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» que mes mains ont fourni à tout ce qui m'était néces» saire, et à tous ceux qui étaient avec moi. Je vous ai » montré qu'en toutes choses il faut soutenir ainsi les fai» bles en travaillant, et se souvenir de ces paroles que le » Seigneur Jésus a dites: qu'il y a plus de bonheur à don» ner qu'à recevoir. »

Le désir de posséder ne dépasse que trop souvent les bornes de la raison et de la morale. Il devient cupidité, passion insatiable qui ne laisse pas de repos aux insensés qu'elle obsède, et qui menace la propriété et la paix de ceux qui les entourent. Non-seulement elle veut jouir, mais elle veut briller, et elle veut commander.

La soif des richesses semble avoir fait de nos jours de bien grands progrès dans la plupart des classes de la société. Elle est contagieuse, et il faut en préserver la jeunesse. Le Cours de langue s'acquitte tout particulièrement de cette tâche, dans les exercices parallèles à la troisième partie de la syntaxe, au moyen des compositions qu'il fait faire à ses élèves.

LIVRE CINQUIÈME.

EMPLOI DU COURS DE LANGUE MATERNELLE,

Nous avons rédigé le Cours de langue pour les écoles et les familles qui voudront s'en servir. Son emploi ne peut pas y être absolument le même, ne serait-ce qu'à cause de la grande différence dans le nombre des élèves. Il y a pourtant des observations générales à faire et des règles générales à suivre pour le succès du travail, et c'est par elles que nous allons commencer.

CHAPITRE PREMIER.

OBSERVATIONS ET RÈGLES GÉNÉRALES.

Quel que soit l'usage que l'on veuille faire du Cours éducatif de langue maternelle, nous prions ceux qui s'en serviront de se bien pénétrer de l'esprit qui l'a dicté à son auteur. 11 se trouve consigné dans cette épigraphe : Les mots pour les pensées, les pensées pour le cœur et la vie. La langue n'est donc ici qu'un moyen, comme chez la mère qui apprend à parler à son enfant, et il faut bien se garder de le transformer en but. Cela arriverait, si, fixant de préférence son attention et ses soins sur l'expression, l'instituteur ou l'institutrice perdait de vue la pensée qu'elle rend, et par conséquent l'effet qu'elle doit produire sur le cœur et la vie.

Nous aussi, nous voulons que l'enseignement de la langue soit bien fait, et qu'il soit donné dans toutes ses parties. Nous pouvons hardiment citer en preuve le tableau des leçons que nous avons présenté plus haut, et en appeler à l'ouvrage lui-même.

Nous avons néanmoins quelque chose d'incomparablement plus important en vue. C'est le développement intellectuel, et au moyen de celui-ci l'éducation de l'enfance dans la plus stricte et la plus noble acception du mot. Ainsi, nous demandons que tous ceux qui veulent faire usage de notre travail, s'associent de cœur et d'âme à nos intentions, et se décident à devenir auprès des enfants quelque chose de mieux que de simples maîtres et maîtresses de langue. Leur mère a commencé auprès d'eux une plus belle tâche, et c'est cette tâche qu'il faut continuer, selon que les progrès de l'âge le permettent et l'exigent.

La mémoire joue encore un rôle beaucoup trop vaste, pour ne pas dire inconvenant et funeste dans beaucoup d'écoles, où l'on semble vouloir faire de l'élève une machine à réciter; car ce ne sont que des mots que l'on demande de lui. Bonne mère, regarde un peu comme on y méprise ton enfant chéri. C'est un être intelligent et raisonnable que tu as pensé faire en lui apprenant à parler. Tu voulais en faire un homme d'après l'inspiration du cœur maternel, et voilà qu'on l'habitue à se payer de sons vides de sens!

Certes les locutions n'apportent pas leur signification avec elles, et si vous n'avez pas eu soin de la donner à vos élèves, leur mémoire serait meublée des plus belles paroles qu'ils resteraient avec toute cette richesse profondément ignorants. Tout ce qui n'est confié qu'à la mémoire des mots reste comme un vernis à la surface de l'âme, et la laisse dans toute sa pauvreté primitive. Et l'on appelle cela instruire la jeunesse? L'instruire c'est lui communiquer des pensées vraies et inspirantes, qui de l'esprit aillent au cœur pour le former au bien. Il n'y a pas d'autre moyen d'obtenir ce dernier résultat, que pourtant l'on désire; car il restera éternellement vrai que nous agissons comme nous aimons, et que nous aimons comme nous pensons.

