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des fonctions de sa charge. En même temps qu'il obtenait du souverain pontife des embellissements pour l'église collégiale où était son canonicat, et qu'ii rassemblait des matériaux pour en écrire l'histoire, il publiait trois volumes des poésies ou rime de sa chère Arcadie, recueil qui eut un grand succès, et d'après lequel on peut juger que l'objet qu'il s'était proposé, en fondant cette académie pour le rétablissement du bon goût, était rempli. Deux bénéfices simples situés à Tolentino furent, en 1715, de nouveaux bienfaits de Clément XI, qui payait ainsi le plaisir que lui donnaient les ouvrages de Crescimbeni, et surtout la traduction qu'il avait faite de latin en italien de ses homélies pontificales. Enfin, en 1719, il lui conféra la dignité d'archiprêtre de cette église de Ste.-Marie; et ce fut alors que Crescimbeni regut en peu de temps les premiers ordres sacrés et la prêtrise. Benoit XIII, qui montà sur le trône de S. Pierre en 1724, après le pontificat très court d'Innocent XIII, ne lui fut pas moins favorable que Clément XI, et l'on compta comme une grâce très signalée la décoration de la grande chape et du rochet, que ce pape accorda aux chanoines de Ste.-Marie, et qui leur donnait, dans les processions, place parmi les principales basiliques de Rome. L'année suivante, Crescimbeni eut la consolation de voir l'académie, jusqu'alors presque toujours errante, définitivement fixée par le don que lui fit le roi de Portugal, Jean V, d'un fonds suffisant pour l'achat d'un terrain, où elle tiendrait désormais ses assemblées. Après avoir parcouru presque toutes les sept collines, l'Arcadie revint, pour ainsi dire, à son berceau, et choisit son dernier emplacement sur le mont Janicule, où

avaient été ses premières réunions L'érection du nouveau théâtre fut confiée à un architecte de la société; la première pierre posée en octobre 1725, et la première célébration des jeux olympiques, consacrée, comme il était juste, au roi de Portugal, y fut faite le 9 septembre 1726. Crescimbeni se donna pour cette celebration les mêmes soins qu'a l'ordinaire, et plusieurs de ses compositions, en vers et en prose, y furent lues avec applaudissement. Cependant sa santé s'affaiblissait depuis long-temps; une maladie de poitrine dont il était atteint faisait des progrès. Il eut encore la force de publier en 1727, la quatrième partie des vies des Arcadiens illustres, mais, dès le commencement de 1728, il sentit sa fin appro cher. Il eut la singulière dévotion de vouloir non seulement mourir en habit de jésuite, mais d'obtenir, du gé néral de cette compagnie, la permis sion d'en prononcer les voeux, et de les signer de sa main. Après des souffrances très aigues, qu'il soutint avec beaucoup de résignation et de courarage, il mourut le 8 mars suivant. Il s'était fait d'avance élever un tombeau très simple dans la basilique de Ste-Marie; les armes de sa famille et la flûte pastorale ou flûte de Pati, qui forme celles de l'Arcadie, étaient gravées sur la pierre avec ces simples lettres I. M. C. P. ARC. C., Joannes Marius Crescimbenius, pastorum Arcadum custos ( Jean-Marie Crescimbeni, custode des bergers d'Arcadic). Il fut universellement regretté. Il était du caractère le plus doux, en même temps que des mœurs les plus pures, d'une conversation attrayante et affectueuse, modeste, poli, officieux, plein de candeur; reconnaissant des moindres services, et tout dévoué à ses amis. Il en eut

un grand nombre, tant à Rome que dans l'Italic entière, et l'on n'a jamais entendu dire qu'il ait eu un seul ennemi, ni qu'il l'ait été de personne. On trouve dans Nicéron la liste de ses ouvrages; les principaux sont: I. l'Istoria della volgar poesia, divisa en sei libri, Rome, 1698, in-4°.; 2o. édition, revue, corrigée et augmentée, Rome, 1714, in-4°.; II. 1 Commentarj intorno alla detta istoria, en 5 vol. in-4 '., le 1o., Rome, 1702; le 2°. en 2 parties, 1710; les trois autres, 171. Cet ouvrage, plein de recherches sur les premiers temps de la poésie italienne, est, malgré ses défauts, un de ces livres classiques dont on ne peut se passer, même après qu'il en a été fait de meilleurs. III. Le Vite de' più celebri poeti provenzali tradotte dal francese, ornate di copiose annotazioni, e accresciute di moltissimi poeți, 2° édition (la 1. est très incomplete), Rome, 1722, in-4.; IV. Trattato della bellezza della volgar poesia, Rome, 1700, in-4°., 3. édition, revue, corrigée et augmentée, ibid., 1712, in-4.; V. l'Istoria d'Arcadia, Rome, 1709, in-4°., 2o. édition, colla giunta, 1711, id. Breve notizia dello stato antico e moderno delľ addunanza degli Arcadi, Rome, 1712, in-12. Ces cinq différents traités, qu'on peut regarder comme des parties de son grand ouvrage, ont été réimprimés ensemble avec des notes et une vie de l'auteur, écrite par le chanoine Mancurti, d'Imola, Venise, 1730, 6 vol., in-4°. VI. Istoria della basilica di S. Maria in Cosmedin col ristretto di molte altre chiese di Roma, e con molte figure in rame, etc., Rome, 1. vol., 1715, 2o. vol., 1719, in-4°.; VII. Istoria della chiesa di S. Giovanni a porta Lati■a, con la notizia d'altre chiese, e

