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traite, Custine réussit à l'excuser auprès de la convention nationale. Il accusa le commandant de l'armée de la Moselle, qui, selon lui, n'avait pas pressé assez vivement les Prussiens, et s'était tenu très éloigné de sa gauche qu'il devait appuyer; il accusa aussi le ministre de la guerre, et même les représentants que la convention avait envoyés pour le surveiller. Comme la révolution du 31 mai n'avait pas encore éloigné de cette assemblée toute idée de modération, elle approuva sa conduite, et l'armée de la Moselle fut même réunie à son commandement ; mais dès-lors les journaux de Marat et autres démagogues le sigualèrent comme un traître et un contre-revolutionnaire. Soit que son courage naturel le portât à braver un orage alors si redoutable, soit qu'il ne connût pas tous les dan gers de sa position, il continua à faire avec caline tous ses efforts pour réparer les pertes de son armée, et il accepta même le commandement de celle du Nord. Mais avant de s'éloigner du Rhin, il voulut mettre à profit des préparatifs qui lui avaient coûté tant de soins, et le 17 mai il fit un dernier effort pour délivrer Mayence. Une affaire générale fut engagée sur tous les points à la fois, comme c'était alors la méthode. Le corps que Gustine commandait étant arrivé le premier, fut écrasé; d'autres furent repousses ou ne combattirent pas, et les ennemis du général ne manquèrent pas, en l'accusant des malheurs de cette journée, d'ajouter à ses torts celui d'avoir conservé un commandement qui ne lui appartenait plus. Dès-lors la fureur et le nombre de ses accusateurs ne firent que s'accroître, et la révolution du 31 mai, où le parti vaincu avait semblé fonder sur lui quelques espérances, vint

ajouter aux dangers qui le menaçaient. Attaqué avec un nouvel acharnement par les journaux, que jusqu'alors il avait paru mépriser, il s'en plaiguit à la convention, et affectant un grand dévouement pour le parti de la Montagne qui venait de triompher, il lui envoya les lettres que lui avaient adressées Wimpfen et les députés de la Gironde. Plein de confiance dans ces marques de soumission, il ne crai-, goit pas de quitter l'armée du Nord, où il n'avait fait que paraître un instant, et où il avait encore ajouté à ses torts envers la convention, celui d'avouer l'impuissance où était cette armée d'exécuter les ordres de combattre qu'il avait reçus. Sur une invitation du conseil exécutif, il se rendit à Paris, où il affecta de se montrer avec sécurité dans tous les lieux publics, tandis que les journaux, les tribunes de tous les clubs et celle de la convention elle-même, retentissaient des injures et des accusations dirigées contre lui. Enfin le 29 juillet, le comité de salut public présenta un rapport contre le trop confiant général, et le fit décréter d'accusation. Il fut arrêté le même jour et traduit au tribuual révolutionnaire, où il se défendit avec assez de calme et de présence d'esprit. Quelques-uns de ses officiers vinrent témoigner en sa faveur, et parmi ces hommes courageux, on doit remarquer le général Baraguey-d'Hilliers, qui avait été son aide-de-camp; mais il fut accusé par un plus grand nombre de vils et obscurs délateurs, qui, dépourvus des plus simples notions de la guerre, dirent qu'il avait livré sans défense la place de Mayence avec l'artillerie de Landau et celle de Strasbourg; qu'il avait ménagé les prisonniers prussiens; qu'il s'était refusé à entrer dans Manheim, dont un espion ef

frait de lui ouvrir les portes; enfin qu'il s'était laissé battre en plaçant sa troupe au bas d'une montague, etc., etc. Cette dernière accusation fut formée par un membre du club mayençais, qui s'écria: « Tout le >> monde sait que c'est au sommet des » montagnes qu'une armée doit être » placée; eh bien! lui est resté en bas. » Une telle observation devait être d'un grand poids devant des juges dont la plus grande partie n'était jamais sortie de la capitale. L'accusateur public, Fouquier-Tainville, ne manqua pas de rapporter tous ces témoignages dans ses conclusions, et sans autres informations, sans qu'un seul homine de l'art eût été consulté, toute la conduite militaire et politique du général Custine fut jugée dans la même séance, et, le lendemain 28 août 1795, il fut conduit au supplice. Il demanda un confesseur, répandit beaucoup de larmes, et montra plus de faiblesse qu'on ne devait en attendre d'un homme qui avait souvent bravé la mort sur le champ de bataille. C'était sans doute un bon officier-géneral; il excellait surtout dans les manœuvres de cavalerie; mais il ne paraît pas que ses vues aient été assez étendues pour embrasser les différentes parties d'un grand commandement. Il se montra fort jaloux de son autorité, et très envieux des autres généraux, qu'il dénonça plusieurs fois à la convention, dans des rapports où il louait outre mesure ses moindres opérations. On lui a reproché son intempérance, et il paraît que les excès du vin, aux quels il se livrait, lui ont fait commettre des fautes graves. Il a été publié à Hambourg et Francfort (Paris), 1794, des Mémoires du général Custine, redigés par un de ses aides-de-camp, 2 vol. in-12. L'auteur

