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Moscou. Il fut présenté au czar Ivan Waziliewitz, qui l'accueillit avec bonté. Il partit avec un ambassadeur que ce prince envoyait en Perse, et descendit Je Volga jusqu'à Astracan: « Voyage, >> dit-il, aussi lointain que curieux, » et que jamais Espagnol n'a fait. » II se rendit par la mer Caspienne à Derbent, et arriva en 1674 à Cashin, où était le roi de Perse, à qui il remit ses lettres, en lui demandant la continuation de la protection accordée par ses ancêtres aux missionnaires apostoliques. Il reçut quelques jours après un calaat ou habit d'honneur, puis alla par Ispahan, Schiraz et Laar a Bender-Abassi. Il y prit une barque qui le conduisit à Bender-Congo, sur le golfe Persique, s'embarqua sur une flotte portugaise qui allait croiser daus la mer Rouge, et ensuite aborda à Diu. Cubero vit Surate, Daman, Goa, doubla le cap Comorin, toucha à Ceylan et à San-Thomé, et passa à Malacca, où il fut mis en prison par Jes Hollandais pour avoir enfreint leurs règlements de police. Délivré de capti vité, il alla à Manille, employa six mois dans la traversée du grand Océan jusqu'à Acapulco, partit de Mexico en 1679, et profitant de la flotte de la Vera-Cruz destinée pour Cadix, il revit l'Europe après neuf ans d'absence. Il fit paraître, en espagnol: Briève relation du voyage fait dans la plus grande partie du monde, par D. Pedro Cubero Sebastian, prédicateur apostolique de l'Asie, avec les choses les plus remarquables qui lui sont arrivées et qu'il yavues parmi tant de nations barbares, leurs religions, usages, cérémonies, et autres choses memorables et curieuses, dont il a pu s'informer, avec le voyage par terre, d'Espagne aux Indes orientales, Madrid, 1680, in-4". Ce livre ne contient, en effet,

qu'une relation succincte, puisqu'un voyage qui a duré nenf ans est renferme dans un volume assez mince. Cubero est le premier qui ait fait le tour du monde d'Occident en Orient, et en partie par terre, ainsi que l'exécuta depuis Gemelli Carreri. Îl ne décrit pas minutieusement sa route; il se contente de donner un aperçu général de ce qu'il a observé. Il dépeint avec exactitude les steppes d'Astracan et les déserts de la Perse; il donne beaucoup de détails sur Manille et sur differents personnages avec lesquels il s'est trouvé. Admis chez les grands et à la cour, il n'aurait éprouvé que de l'agrément dans ses longues courses, sans l'ardeur de son zèle, qui a dû quelquefois l'entraîner audelà des bornes. L'on en peut juger par les épithètes injurieuses qu'il prodigue sans cesse à tous les peuples qui ne font point partie de l'église catholique. Il écrit avec la simplicité qui convient à un missionnaire, mais il est un peu crédule. E-s.

CUÇAMI. Voy. KUTSAMI.

CUDENA (PIERRE), voyageur espagnol, parcourut long-temps le Brésil, et à son retour en Europe composa, en 1634, un ouvrage intitulé: Description du Brésil, dans une étendue de mille trente-huit milles, découverte par Marañon y gran Para par sa boussole exacte, ainsi que du fleuve des Amazones, qui est situé sous la ligne équinoxiale, et a soixante-dix milles de largeur à son embouchure, et du Rio de la Plata, dont l'embouchure, qui en a quarante-siz, est à trente-six degrés au sud de l'équateur; choses que le lecteur verra, ainsi que beaucoup d'autres. Cet ouvrage, probablement compose dans l'intention de faire sentir a duc d'Olivarez, à qui il est dé é,

l'importance de la perte que causait à l'Espagne la conquête d'une partie du Brésil par les Hollandais, donne des renseignements curieux et même nouveaux sur un pays si peu connu. On y trouve une notice succincte sur chaque capitainerie, ses productions et son commerce; Cudena counaissait les mines d'émeraudes de la province d'Espiritu Santo. Ce livre, anciennement traduit en allemand, était resté enseveli dans la bibliothèque de Wolfenbuttel; Lessing l'en retira, et le confia à son compatriote Leiste, qui corrigea la traduction, et la publia avec l'original, en y joignant des notes très intéressantes: Description de l'Amérique portugaise par Cudena, Brunswick, 1780, in12. Le jésuite Eckart, ancien missionnaire au Brésil, écrivit en alle mand sur ce livre des observations que Murr a insérées dans ses Voyages de quelques missionnaires de la compagnie de Jésus en Amérique.

