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n'étaient dans Cowper qu'un effort de son esprit. La disposition malheureuse à laquelle il était en proie vint l'opprimer plus que jamais, et ce fut pour y chercher une distraction puissante qu'il entreprit de traduire en vers blancs l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, travail qu'il paraît avoir exécuté dans une sorte de ravissement, et « qu'il » ne vit, dit-il, terminé qu'avec le » regret qu'on sent en se séparant » d'un compagnon chéri. » Cette traduction, moins poétique que celle de Pope, est beaucoup plus fidèle; il est vrai que l'esclavage de la rime était un grand désavantage pour celuici. Cette traduction fut publiée en 1791, Londres, 2 vol. in-4°. Il en a paru une 2o. édition en 1803, 4 vol. in-8°. Cowper produisit encore quelques poemes de peu d'étendue, et continua de languir jusqu'à sa mort, arrivée en 1800. W. Hayley, son ami, a publié sa vie en 1806, 4 vol. in-8°. Il y a joint quelques ouvrages posthumes, beaucoup de lettres, et quelques traductions du latin en vers anglais et de l'anglais en vers latins. I y a beaucoup d'inégalité dans toutes ces compositions; et c'était un effet de son tempérament plutôt qu'un défaut de son talent. Cowper est, après Milton, le poète anglais, sans en excepter Philipps, qui a le mieux écrit en vers blancs; mais il n'a pu ranimer le goût de ce genre de poésie. Johnson disait que Milton n'avait écrit son poëme en vers blancs, que parce qu'il n'aurait pu l'écrire en vers

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gués, pour faire partie du nouveau college que venait d'y fonder le cardinal. Le penchant de Cox pour les opinions de Luther attira sur lui l'animadversion des chefs de l'université, qui le dépouillèrent de ses places et le firent mettre en prison comme hérétique. Remis en liberté quelque temps après, il devint maître de l'école d'Eaton, et ensuite, à la recommandation de l'évêque Cranmer, il fut fait successivement archidiacre d'Ély, premier prébendaire de cette cathédrale, prébendaire de Lincoln, doyen de Christ-Church, et enfin précepteur du jeune prince Édouard, depuis Edouard VI. A l'avènement de ce prince, il fut fait conseiller privé, aumônier du roi, chanoine de Windsor et doyen de Westminster. Persécuté dans sa jeunesse pour cause de religion, il se trouvait alors dans le cas d'user de représailles, et il n'était guère probable qu'il y manquât; cependant il paraît que son zèle ne s'exerça d'abord que sur les livres. Chargé de visiter l'université d'Oxford, il brûla ou détruisit, dit-on, tous les livres contenant quelques gravures, soit figures de mathématiques ou autres, les regardant comine propres à favoriser le catholicisme, ou capables de servir à des conjurations magiques. Il détruisit également les livres de théologie, et généralement tous ceux qui avaient été faits par des catholiques; mais en même temps, il fut un de ceux qui s'opposèrent le plus efficacement à ce que le roi s'emparât des biens des universités et des colléges. Du moins avait-il l'excuse de persécuter pour sa propre opinion, pour son propre compte, et non pour celui du gouvernement; ce qui fut bien prouvé lorsque, sous la reine Marie, obligé de s'enfuir après avoir été mis en prison et dépouillé de ses places,

il alla subir parmi ses compagnons d'exil les maux que causait l'intolé rance. Établi à Strasbourg, il apprend qu'un grand nombre d'Anglais, établis à Francfort, avaient abandonné la liturgie anglicane, pour s'en composer une particulière, sur le modèle des réformés de France et de Genève. Il part aussitôt pour ramener - au bercail ces brebis égarées, et, n'y pouvant parvenir par la persuasion, dénonce aux magistrats le ministre de la congrégation, Knox, pour avoir dit, dans un livre publié quelques années auparavant, que l'empereur n'était pas moins ennemi du Christ que Néron. Knox ayant été banni, Cox ne trouva plus d'obstacles à ses projets; en sorte que les opposants se disperserent pour chercher ailleurs la liberté de conscience dont il ne voulait pas leur permettre de jouir aux lieux où ils étaient venu la chercher. En même temps, fidèle à son amour pour la science, qu'il favorisait tant qu'elle n'était pas contraire à ses idées fanatiques, il établit à Francfort une sorte d'université anglaise, avec un professeur de grec, un d'hébreu, un de théologie, et un trésorier chargé de recevoir les contributions qui seraient envoyées d'Angleterre pour le soutien de l'établissement. En 1558, l'avènement d'Élisabeth lui rendit la liberté de rentrer en Angleterre; il fut nommé en 1559 évêque d'Ély, et depuis, son zèle s'exerça particulièrement à protéger les biens du clergé contre l'avidité de la cour et des courtisans, à défendre, contre l'opinion de la reine, le mariage des ecclésiastiques, et à faire bannir de la chapelle royale le crucifix et les cierges, reste de catholicisme, qui blessaient tellement la conscience du pieux évêque qu'il refusa long-temps d'officier dans cette chapelle. Il passa le reste de

