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périal. Pendant cette cruelle exécution, Cortez entre dans l'appartement de Montezuma, et fait charger de fers ce malheureux prince, pour le forcer à se reconnaître vassal de Charles-Quint. A cet hommage force, Montezuma ajoute un présent de six cent mille marcs d'or pur avec une quantité prodigieuse de pierreries. Cortez lui rend aussitôt une apparence de liberté, pour régner lui-même à sa place, et il commence par substituer dans les temples, aux crânes des infortunes qu'on y sacrifiait, des images de la Vierge et des saints. I jouissait à peine du fruit de son audace, quand on lui apprit le débarquement d'une armée espagnole commandée par Narvaez, et envoyée par Velasquez pour le contraindre à renoncer au généralat (1). Cortez prit le parti le plus courageux. Il laissa deux cents hommes à Mexico, sous les ordres de son lieutenant, et, marchant à la rencontre de Narvaez, il le fit prisonnier, et rangea sous ses drapeaux les soldats espagnols qui étaient venus pour le combattre. De retour dans la capitale, il trouva les Mexicains révoltés coutre leur empereur et contre les Espagnols; il se vit bientôt lui-même exposé aux plus grands dangers. Montezuma prisonnier des Espagnols, périt en voulant haranguer ses sujets; ceux-ci, après s'être donné un autre empereur, attaquèrent avec acharnement le quartier général de Cortez. Malgré l'avantage des armes à feu, les Espagnols eussent succombé, si Cortez n'eût ordonné la retraite son arrière-garde

(1) Charlevoix raconte que Luc Vasquez d'Aylon (ou plutôt Ayllon), conseiller de l'audience royale etablie a St-Domingue en 1609, n'ayant pu détourner Velasquez de ses projets contre Cortez,

fut taillée en pièces. Après six jours de marche, de fatigues et de désastres, il parvint jusqu'à la plaine d'Otumba, qu'il trouva couverte de Mexicains rangés en bataille pour lui couper la retraite. « Amis, dit-il à ses » soldats, voici l'occasion de vaincre, » ou de périr glorieusement. » Il donne aussitôt le signal du combat, et rem porte, le 7 juillet 1520, une victoire decisive qui met son armée en sûreté. Arrivé le lendemain à Tlascala, il y trouve des alliés fidèles, rassemble aussitôt une armée d'Indiens auxiliaires, marche de nouveau vers la capitale du Mexique; soumet d'abord les provinces voisines, et apaise ses soldats qui s'étaient mutines: « Rap

pelez-vous, leur dit-il, que nous » cherchons de grands périls et de » grandes richesses: celles-ci établis» sent la fortune, et les autres la ré» putation.» Cortez forme ses attaques après avoir fait construire et lancer dans le lac des brigantins armés. Cependant Guatimozin, que les Mexi cains avaient reconnu pour empereur, eut d'abord quelques succès, et, pendant trois mois, défendit sa capitale avec un courage digne d'un meilleur sort; mais il ne put tenir contre l'artillerie espagnole. Après plusieurs combats livrés sur le lac et sur la terre ferme, Cortez reprit Mexico le 13 août 1521. L'empereur, son épouse, ses ministres et ses courtisans tombèrent au pouvoir du vainqueur, qui traita d'abord Guatimozin en roi. Sur la fin du siége, deux cent mille Indiens s'étaient rangés sous les drapeaux de Cortez; de si étonnants succès n'étaient dus qu'à sa profonde politique. La relation de ses victoires,

s'embarqua avec Narvaez ponr tacher de le ga- qu'il envoya en Espagne, excita l'ad

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gaer et le trouvant inflexible, lui intima après sou débarquement, une défense sous peine de la vie, d'aller en avant, à moins d'un ordre de l'audience royale. Narvaez s'en débarrassa en le renvoyant à Guba,

miration de ses compatriotes. L'étendue et la valeur de ses conquêtes effacèrent le blâme qu'il avait encoura

