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conduite, qu'il lui offrit une pension considérable, et la permission de vendre tous ses biens, pour aller s'établir hors du royaume; mais Court ne voulant pas abandonner son troupeau, refusa ses offres. Peu de temps après, à la majorité de Louis XV, les lois contre les protestants ayant été de nouveau exécutées avec rigueur, Court fut obligé de s'expatrier, et il perdit une grande partie de son patrimoine. Il alla se fixer à Lausanne avec sa femme et son fils, qui venait de naî-, tre, et dont il soigna beaucoup l'éducation, malgré le peu de fortune qui lui restait. Il lui donna les meilleurs maîtres, et le mit de bonne heure en relation avec des gens instruits. Doué d'un caractère sensible et généreux, le jeune Court de Gebelin sacrifiait tout au désir d'obliger. Dépouillé des biens de sa mère, fugitive pour cause de religion, il se refusa aux démarches qui pouvaient les lui faire rendre, de peur d'affliger ses autres parents, qui en avaient alors la possession. Comme son père, il avait embrassé l'état ecclésiastique, mais il cessa de bonne heure d'en exercer les fonctions, pour se livrer sans distraction aux sciences et à la littérature. Il lui sembla que, jusqu'alors, or n'avait pas étudié les anciens sous le vrai point de vue qui convenait, et surtout, que les efforts que l'on avait faits pour les entendre, et juger de l'état de leurs connaissances, avaient été exécutés trop isolément, au lieu que, si l'on était parti de plus haut, ces efforts réunis auraient donné de meilleurs et de plus grands résultats. Il se livra donc avec beaucoup d'ardeur à l'étude de l'antiquité sur un nouveau plan. Cependant, il l'interrompit pour s'acquitter d'une dette qu'il regardait comme sacrée : c'était la publication de deux ouvrages, dont

son père, qui venait de mourir, avait préparé les matériaux, et qu'il rédigca suivant ses intentions: l'un est le Français patriote et impartial, Ville-Franche, 1753, 2 vol. in-12, ouvrage sur la tolérance religieuse; l'autre est l'Histoire des Cévennes ou de la guerre des Camisards, sous le règne de Louis-le-Grand, 1760, 3 vol. in- 12. Le père de Court de Gébelin avait rassemblé dans le pays même les matériaux de cet ouvrage, et il avait interrogé des témoins de tous les partis. Court de Gebelin vint en 1760 se fixer à Paris, où il se lia avec plusieurs savants. Il passait les journées entières dans les bibliothèques, à lire et à faire des extraits pour le grand ouvrage qu'il projetait. M. de la Sauvagère, antiquaire, habitant la Tou raine, lui ayant envoyé le dessin d'un sarcophage égyptien qui se trouvait au château d'Ussé, et lui ayant demandé son opinion sur ce monument, Gébelin lui répondit par une lettre qui a été imprimée avec la gravure du dessin, en lui disant que, quoiqu'il ne fût pas en état d'expliquer les caractères hieroglyphiques qui l'ornaient, il ne croyait pas qu'il fût impossible de les déchiffrer, et il lui indiqua la marche à suivre pour y parvenir. Cette lettre, qui n'intéressa qu'un petit nombre de savants, tomba peu après dans l'oubli. Ce fut à l'âge de quarante-huit ans, après avoir long-temps analysé les connaissances humaines, et discuté tous les objets qui devaient entrer dans la composition de son grand ouvrage, intitulé le Monde primitif, que Court de Gebelin se détermina à en publier le plan détaillé. Ce prospectus a pour titre: Plan général et raisonné des divers objets des décou vertes qui composent le Monde primitif, etc., Paris, 1772, in-4°. Jamais projet aussi vaste n'avait été tenté