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de cet ouvrage, qui se montre fortement opposé aux principes de la révolution, traite Custine avec une extrême sévérité. Cependant les renseignements qu'il donne sur ses opérations militaires sont assez précieux, et quelques historiens, entre autres l'auteur du Tableau de la guerre de la révolution, y ont beaucoup puisé. Son fils (Renaud-Philippe) joignait, à un extérieur séduisant, un esprit très cultivé, et il avait débuté avec de grands avantages dans la carrière diplomatique. En 1792, sous le ministère de M. de Narbonne, quelques personnages influents, séduits par la réputation militaire du duc de Brunswick, conçurent l'idée chimérique de le mettre à la tête de la révolution, et lui firent offrir le commandement général des armées françaises. Custine fils fut chargé de cette mission délicate. Elle ne pouvait avoir aucun succès, mais le jeune diplomate y mit tant de chaleur et d'adresse qu'il fit un instant hésiter le prince. Envoyé ensuite à Berlin avec le titre de ministre plénipotentiaire, il ne put en faire usage, la Prusse s'étant déclarée contre la France. II vint alors à l'armée, et y fut, pendant une partie de la campagne, l'aide-decamp de son père, qui l'envoya à Paris au commencement de 1793 pour y suivre ses réclamations auprès des comités et des ministres. Ses liaisons avec Condorcet et quelques députés de la Gironde, et surtout la chaleur de ses démarches lors du procès de son père, avaient attiré sur ce jeune homme les regards inquiets des dominateurs; Robespierre lui-même le dénonça à la tribune, et le fit traduire au même tribunal qui avait envoyé son père à la mort. Il mit tant de présence d'esprit et de clarté dans sa défense, que l'auditoire étonné et

attendri, s'écriait : « Il est sauvé. » Mais ce jeune homme était, sous trop de rapports, du nombre des victimes que les tyrans croyaient devoir immoler à leur sûreté. Il avait eu le courage dans les débats de signaler la fourberie du président qui, en lisant sa correspondance de Brunswick, en altérait le sens de manière à le perdre plus sûrement. L'accusé ne put contenir son indignation, et il traita hautement de mauvaise foi cette in fâme supercherie. De pareils juges ne pouvaient pardonner un tel af front. Custine fut condamné à mort le 5 janvier 1794. Il montra dans ses derniers moments une grande fermeté, et il écrivit à sa femme les lettres les plus touchantes. M-Dj. CUSTOS (DOMINIQUE), graveur, naquit à Anvers en 1560. Son père, surnommé Battens, était peintre et poète; mais ses tableaux, ainsi que ses poésies, sont oubliés depuis longtemps. Le jeune Battens, à peine sorti de l'enfance, vint s'établir à Augsbourg. C'est à son arrivée dans cette ville qu'il prit le nom de Cus tos, qu'il ne tarda pas à faire connaître par les nombreuses gravures qu'i publia. Il établit peu de temps après, à Augsbourg, un commerce d'estampes qui a été long-temps florissant, et épousa la veuve de Barthelemi Kilian le vieux, habile orfevre, natif de Silésie. Infatigable au travail, il partageait son temps entre la gravure, le commerce et l'éducation des enfants de sa femme, Lucas et Wolfgang Kilian, qui trouvèrent en lui un second père. Non content de les avoir initiés aux principes de son art, il les fit voyager en Italie, On est étonné que Custos, mort à peine âgé de cinquante-deux ans, ait pu graver tant d'ouvrages, quand en sait de quels détails domestiques

