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mission d'en haut. Il a prédit en détails ses propres destinées. Il a prédit à ses apôtres la conduite qu'ils tiendraient à l'avenir, et le sort qui les attendait en particulier. Il a prédit de quelle manière son royaume allait s'établir sur la terre. Il a prédit ce qui était réservé, avant l'extinction de la génération présente, à l'incrédule Jérusalem, à son temple et au peuple juif.

L'ensemble de ces prophéties est véritablement une histoire où les événements d'un avenir plus ou moins lointain, et dépendant tous de la liberté des hommes, sont signalés, comme s'ils avaient déjà passé devant les yeux. Il n'y a que la toute-science divine qui voie ainsi dans le ténébreux avenir; et il n'y a qu'elle qui puisse prédire ainsi.

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Le Cours de langue fournit aux instituteurs l'occasion de faire usage des précédentes remarques, selon que la portée de leurs élèves le permettra ou l'exigera. Il s'agira de les disposer à dire de cœur et d'âme au Sauveur : «< Seigneur, nous savons que vous nous êtes venu de Dieu; » car personne ne peut lire dans l'avenir comme vous, à >> moins que Dieu ne lui ait dévoilé ses mystères. » 3. Propagation de l'Évangile. Il y a encore là du divin, et le Cours de langue le relèvera chemin faisant. Les instituteurs ne doivent pas passer légèrement sur ce merveilleux qui frappe le jeune âge; car pour arriver à son intelligence, il faut commencer par parler aux sens. La descente du Saint-Esprit sur les apôtres et les dons surnaturels qu'ils communiquaient aux premiers fidèles par la prière et l'imposition des mains, tel sera le trait de lumière dans le tableau. A l'opposé se placeront la synagogue et le paganisme persécutant les chrétiens à toute outrance avec toute la force terrestre en main, et finissant néanmoins par succomber.

Gamaliel, l'un des membres du sénat de Jérusalem, voyait que la persécution des apôtres produisait un effet contraire à celui que l'on avait en vue, et il pensa détourner ses collègues. « Ne vous mêlez plus de ces gens,

» leur dit-il, car si leur œuvre vient des hommes, elle se » détruira bientôt; que si elle vient de Dieu, vous ne pour» rez pas la détruire, et vous seriez en danger de combattre » contre Dieu même 1. » Gamaliel commençait donc à douter; et qu'aurait-il dit, s'il avait assisté au triomphe du christianisme? Il aurait vu l'œuvre de Dieu.

Nos élèves la verront, et vous les aiderez à la voir, chaque fois que le Cours de langue vous en fournira l'occasion. Ayez toujours soin de vous proportionner à eux dans les détails et les explications que vous leur donnerez en peu de mots.

Les faits, comme

4. Sentiments envers le Sauveur. nous l'avons dit, parleront au cœur des enfants, et ces jeunes cœurs s'attacheront à lui par le respect, la gratitude et la confiance. Votre tâche est de régler chrétiennement ces sentiments de piété, lorsque le Cours de langue nous mettra sur la voie.

Nous ne dirons pas, après le P. Gaischy 2« que le Sauveur est le Dieu de cette vie. » Ceci l'air de dire qu'icibas la religion du chrétien ne s'attache qu'à lui, et laisse le Père à l'écart. Ce n'est pas là la piété que le Sauveur nous a apprise par son exemple, celle qu'exprime son grand commandement de la charité, ni celle de l'oraison dominicale. Sans doute que celui qui honore le Père, doit aussi honorer le Fils, qui a été son oracle sur la terre, son image vivante, son représentant, et qui sera notre juge, après avoir été notre rédempteur. Mais le Père reste le Père, et c'est à lui que ses enfants doivent d'abord s'adresser et s'attacher, avec reconnaissace et amour. Il faut éviter avec soin toute exagération, surtout lorsque l'on instruit la jeunesse.

C'est pour nous ramener à lui que le Père nous a envoyé son Fils bien-aimé, et il l'a établi médiateur entre son ineffable majesté et nous, pour remplir, semble-t-il, l'espace

Actes, v, 39, 41.