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par l'irrégularité de ses opérations; Ja voix publique s'étant déclarée en sa faveur, Charles-Quint, sans égard pour les prétentions de Velasquez, le nomma gouverneur et capitainegénéral du Mexique. Ce monarque lui fit en outre présent de la vallée de Guaxaca, qui fut érigée en marquisat, avec un revenu de 150,000 livres. Dès que le conquérant du Mexique vit son pouvoir consacré par l'autorité royale, il s'occupa avec plus d'ardeur encore à affermir sa conquête. Il organisa la colonie, fonda plusieurs villes, fit sortir Mexico de ses ruines, et le rebâtit dans le goût des capitales de l'Europe. Ce ne fut pas sans peine qu'il parvint à consolider dans tout le Mexique la puissance espagnole. Réduits au désespoir, les Indiens prirent les armes pour secouer le joug des Espagnols; mais partout ils se virent contraints de céder à la valeur et à la discipline européenne. Le malheureux Guatimozin et un grand nombre de caciques accusés d'avoir conspiré contre les vainqueurs, furent exécutés publiquement par ordre de Cortez. Cependant la cour de Madrid, qui crainait l'ambition et la popularité de ce conquéraut, avait envoyé des commissaires royaux pour surveiller sa conduite et pour contrarier ses opérations. Tandis qu'il achevait la réduction de la Nouvelle-Espagne, ses biens étaient saisis par le procureur fiscal du conseil des Indes; la plupart de ses créatures étaient emprisonnées et mises aux fers. Indigné de l'ingratitude de son souverain, Cortez conserva cependant assez d'empire sur lui-même pour rejeter les conseils de ses amis qui l'excitaient à la révolte. Il ne voulut avoir recours qu'à la justice de l'empereur, et se rendit en personne à la cour d'Es

pagne, où il parut avec éclat. L'empereur, ne craignant plus ses desseins, le reçut avec de grandes marques d'estime, et le décora de l'ordre de St.-Jacques. Cortez revint au Mexique avec de nouveaux titres, mais avec moins d'autorité. Un vice-roi fut chargé de la direction des affaires civiles, et l'on ne laissa à Cortez que le département militaire et la liberté de pousser ses découvertes. Cette division des pouvoirs devint une source de dissensions qui remplirent d'amertume la vie de ce grand homme, et firent échouer ses dernières entreprises. Il en avait formé plusieurs qui devaient faire encore éclater son génie, et dont il confia l'exécution à ses officiers. Lui-même équipa une nouvelle flotte, dont il prit le commandement. Après des dangers et des fatigues incroyables, il découvrit en 1536 la grande péninsule de la Californie, et reconnut une partie du golfe qui la sépare de la NouvelleEspagne; mais cette découverte ne pouvait rien ajouter à sa gloire. Rebuté, las de lutter contre des adversaires indignes de lui, et que la courenvoyait à dessein, il retourna en Espagne, espérant y confondre ses ennemis. Charles-Quint le reçut froidement. Cortez dissimula, redoubla d'assiduité auprès de l'empereur, le suivit dans son expédition d'Alger en 1541, combattit comme volontaire, et eut un cheval tué sous lui ce fut sa dernière action militaire. Négligé depuis, traité avec peu de considération, à peine put-il obtenir audience. Un jour on le vit fendre la presse qui entourait la voiture du monarque, et monter sur l'étrier de la portière; Charles-Quint étonné lui demande: «Qui êtes-vous ?-Je suis un » homme, » lui répond fièrement le vainqueur des Indes, «< qui vous

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» donné plus de provinces que vos » pères ne vous ont laisse de villes. » Cette noble fierté devait déplaire à un prince cuivré des faveurs de la fortune. Cortez, abreuve de dégoûts dans sa patrie, passa le reste de ses jours dans la solitude, et mourat le 2 décembre 1554, près de Séville, dans la 65. année de son âge, envié par ses compatriotes et abandonné par son souverain. On a, sur les conquêtes de Cortez, trois lettres (1) écrites par lui-même à Charles-Quint, et traduites par M. de Flavigny (1778, in-12). Une quatrième lettre, datée du 16 juillet 1519, qui doit avoir été la première, n'a jamais été traduite en français, M. de Flavigny n'ayant pu s'en procurer une copie. La noble simplicité qui caractérise les récits de Cortez en atteste la vérité. L'historien Antonio de Solis a décrit avec une pompeuse élégance, et Bernard Diaz del Castillo avec plus de vérité, les conquêtes de Cortez (V. CASTILLO, CITRY DE LA GUETTE et SoLIS). On peut voir encore la préface qui est à la tête de Fernand Cortez, tragédie de Piron.(Voy. aussi les articles VELASQUEZ, NARVAEZ, MONTEZUMA, GUATIMOZIN, FONSECA, MARINA, don Pedro ALVARADO). B-P. CORTI (MATHIEU), en latin Curtius, medecin, né à Pavie en 1475, obtint en 1497, à l'université de cette ville, une chaire qu'il occupa pendant dix-huit ans. Il ne la quitta que pour aller remplir celle qu'on lui offrit à Pise en 1515. Il y professa neuf années, et se rendit en 1524, avec le même titre, à l'université de Padoue. La réputation qu'il s'était acquise