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con molte figure in rame, etc., Rome, 1716, in-4°.; VIII. Istoria della basilica di S. Anastasia, idem Rome, 1722, in-4.; IX. Stato della sacrosanta chiesa papale lateranese, con figure in rame, Rome, 1724, in-4°.; X. Omelie ed orazioni di papa Clemente XI, volgarizzate, Florence, 1704, in-4°., 2o. édition, augmentée, Venise, 1714, in-8°.; XI. Vita di monsignore Gio. Maria Lancisi, medico dipapa Clemente XI, Rome, 1721, in-4°.; XII. Vita di monsignore Gabriello Filipucci, Rome, 1724, in-4°.; XIII. Atti della coronazione del cavalier Perfetti, fatta in Cam pidoglio, Rome, 1725, in-4°. Le cavalier Perfetti était le plus célèbre improvisateur de son temps. Son couronnement au Capitole fut une grande solennité poétique, dont cet ouvrage nous a conservé tous les détails. XIV. L'Elvio, favola pastorale, Rome, 1695, in-8.; XV. Rime del Crescimbeni, Rome, 1695, in12; 1704, iu-12; 1725, in-8°. ; XVI. Gli Apologhi di Berardino Baldi tradotti in versi, Rome, 1702, in-12; XVII. Compendio della vita della beatissima vergine, etc., Rome, 1724, in-16. Il faut ajouter à tous ces ouvrages plusieurs autres dont il donna l'édition, et dont une grande partie était de lui : 1. I giuochi olimpici in lode di papa Člemente XI, Rome, 1701; in lode degli Arcadi defunti, 1705; — idem, 1710; in lode di papa Innocenzo XIII, 1721; in lode di Giovanni V, re di Portogallo, 1726, in-4.; II. le Vite degli Arcadi illustri coi loro ritratti in rame, Rome, 11e. partie, 1708; 2°. partic, 1710; 5. partie, 1714; 4. partie, 1727, in-4; III. le Rime degli Arcadi, en 9 vol. in-8°.; Rome, de 1716 à 1722; IV.

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CRESCONIUS Voy. CORIPPUS. CRESOL (LOUIS), du diocèse de Tréguier, né en 1568, entra dans la société des jésuites à l'âge de vingt ans, et remplit successivement avec distinction des chaires d'humanités, de philosophie et de théologie. Nourri de la lecture des bons auteurs, et écrivant en latin avec pureté et élégance, il fut appelé à Rome par son général pour exercer auprès de lui les fonctions de secrétaire qu'il remplit pendant quinze ans, et mourut le 11 novembre 1634. Alegambe le peint comme un homme plein de savoir, de politesse et d'aménité; on reconnaît tous ces traits en lisant ses ouvrages. Les principaux sont: 1. Theatrum veterum rhetorum, Paris, 1620, in-8°.; II. Vacationes autumnales, seu de perfecta oratoris actione et pronunciatione, ibid., 1620, in-4°.; III. Mystagogus, seu de sacrorum hominum disciplina, ibid., 169, infol., et 1658, 2 vol. in-4.; IV. Anthologia sacra, seu de selectis piorum hominum virtutibus, ibid., 1632 et 1658, 2 vol. in-fol. Daniel Parent et Morhof, quoique pro estants, donnent de grands éloges au P. Crésol, surtout à son Théâtre des anciens rhetcurs. Cet ouvrage très instructif a été inséré dans le tome X du Thesaur. antiquit. græc. de Gronovius.

