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Quelque foible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d'y voter suffit pour m'imposer le devoir de m'en instruire.

J. J. Rousseau, Contrat social.

Messieurs les Souscripteurs dont l'abonnement finit au douzieme Volume sont priés de le renouveller, pour ne point occasionner de retard dans l'expédition.

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Lebro Nigh. 4-3-81 21625

BIBLIOTHEQUE

DE

L'HOMME PUBLIC.

Continuation des Principes et Maximes politiques de M. de Mirabeau.

Vous a

ous avez chargé votre comité diplomatique de vous présenter son avis sur la réponse que demande l'Espagne : le desir et le besoin de la paix, l'espérance presque certaine qu'elle ne sera pas troublée, les principes de notre constitution nouvelle, nous ont seuls guidés dans l'examen de cette importante question. Pour la résoudre avec succès, nous avons dû considérer l'état de la politique actuelle et nos rapports avec les différentes puissances de l'Europe; nous avons dû distinguer le systême qu'avoit embrassé jusqu'ici le gouvernement françois de la théorie qui convient à un nouvel

ordre de choses. Il ne suffisoit pas de con

noître nos devoirs et nos intérêts; il falloit les, concilier avec la prudence; il falloit découvrir les moyens les plus convenables d'éviter sans foiblesse le fléau de la guerre; il falloit, sur-tout, l'écarter du berceau de cette constitution, autour duquel, avant que de déterminer les secours que nous devons à des alliés, toute la force publique de l'état, ou plutôt tous les citoyens de l'empire doivent former une barriere impénétrable.

Si nous n'avions à considérer que l'objet de la contestation qui s'est élevée entre les cours de Londres et de Madrid, nous ne devrions pas même supposer que la paix pût être troublée. Le territoire que se disputent ces deux puissances n'appartient ni à l'une ni à l'autre ; il est incontestablement aux peuples indépendans que la nature y a fait naître. Cette ligne de démarcation vaut bien celle que le pape s'est permis de tracer; et ces peuples, s'ils sont opprimés, sont aussi nos alliés ; nous ne ferons donc pas cette injure à deux nations éclairées, de penser qu'elles veuillent prodiguer leurs trésors et leur sang pour une acquisition aussi éloignée, pour des richesses aussi incertaines ces

vérités simples, notre impartialité ne cessera de les rappeller, s'il en est besoin; mais ce premier point de vue ne décide pas la question.

Si, d'un autre côté, nous devions uniquement nous déterminer par la nécessité que les circonstances nous imposent, nonseulement d'éloigner la guerre, mais d'en éviter les formidables apprêts, pourrionsnous vous dissimuler l'état de nos finances non encore régénérées, et celui de notre armée et de notre marine non encore organisées ? pourrions - nous vous cacher que dans les innombrables malheurs d'une guerre, même injuste, le plus grand pour nous seroit de détourner de la constitution les regards des citoyens, de les distraire, du seul objet qui doive concentrer leurs veux et leurs espérances; de diviser le cours de cette opinion publique dont toutes les forces suffisent à peine pour détruire les obstacles qui nous restent à surmonter? Mais les malheurs de la guerre, mais les inconvéniens tirés de notre position actuelle, ne suffisent pas encore pour décider la question des alliances. Enfin, si nous devions nous conduire aujourd'hui d'après

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ce que nous serons un jour; si, franchis

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sant l'intervalle qui sépare l'Europe de la destinée qui l'attend, nous pouvions don

ner dès ce moment le signal de cette bienveillance universelle qui prépare la reconnoissance des droits des nations, nous n'aurions pas même à délibérer ni sur les alliances ni sur la guerre. L'Europe aura-telle besoin de politique, lorsqu'il n'y aura plus ni despotes ni esclaves? la France aurat-elle besoin d'alliés, lorsqu'elle n'aura plus d'ennemis? Il n'est pas loin de nous, peutêtre, ce moment où la liberté, régnant sans rivale sur les deux mondes, réalisera le vou de la philosophie, absoudra l'espece humaine du crime de la guerre, et proclamera la paix universelle alors le bonheur des peuples sera le seul but des législateurs, la seule force des loix, la seule gloire des nations; alors les passions particulieres transformées en vertus publiques, ne déchireront plus par des querelles sanglantes les noeuds de la fraternité qui doivent unir tous les gouvernemens et tous les hommes; alors se consommera le

pacte de la fédération du genre humain: mais, avouons-le à regret, ces considérations, toutes puissantes qu'elles sont, ne peuvent pas seules dans ce moment déterminer notre conduite.

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