(1) La meilleure édition est celle qu'a donnée

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détermina le pape Clément VII à le choisir pour son archiâtre. Corti accompagna ce pontife à Marseille, lorsqu'il y conduisit sa nièce (Cathe rine de Medicis), pour épouser le dauphin de France. Après la mort du pape, Corti fut nommé professeur de médecine théorique et de poésie à Bologne. En 1541, il devint médecin du grand-duc de Toscane, Cosme l*, qui lui donna une chaire à Pise, eu 1545, pour augmenter l'éclat de cette université. C'est là que Corti mourut l'année suivante, laissant divers petits ouvrages, dont quelques-uns sont encore consultés: 1. Quæstio de phlebotomia in pleuresi, ex Hippocratis et Galeni sententia, contrà communem medendi modum, etc., Venise, 1534, in-8°. Corti se perd en raisonnements vagues et ridicules, pour démontrer qu'il faut saigner du côté malade. Il a traité de nouveau ce sujet, mais d'une manière beaucoup plus étendue, sous ce titre : De venæ sectione cùm in aliis affectibus, tùm vel maximè in pleuritide, liber, Lyon, 1558, in-8°., opuscule souvent réimprimé. II. De curandis febribus ars medica, Venise, 1561, in-8°. Ce mince écrit avait déjà été publié en 1521, avec d'autres sur la même matière, de Guido Guidi et de Louis Mercati. III. Dosandi methodus, Padoue, 1536, in-8°. Ou a joint à cet opuscule ceux de Barthélemi Montagnana, de Benoît Vittori et de Guillaume Rondelet. IV. De prandii ac cœnæ modo libellus, Rome, 1562, in-4". Corti a publié, a en outre, des Commentaires sur l'Anatomie de Mondini, et des Préceptes sur l'Art de consulter. C.

don Fr. Ant. Lorenzana, archevêque de Mexico, sous ce titre : Historia de Nueva-Espanna escrita por su esclarecido conquistator Hernan Cortes, aumentada con otros documientos y Motas, Mexico, 1770, in-4′′.

CORTI (VALÈRE), peintre, né à Venise en 1550, était originaire d'une famille noble de Pavie. Titien, qui reconnut en lui d'heureuses disposi

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tions, lui prodigua les soins les plus tendres, et lui dévoila tous les secrets de son art. Corti répondit aux Heçous de ce grand maître par des progrès rapides, et devint en peu de emps un bon peintre de portraits. Ceux qu'il fit à Venise étendirent sa éputation jusqu'à Gènes, où il fut appelé pour peindre plusieurs personnes. Ses portraits historiques sont encore estimés; mais il doit sa plus grande illustration à Marc-Antoine, son fils, qui fut un excellent dessinateur, et à César Corti, son autre fils, qui fut très célèbre en Toscane, en France et en Angleterre. Comme ingénieur militaire, comme peintre et comme savant, il s'acquit aussi une aute considération à 'Gènes. Valère Corti mourut à Gènes vers 1 580.A-s. CORTICELLI (P. D. SALVATOR), naquit à Bologne en 169o. Il fit ses premières études à Rome, au college des jésuites, et retourna les achever dans sa patrie. Il s'appliqua particulièrement à écrire élégaminent et purement. La réputation qu'il s'acquit bientôt dans ce genre le fit nommer professeur de belles lettres à l'université de Padoue; mais il refusa cet emloi, et entra, en 1718, dans la conregation de St-Paul, dite des Barabites, ayant à peine vingt-huit ans. En s'adonnant aux exercices de piété, ne négligea point l'étude des lettres. Trappé de l'imperfection des ouvrages estinés à l'enseignement de la langue scane, il composa sa célèbre gramaire pour l'usage du séminaire de ologne: c'est la meilleure qui existe ans sa langue; le suffrage unanime 'Italie instruite, et des éditions ultipliées en ont confirmé le succès. eux ans après, en 1747, l'acamie de la Crusca reçut de son proe mouvement Corticelli au nome de ses membres. Ce fut à la

demande de ses confrères qu'il écrivit et publia ses Cento Discorsi sopra la toscana eloquenza, dans lesquels il appuie les règles de la rhétorique par des exemples tires de Boccace et des autres premiers écrivains. Ces travaux et plusieurs autres, entrepris pour l'instruction de la jeunesse, ne le détournèrent jamais de remplir tous les devoirs de son état. Pendant plus de vingt ans, il fut pénitencier de l'église métropolitaine de Bologne. Enfin, après avoir langui pendant l'espace de deux ans, il mourut le 5 janvier 1758, emportant aver lui l'estime de ses concitoyens et les regrets des gens de lettres. Ses principaux ouvrages sout: 1. Regole, ed osservazioni della lingua toscana, ridotte a metodo per uso del seminario di Bologna, Bologne, 1745; II. il Decamerone di messer Giovanni Boccacio, da tutte le cose al buon costume nocive con somma diligenza purgato, alla sua vera lezione ridotto, et con varie note dilucidato, etc., Bologne, 1751; III. Della toscana eloquenza discorsi cento, etc., Bologne, 1752. Il avait commencé un grand ouvrage théologique intitulé: Della cristiana perfezione nell' idea, e nella pratica; la longue maladie dont il mourut ne lui permit pas de l'achever. R. G. CORTIUS (THEOPHILE). Voyez KORTTE.

