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Pologne et de Bohême, qui étaient dix fois plus forts que lui; les ayant éloignés par la sagesse de ses mcsures, il reprit la Silésie et la Lusace. La paix se fit enfin cu 1478, à des conditions très glorieuses pour Matthias, qui, en conservant le titre de roi de Bohême, ainsi que Wladislas, gardait pour lui les provinces de Moravie, de Silésie et de Lusace. Les woywodes de Transylvanie, de Walachie et de Moldavie cher chaient à se rendre indépendants; ils profitaient de toutes les circonstances favorables pour attaquer Corvin; chaque fois, ce prince les fit rentrer dans le devoir. Après avoir pris la Servie et la Bosnie, Mohammed II menaçait en même temps l'Allemagne et l'Italie; les papes, pour arrêter cet ennemi formidable de la chrétienté, avaient jeté les yeux sur Corvin, que l'on regardait comme un des premiers généraux de son temps; malheureusement ce prince était trop occupé d'autres projets; ses guerres avec les Turks furent mêlées de succès et de revers; il entra souvent sur leur territoire, et eux pénétrèrent plus d'une fois au-delà des frontières de la Hongrie; Bajazet, successeur de Mohammed, rechercha l'amitié de Matthias, espérant que, par le moyen de ce prince, il parviendrait à retirer son frère Zizime des mains des chevaliers de Rhodes; mais ses propositions furent toujours rejetées. Corvin mourut le 5 avril 1490, dans sa 47. année, d'une attaque d'apoplexie, qui l'emporta en trois jours. C'est à ce prince que l'armée hongroise doit son organisation. Avant lui, elle ne consistait qu'eu cavalerie levée à la hâte; chaque soldat s'armait et s'équipait comme il voulait. Corvin se forma un corps d'infanterie, qu'il appcla la garde noire; c'est au mi

lieu de ces vieilles bandes qu'il affror ta tous les dangers à Breslau, à Bar nia et dans d'autres circonstances péri leuses; enfin c'est cette infanterie qui lui assura partout la victoire. Il li donnait l'exemple d'une intrepidite dont l'histoire nous a conservé u grand nombre de traits; nous n'en rapporterons qu'un seul. Pendant qu'il faisait le siége de Neustadt, en Autriche, un envoyé du su!thân Bajazet vint le trouver; Matthias lui dit de le suivre et de lui exposer le sujet de sa mission. On se trouvait tellement exposé au feu des assiégés, que l'ambassadeur effrayé balbutiait, ne pouvant se rappeler ce que son maître l'avait chargé de dire. Corvin le rassurait en riant; il s'arrêta et donna trauquillement sa réponse au milieu du fen le plus vif. L'envoyé turk, qui ne se rappelait ni ce qu'il avait dit, ni ce qu'on lui avait répondu, demanda une seconde audience; Matthias le congédia, en se moquant de sa pusillanimité. Ce prince montra souvent la plus sévère loyauté envers ses ennemis. Les deux fils de Podiébrad étant venus, à son invitation, le voir à Olmutz, le légat du pape lui fit observer qu'il n'avait donné à ces deux princes aucune assurance par écrit, et qu'il était le maître de les faire arrêter. « A qui tenez-vous un » tel discours, lui dit Corvin? Sachez » qu'un signe de ma part est sacré; » il vaut mieux que les paroles écrites » que donnent les lâches qui vous >> ressemblent. » Un autre trait que l'on cite de lui marque l'homme grand, mais soumis aux faiblesses de l'humanité. Un émissaire s'était engagé à faire périr Podiébrad par le fer, si on voulait lui donner cinq cents ducats. Le roi avait promis la récompense. Ce malheureux, après avoir cherché inutilement l'occasion d'exc