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par un seul homme. Aussi d'Alembert demanda s'il y avait quarante hommes pour exécuter un tel plan, et les rédacteurs du Journal des savants douterent qu'une société des plus savants hommes de toutes les nations, qui sauraient toutes les langues, qui auraient sous les yeux tous les monuments, pût y réussir. Cet ouvrage parut successivement, de 1773 à 1784, à Paris, en 9 vol. in-4"., avec des planches, sous ce titre: Le monde primitif analyse et comparé avec le monde moderne. Le mécanisine de la parole, l'existence d'une langue primitive, l'origine, la filiation des Tangues, la recherche des étymologies, d'après l'idée fondamentale que la langue primitive ne fut pas arbitraire, qu'elle se composa d'un certain nombre de sons et d'intonations naturels qui se retrouvent dans les idiomes de tous les peuples, et qui ont chez tous le même sens, dans les divers mots qu'ils ont créés suivant leurs besoins; les principes de l'écriture hieroglyphique et de l'écriture alphabétique; l'explication, par le moyen de cette clef, de tous les mystères allégoriques de l'antiquité, et la chronologie qui lie les temps historiques aux temps fabuleux, tels sont les nombreux objets dont l'exposition et la discussion devaient composer cet immense ouvrage. On verra, par l'analyse qui termine cet article, comment l'auteur a réalisé ces espérances. Gebelin, à peu près dans le même temps, rédigea, en société avec Franklin, M. Robinet et autres, en faveur de l'indépendance des Américains, une sorte d'écrit périodique, intitulé: Affaires de l'Angleterre et de l'Amérique, Paris, 1776 et années suivantes, 15 vol. in-8°. Le bruit que fit l'annonce du Monde primitif tira Gé belin de sa solitude. L'académie fran

çaise lui décerna deux fois le prix annuel, fondé par M. de Valbelle, pour récompenser l'auteur de l'ouvrage le plus utile. Il fut nommé à la place de ce nseur royal, dont sa qualité de protestant semblait alors devoir l'exclure. Il était lié avec les économistes, et particulièrement avec Quesnay, qui l'appelait son disciple bien aimé. A cette époque, des gens de lettres fondèrent un établissement auquel ils donnèrent le titre de Musée. Court de Gebelin en fut nommé président. Peu fait pour figurer dans le monde, moins encore pour prévenir, pour concilier les dissentions que fait souvent naître dans de parcilles sociétés l'amour-propre des gens de lettres, Gébelin éprouva des désagréments dans sa présidence. Des chagrins domestiques vinrent augmenter ses peincs, et toutes ces causes altérèrent sa santé. Naturellemencrédule, il crut trouver dans le mat gnétisme un rémède à ses maux. Un soulagement passager fortifia cette idée. Dans l'espace d'un mois, il fut ou crut être parfaitement rétabli. Alors il reprit ses travaux, interrompus depuis un an; mais, au lieu de donner à ses souscripteurs le 10°. volume du Monde primitif, il crut devoir leur adresser d'abord un écrit apologétique intitulé: Lettre sur le magnétisme animal, Paris, 1784, in-4°. Cependant ce retour à la santé, qui avait si bien séduit Gebelin, ne dura pas longtemps. Il termina sa laborieuse carrière le 10 mai 1784, et fut inhumé dans les jardins de Franconville. Le comte d'Albon, et Rabaud-St.Etienne qui avait été son élève, payèrent à sa mémoire un tribut d'éloges (V. D'ALBON). M. Quesnay, de St.-Germain, petit-fils du patriarche des économistes, prononça son éloge historique dans le sein du musée; il le fit imprimer ensuite et l'orna du

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portrait de Court de Gébelin, Paris, Passant de là à l'écriture, il pense 1784, in-4°. C'est en analysant suc- qu'elle a d'abord été hieroglyphique, cessivement les neuf premiers volu- mais qu'ensuite les peuples commer mes du Monde primitif, que l'on peut çants en ont tiré l'alphabet, en sorte se faire une idée de la diversité des que chacune des lettres qui le compo connaissances et de l'immensité des sent représente un objet pris dans la recherches de l'auteur. nature. 1er. volu- 4. volume. Histoire du me, connu sous le nom d'Allego- calendrier. Il la partage en trois parries orientales. Gébelin y donne une tics civile, religieuse et allégorique, idée de la manière dont il veut trai- suivant la méthode employée dans le ́ter la mythologie, qu'il regarde com- premier volume. -5°. volume. Dicme une allégorie suivie. Prenant pour tionnaire étymologique de la langue texte un fragment de Sanchoniaton, française, précédé d'un discours préconservé par Eusèbe, il cherche à liminaire contenant un précis de l'hisprouver que Saturne, qui dévore scs toire de cette langue. -6°. et 7°. voenfants, représente l'inventeur de l'a- lumes. Dictionnaire étymologique griculture; Mercure avec son caducée, de la langue latine. Cette partie de celui de l'astronomie et du calendrier; l'ouvrage de Gébelin est une de celles Hercule, les travaux des champs, où les écarts de son imagination se répartis suivant les douze signes du montrent le plus à découvert. Ricn zodiaque, emblêmes des douze tra- de plus arbitraire, et quelquefois de vaux de ce héros. Pour ramener l'an- plus ridicule que les étymologies tiquité à son systême, Gebelin n'a qu'il propose, défaut nécessaire de pas toujours interprété fidèlement tout rechercheur de la langue primiSanchoniaton, dont il altère même tive. Sentant lui-même combien des quelquefois le texte. Ce systême, au discussions, souvent prolixes, desurplus, se rapproche de celui de vaient fatiguer ses lecteurs, GebeBlackwell, mais il est moins ingé- lin fit un abrégé des second et troi2o. volume. Grammaire sième volumes, sous le titre suiuniverslle. Suivant Gébelin, la parole vant: Histoire naturelle de la pa est née avec l'homme; elle lui a été role, ou Précis de l'origine du landonnée par la nature: ainsi les règles gage et de la grammaire univerqui en dirigent l'usage ne sont point ar- selle, Paris, 1776, in-8°., et enbitraires; ce ne sont que des modifica suite un autre abrégé des volumes tions de principes immuables. De cette VI et VII, intitulé: Dictionnaire grammaire générale ou universelle, étymologique et raisonné des radevaient découler les grammaires com- cines latines, à l'usage des jeunes paratives des différentes langues, et il gens, Paris, in-8°. - 8. volume. Le prend pour exemples les grammaires monde primitif considéré dans divers chinoise et latine.-3. volume. His objets concernant l'histoire, le blason, les monnoies, les jeux, les voyages des Pheniciens autour du monde, les langues américaines, ou Dissertations mélées. C'est une espèce de Miscellanea composé de huit pièces, dans lequel Gebelin présente réuni le fruit de ses recherches

