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au travail, ou de les reprendre de leurs fautes, il s'élève de là quelques nuages passagers dans les jeunes esprits et quelques mécontentements; ainsi nous avons dû en passant prévenir ou dissiper ces ombres, qui pourraient entraver les sentiments et l'expression de la piété filiale.

Dans ses récapitulations dialoguées le Cours de langue fait paraître dans la première partie la mère et sa jeune fille, et dans la deuxième la mère et son fils. Il a mis dans la fille et le garçon tous les sentiments de la belle enfance. Les élèves et le maître feront, comme il est prescrit, leurs réflexions sur les sujets et les personnes, et ce sera une leçon de piété filiale. Nous citerons dans la partie de la proposition les trois premiers dialogues du Chap. VIII. Dans cette même partie nous ne devons pas omettre le premier soliloque du Chap. XVII, qui a pour titre : L'enfant se rendant compte de son arrivée dans la vie.

Dans la deuxième partie de la syntaxe on aura l'occasion de faire les mêmes réflexions édifiantes sur le caractère que montre Charles dans les fréquentes conversations qu'il a avec sa bonne mère, et il en sera de même, lorsque plus tard, dans la troisième partie, il s'entretiendra avec son père.

§ II. L'amour du prochain.

Les frères et les sœurs s'intéressent naturellement les uns aux autres. Ils sont enfants des mêmes parents; ils portent le même nom, logent sous le même toit, mangent à la même table, et vivent sous la même loi et sous la même protection. Ainsi rapprochés sous tous les rapports par leur position dans la vie comme par la communauté de nature, ils sympathisent étroitement ensemble et mettent leur vie en commun. Voilà l'amour fraternel.

C'est ce même amour qui, sortant plus tard de l'étroite enceinte de la famille, devient l'amour du prochain de l'Évangile, le feu sacré que le Sauveur a apporté sur la terre, et qui selon ses désirs devrait l'embraser tout entière. Il n'y avait pas encore brûlé. ·

Il ne peut vivre dans le cœur humain qu'autant que les grandes vérités évangéliques de la paternité de Dieu et de la fraternité de tous les hommes l'éclairent et l'animent constamment. Il a en outre besoin d'un modèle inspirant, et, heureusement pour nous, ce modèle nous est donné dans la personne de Celui qui nous a aimés jusqu'à mourir en croix pour nous.

Le Cours de langue revient fréquemment à ces deux grandes vérités, afin de les rendre familières à ses élèves. Nous n'avons pas besoin de dire qu'elles paraissent dans une foule de propositions, de phrases et de périodes. Nous ne citerons que les récapitulations où elles se montrent avec plus ou moins de détails.

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Dès la première partie de la syntaxe, où la mère ne parle encore qu'à sa jeune fille qui pourtant dit l'oraison, on voit paraître la paternité de Dieu dans sa grandeur. Il s'y trouve d'abord (chap. XIV) une conversation sur le Père céleste, et à sa suite (ibid.) une autre intitulée la famille de Dieu, où l'élève apprend que cette famille compte plus de sept cent millions d'hommes vivant à la fois sur notre globe. Il convenait d'étendre ainsi une idée que, non-seulement les enfants, mais encore la plupart des adultes resserrent beaucoup trop. Il y a encore dans la syntaxe de la proposition un soliloque (chap. XVII) Dieu père commun des hommes, qui applique à la morale la belle et imposante vérité.

Deux récapitulations dans la deuxième partie de la syntaxe reviennent sur le même sujet, et elles le font avec plus d'avantage; puisque la phrase donne plus de latitude que la proposition. Vous y avez le dialogue intitulé: Le genre humain (chap. XIII) et celui qui a pour titre : Dieu père des hommes (ibid.). Ici dans ses explications l'instituteur pourra insinuer à ses élèves, qui sont plus avancés, à quel point Dieu est le père de tous les hommes, en ce que c'est lui qui appelle toutes les âmes du néant, et leur donne avec l'organisation l'un des deux sexes et une constitution et une physionomie détermi

nées. Il ne devra pas oublier de bien faire comprendre aux élèves que nous faisons au Père commun, en bien ou en mal, tout ce que nous faisons à ses enfants. Cela se trouve déjà dans le soliloque intitulé: Le lever du soleil (1re Part., chap. XVII).

Les deux grandes vérités évangéliques qui nous occupent s'adressent à la tendance sociale, et ne manqueront pas de produire leur effet sur une jeunesse que les passions n'ont pas encore dépravée. L'amour fraternel s'étendra sur le genre humain, et par la pensée et le cœur la jeunesse se trouvera en famille sur toute la terre. Le sens de l'oraison dominicale s'étendra en proportion, et elle deviendra l'aliment de la charité chrétienne.

Plus tard, dans la syntaxe de la période, paraissent les récapitulations qui racontent les principaux traits de la vie du Sauveur, puis celles qui s'occupent de son triomphe et de ses grandeurs. Elles sont destinées à graver dans l'âme des élèves l'image du Fils bien-aimé qui s'est sacrifié pour le salut de toute la famille humaine.