E-s.

CUDWORTH (RAOUL), théologien anglais, né en 1617, à Aller, dans le comté de Sommerset, étudia avec succès à Cambridge, où il se distingua par la suite comme instituteur particulier, et où il eut pour élève le célèbre Guillaume Temple. Nommé en 1641 recteur de North-Cadbury dans son comté, il publia, l'année suivante, un Discours sur la vraie notion de la communion, où il prétend que la communion n'est pas un sacrifice, mais une fête pour un sacrifice, subtilité théologique qui n'est pas aisée à comprendre, et dont l'utilité n'est guère plus sensible. Il fut élu en 1644 principal du college de ClareHall, à Cambridge, et, en 1645, professeur royal des langues hébraïques. I résigna alors ses fonctions ecclésiastiques, afin de se livrer plus librement

à son goût pour l'antiquité et pour les études métaphysiques. Il fut transféré en 1654 à la place de principal du college du Christ, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Cudworth fut en 1657 au nombre des théologiens choisis par un comité du parlement pour revoir la traduction anglaise de la Bible; quoique cette traduction passât pour la meilleure qu'il y eût eu en aucune langue, on y releva néanmoins des erreurs considérables; mais ce travail devint inutile par la dissolution du parlement. Cudworth venait d'être nommé prébendier de Glocester, lorsqu'il publia à Londres, en 1678, l'ouvrage sur lequel frepose sa réputation, levéritable Systeme intellectuel de l'univers, 1 vol. in-fol. de plus de mille pages. C'est, peut-être, le plus vaste répertoire de littérature ancienne qu'il y ait en aucune langue, et plusieurs écrivains modernes y ont puisé toute leur érudition. Il paraît que le succès de cet ouvrage, dont l'objet était de prouver que l'idée de Dieu, comme l'être souverainement intelligent, puissant et juste, se trouve dans les écrits de presque tous les philosophes anciens, fut contrarié quelque temps par l'immoralité de la cour de Charles II, et par le zèle mal entendu de quelques théologiens, qui prétendirent que l'auteur avait donné trop beau jeu à l'incredulité. On lui reprochait, par exemple, d'avoir reproduit, sans les réfuter, de très fortes objections contre l'existence de Dieu; mais tous les bons esprits se sont accordés à reconnaître dans l'anteur beaucoup de candeur et d'impartialité. On peut lui reprocher avec plus de raison quelques opinions hasardées, et en général de s'être laissé trop entraîner aut idées des platoniciens. Il reconnait une nature plastique, qui, subordonnée à la Divinité, forme et organise

les corps des animaux et produit d'autres phénomènes naturels; et ce fut le sujet d'une vive discussion qui s'éleva entre Bayle et Leclerc, Cudworth mourut à Cambridge en 1688, avec la réputation d'un savant du premier ordre, d'un profond métaphysicien, et d'un homme plein de piété et de modestie. Le Systéme intellectuel a été traduit en latin par Mosheim, Iéna, 1733, 1 vol. in-fol., avec la Vie de Cudworth, et des notes savantes et instructives. Cette traduction

latine a été réimprimée avec des augmentations, d'après les manuscrits de Mosheim, Leyde, 1773, 2 vol. in-4°. Le docteur Birch a donné, en 1743, une seconde édition de l'ouvrage anglais, en 2 vol. in-4°., et Th. Wise en avait publié en 1706, en 2 vol., un excellent Abrégé. On a aussi de Cudworth quelques Sermons, et d'autres ouvrages imprimés, tels que Deus justificatus, ou la Bonté divine vengée et justifiée contre les défenseurs de la réprobation absolue et sans condition, 1664, et un Traité concernant la morale éternelle et immuable, dirigé principalement contre Hobbes, etc., publié après la mort de l'auteur, Londres, 1751, in-8°. On cite parmi ses ouvrages manuscrits, un Traité concernant le bien et le mal moral, formant un vol. de près de mille pages in-fol.; un Traité de la liberté et de la nécessité, 1000 pag. in-fol.; un Commentaire sur les soixante-dix semaines dont parle le prophete Daniel, 2 vol. in-fol.; un Traité sur la création du monde et l'immortalité de l'ame, 1 vol. in-8°.; Sur les connaissances des Hébreux, etc. Tous ces ouvrages peuvent être regardés comme une suite du Systéme intellectuel, qui devait être composé de trois parties, dont il n'a paru que la première. Sa fiile, depuis lady Mars

ham, née en 1658, morte en 1708, fut intimément liée avec Locke, qui passa chez elle les dix dernières années de sa vie. Elle était aussi recommandable par son esprit et ses talents que par son caractère. On a d'elle: I. un Discours concernant l'amour de Dieu, publié sans nom d'auteur en 1696, in-12; traduit en français par Pierre Coste, Amsterdam, 1705; II. Pensées détachées relativement à la. vie vertueuse et chrétienne, 1700, in-1 2. S-D.