nieux.

toire naturelle de la parole, ou origine du langagé et de l'écriture. Tout mot a eu sa raison prise dans la nature. C'est sur cette base que Gébelin fonde l'art étymologique. Suivant lui, les voyelles représentent les sensations, et les consonnes les idées.

8°., et un Examen des systémes de J.-J. Rousseau et de M. Court de Gébelin, ibidem, 1786, in-8°. L'abbé Legros, auteur de ces deux ouvrages, cherche à y prouver, par une logique serrée et pressante, que ces sytêmes mènent à l'incrédulité et à l'athéisme.

Z.

COURTALON DELAISTRE (JEANCHARLES), curé de Ste.- Savine de Troyes, et associé libre de l'acadé mie des sciences, arts et belles-lettres de Châlons-sur-Marne, né à Dienville, diocèse de Troyes, en 1735, mort le 29 octobre 1786, fut un de ces hommes laborieux qui, en remplissant avec zèle et exactitude les devoirs de leur état, consacrent entièrement les moments qui leur restent à la littérature et à des recherches pénibles sur l'histoire de leur patrie. Les ouvrages de Courtalon sont presque tous de ce genre: I. Recherches sur la tactique des Gaulois, insérées dans le Journal de Verdun, mai et septembre, 1770; II. Histoire de la vie et du culte de Ste. Savine,Troyes, 1774, in-12 de 24 pages; III. Eloge de Pierre Mignard, 1781, in-12; IV. la Vie du pape Urbain V, suivie de celles de Pierre de Celles, de Comestor et de Salomon Jarki, Troyes, 1782, in-12; V, la Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes, ibid., 1783-86, 3 vol. in8°., ouvrage encore utile après les écrits de Grosley; VI. il publia, de concert avec M. Simon de Troyes,

et souvent de ses rêveries. Un des morceaux les plus saillants est l'histoire de Nabuchodonosor. Dans le 5o., il veut prouver que le jeu des tarots nous est venu des Égyptiens, dont il représente le calendrier. Dans le 7., il réunit plusieurs critiques que l'on avait faites de son ouvrage, entre antres, la Lettre de frère Paul, hermite (par Gudin de la Brunellerie ), qui parut dans le Mercure de janvier 1780. Il y insère aussi les réponses que ses amis firent paraître, soit dans le Mercure, soit dans le Journal des savants. Ce volume est terminé par l'analyse d'un ouvrage publié en Italie, intitulé: les Devoirs. C'est un résumé de la doctrine des économistes. Toutes ces différentes parties sont rattachées à son plan général par un discours préliminaire, dans lequel, après avoir fait une réca pitulation rapide de tout ce qu'il a déjà exécuté, il indique ce qui lui reste à faire, et l'on voit qu'il n'était encore parvenu qu'au tiers de son entreprise, et que trente volumes ne suffiraient pas pour l'achever dans les proportions du plan.-9. volume. Diction naire étymologique de la langue grecque. Les mots y sont expliqués en français, au lieu que jusque-là, dans tous les autres dictionnaires, ils l'étaient toujours en latin. L'ouvrage de Gebelin, très peu lu aujourd'hui, ne conserve plus guère de partisans que parmi les amateurs de systêmes et de rêveries, preuve qu'une longue étude et un travail opiniâtre ne suffi-l'Almanach de cette ville, depuis sent pas toujours pour réussir dans la carrière de l'érudition, et qu'une fois embarqué dans le vague des conjectures, on parvient rarement à la connaissance de la vérité. On a publié une Analyse des ouvrages de J.-J. Rousseau et de Court de Gébelin, par un solitaire, Genève, 1785, in