sa vie à disputer aux courtisans les biens de son évêché, tantôt cédant, tantôt résistant, enfin tellement tourmenté et fatigué qu'il offrit de résigner son évêché pour une pension annuelle de 200 liv. sterl.; mais il ne se trouva aucun ecclésiastique qui voulût accepter cet évêché dans l'état où prétendait le réduire la rapacité des spoliateurs, en sorte qu'il y demeura jusqu'a sa mort, arrivée en 1581. C'était un homme instruit, de bonne foi, et de mœurs pures, mais fanatique entêté, soupçonné d'avarice et peur disposé à pardonner. It est le premier qui ait donné l'exemple d'établir sa femme avec lui dans un collége. On a de lui plusieurs lettres et petits traités théologiques. Il a contribué à la composition de la premiere liturgie de l'Église anglicane, et il fut un des principaux commissaires chargés de la revoir en 1559. Dans la traduction de la Bible, communement nommée la Bible des évéques, il a donné les quatre Evangiles, les Actes des apôtres, et l'Epitre aux Romains. X—s.

COX (sir RICHARD), historien ir landais, naquit en 1650, à Bandon, dans le comté de Cork. Devenu orphelin avant d'avoir atteint sa troisième année, il fut élevé par les soins d'un oncle maternel, qui le destina à la carrière du barreau. Il y fit des progrès rapides, et, jeune encore, exerça avec réputation la profession d'avocat en Irlande; mais malgré ses talents, son attachement à la religion protestante lui laissait alors peu d'avancement à espérer et lui donnait beaucoup à craindre; en sorte qu'il prit le parti de passer en Angleterre et de se fixer à Bristol, où il s'occupa de son ouvrage intitulé: Hibernia anglicana, ou Histoire d'Irlande depuis sa conquete par les Anglais jusqu'au temps

present; la première partie de cet ou vrage parut en 1689. Au moment de la révolution, il vint à Londres, publia un petit écrit sur la nécessité de faire roi le prince d'Orange. Son zèle fut récompensé par les faveurs de la nouvelle cour. Il fut successivement sous-secrétaire d'état, archiviste de Waterford, second juge de la cour des plaids communs, gouverneur du comté et de la cité de Cork, où il se conduisit avec beaucoup d'adresse et de courage, mais avec une assez grande dureté, et enfin en 1703, lord chancelier d'Irlande. Il avait été créé chevalier en 1692, et fut fait baronet en 1706. En 1695, il avait été privé de tous ses emplois, pour avoir insisté sur l'observation des articles de Limerick, que l'on trouvait trop favorables aux catholiques; ce qui, vu ses opinions, fait honneur à sa justice, dans un temps où des prêtres fanatiques criaient en chaire que c'était haute trahison que de capituler même avec le roi. Eloigné de la cour à la mort de la reine Anne, il se retira dans son pays natal, et y mourut en 1753. La seconde partie de son Histoire d'IrLande avait été publiée en 1700; mais le succès de la première partie l'avait engagé à trop précipiter la composition de la seconde, qui se trouve ainsi fort inferieure. En tout, cet ouvrage n'est guère estimé que pour les recherches qu'il contient. Cox a aussi publié quelques ouvrages de théologie.-Un autre Cox (Léonard ), grammairien anglais, mort en 1549, a laissé, entr'autres écrits, un Commentaire sur la grammaire de Lilly. X-s.

COXCIE (MICHEL), peintre flamand, né à Malines en 1497, et mort en 1592 en tombant d'un échafaud sur lequel il travaillait, fut élève de van Orley. Les biographes italiens font de grands éloges de cet artiste, qui avait

fait une étude particulière des tableaux de Raphaël; les fréquentes imitations qu'on en retrouve dans quelques uns de ses tableaux ont même fait croire qu'il avait été élève de ce grand maître. Lanzi, dans sa Storia pittorica, dit qu'à une invention fertile, il joignait l'exécution la plus gracieuse, et que ses meilleurs ouvrages sont passés en Espagne, où ils ont été achetés à grands prix. Une composition intéressante, un dessin correct, un coloris brillant et agréable, une touche nette et soignée, et surtout la rareté des ouvrages de ce maître, rendent ses tableaux d'autant plus précieux, que, par leur petite dimension, ils trouvent leur place dans tous les cabinets. Celui qui représente l'Ecce homo est un de ses plus beaux ouvrages, A-s.

