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mune, sans parler de celles qui offrent des phénomènes si curieux et si inexplicables. Tout est prodige dans la nature, parce que tout est l'ouvrage d'une intelligence suprême, au-dessus de toutes les conceptions humaines. Avec cette seule lumière, le vrai sage, loin de voir des abîmes dans une ruche, n'y voit que la main puissante qui conduit ces travaux merveilleux, et il ne s'étonne pas de ne pouvoir les expliquer; sa raison même lui dit que les mystères les plus surprenans de la création ne lui seront jamais dévoilés dans cette vie. Quand vous regardez, mes enfans, le mécanisme de ma montre, vous n'êtes pas surpris de ne le point comprendre, vous ne vous extasiez point sur l'habileté de ces petites rques et de ces ressorts légers, qui produisent des mouvemens si extraordinaires, si bien réglés et si utiles; vous n'admirez en cela que l'artiste ingénieux dont la science a tout fait. Le sage considère ainsi une ruche, un nid d'oiseau une fourmillière, une république de castors; partout où il voit l'ordre, la divination, la science souveraine, il voit Dieu avec évidence; tous ces prodiges sont des manifestations divines. Contemplons les avec reconnoissance avec amour, notre admiration alors est un culte. Lorsqu'une ruche se trouve si remplie de mouches, que sa capacité ne suffit plus pour les

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loger à l'aise, il en sort une colonie qui va fonder ailleurs son établissement. L'émigration de cette colonie qu'on appelle jeton ou essaim, n'a lieu que lorsqu'elle a un chef, c'est-à-dire, une reine propre à perpétuer l'empire qu'elle va fonder. Une seule reine suffit pour conduire l'essaim. Lorsqu'une nouvelle mère a quitté sa dépouille de nymphe au bout de quatre à cinq jours, elle est fécondée et prête à pondre; elle est en état de se mettre à la tête d'une troupe disposée à la suivre partout. Lorsqu'on peut saisir la reineabeille, on est sûr de conduire les mouches d'une ruche où l'on veut.

Les essaims sortent naturellement en différens temps, mais c'est le plus ordinairement au commencement ou au milieu de mai jusqu'à la fin de juin. Les essaims qui viennent plus tard ne peuvent guère réussir, à moins que d'être mariés, c'est-à-dire, réunis à d'autres.

Plusieurs signes annoncent la sortie d'un essaim, lorsque le soir on entend un bourdonnement très-considérable, lorsque les abeilles ouvrières ne vont point à la campagne en aussi grande quantité, etc.

Ce n'est guère que sur les dix heures du matin jusque vers les trois heures après midi, que les essaims sortent des ruches; quelquefois les mouches en sortant s'élèvent beaucoup, sur

tout s'il fait du vent, et elles vont si loin qu'on les perd de vue. Si on leur jette du sable ou de la poussière, elles s'arrêtent à l'instant; ce qui est plus sûr encore, c'est de leur jeter de l'eau qui fasse aspersion de pluie. Communément l'essaim se pose sur un arbre, quelquefois l'essaim qui a deux ou plusieurs reines, se divise et se place en deux pelotons séparés l'un de l'autre. Lorsque les mouches sont ainsi fixées, on les fait entrer dans une ruche frottée de miel ou d'herbes d'une odeur agréable: il faut que eelui qui recueille l'essaim ait soin de secouer les deux pelotons dans la ruche, c'est-à-dire, les branches sur lesquelles sont les troupes de mouches, sans quoi l'on risqueroit de voir sortir toutes les mouches de la ruche, pour retourner à la branche où la mère peut être restée; quelquefois elles retournent à l'ancienne ruche, si la jeune reine ne les a pas suivies.

Les abeilles du nouvel essaim ne se mettent à l'ouvrage que lorsqu'elles sont assurées d'avoir une mère féconde et unique. Toutes les mères surnuméraires de ce nouvel essaim sont massacrées, on n'y conserve la vie qu'à une seule, et c'est peut-être à celle qui est la plus prête à pondre.

Il est à observer que l'essaim est composé d'abeilles de tout âge, et qu'il reste aussi dans la

mère-ruche des abeilles de tout âge. Quelquefois l'essaim est composé de quarante mille mouches; le poids d'un pareil essaim est d'environ huit livres, car il faut cinq mille trois cent soixanteseize abeilles pour le poids d'une livre. Ces essaims si forts ne sont pas toujours les meilleurs; les mouches ne pouvant suffire à les tuer avant l'automne, ils affament la ruche.

Lorsqu'un essaim a été considérable, et qu'il a paru de bien bonne heure, il donne quelquefois un autre essaim dans la même année, mais le plus ordinairement un essaim n'en donne un autre qu'à la seconde année.

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Le

moyen

Mariage des essaims.

d'avoir des ruches toujours nombreuses, c'est, lorsqu'on recueille des essaims, d'en mêler deux ou trois ensemble si on les trouve trop foibles, ce qu'on appelle marier les essaims. Rien de plus facile que d'unir ainsi deux essaims; le mieux est de le faire dès l'instant de leur sortie de la mère-ruche. On fait cette opération différemment suivant la forme des ruches, on abouche ces ruches nouvelles, où sont entrés les essaims, et on les met l'une au-dessus de l'autre, et à l'aide de la fumée on fait passer les abeilles d'une ruche dans l'autre, le mieux est de faire l'opération le soir; les deux peuples, étourdis par

la fumée, ne songent point à se livrer bataille; dès le lendemain ils vivent en bonne intelligence, après que l'une des deux reines a été tuée.

Il faut, avec le plus grand soin, mettre les abeilles à l'abri du froid qui leur est mortel. On doit exposer le rucher au midi, et le garantir de la pluie et de la trop grande ardeur du soleil qui feroit fondre le miel et la cire.

Massacre des faux-bourdons.

Les abeilles laissent vivre six semaines, ou environ, les mâles on faux-bourdons, à compter de l'établissement de la colonie, afin qu'ils aient le temps de féconder la reine.

Lorsque la reine est en état d'assurer une nombreuse postérité, le signal de la proscription est donné; la mort s'étend également sur ceux qui respirent et sur les rejetons infortunés des proscrits; tous les vers mâles sont détruits : ces impitoyables amazones, armées de leurs dards, se mettent plusieurs contre un mâle, et tous sont immolés sans exception. Les abeilles traînent à chaque instant les corps des morts ou des mourans hors de la ruche. Dans ces tristes momens, tout le devant des ruches n'est qu'un théâtre de meurtre. :

Dans de certains cas, quand la ruche est trop peuplée, les abeilles tuent les bouches inu

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