnelle. Il consacra dans le temple de Junon, à Olympie, le coffre où on l'avait cache, et on le voyait encore du temp de Pausanias qui en doune la description. Il y fit beaucoup d'autres offrades magnifiques, dont la plus celebre était une statue colossale de Jupiter en or battu, qu'il fit faire de la diɛ: du revenu des Corinthiens. It monta sur le trône vers l'au 628 avant J.-C., et règna trente ans. Il eut deux fiis, Périandre qui lui succéda, et Gorg › ou Gordius qu'il avait envoyé à la tête d'une colonie fonder Ambracic. Lefl aîné de Périandrese nommait Cypselu comme son grand père; il avait l'esprit un peu aliéné et ne fut pas en état de régner. Le père de Miltiade I. se nommait aussi Cypselus. Ca.

CYRANO. Voy. BERGERAC.

CYRIADES, tyran sous le regre de Valérien, se fit remarquer dans s jeunesse par la dissolution de se mœurs. Il quitta la maison paternel: après avoir volé des sommes consid rables à son père qu'il irritait sans cesse par ses debauches. Cyriades s'erfuit avec ses richesses en Perse, où i fut accueilli par Sapor (ou Chapour) qu'il détermina à faire la guerre aux Romains. Placé par ce roi à la tête d'une armée, il obtint quelques succès s'empara d'Antioche, capitale de l Syrie, et répandit même, pendan quelques instants, la terreur da tout l'Orient. Ce fut alors (257) qa prit les titres de cesar et d'auguste qu'il se revêtit de la pourpre; ma lorsque Valérien se disposa à marca

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