CUEVA (BELTRAMm de la ), duc d'Albuquerque, majordôme du roi de Castille, Henri IV, surnommé l'impuissant. Favori de ce prince, il passait pour le plus magnifique, le plus galant et le plus bel homme de l'Es pagne. On le vit en 1459 soutenir en champ clos, près de Madrid, une joûte contre tous les chevaliers castillans, et l'emporter sur ceux qui se presentèrent. La Cueva fit lui-même les honneurs de cette fête d'une manière splendide, et y parut avec la livrée et les chiffres de la reine Isabelle de Portugal, dont il était l'amaut. Cette princesse n'avait fait qu'entrer dans les vues du roi, qui, voulant avoir des enfants, à quelque prix que ce fût, introduisit, dit-on, lui-même son favori dans la couche royale. Isabelle accoucha bientôt d'une fille qu'on appela publiquement la Beltraneja, par allusion au nom du favori, qui reçut du roi la grande maîtrise de St.Jacques, quoiqu'elle fût promise à l'infant don Alphouse. Cette faveur extraordinaire mit en fureur ies grands et le peuple; il se forma contre la cour une ligue redoutable, composée de plusieurs seigneurs mécontents, qui n'attendaient plus qu'un pretexte pour éclater. La Cueva, devenu le soutien du trône, mena le faible Henri contre les rebelles, et les joignit à Me

dina del Campo le 20 août 1464. Les deux partis étaient en présence lorsque l'archevêque de Tolède, général des rebelles et ennemi personnel du favori, lui fit dire que quarante soldats avaient juré de le tuer si l'on en venait aux mains, et qu'il lui conseillait de pourvoir à sa sûreté. L'intré pide la Cueva montra ses habits et ses armes à l'émissaire de l'archevêque pour qu'on pût le reconnaître plus aisément, et donna le signal de la bataille. Hy fit des prodiges. Cette journée n'ayant pas été décisive, la Cueva consentit à se démettre de la grandemaîtrise, par amour pour la paix. Il fit plus; il se mit volontairement en otage entre les mains de ses ennemis, dans la forteresse de Portillo, et ramena par ce devouement le calme dans le royaume. Le roi lui donna en récompense la ville d'Albuquerque, avec le titre de duc, et quatre autres seigneuries. Après la mort de Henri, la Cueva embrassa le parti de Ferdinand et d'Isabelle, et combattit en 1475 contre Jeanne, qui passait pour être sa fille, et que le parti d'Isabelle avait flétrie comme bâtarde, pour l'écarter du trône. En se déclarant ainsi contre cette malheureuse princesse, la Cueva ne cherchait qu'à dissiper le soupçon de sa paternité. Cet homme extraordinaire mourut en 1492, laissant une grande réputation de générosité et de valeur.

B-P.

CUEVA (JEAN DE LA ), que les Espagnols placent au premier rang de leurs poètes, naquit vers le milieu du 16. siècle à Séville, qui semblait être alors la patrie de tous les talents. On ne sait rien de sa vie. I composa des vers sur toutes sortes de sujets, Carmen de quáque re panrebat (Nicolas Antonio), cherchant uniter Ovide, qu'il avait pris pour modele, Il attaqua avec chaleur les

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abus de la littérature de son temps, mais il ne sut pas toujours joindre l'exemple au précepte. Ses ouvrages sont aujourd'hui oubliés. Cependant, suivant Velasquez et Montiano, il réforma la scène, mit plus d'art dans ses pièces que Lopez de Rueda, Naharro et Christophe de Castillejo, ses prédécesseurs, et releva le Style dramatique, par le nombre et l'harmonie de ses vers. Il nous apprend luimême, dans son Art poétique, que, sous le règne de Charles-Quint, la plupart des écrivains espagnols voulaient modeler le drame national sur celui des anciens ; qu'il contribua à renverser la vieille barrière élevée entre la tragédie et la comédie, et qu'il mit ensemble sur la scène des rois et des hommes vêtus de bure pour l'amour de la variété. Il suivit en cela les traces de Torres de Naharro. Il ajoute qu'il préféra la division en trois journées, à l'ancienne division en cinq actes. Cependant Cervantes, venu après lui, s'est attribué l'honneur de cette invention. Jean de la Cueva fit imprimer à Séville en 1582, in-8°., un recueil de poésies diverses, intitulé: Obras. Il publia depuis des poésies lyriques sous le titre de Coro febco de romances historiales, Séville 1588, in-8". ; un poëme héroïque en vingt chants, sur la conquête de la Bétique, Séville, 1603, in-8. Cet ouvrage, suivant Velasquez, mérite plus d'attention que la Restauracion de España, la Mexicana, etc. Jean de la Cueva s'écarte quelquefois des lois de l'épopée, et s'attache trop servilement à la vérité de l'histoire, mais son style élevé et son imagination fertile ne permettent pas de le confondre pari les poètes médiocres. Il fit aussi imprimer un recueil de comedias, Séville, 1588, in-4°. On y trouve qua