cuter le coup qu'il méditait, vient dire à Corvin qu'il avait un moyen sûr de donner du poison à Podiébrad. « Retirez-vous, lui dit ce prince; con»tre mes ennemis, je n'emploie que » l'épée; » il fit avertir Podiebrad de ne manger qu'après avoir fait goûter les mets à celui qui les aurait préparés. Jean de Cisinge, neveu du savant Witez (Voy.CISINGE), étant mort dans la disgrâce du roi, les chanoines de sa cathédrale avaient laissé son corps sans sépulture; le roi, lorsqu'il l'apprit, leur en marqua son indignation. Ne savez-vous donc pas » encore, leur écrivit-il, que je ne fais » la guerre qu'aux vivants et jamais aux » morts?» Corvin, dans sa jeunesse, avait été parfaitement instruit dans les sciences; il parlait la plupart des langues vivantes, et s'exprimait avec une grande facilité en latin; il connaissait les auteurs de l'antiquité, sur tout ceux qui ont rapport à la science militaire. Il aimait à s'entretenir à table avec des hommes instruits; il protégeait les sciences; la nation hongroise lui doit des établissements très utiles. Avant lui, quelques écoles avaient été établies par Louis 1er.; Mathias conçut, en 1465, le dessein d'ériger une université; le pape Pauly autorisa par un bref adressé à Witez, qui le secondait dans ses grands desseins. Le prince avait le projet de bâtir une ville savante qui pût contenir quarante mille étudiants avec leurs maîtres, médecins, chirurgiens, et autres personnes nécessaires à leur service; il avait lui-mêine dressé le plan de cette ville, qu'il faisait exécuter sur les bords du Danube, audessous de Bude: les fondements sortaient déjà de terrre; mais les guerres qu'il eut à soutenir l'arrêtèrent dans l'exécution de ce beau projet; il établit dans Bude même l'u

niversité pour laquelle il fit venir des savants d'Allemagne, d'Italie et de France. Il profita de la dispersion des bibliothèques grecques, après la prise de Constantinople, pour enrichir celle de son université: il avait à Florence quatre calligraphes, sans cesse occupés à transcrire les manuscrits qu'il n'avait pu faire acheter; il en avait aussi à Rome et dans d'autres villes. Matthias Belius porte à trente le nombre de ces copistes, travaillant sous la direction de Félix de Raguse, artiste aussi habile dans la miniature, que savant dans les langues grecque, arabe et chaldaïque. A la mort de Corvin, sa bibliothèque de Bude était la plus belle de l'Europe; elle contenait cinquante mille volumes, presque tous manuscrits, magnifiquement reliés : on y voyait aussi trois cents statues antiques, un grand globe et d'autres objets d'arts. L'observatoire, qu'il avait fait bâtir pour son université, est le premier que l'on eût vu en Hongrie : il était bien fourni d'instruments. Ce prince avait fait venir d'Italie un artiste nommé Hess, qui imprima, en 1475, une chronique latine, le premier livre que la typographic ait exécuté en Hongrie. Les gens de lettres que Matthias avait attirés dans son royaume fonderent deux sociétés savantes, l'une pour les Hongrois, l'autre pour les Transylvains. On reproche à Corvin des traits d'ingratitude et de cruauté. Il devait son élévation sur le trône à son oncle Szilagyi; il le fit arrêter et enfer mer, parce qu'il ne pouvait plus souffrir la sagesse de ses remontrances. Par de vains motifs d'ambition, verts du voile de la religion, il déclara la guerre à Podiebrad, beau-père, auquel il avait les plus grandes obligations. Il fit ignominieusement charger de chaînes, et int

cou

son

ouvrage que Corvinus le père avait fait pour son usage, lorsqu'il commençait à étudier le droit; n'y attachant plus d'importance, il permit à son fils de le publier; IV. Ad tit. ff. de verb. signif. Commentarius auctus,ibid., 1646, in-12; V. Jus canonicum strictìm per aphorismos explicatum, Amsterdam, Eizévir, 1648, in-12; VI. Jurisprudentiæ romane summarium, seu Codicis Justinianei methodica enarratio, ibid., 1655, in 4°.; VII. Jus feudale per aphorismos strictim explicatum, 2. édition, ibid., 1660, in-12. VIII. Imperator Justinianus, magnus, catholicus, augustus, triumphator, Mayence, 1668, in-12. C'est un précis de jurisprudence canonique; sous chaque titre, l'auteur indique l'usage des protestants et celui des catholiques, et cherche à prouver que la pratique de ceux-ci est conforme aux lois de Justinien et des autres empereurs; le tout est accompagné de force citations. IX. Tractatus geminus de personis atque beneficiis ecclesiasticis, sive introductio ad genuinam universi juris canonici seu pontificii explicationem. Opus posthumum, Francfort-sur-Mein, 1708, 2 vol. in-4°. C. M. P.