C. M. P.

CRESPEL (EMMANUEL), religieux récollet, né en Flandre, obtint de ses supérieurs, en 1723, la permission de passer au Nouveau-Monde, partit de la Rochelle en janvier 1724, arriva à Québec deux mois après, et

y demeura jusqu'en 1726. Ordonné prêtre par l'évêque de Québec, il fut peu de temps après nomme à une cure près de Montréal, et, en 1728, devint umônier d'un parti de quatre cents Français et de huit cents sauvages, destiné à aller détruire la nation des Reua ds ou Outagamis. Ils habitaient à quatre cent cinquante lieues de Montréal, à l'ouest du lac Michigan. Cette expédition terminée, Crespel fut pendant trois ans aumonier du fort Niagara, ensuite deux ans à Caturacoui, aujourd'hui Kingstown, capitale du haut Canada, et enfin au fort St.- Frédéric, sur le bord du lac Champlain. En 1756. il reçut une obedience de son provin cial pour revenir en France, et par tit de Québec le 3 novembre. Le 14, le navire fit naufrage près d'Anicosti. On se sauva dans une chaloupe, et l'on aborda dans l'île. Une partie de l'équipage la quitta le 27. Uu des canots s'étant perdu, et la gelée survenue en décembre, Crespel et ses compagnous furent obligés d'aller à terre, sur la côte de Labrador, et de s'y construire des cabanes; ils y pas sèrent l'hiver dans l'état le plus affreux. Un grand nombre y perit. Enfin, au mois d'avril on aperçut un saus vage qui s'enfuit à l'approche des Européens. Quelques-uns arriverent enfin à une hutte, où on leur donna des secours. Ils allèrent à la recherche de leurs compagnons d'infortune restés sur l'ile; la plupart etaient morts. Ils retournèrent à Québec au mois de juin. Crespel en partit au mois d'octobre 1758, et arriva en France en décembre. Il alla ensu te à Douai, et retourna à son couvent d'Avesnes. Ses fatigues avarent tellement délâbré son estom ich, qu'il obtint la permission de se rendre Paris. Lorsqu'il fut rétabli, on le

nomma aumônier dans l'armée du matechal de Maillebois. Il était à Paderborn en 1752, lorsqu'il écrivit sa relation adressée à son frère, qui en fut l'éditeur; elle parut sous ce titre: Voyage au Nouveau Monde, et Histoire intéressante du naufrage du P. Crespel, Amsterdam, (Paris) 1757, 1 vol. in-12. Ce livre intéresse plus par le récit des malheurs de l'auteur que par les détails sur les pays dont il y est question.

E-s. CRESPET (PIERRE ), religieux célestin, né à Sens en 1543, obtint les premiers emplois de son ordre. Il embrassa avec chaleur le parti de la ligue, et suivit en Italie, en 1590, le cardinal Cajetan. Le pape Gré#goire XIV l'accueillit avec intérêt, et lui offrit même un évêché. Le P. Crespet visita ensuite les maisons de son ordre du royaume de Naples, et revint en France en 1592. Il mourut en 1594 dans le Vivarais, à l'âge de cinquante-un ans. Le P. Becquet, son confrère (Hist. congregat. Cœlestinor.), lui a donné de grands éloges; mais il est loin de les mériter tous. Sa conduite pendant les troubles civils qui désolèrent la France ne fut pas celle d'un ami de l'ordre, et ses écrits trop nombreux ne sont pas moins entachés du mauvais goût que des préjugés de son siècle. On en trouvera la liste dans les Mémoires de Nicéron, tome XXIX, et dans l'ouvrage du P. Becquet, pag. 172. Les principaux sont: I. Commentaires de Bernardin de Mendoce des guerres de Flandre et des Pays-Bas, depuis 1567 à 1577, traduits de l'espagnol, Paris, 1591, in-8°. Dans l'épitre dédicatoire, il engage la noblesse catholique à persévérer dans Je parti de la ligue. II. Deux livres de la haine de Satan et malins esprits contre l'homme, etc., Paris,

1590, in-8°. C'est un traité contre la magie. Il est assez rare, et curieux à raison de la crédulité qu'y montre l'auteur. III. La Pomme de grenade mystique, Paris, 1586, 1595, in-8°.; Rouen, 1605, in - 12. C'est une instruction pour les vierges. IV. Discours sur la vie et passion de Ste. Catherine (en vers), Sens, 1577, in-16, rare. W-s.

