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SUR

PASCAL

DE

LA PHILOSOPHIE DE PASCAL

ET DE PORT-ROYAL.

PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

Nous publions de nouveau, sans y rien changer, le Rapport sur la nécessité d'une nouvelle édition des Pensées de Pascal, que nous avons lu cette année à l'Académie française, et qui a paru successivement dans le Journal des Savants, avril-novembre, 1842.

Bossut, dans l'édition de 1779, avertit bien que le chapitre sur Montaigne et Epictèle et celui sur la condition des grands sont tirés, l'un d'un entretien entre Pascal et Sacy, rapporté par Fontaine dans ses Mémoires, l'autre de discours adressés par Pascal au jeune duc de Roannez et publiés assez tard par Nicole. Mais ces deux morceaux exceptés, il n'y a pas un éditeur, il n'y a pas un critique qui se soit avisé de soupçonner que le texte reçu des Pensées ne fût pas le texte authentique de Pascal; tandis qu'aujourd'hui, après notre travail, il reste péremptoirement démon

tré, que, comparé au manuscrit autographe conservé à la bibliothèque du Roi, ce texte, jusqu'ici en possession d'une admiration religieuse, n'est rien moins qu'une infidélité continuelle. En effet, toutes les infidélités qu'il est possible de concevoir s'y rencontrent, omissions, suppositions, altérations.

Les omissions les plus fortes viennent de Port-Royal dans la première édition de 1670, et elles ont leur source dans deux motifs très-légitimes. 1° Comme nous l'avons dit bien des fois', le loyal respect de la paix récemment imposée aux jésuites et aux jansénistes par le pape et par le roi, faisaient à MM. de Port-Royal, éditeurs des Pensées de Pascal, non-seulement une nécessité, mais un devoir de ne rien laisser paraître qui rappelât les querelles anciennes de là, la suppression forcée de tous les passages contre les jésuites. 20 MM. de Port-Royal, voulant faire avant tout de l'ouvrage de leur illustre ami un livre édifiant, en retranchèrent naturellement les pensées qui devaient leur sembler à eux-mêmes fausses ou équivoques, et d'un effet médiocrement salutaire sur les esprits et sur les âmes.

Mais les omissions ne sont pas le genre le plus grave d'altération que puisse éprouver un ouvrage posthume. Un temps vient où de nouveaux éditeurs rétablissent les passages omis. Ainsi Bossut a donné les tirades contre les jésuites que MM. de Port-Royal avaient dû supprimer, et nous-même nous publions pour la première fois, avec plusieurs passages contre les jésuites que Bossut avait négligés, des pensées nouvelles sur la religion et sur la philosophie, qui achèvent de mettre en lumière le dessein de

1. Rapport, etc.

DES

PENSÉES DE PASCAL

PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

Nous publions de nouveau, sans y rien changer, le Rapport sur la nécessité d'une nouvelle édition des Pensées de Pascal, que nous avons lu cette année à l'Académie française, et qui a paru successivement dans le Journal des Savants, avril-novembre, 1842.

Bossut, dans l'édition de 1779, avertit bien que le chapitre sur Montaigne et Epictèle et celui sur la condition des grands sont tirés, l'un d'un entretien entre Pascal et Sacy, rapporté par Fontaine dans ses Mémoires, l'autre de discours adressés par Pascal au jeune duc de Roannez et publiés assez tard par Nicole. Mais ces deux morceaux exceptés, il n'y a pas un éditeur, il n'y a pas un critique qui se soit avisé de soupçonner que le texte reçu des Pensées ne fût pas le texte authentique de Pascal; tandis qu'aujourd'hui, après notre travail, il reste péremptoirement démon

tré, que, comparé au manuscrit autographe conservé à la bibliothèque du Roi, ce texte, jusqu'ici en possession d'une admiration religieuse, n'est rien moins qu'une infidélité continuelle. En effet, toutes les infidélités qu'il est possible de concevoir s'y rencontrent, omissions, suppositions, alté

rations.

Les omissions les plus fortes viennent de Port - Royal dans la première édition de 1670, et elles ont leur source dans deux motifs très - légitimes. 1° Comme nous l'avons dit bien des fois, le loyal respect de la paix récemment imposée aux jésuites et aux jansenistes par le pape et par le roi, faisaient à MM. de Port-Royal, éditeurs des Pensées de Pascal, non-seulement une nécessité, mais un devoir de ne rien laisser paraitre qui rappelât les querelles anciennes de là, la suppression forcée de tous les passages contre les jésuites. 2° MM. de Port-Royal, voulant faire avant tout de l'ouvrage de leur illustre ami un livre édifiant, en retranchèrent naturellement les pensées qui devaient leur sembler à eux-mêmes fausses ou équivoques, et d'un effet médiocrement salutaire sur les esprits et sur les âmes.

Mais les omissions ne sont pas le genre le plus grave d'altération que puisse éprouver un ouvrage posthume. Un temps vient où de nouveaux éditeurs rétablissent les passages omis. Ainsi Bossut a donné les tirades contre les jésuites que MM. de Port-Royal avaient dù supprimer, et nous-même nous publions pour la première fois, avec plusieurs passages contre les jésuites que Bossut avait négligés, des pensées nouvelles sur la religion et sur la philosophie, qui achèvent de mettre en lumière le dessein de

1. Rapport, etc.

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