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sur le Nil, afin de faire jouir les abeilles de la richesse des plantes des rivages éloignés, quand il n'y en avoit point dans le lieu de leur domicile. Voyages charmans, où l'on n'alloit chercher qu'un air pur et des fleurs, et conquêtes utiles, innocentes, qui ne laissoient jamais des traces de violence et de dévastation!....

On dit que ces voyages par eau sont aussi d'usage à la Chine. Des personnes industrieuses ont trouvé que, compensation faite de la dépense et du produit, on pouvoit aussi les faire voyager par terre, lorsque cela étoit impossible par eau. Aujourd'hui on emploie cette méthode dans le pays de Juliers; et même en France, dans le Gâtinois, on a vu un économe intelligent, faire transporter ses ruches en charrette, après la récolte du sainfoin, dans les plaines de la Beauce, où le mélilot abonde, puis en Sologne, où la campagne est couverte de sarrazin fleuri jusque vers la fin de septembre. Beaucoup d'habitans de ce pays ont imité cet usage.

On retire d'un bon panier, dans le Gâtinois, soixante à soixante-dix livres de miel, et deux livres un quart et demi de cire. Dans les pays moins riches en fleurs, le profit est moins considérable. Aux environs de Paris, par exemple, un bon essaim de deux ans peut donner deux livres et demie de cire, et depuis vingt jusqu'à

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trente livres de miel et plus. Si l'on joint à ce produit celui de l'essaim on conclura qu'un grand nombre de ruches qui ne coûtent presque rien dans le cours de l'année, peuvent être, à la campagne, d'un grand profit.

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Dans les pays où l'on craint pour une autre saison une disette de fleurs, il s'agit, pour avoir des provisions suffisantes, d'augmenter le travail des mouches; et une excellente méthode alors, est de leur mettre des hausses, c'est-à-dire, des espaces vides au-dessous de la ruche, de la même forme et de la même matière. Les mouches remplissent de cire et de miel cet espace; car ces insectes travaillent toujours à raison de l'espace vide qu'ils trouvent, pourvu qu'il ne leur paroisse pas trop spacieux. On s'empare ensuite de ces hausses et on partagé les travaux des abeilles sans les faire périr. Ceux qui, pour recueillir le miel et la cire, font périr les mouches par la vapeur du soufre, entendent peu leurs intérêts. La méthode de renverser les ruches et d'enfumer les mouches pour les étourdir, est moins mauvaise, mais a beaucoup d'inconveniens! il périt dans cette opération un grand nombre de mouches; on noircit les gâteaux, on détruit ceux de couvain, et quelquefois la ruche périt en entier. Le seul cas où l'on doive faire périr les mou

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ches, c'est lorsqu'on ne veut point multiplier le nombre des ruches.

Le miel, pris en substance, est pectoral, laxatif et détersif; il ne convient point aux tempér ramens secs et bilieux, parce qu'il fermente aisément. On fait avec le miel diverses sortes d'hydromel. Le marc des mouches, qui est ce qui reste lorsqu'on a exprimé la cire et le miel, et qui est composé de la soie que le ver a filée et de la dépouille des nymphes, est résolutif. Les maréchaux en font usage pour les foulures des nerfs des chevaux. Comme il reste toujours un peu de cire dans ce marc, on le vend encore à ceux qui préparent la toile cirée.

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Lorsqu'on a enlevé aux abeilles une partie de leurs gâteaux de miel, on les rompt, on les pose sur des claies d'osier, et on met dessous des vaisseaux bien propres : il découle un beau miel blanc qui se durcit; c'est ce qu'on appelle miel vierge ou miel de goutte. Comme tout le miel ne découle point de la sorte, on exprime les gâteaux sous la presse. Ce second miel n'est pas si beau , parce que, s'il se rencontre des vers ou des mouches dans le miel, la presse les écrase et les y mêle. On peut aussi faire couler ce dernier miel à l'aide d'une douce chaleur, et c'est la meilleure méthode. On peut ensuite laver les gâteaux avec de l'eau dont on fera l'hydromel. Le miel

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récolté dans le printemps est plus estimé que celui que l'on obtient en été, et celui d'été plus que celui d'automne, à cause des fleurs. On préfère aussi celui des jeunes essaims à celui des vieilles mouches. Il y a des paysans qui, pour faire paroître leur miel plus blanc, y délayent de la fleur de farine ou de l'amidon bien pulvérisé ; d'autres, avec les fleurs et feuilles de romarin, sur lesquelles ils le font couler, lui donnent l'odeur et le goût du miel de Narbonne.

Le miel blanc est meilleur que le miel jaune ; mais la couleur du miel le plus blanc s'altère lorsqu'il vieillit. Le miel fait de fleurs de bruyère est toujours très-jaune, et n'est point estimé. Celui de Pologne, recueilli sur le sarrazin, est dans le même cas. M. de Réaumur a eu du miel vert dans une de ses ruches, et ce miel fut trouvé d'un goût plus agréable que celui des miels ordinaires.

La cire est émolliente, adoucissante et résolutive. On appelle cire vierge la cire telle qu'on la retire des gâteaux. On parlera avec détail de son emploi et de ses préparations dans le chapitre suivant. La cire s'emploie peu en médecine, intérieurement, à cause de sa ténacité; mais elle est la base de presque tous les onguens. Les plus belles cires blanches de France viennent de Bretagne

et d'Anjou; on préfère la cire de Pologne à celle de Beauce ou du Gâtinois.

La propolis est très-résolutive, et propre à avancer la maturation des abcès; sa vapeur, reçue par le moyen d'un entonnoir pendant qu'on en jette quelques morceaux sur un réchaud de feu, adoucit la toux férine et invétérée. Ainsi cette matière, d'une agréable odeur, seroit, répandue en fumigation dans des chambres, le meilleur des parfums pour les personnes qui ont la poitrine délicate, surtout si l'on en faisoit un usage journalier.

Les ruches, par leurs formes et leurs dimensions, varient à l'infini. On en a construit de mille sortes différentes; il paroît que celles qui 'sont inventées par M. Palteau ont l'approbation générale. Il faut lire, dans le Traité des Abeilles, de M. de la Lauze, les descriptions très-bien faites de cette espèce de ruches, et de toutes les autres dont on fait usage suivant les pays.

Il y a d'autres espèces d'abeilles ; en voici la nomenclature:

Les abeilles-bourdons, qui ne sont jamais plus de cinquante à soixante réunies dans le même domicile. Tous les bourdons mâles, femelles, ouvrières, la mère même, travaillent également; ils forment une véritable république, dans laquelle règne une parfaite égalité. Leurs

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