sa vie fut occupée. Outre les deux enfants de Kilian, dont il avait formé l'éducation et le talent, il avait trois fils à lui, qu'il instruisait aussi dans son art. Custos a gravé un nombre considerable de portraits qui forment une partie intéressante de l'iconographie moderne; il marquait communément ses estampes des lettres initiales D. C. Plusieurs de ces portraits nous ont conservé l'image de ses plus illustres contemporains. C'est une espèce de collection de tous les princes d'Allemagne. Nous citerons encore, parmi les ouvrages de Custos: I. Fuggerorum et Fuggerarum imagines, in-fol. Cette première édition, qu'il publia en 1593, contenait soixante-quatre portraits; elle est devenue rare. Il y eut de cet ouvrage trois éditions, dont il n'y a de remarquable que la seconde, imprimée à Angsbourg par Andreas Aperger, augmentée de soixante-sept portraits gravés par Lucas et Wolfgang Kilian; elle contient cent vingt-sept portraits. D'ignorants bibliographes ont quelquefois classé cet ouvrage parmi les ouvrages de botanique, le prenant, d'après le titre, pour une description des fougères. II. Effgies piorum et doctorum aliquot virorum ad vivum delineate et æri incisæ, 1594, quatorze pièces; III. Tyrolensium principum comitum genuine icones, 1599, infol., ouvrage contenant vingt-huit planches, qui représentent les comtes de Tyrol en pied; IV. Atrium heroicum, Cæsarum, regum, aliorumque summatum ac principum, qui intrà proximum sæculum vixere aut hodie supersunt, imaginib, LXXII, illustr., Vienne, 1600, en quatre parties. La plupart des portraits qui composent ce recueil sont graves par Custos lui-même; les autres le sont par

ses fils ou par ses élèves. Il a encore grave, d'après Joh. van Achen, F. Barroccio, F. Lassano, L. Bernard, P. Bril, les Garraches, etc. Custos mourut à Augsbourg en 1612, laissant des fils, qui furent graveurs comme lui, mais que leur médiocrité condamne à l'oubli.

A-s. CUTHENUS (MARTIN), syndic de la ville de Prague, mort le 29 mars 1564, a publié I. Histoire de Bohéme, par Euéas Sylvius, avec des notes latines, Prague, 1585; II. en bohémien, la Chronique de Bohéme, depuis l'origine de la nation jusqu'à l'an 1559, avec les portraits des ducs, des rois, ainsi que ceux de Ziska, de Jean Hus et de Jérôme de Prague sans date ni lieu d'impression; III. Catalogus ducum, regumque Poloniæ, cum iconibus, Prague, 1540, in -4°.; IV. l'Histoire d'Appien, traduite du grec eu bohémien. Il composa, pour mettre sur le tombeau où repose l'empereur Charles IV avec ses quatre femmes, cinq vers hexamètres latins, dont chacun indique par un chronogramme l'année de la mort de la personne à laquelle il est consacré. L'empereur Rodolphe II recompensa magnifiquement ce travail de patience, et fit graver ces vers sur une table de marbre mise sur le tombeau de Charles, d'où elle a été enlevée on ne sait par quel événement.

G-Y.

CUYCK (JEAN VAN), en latin Cuyckius et Cauchius, né à Utrecht, fut échevin et bourgmestre de cette ville. On connaît de lui des Remarques sur les Offices de Cicéron, Anvers, 1568, et une édition de Cornélius Nepos, Utrecht, 1542, in-8°. Elle est rare, et estimée pour la correction du texte. Cuyck mourut le 18 novembre 1566. Il laissa sur Ausone, sur Charisius, sur Prudence, sur Varron et d'autres

une

auteurs des notes qui n'ont point vu le jour, Il avait aussi songé à donner une édition de Censorin, et un Commentaire De re nummarid. CUYCK (Antoine van), fils du précédent, se consacra à l'éducation de la jeunesse. On l'a confondu souvent avec son père. Le seul ouvrage qui paraisse lui appartenir véritablement est Grammaire latine et française, Anvers, 1566, in-8°. — ČUYCK (Timannus van), fils du précédent, se fit une grande réputation comine jurisconsulte. On a de lui des remarques sur les Responsa juris d'Aymon Gravetta. Il mourut le 14 juin 1626. B-ss.