COYER (GABRIEL-FRANÇOIS), ué à Baume-les-Dames, en Franche-Comté en 1707. Après avoir fait ses études chez les jésuites de Porentruy, il entra dans cette société, mais il n'y demeura que peu d'années, et vint å Paris, où il fut chargé de l'éducation du prince de Turenne, depuis duc de Bouillon. Son élève conserva toujours la plus tendre reconnaissance de ses soins, et l'abbé Coyer lui dut l'heureuse aisance dont il a joui toute sa vie. Il se fit d'abord connaître par de petites brochures, écrites avec légèreté et finesse, et qui, sous l'apparence de la frivolité, contenaient de sages leçons. Ces brochures, recueillies sous le nom de Bagatelles morales, furent jugées, lorsqu'elles parurent, avec un enthousiasme qu'elles étaient loin de mériter, et, peu après, critiquées avec une amertume non moins déplacée. L'abbé Coyer n'était ni un penseur profond, ni un grand écrivain; mais il avait l'esprit orné. Son style, déparé par trop de néologismes, est facile et agréable; il saisit assez bien

les ridicules, et les rend quelquefois d'une manière piquante. Sa manière n'est pas celle des maîtres; ses tableaux sont petits et sa touche est mesquine; il amuse plus qu'il n'instruit; mais enfin il amuse, et ce mérite est le premier aux yeux de bien des lecteurs. Le succès de ses Bagatelles nuisit à ses autres ouvrages. Lorsqu'il voulut être grave, ou s'obstina à ne voir en lui qu'un homme superficiel. Sa Noblesse commerçante, livre plein de vues neuves et utiles, et son Histoire de Sobieski, que Voltaire trouvait bien écrite et intéressante, furent jugées avec d'autant plus de sévérité, que les premiers essais de l'auteur avaient été réçus avec plus d'indulgence. Malgré ses liaisons avec les hommes les plus célèbres en littérature, il ne put jamais parvenir à se faire ouvrir les portes de l'académie française. Il fut plus heureux dans les pays étrangers; car on le reçut de l'académie des Arcades, pendant son séjour à Rome, en 1763, et de la société royale de Londres, dans le voyage qu'il fit en Angleterre, en 1768 il était aussi membre de l'académie de Nancy. Il dit un jour qu'il voulait s'établir à Ferney pour trois mois chaque année, ce qui fit dire Voltaire « Don-Quichotte prenait >> les auberges pour des châteaux; mais » l'abbé Coyer prend les châteaux pour des auberges. » Coyer mourut à Paris, le 18 juillet 1782, regretté des nombreux amis que lui avaient faits, plus que ses talents, les qualités de son cœur. Ses œuvres ont été recueillies en 7 vol. in-12, Paris, 1782, On y trouve : I. les Bagatelles morales, Paris, 1754, in-12 (l'auteur a réuni sous ce titre plusieurs petits ouvrages qu'il avait publiés séparément); le Siècle présent; Découverte de la pierre philosophale; l'Année merveilleuse; la Ma

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gie démontrée; Plaisir pour le Peuple; Lettre à un Grand; la Décou verte de l'ile Frivole, etc. II. Trois dissertations; l'une sur le vieux mot patrie, l'autre sur la nature du peuple, et la troisième sur la différence de deux anciennes religions, la grecque et la romaine, 1755, in-12. III. Discours sur la Satyre contre les Philosophes, Athènes, 1760, in12; c'est une critique de la comédie des Philosophes, de M. Palissot. IV. Lettre au P. Berthier, sur le matėrialisme, Genève, 1759, in-12. Le but de l'auteur est de détruire les accusations de matérialisme que des journalistes avaient intentées contre plusieurs écrivains célèbres. On s'aperçoit trop qu'il veut être plaisant, et il n'y réussit pas toujours. V. De la prédication, 1766, in-12. Ce petit ouvrage attira des ennemis à l'auteur. On prétendit qu'il voulait prouver qu'il était inutile de prêcher, et l'on se méprit sur son véritable but, qui était de montrer que les hommes ne se rendent point à l'évidence sur ce qui contrarie leurs goûts et leurs passions. VI. La Noblesse commerçante, Londres (Paris), 1756, iu-12. M. le chevalier d'Arcq opposa à cet ouvrage la Noblesse militaire; l'abbé Coyer lui répondit par le suivant: VII. Dévelop pement et défense du Système de la noblesse commerçante, Paris, 1757, 2 vol. in-12. Le gouvernement decida la question en faveur de l'abbé Coyer, en accordant la noblesse aux négociants distingués. VIII. Chinki, Histoire Cochinchinoise qui peut servir à d'autres pays, Londres, 1768, in-8°., trad. en allemand, Lindau, 1770, in-8°., et en suédois, Stockolm, 1772, in-8°. Cet ouvrage, dirigé contre les maitrises, avait été demandé à l'auteur ; il reparut sous le ministère de Turgot, et occasionna en partie l'abolition