CRESPI, ou CREPY (JEAN), graveur, naquit à Paris vers 1650. Son maître n'est pas connu. Sa principale occupation paraît avoir été pendant long-temps de copier les meilleures pièces des bons graveurs; il s'était établi marchand d'estampes, et trouvait, dans les relations que ce genre de commerce lui avait ouvertes, le débit de ses copies. Si Crespi ne s'était livré qu'à ce travail, il n'eût point trouvé de place ici; mais il a fait, en société avec Louis Crespi, son fils, un grand nombre de petites "estampes qui se font remarquer par une touche spirituelle et un fini précieux; ces pièces sont marquées du nom de Crespi, précédé d'un J ou d'une L, selon qu'elles sont du père ou du fils. C'est, dans les unes comme dans les autres, la même touche et la même manière; il est évident que Louis était élève de son père. Ils out gravé en société une suite de portraits dont plusieurs nous ont conservé les traits de personnes célèbres; d'Aguesseau, Houdart de la Motte, Antoine Watteau et le duc de Marlborough sont les plus remarquables. Les Crespi ont aussi quelquefois travaillé d'après les grands maitres d'Italic. La Crèche, où se voit l'Enfant-Jésus couché sur de la paille et adoré par deux anges, d'après l'Albane, est Ícur plus bel ouvrage en ce genre. A-s.

CRESPI (DANIEL), peintre de l'école lombarde au commencement du

17. siècle, était né vers la fin du 16., au bourg de Burto Arsizio dans le Milancz: ce qui l'autorisa à se qualifier Mediolanensis en écrivant son nom sur un de ses derniers ouvrages, plus estimés que les précédents, parce que cet artiste avait à cœur dans chaque production de se surpasser lui-même. Ce sont les pintures à fresque de l'église des chartreux de Carignano près de Milan, où on les admire encore. Elles représentent divers traits de la vie de S. Bruno; et celui de tous où l'artiste s'est montré l'égal des plus grands maîtres, est la résurrection de ce docteur de Paris, qui, suivant quelques légendes, s'était levé de son cercueil pour déclarer qu'il était damné. Beaucoup d'églises de Milan se glorifiaient, au commencement du dernier siècle, de posséder des tableaux sur toile peints par D. Crespi, et l'on y en voit encore plusieurs. Il travailla beaucoup de cette manière et à fresque dans la fameuse chartreuse dite de Pavie; il y peignait le choeur de l'église lorsqu'il mourut de la peste qui ravageait Milan, en 1630. Crespi excella dans l'art de distribuer ses figures, de rendre leurs attitudes analogues aux affections de ses personnages, et d'exprimer sur le visage des saints la belle ame dont ils devaient être animés. Son coloris est plein de vigueur dans ses peintures à l'huile comme dans ceiles à fresque; et quoiqu'il n'eût pas fréquenté l'école d'Annibal Carrache, il pratiquait ses maximes et composait dans sa manière.

G-N. CRESPI (JOSEPH-MARIE), peintre, né à Bologne, en 1665, fut appelé l'Espagnol, à cause de sa manière élégante de s'habiller. Il eut pour premier maître le Canuti, ensuite il reçut des leçons de Charles Cignani. Il ne se lassa jamais de copier les ouvrages

des Caraches à Bologne, ceux du Cor rège à Parme, et enfin ceux du Baroche à Urbin et à Pesaro. Les copies qu'il faisait de ces maîtres se vendaient souvent pour des originaux. Il grava pendant quelque temps, mais s'appliqua plus particulièrement à la peinture: ses compositions sont presque toutes pleines de bizarreries; il aimait les raccourcis, et cherchait à placer beaucoup de figures dans un petit espace. Quelquefois il a traité des sujets he roïques et religieux comme il aurait traité des caricatures, et il est tombé dans un style maniéré, pour avoir voulu être toujours neuf dans ses ombres et dans ses draperies. Les meil leurs ouvrages de cet artiste sont une Cène au palais Sampieri à Bologne; S. Paul et S. Antoine hermites; les Sept Sacrements faits pour le cardinal Ottoboni, et dont les copies sont au palais Albani à Urbin. Ĉes sept tableaux offrent des oppositions agréa bles. Ils sont tous neufs pour l'inven tion, particulièrement, celui du Mariage: on unit ensemble une jeune fille et un vieillard octogénaire; les époux sont l'objet des plaisanteries de tous les assistants. Le pape Benoît XIV, qui avait connu Crespi à Bologne, lorsqu'il y était archevêque, le nomma chevalier de l'ordre de l'éperon. Cet artiste mourut en 1747, après avoir perdu la vue. Le musée a un tableau de lui représentant une Maîtresse d'école qui fait lire un jeune garçon, tandis que de jeunes filles étudient ou travaillent. La manière de ce maître ne pouvait devenir que triviale sous le pinceau d'un autre artiste qui n'au rait pas eu la même imagination et la même facilité. Ses deux fils, Louis et Antoine, qui travaillèrent pour plu sieurs églises, ne suivirent pas le style de leur père, et paraissent en avoir re cherché un plus sévère. Louis Crespi

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