CORYATE (THOMAS), né en 1577, à Oidcombe, dans le comté de Sommerset, fit d'assez bonnes études à l'université d'Oxford. Henri, prince de Galles, l'ayant pris à son service en qualité de domestique, les beaux esprits qui fréquentaient la maison de ce prince trouvèrent dans son excessive crédulité une occasion de s'amuser et d'amuser le public à ses dépens. Il fit en 1608 un voyage en Europe, dont il publia à son retour la relation en anglais, sous ce titre bizarre: Crudités dévorées à la hate, pendant un voyage de cinq

en

mois, en France, en Savoie, Italie, en Rhétie, en Helvétie, dans quelques parties de la haute Allemagne et dans les Pays-Bas, 1611, in-4., réimprimé en 3 volumes in-8°., en 1776. L'ouvrage parut, pour ainsi dire, escorté de près de soixante pièces de ve. d'un ton ironique, composées par les meilleurs poètes du temps, tels que Ben Johnson, Harrington, Inigo Jones, Chapman, Donne, Drayton, etc. La relation de Coryate est estimée sous le rapport de la véracité; la description qu'il fait de Venise est très curieuse; l'ouvrage est d'ailleurs écrit d'un bout à l'au

tre du ton le plus ridicule, par l'excessive bonhomie qui y domine. Ce premier voyage de Coryate, qu'il avait fait, dit-il, avec une seule paire de souliers, n'était qu'une légère excursion en comparaison de la grande expédition qu'il entreprit en 1612, non, sans avoir pris congé de ses concitoyens par un discours public et solennel. Après avoir visité Constantinople, Smyrne, Alexandrie, Jérusalem, Alep, Babylone, Ispahan, la province de Candahar, etc., il s'arrêta à Agra pour y apprendre les langues de ces divers pays. Avec le goût et la facilité qu'il avait pour ce genre de connaissances, il fut bientôt en état d'adresser au grand Monghol, en langue persane, un discours que ses amis les beaux esprits firent imprimer en Angleterre en son absence. Il s'était proposé de retourner dans sa patrie au bout de dix ans ; mais ayant été attaqué à Surate d'une espèce de dyssenterie, il y mourut en 1617. Il avait une insatiable curiosité et beaucoup de mémoire avec peu de de jugement, un esprit bizarre et un amour-propre qu'on s'était plû à enfler pour l'humilier ensuite. Un négociant anglais, lui dit un jour que le

roi d'Angleterre lui ayant fait l'honneur de lui demander ce qu'était devenu Goryate, il avait appris à S. M. qu'il l'avait rencontré dans ses voyages, et que le roi avait répondu «Est-ce que ce fou-là vit encore?» Coryate entra dans un tel accès de colère qu'il pensa en devenir réellement fou. On ignore ce que sont devenues les notes et observations qu'il avait faites pendant les cinq dernières années de sa vie. On a publié seulement les ouvrages suivants, qu'il avait adres sés à ses amis de Londres: I. Lettres écrites d'Asmère ou de la cour du grand Mogol, à diverses personnes de qualité en Angleterre, concernant l'empereur et ses états dans les Indes orientales, 1616, in-4°.: on voit sur le titre le portrait de l'auteur, monté sur un éléphant; II. Observations sur la cour du Mogol et les Indes orientales; III. Voyages à Constantinople, etc.; IV. Abrégé des observations sur Constantinople (inséré dans les Pélerinages de Purchas); V. un discours improvisé par lui après que M. Rugg, l'un de ses compagnons de voyage, l'eût armé chevalier sur les ruines de Troie, avec le titre de Thomas Coryate, le premier Anglais créé chevalier troyen. Les circonstances de cet événement, racontées par lui le plus gravement du monde, sont d'un ridicule rare.

S-D.

COSCHWITZ (GEORGE DANIEL, médecin, né en 1679, à Konitz en Prusse, fut nommé professeur de botanique et d'anatomie à l'université de Halle, et remplit ces deux chaires avec unzele infatigable.L'amphitheatre anatomique fut établi et le jardin des plantes enrichi par ses soins. Propagateur de la doctrine du solidisme de Stahl, il la modifia cependant à certains égards, et admit l'existence

du fluide nerveux. Après avoir publié des fragments de ce systême dans un assez grand nombre de dissertations, il en exposa l'ensemble dans deux ouvrages, dont le premier offre l'homme dans l'état de santé, et le secoud dans celui de maladie : Or