1776 jusqu'à sa mort : c'est une continuation des Ephémérides de Grosley; VII. des Poésies, dont quelquesunes ont été insérées dans l'Esprit des journaux. On lui attribue aussi un Discours sur les beaux-arts, imprimé en 1778, in-12; Építre en vers à l'auteur de l'Anti-Uranie,

ce concile, au rapport d'Enéas Sylvius qui s'y trouva avec lui, et qui le peint comme aussi aimable par sa modestie qu'admirable par son savoir (De Basil. concil., liv. 1er. ). Mézerai lui rend un témoignage non moins flatteur. En 1441, il parut avec le même éclat au concile de Mayence, comme orateur de l'université, et se montra partout zélé défenseur des libertés de l'Église gallicane. Charles VII l'employa avec succès dans plusieurs négociations importantes. Ce fut lui qui prononça l'Oraison funèbre de ce prince à St.-Denis en 1461. Il avait été en même temps chanoine d'Amiens et curé de St.-André-desArcs.

N-L.

COURCELLES (PIERRE DE), né à Candes, en Tourraine, était savant dans les langues anciennes, et surtout dans l'hébreu. On a de lui une Rhétorique française, Paris, 1557, petit in-4°. de 86 pages, en onze chapitres. On sent, en lisant cet ouvrage, que notre langue commençait à se perfectionner. L'auteur y cite beaucoup Marot et Ronsard; mais on s'aperçoit qu'il avait quelque lecture des anciens, et que, sur certains points, et spécialement sur le genre judiciaire, il les avait approfondis plus que la plupart de ses contemporains. On a encore de lui une traduction en vers français du Cantique des Cantiques et des Prophéties de Jérémie, Paris, 1560, 1564,in-16. Lacroix du Maine parle d'un poëme du même auteur, intitulé la Calomachie, dans lequel se voyait un combat entre les quatre gouverneurs du monde; ce poëme n'a point paru. N-L et W-s. COURCELLES (ÉTIENNE DE), né à Genève en 1586, y prit les leçons de Théodore de Bèze, et fut d'abord pasteur à Fontainebleau, où il eut pour auditeurs une partie des

courtisans de Louis XIII. Établi ensuite à Amiens, dont sa famille était originaire, il fut déposé pour aver refusé de signer les actes du synode de Dordrecht, et se retira en Hollande, où il ne trouva pas plus de tolérance. Cependant, il ne tarda pas à se distinguer parmi les protestants arminiens, et professa la théologie dans leurs écoles d'Amsterdam. Ily succéda au famenx Simon Episcopius qui l'avait accueilli, suivit ses sentiments qu'il reproduisit dans ses écrits, mais avec plus de précision et de clarté, et fit imprimer ses œuvres, avec une vie à la tête. Ses productions théologiques furent publiées en 1675, in-fol., Amsterdam, Daniel Elzévir. Comme il avait une connaissance approfondie de la langue grec que, il s'appliqua à la critique des exemplaires grecs du Nouveau-Testament, et en donna une nouvelle édition, avec diverses leçons tirées de différents manuscrits, et précédée d'une préface très sensée, où il discute ces variantes, en remarquant qu'il n'y en a aucune qui puisse nuire à l foi. Il revit aussi et corrigea la version grecque de la Janua linguarum de Coménius, et y ajouta uz version française, Amsterdam, Ebe vir, 1665, in-12. Il mourut dans cette ville en 1658, ou, selón Zeltner, a 1669, fort estimé de ceux de sa secte. On a encore de lui plusieurs autres vrages latins, dont les plus remarqua bles sont une traduction de la Philostphie de Descartes, une Introduction! à la chronologie, un Eloge de l'astronomie et de la géographie, un écrit posthume intitulé: Institutio religionis christianæ in-4°., 2 vol Leyde, 1678. On lui doit aussi publication de la Dissertation Blondel contre l'Histoire de la p¤pesse Jeanne, Amsterdam, 163

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