CUYCK (HENRI VAN), né à Culembourg, mort évêque de Ruremonde, le 7 octobre 1609, commença ses études à Utrecht sous George Macropedius, et les continua à Louvain, où il faut bientôt jugé capable d'enseigner lui-même. Il y professa la philoso phie morale pendant quatorze aus, fat créé docteur en théologie en 1584, et après avoir été vicaire-général de l'archevêque de Malines, doyen de St.Pierre à Louvain, il fut nommé évêque de Ruremonde en 1596. I passe pour avoir également orné cette dignité par son savoir et par sa piété. On lui doit, entre autres: Orationes panegyrico VII, à Anvers, chez Plantin, 1575, in-8".; plusieurs Epistolæ parænetica, successivement publiées sur divers sujets; Speculum concubinariorum sacerdotum, monachorum, clericorum, Cologne, 1599, in-4°., et Louvain, 1601, in8°.; une édition des OEuvres de Cassien, Anvers, 1578, in-8°., etc. Son épithaphe donne à entendre qu'il mourut dans son année climatérique, c'est-à-dire, dans sa 63′′. M-ON.

CUYP, ou KUYP (ALBERT), né à Dort, en 1606, fut clève de son

1ere Jaques Geri's Gayp, bon peintre de paysage. A l'exemple de son maître, tais avec un talent bien supérieur, il s'attacha à l'étude fidèle de la nature, et fit beaucoup de vues des environs de Dort. Ses tableaux, variés et agréables, représentent ordinairement des prairies couvertes d'animaux, des grandes routes, des canaux et rivières charges de barques, des rendez-vous de chasse, et des chairs de lune par faitement rendus. Dans ces divers sujets, Albert Cuyp se fait remarquer par la justesse des détails, la finesse de la touche et l'harmonie de la couJeur. Ses animaux sont souvent d'un beau choix et d'un dessin assez correct; il réussit aussi à exprimer par le ton convenable les différents points du jour qu'il vent peindre; et, toujours observateur exact, il donne à ses productions le mérite essentiel de la vérité. Les dessins et quelques eaux fortes de ce maître sont recherchés. On voit au musée Napoléon quatre de ses tableaux, entre autres un grand paysage où deux enfants écoutent attentivement un pâtre qui joue du chalumeau, et une réunion de cavaliers, dont l'un, vêtu de bleu, est un prince de la maison d'Orange. (La tête de ce dernier est pointe par Metzu). V-T. CUYPERS. Voy. CUPER (GUILLAUME).

CYAXARE, roi des Mèdes, monta sur le trône vers l'an 654 avart J.-C. Dès le commencement de son règne, il entreprit une expédition contre les Assyriens, pour venger la mort de - Phraorte son père. Il les défit, et il avait déjà formé le siége de Ninive, lorsqu'il fut rappelé dans ses états par une invasion des Scythes nomades. Hérodote prétend qu'il fut vaincu, et que les Scythes furent pendant vingthuit ans maîtres de la haute Asie; mais il est évident qu'il se trompe. C'est

peu de temps, en effet, après cette invasion que Cyaxare et Nabopolassar, roi de Babylone, ayant réuni leurs forces contre l'empire d'Assyrie, le renversèrent et prirent Ninive Pan 618 avant J.-C.; ce qu'ils n'auraient pu faire si les Scythes avaient alors été maîtres de l'Asie. Il est donc probable que les Scythes ne firent que traverser la Médie pour aller porter leurs ravages dans d'autres contrees de l'Asie. Ils allèrent jusque dans la Palestine et sur les frontières de l'Egypte. Leur armée ayant été détruite en grande partie par la guerre et par les maladies, ils furent obligés de se retirer, et revinrent dans la Médie, où Cyaxare les prit à son service. Ils se brouillèrent bientôt avec lui, et se réfugièrent dans les états d'Alyatte, roi de Lydie, qui les real sous sa protection. Le refus qu'il fit de les livrer devint l'occasion d'une guerre célèbre par l'éclipse de soleil dont on a parlé à l'art. ALYATTE, que les calculs les plus vraisemblables fixent au 9 juillet de l'an 597 avant J.-C. Cette guerre fut terminée par un traité, et Astyage, fils de Cyaxare, épousa Aryénis, fille d'Alyatte. Cyax re termina bientôt après sa carrière, et mourut l'an 594 avant J.-C. Son règne, qui avait duré quarante ans, fut célèbre par la chute de l'ancien empire d'Assyrie, et par l'accroissement que prit la puissance des Medes. Il est le même que l'Assuérus du livre de Tobie. Xénophon, dans sa Cyro pédie, donne le nom de Cyaxare à un fils d'Astyage qui devint roi des Mèdes après la mort de son père: comine il n'avait point de fils, il laissa ses états à Cyrus son neveu. Ce second Cyaxare est inconnu à Hérodote et aux autres historiens, mais on ne peut guère se dispenser de l'admettre (F.CYRUS).

C-E.

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