tre tragédies: Los siete infantes de
Lara; la Muerte de Ayax Tela-
mon; la Muerte de Virginia, y
Apio Claudio etle Principe Tyrano,
représentées à Séville en 1579 et
1580. Montiano y Luyando en donne
l'analyse dans sa dissertation savante
sobre las tragedias españolas. Il
lone le style de l'auteur, sou art d'a-
nimer les passions sans sortir de la
nature; mais il lui reproche la vio-
lation des unités, et l'introduction
de personnages allégoriques qui cho-
quent la vraisemblance. Les ouvra-
ges de la Cueva sont devenus fort
rares. Son Art poétique a été impri-
iné, pour la première fois, dans le
Parnasse espagnol de Sedano. « On
» y trouve, dit Bouterweck, d'utiles
>> renseignements sur l'histoire de la
» poésie espagnole, surtout sur celle
» du drame; mais cet ouvrage, versifié
» en tercets, régulièrement et pure-
» ment écrit, ne mérite sous aucun
» rapport le titre d'Art poétique. »
La Cueva laissa un recueil de poésies
écrit de sa main, signé de lui, et
dédié à son frère Claude, inquisiteur
à Séville. Ge recueil, que le comte de
l'Aguila possédait en 1774, contient,
outre l'Art poétique, un poëme en
quatre chants sur les inventeurs des
choses, tiré de Polydore Virgile;
la Batrachomyomachie, traduite
d'Homère; la Muricinda, poëme
burlesque; les Amours de Mars et
de Venus; le Voyage du poète Sa-
nio au ciel de Jupiter; et une Epi-
Epi-
tre à Christophe de Zayas: c'est
ne satyre contre les mauvais poètes
de son temps.
CUEVA (Martin de
la), cordelier espagnol, est auteur
d'un livre intitulé: De corrupto do-
cendæ grammaticæ latinæ genere
et de ratione ejusdem rectè brevi-
terque tradendæ, Anvers, 1550,
in-8".
V-VE.

CUEVA (ALPHONSE DE LA). Voy. BEDMAR.

CUFF (HENRI ), secrétaire et compagnon d'infortune du fameux comte d'Essex, naquit en 1560, d'une bonne famille du comté de Sommerset. Il entra en 1576 au college de la Trinité d'Oxford, d'où il fut ensuite renvoyé pour une plaisanterie sur la singulière habitude attribuée au fondateur de ce collége, sir Thomas Pope, homme d'ailleurs de fort bonnes mœurs, qu'on accusait de dérober partout où il allait les choses qui se trouvaient à sa convenance. Cuff conserva toute sa vie un caractère turbulent et inconsidéré qui fut cause de sa perte. Rentré au college de Merton, il avait achevé ses études avec beaucoup de succès; son savoir et ses talents l'avaient fait nommer à la chaire de professeur de grec à l'université d'Oxford, et il avait été élu, en 1694, proctor de cette université; mais les liaisons qu'il avait contractées pendant ses études avec des hommes de la cour, mêlés dans les affaires publiques, l'activité remuante de son esprit, qui lui faisait regarder le savoir uniquement comme un moyen de fortune, le déterminèrent à quitter cette existence tranquille pour s'attacher à la fortune du comte d'Essex, qui, ayant été nommé lieutenant d'Irlande, le prit pour son secrétaire. Il paraît avoir été de moitié dans ses projets d'ambition, et passe même pour un de ceux qui ont le plus contribué à l'y encourager; du moins, est-il constant que lorsque le comte eut perdu la faveur de la reine, Cuff le dissuada constamment d'avoir recours à ces mesures de soumission qu'attendait Elisabeth, et vers lesquelles penchait quelquefois le comte. Ces conseils de fermeté eussent été sans doute les

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