Calculé sur la pensée, le Cours de langue s'assure con

stamment de sa présence chez ses élèves et de sa justesse. Il cherche partout à développer les jeunes intelligences, d'abord en petit, puis plus en grand par degrés. Peu à peu il cherche à fonder en raison les importantes vérités de la vie qu'il fait connaître à ses élèves. Il arrive jusqu'à leur communiquer les preuves sur lesquelles reposent les plus importantes, celles de la religion. Nous avouons franchement que ceci est du neuf dans les écoles de l'âge tendre; mais il ne faut pas oublier que les temps anciens sont bien loin de nous. Le matérialisme et l'incrédulité ont passé tête levée sur notre Europe et ils y ont laissé des traces profondes, là même où on ne les chercherait pas. Les égarements de l'esprit ont pour eux les vices du cœur humain, et la voix des vices est séduisante. L'éducation a donc de nos jours un devoir nouveau, celui de fonder en raison une foi qui naguère n'avait pas besoin de ce soutien. Elle reposait sur la tradition.

A part l'apparition de l'incrédulité, notre Europe a éprouvé, par les événements politiques et les guerres, une secousse violente qui a mis les têtes en mouvement, jusque dans les ateliers les plus obscurs et les chaumières les plus éloignées des villes. Les formes gouvernementales perpétuent l'ébranlement qui les a produites. Puis les feuilles publiques en tout sens pénètrent partout, parce qu'elles trouvent partout d'avides lecteurs. Partout l'on discute et l'on se croit capable de prononcer. Tel est l'esprit de notre temps, et vous ne le changerez pas. On ne fait pas remonter un torrent vers sa source.

Et voyez un peu quel triste rôle jouent nos écoles de mots, enveloppées qu'elles sont de cet esprit toujours en éveil, qui raisonne et qui déraisonne en toute liberté. Certes elles ne répondent pas aux besoins de notre époque. Il faut donc les remplacer sans délai par des institutions qui continuent, qui développent et perfectionnent ce que l'instinct maternel a commencé, en mettant la parole sur les lèvres de son enfant. Non, il n'y a de salut que là.

Notre Cours pratique trace toute la marche du nouvel enseignement de la langue, et il en fournit le fond avec tant d'abondance que les instituteurs et les institutrices ne seront jamais en peine d'en trouver. Cependant nous ne saurions les mépriser au point de vouloir en faire d'aveugles instruments dans nos mains. Ils ne peuvent remplir la belle tâche qui leur est imposée qu'en pleine connaissance de cause et avec une entière conviction. C'est un travail raisonné que devront faire leurs élèves, puisqu'il s'agit de les rendre raisonnables, pour qu'ils deviennent bons. Un semblable résultat ne peut s'obtenir que par des guides de l'enfance qui sachent ce qui se trouve en elle, et connaissent les moyens de la conduire au terme désiré.

Nous avons réuni dans le présent ouvrage toutes les connaissances qui leur sont plus ou moins nécessaires pour se bien acquitter de leurs graves fonctions. Cet écrit est l'introduction au Cours pratique, et un traité d'éducation rattaché à l'enseignement de la langue maternelle, enseignement qui est le plus important dans la vie, comme il est le premier que nous recevons de la bouche de nos mères. C'est principalement à l'usage des instituteurs et des institutrices que ces feuilles ont été publiées, et nous venons d'en réduire l'étendue pour leur en faciliter l'acquisition.

Au nombre des élèves du Cours de langue, on ne doit admettre que des enfants qui puissent en suivre tous les exercices avec fruit. Il faut donc qu'ils apportent à leur entrée toutes les connaissances et tous les petits talents qu'ils doivent s'approprier à l'école élémentaire ou sous le toit paternel. S'ils en étaient privés, ils ne pourraient pas prendre convenablement part aux exercices, et ils entraveraient le travail de leurs camarades.

Rien ne stimule autant l'application dans les enfants que le sentiment qu'ils acquièrent de leurs progrès. Il faut donc ne jamais les laisser dans l'embarras, mais les aider par quelques légères indications qui les mettent

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