CORTONE (PIETRE DE ), peintre toscan, dont le nom de famille était Berrettini, naquit à Cortone en 1609. Son enfance fut loin de promettre les rares talents qui devaient un jour Pillustrer; Piètre montrait une telle maladresse que ses compagnons d'étude le nommaient téte d'ane. Il était venu de bonne heure à Rome étudier sous un peintre florentin, et quoi, que l'antique, Raphaël et le Caravage

fussent les modèles constants qu'il s'était proposé d'imiter, il ne sut point devenir un dessinateur savant; mais il sut au moins réussir à charmer les yeux. Jeune encore, il étonna par l'Enlèvement des Sabines; une Bataille d'Alexandre qu'il peignit peu de temps après, le fit connaître du pape Urbain VIII, qui le choisit pour peindre une chapelle dans l'église de Ste.-Bibienne. Le succès de cet ouvrage lui procura le plafond du grand salon du palais Barberini. C'est peutêtre la plus grande machine qui ait été entreprise par aucun peintre. La richesse de la composition, la belle entente du clair obscur, et l'union des couleurs, en font le morceau le plus parfait qu'on puisse voir en ce genre. Cortone, après avoir mis la dernière main à cette immense composition, voyagea dans la Lombardie, dans l'état de Venise, et revint à Florence où il peignit les plafonds du palais Pitti mais, poursuivi par les calomnies des artistes jaloux, il quitta cette ville, laissant même quelques ouvrages imparfaits. Il continua d'être chargé à Rome de grandes machines, et y fit quelques tableaux de chevalet, quand la goutte, dont il était tourmenté, ne lui permettait pas de monter sur les échafauds. Ces sortes de tableaux sont rares, parce qu'il n'en a jamais fait que lorsqu'il était retenu par son infirmité. Le Cortone était d'un naturel doux et d'une société agreable. Il mourut en 1669; plusieurs édifices ont été bâtis à Rome sur ses dessins. On y reconnaît ce goût capricieux que le Borromini a porté jusqu'à l'extravagance. Cochin, qui est très favorable à ce peintre, lui accorde le mérite d'avoir excellé dans le mouvement, la composition et l'enchaînement des groupes. Il admire en lui la grâce et la souplesse de

la composition; mais il condamne l'a fectation de ces draperies volantes qu'on ne doit jamais se permettre, à moins qu'elles ne soient autorisées par la vivacité des mouvements. Il convient que ses têtes de femmes sont trop semblables entre elles, et semblent toutes appartenir à une même famille. Mengs pensait à peu près de même sur Piètre de Cortone. Il l blâme de s'être moins appliqué à trouver et à bien exprimer ce que le sujet rend nécessaire, que ce qui peut être agréable à la vue, et d'avoir seulement songé à charger ses tableaux d'un grand nombre de figures bie: groupées. Cochin accuse Caylus et les amateurs rigoristes d'avoir cherche à établir l'opinion que Piètre de Cortene a perdu la peinture; mais Mengs, qu'on ne peut refuser de reconnai tre pour un artiste très distingue. dit que le Cortone a renversé toute les idées de l'art en Italie, en né gligeant l'étude des grands principes fondes sur la raison, et en se bor nant à composer pour séduire les yeux des spectateurs. On avouera d'ail leurs que ce peintre avait une ma nière large et facile. Dans tous les sujets qu'il a traités, le Cortone i toujours employé la même manière; il n'a jamais donné aux différents pe ples, aux différents personnages, k caractère qui leur est propre. Quaique ses tableaux de chevalet et ceux de moyenne grandeur soient, avec raison, bien moins estimés que ses pla fonds, il en a fait cependant de tres beaux, et qui, sans avoir aucune par tie de la peinture à un dégré supe rieur, ont un mérite très séduisant. L tableau de la Nativité de la Vierge. conservé au musée Napoléon, est, dans ce genre, une de ses plus piquantes productions. Mais la célébrité de Pie tre de Cortone vient particulièremen

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