ganismus et mechanismus in homine vivo obvius et stabilitus, seu hominis vivi consideratio physiologica, Leipzig, 1725, in-4°.; Organismus et mechanismus in homine vivo obvius destructus et labefactatus, seu hominis vivi consideratio pathologica, Leipzig, 1728, in-4". Coschwitz avait la manie d'être inventeur, et il prétendit avoir vu et décrit le premier des valvules dans les uretères; mais la découverte à laquelle il attachait le plus d'importance fut celle d'un nouveau canal salivaire: Ductus salivalis novus per glandulas maxillares, sublinguales, linguamque excurrens, etc., Halle, 1724, in-4°., fig. Haller dépouilla Coschwitz de cette découverte qui lui était si chère, en démontrant qu'il avait pris les veines de la langue pour des canaux salivaires. Coschwitz fit de vains efforts pour se justifier. Il publia l'année même de sa mort un supplément à son opuscule: Continuatio observationum de ductu salivali novo, Halle, 1729, in-4°. Ces observations incxactes imprimèrent une nouvelle tache à sa réputation. On lui doit encore: Collegium de gravidarum et puerperarum, necnon de infantium recens natorum regimine et affectibus, Schweidnitz, 1732, in-4°., ouvrage posthume dont un de ses élèves fut l'éditeur. Son père, qui s'appelait aussi George Daniel, a traduit en allemand la Pharmacopée de Schroeder, augmentée de notes par Frederic Hofmann, Nuremberg, 1095, 1718, in-fol., fig.

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quelques fragments en 1663 dans le 1. volume de sa collection; mais l'ou vrage entier a été publié pour la première fois en 1707, avec une version latine, par le P. Montfaucon, dans le tome 11 de sa Collectio nova Patrum et Scriptorum græcorum, page 113545. Il y a joint quatre planches gravées, copiées exactement sur les peintures du beau manuscrit du Vatican, dont il s'est servi, et qui paraît être du 9. siècle. Suivant Cosmas, la terre a précisement la forme d'une grande maison; sa surface est plane, et forme un parallelogramme, dont les longs côtes sont le double des autres ; sur ces derniers s'élèvent perpendiculairement deux murailles qui se cintrent ensuite, et se rejoignent en voûte. Deux autres murailles, également perpendiculaires, partent des longs côtés, et vont rejoindre cette voûte; de sorte que l'homme est sur la terre comme l'oiseau dans sa cage: le ciel forme le toit de l'édifice. Dans l'intérieur de la cage, du côté du nord, et au-delà de l'Océan septentrional, dont la mer Caspienne n'est qu'un golfe, est la terre antediluvienne; au centre de cette terre s'élève une haute montagne, autour de laquelle tournent éternellement le soleil, la lune et tous les astres c'est ce mouvement giratoire qui produit les levers, les couchers, les phases, les éclipses. La première planche expose les details de ce bizarre systême. L'ouvrage de Cosmas est divisé en douze livres. Dans le 1er. il s'élève avec force contre la sphericité de la terre, qu'il regarde comme une hérésie. Il expose son systême au 2., le confirme dans le 3". par les saintes Ecritures, et se résuine au 4. Le 5%. offre une description caricuse du tabernacle construit par Moïse dans le désert, et de tous les ornements du grand-piêtre. Au 6. li

vre, Cosmas prouve que le soleil égale tout au plus en grosseur la huitième partie de la terre, et voilà tout bonnement, dit-il, pourquoi la lumière est divergente; car elle ne pourrait l'être si l'astre était plus gros que notre planète. Le 7. traite de la durée des cicux; le 8., du cantique d'Ezechiel et du mouvement rétrograde du soleil; le g., du cours des astres; le 10°. est un recueil de citations des Pères de l'Église. Dans le 11°., Cosmas donne la description de l'ile de Taprobane (l'île de Ceylan ) et des animaux de l'Inde. Dans le 12o. livre, l'auteur accumule ses preuves; mais ce livre n'est point terminé. Malgré son igno rance en physique, Cosmas était instruit pour son siècle. Son ouvrage est le seul morceau géographique un peu important qui nous reste de cette époque; il nous a conservé des mesures et des passages d'anciens auteurs que nous avons perdus. Sa description de l'ile de Ceylan, et des autres pays qu'il avait visités, n'a pas été dédaignée par nos meilleurs geographes modernes, qui en ont expliqué habilement plu sieurs passages; mais le monument le plus important que nous devions à Cosinas est la célèbre inscription d'Adulis, inscrée livre II, page 141(V. PтOLÉMÉE EVERGETES ). La 4°. planche, outre les figures des animaux de l'inde (déjà données en partie par Thevenot), renferme un calendrier agronomique égyptien (ou copte) assez cu rieux; les figures de chaque division sont des fruits ou des légumes, correspondants à chaque mois, et les noms égyptiens y sont en lettres grecques. Cosmas avait encore écrit des Tables astronomiques, un Commentaire sur le Cantique des cantiques, et une Cosmographie universelle, où il décrivait avec détail le cours du Nil, l'Egypte et l'Éthiopie. Montfaucon re

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