Cet admirable dévouement est un exemple qui ne peut que faire une profonde impression sur les jeunes cœurs. Il doit leur rendre intéressants tous ces innombrables frères pour lesquels l'un d'eux, le meilleur et le plus grand, a bien voulu mourir en croix. Puis ce sacrifice demande de la reconnaissance, qu'on voudra lui témoigner, et l'on aura appris que même un verre d'eau froide donné en son nom est à ses yeux un beau présent qu'il accepte comme fait à lui-même. C'est la tendance sociale qui par là aura été éveillée dans les petits, et qui aura pris un noble développement.

Tant qu'elle est, pour ainsi dire, à sa naissance, le Cours de langue se met à sa portée, et il cherche d'abord à exciter la pitié envers les malheureux, sentiment qui nous transporte en eux, et qui se traduit naturellement en bienfaisance. Tel est le but de deux conversations de la mère avec sa jeune fille dans la première partie de la syntaxe. La première a pour titre : La pauvre mère et ses

deux enfants (chap. vII); la seconde : Les estropiés (chap. x).

Le pardon des injures n'a pu être passé sous silence dans des leçons chrétiennes. Le Père qui fait aussi lever son soleil sur les ingrats et les méchants, puis le Sauveur qui prie pour ses bourreaux, sont des exemples qui touchent et qui donnent la force de les imiter. Ils reparaissent fréquemment dans le Cours de langue. A la fin de la première partie de la syntaxe il y a (chap. XVII) un soliloque dans ce but sous le titre : Le clair de lune.

Comme préambule des directions sur la société et la patrie, on trouvera deux conversations de la mère avec sa fille. Elles sont intitulées : La fourmilière et les abeilles (chap. XIV).

§ III. Humanité envers les animaux.

Elle doit trouver une place dans le Cours éducatif de langue. Il faut toutefois espérer que nos élèves auront été corrigés sous le toit paternel de cette étourderie qui s'amuse à arracher les plumes à un pauvre petit oiseau, à casser les pattes d'un faucheux, etc. Ce sont là des jeux barbares, bien que les enfants ne comprennent pas qu'ils font souffrir des êtres sensibles comme eux. Les personnes d'un âge mûr ne sont pas exemptes de reproches à cet égard, car assez souvent elles ne craignent pas d'ôter à une bête sa liberté, et de la tenir en prison contre sa nature et aux dépens de sa vie. Elles ne se font aussi aucun scrupule de traiter les chevaux et d'autres animaux de trait, comme s'ils étaient insensibles à la faim, à la fatigue et aux coups. Si nos élèves n'ont pas besoin de ces avertissements, ils vivront avec d'autres enfants qui n'auront pas reçu les mêmes leçons, et ils pourront les leur communiquer. Ce sera là un enseignement mutuel qui aura son utilité.

Le Cours de langue fournit à l'instituteur l'occasion d'inspirer à ses élèves l'humanité envers les animaux. Je citerai pour exemples deux conversations de la mère avec

sa jeune fille dans la première partie de la syntaxe, dont l'une sur les brebis et les agneaux (chap. x), l'autre sur les animaux domestiques (ibid.). J'y ajouterai un soliloque sur l'animal et la plante (chap. XVII). Dans la deuxième partie de la syntaxe on peut lire une conversation de la mère avec son fils Charles (chap. XIII), l'animal comparé à la plante.

CHAPITRE VII.

CULTURE DE LA TENDANGE PERSONNELLE.

Cette tendance est la première qui se montre dans l'enfant. Elle est d'abord tout animale, car elle ne paraît que dans le domaine des sens. La pauvre petite créature éprouve la faim, la gêne, la douleur, et elle crie. Le mal est-il passé? elle s'endort. Cependant cette tendance, si ignoble à son début, ne tarde pas à éveiller des affections qui valent mieux qu'elle. Bientôt elle excite cette piété filiale qui plus tard se transformera en religion. Puis n'est-ce pas parce que nous voulons du bien à notre personne, que nous pouvons en souhaiter et en faire à nos semblables? Otez des cœurs l'intérêt personnel, et vous en ôterez toutes les affections sociales, et qui plus est, la conscience deviendra muette. Elle n'aura rien à ordonner, et rien à défendre, puisque les deux grands commandements de la charité partent de l'intérêt que nous portons à notre personne. Voyez un peu combien elle est importante cette tendance personnelle, dont dépend le développement de tout ce qu'il y a en nous d'humain, de noble, de pur et de grand.

L'éducation doit donc bien se garder de ce rigorisme qui a cru devoir étouffer une tendance qui sert comme de racine à toutes les autres, et qui les alimente. C'est une direction qu'il faut soigneusement lui donner, et une juste mesure, pour la mettre en harmonie avec tout ce que le Créateur a placé dans la nature humaine.

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