momentanée des jurandes. (Voyez CLICQUOT-BLERVACHE). IX. L'Histoire de Jean Sobieski, roi de Pologne, Amsterdam (Paris), 1761, 3 vol. in-12, trad. en allemand, 1762, in-8°.; en anglais, id.; en russe, par J. Bogharousky, St.-Pétersbourg, 177073, in-8', ouvrage dont on a dit beaucoup trop de mal, et qui se fait lire avec plaisir. On souhaiterait que le style en fût plus pur, et que l'auteur eût su mieux choisir dans les matériaux qui lui avaient été fournis. X. Plan d'éducation publique, Paris, 1770, in-12, peu connu; on y trouve cependant quelques vues sages, mais trop d'esprit systématique, trop de goût pour les innovations plusieurs idées qu'il donne comme les siennes, sont tiréés de l'Émile, et elles n'ont rien gagné sous la plume de l'abbé Coyer. XI. Voyage d'Italie et de Hollande, Paris, 1775, 2 vol. in-12, ouvrage superficiel, et qui cependant a été traduit en allemand, par Lederer, Nuremberg, 1776, in-8°. XII. Nouvelles Observations sur l'Angleterre, Yverdun, 1779,in-12,trad.en allemanden 1781, et en anglais en 1782. Quelques-unes de ees observations sont justes et bien présentées, mais l'auteur affecte trop de louer les Anglais. On a encore de l'albé Coyer une traduction du Com mentaire de Blackstone sur le Code criminel d'Angleterre, Paris, 1776, 2 vol. in-8°, et une Lettre au docteur Maty sur les Géants Patagons. Bruxelles, 1767, in-12, trad. en allemand par Turner, avec des notes, Dantzig, 1769, in-8°. W-s.

COYPEL (NOEL) le premier de tous ceux de ce nom qui se soit adon né à la peinture, était fils de Guyon Coypel, cadet d'une famille de Cherbourg. Il naquit à Paris le 25 décembre 1628. Il apprit les éléments de la peinture d'un peintre obscur nom

mé Guillerie, et fit des progrès rapides; il n'avait encore que dix-huit ans lorsqu'il fut agréé pour travailler aux décorations de l'opéra d' Orphée. Depuis ce temps, il fut presque toujours employé aux ouvrages des maisons royales. Il fit en 1655 plusieurs tableaux au Louvre, dans l'Oratoire et dans la chambre du roi; il orna aussi de ses ouvrages l'appartement du cardinal Mazarin; ce fut encore lui qui, au temps du mariage de Louis XIV, peiguit dans le même palais tous les tableaux des plafonds de l'appartement de la reine; ceux de la magnifique salle des machines du palais des Tuileries, plusieurs morceaux de l'appartement de la reine mère à Fontainebleau, etc. Il fut reçu en 1663 à l'académie royale de peinture, qui était établie depuis 1648: son tableau de réception représentait la Mort d'Abel. Cet ouvrage fut généralement admiré. En 1660, Coypel fit orner, sur ses dessins, l'appartement du roi aux Tuileries. En 1672, le roi, après lui avoir assigné un logement aux galeries du Louvre, le nomma, sous la surintendance de Colbert, directeur de l'académie de Rome. Il peignit pendant son directorat quatre tableaux qui firent long-temps l'ornement de la salle des gardes de la reine à Versailles, et qui répresentent Solon, Trajan, Alexandre-Sévère et Ptolomée- Philadelphe. Les deux premiers sont maintenant au musée de Versailles, et les deux autres au musée Napoléon. Celui qui représente Solon expliquant ses lois a été gravé par Duchange, les trois autres l'ont été par Ch. Dupuis. Après la mort de Mignard, Louis XIV, que les guerres désastreuses de la fin de son règne avaient obligé de restreindre les dépen ses de sa couronne, et qui avait compris le titre de premier peintre dans ses

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