* Traité sur l'éloquence de la chairé.

immense qui se trouve entre la créature et le Créateur. Le Fils est plus près de nous par son humanité, parce que par là il est notre frère. Nous l'avons vu parmi nous, nous l'avons entendu, et il nous a fait le sacrifice de sa vie. Comme nous il a éprouvé la tentation dans sa vie mortelle, et, ainsi que dit l'Apôtre, il a fait l'apprentissage de la pitié par les maux qu'il a soufferts. Le Cours de langue le dira à ses élèves, afin qu'ils s'approchent en toute confiance du Sauveur, et que par lui ils se laissent conduire dans les bras du Père, qui nous l'a envoyé dans sa miséricorde. Il est d'ailleurs aussi près de nous qu'on peut l'être, puisque c'est par lui que nous vivons, que nous respirons, et que nous sommes.

Le Cours de langue est foncièrement chrétien, comme il doit l'être; et s'il avait à ses leçons quelque élève dont le père se souciât peu pour son compte du christianisme, il ne craindrait pas de le désobliger, en donnant à son enfant d'autres pensées et d'autres sentiments. Diderot appartenait à cette secte antichrétienne qui en France a déshonoré la fin du siècle passé. Mais cet homme était père 1. Il avait une fille qu'il instruisait lui-même, et le livre d'instruction était l'Évangile. Un jour il fut surpris à sa leçon par un autre conjuré. Celui-ci lui fit des reproches et le père répondit : « Je ne connais rien de mieux » pour mon enfant. »>

CHAPITRE VI.

CULTURE DE LA TENDANCE SOCIALE AU MOYEN DU COURS DE LANGUE.

La tendance sociale, comme il a été dit plus haut (chap. II, S 2.), se compose de cinq éléments qui sont la gratitude, la piété, la bienveillance, le penchant à la croyance et à l'imitation. Un Cours éducatif de langue maternelle est aussi dans le devoir de cultiver cette noble

1 BARRUEL, Histoire du Jacobinisme.

tendance, de manière qu'elle concoure, selon sa nature et sa destination, à former dans nos élèves des hommes dignes de leur nom, de véritables enfants du Père commun.

Il s'acquitte en grande partie de sa tâche, par rapport à la tendance sociale, par là même qu'il donne ses soins au développement de la tendance morale et de la tendance religieuse; car tout se lie dans une âme qui n'est qu'une et la même. Les instituteurs et les institutrices doivent se rendre un compte exact de l'influence réciproque des diverses tendances, afin de remplir leurs importantes fonctions en pleine connaissance de cause. Ainsi nous allons reprendre ce que nous venons de dire.

La morale part de motifs purs ou désintéressés dans les directions qu'elle va puiser dans la nature des objets avec lesquels nous sommes en rapport. En cela elle nous prescrit précisément ce qui est d'accord avec la tendance sociale, aussi longtemps qu'elle se meut à la lumière de la vérité. Il est donc vrai de dire que cultiver la tendance morale c'est en même temps donner des soins à la tendance sociale.

La tendance religieuse de son côté s'adresse aussi à l'homme social, puisqu'elle le rattache à son Père céleste et à son divin Rédempteur. Y a-t-il un plus beau lien et un lien plus doux à former dans la vie? Ce penchant à l'imitation peut-il mieux faire que de prendre pour modèle Celui qui fait lever son soleil sur toute la famille humaine, et Celui qui s'est immolé pour elle?

Ainsi dans les mesures précédentes il y a déjà beaucoup de fait pour la culture de la tendance sociale, mais il reste encore beaucoup à faire. Si jamais l'éducation a dû user de toutes ses ressources pour former le cœur de la jeunesse, c'est sans contredit de nos jours, où l'égoïsme paraît s'emparer de plus en plus de la société jusqu'au sein des familles.

§ Ier. La piété filiale.

On nous parle quelquefois des liens du sang, comme

s'il suffisait à l'enfant d'être né de tels parents pour s'y attacher du fond de l'âme. C'est là véritablement nous citer une de ces qualités occultes de l'ancienne physique, et parler pour ne rien dire. Donnez au nouveau-né une nourrice étrangère qui l'allaite, et le soigne, et le caresse seule avec sa bonté; l'enfant s'attachera à elle, et n'éprouvera rien pour la mère qui ostensiblement n'aura rien fait pour lui. Et n'est-ce pas aussi par de fréquents témoignages de bienveillance qu'un père se fait distinguer de tout autre homme par son enfant? La mère est son introductrice naturelle auprès de lui. Non, le sang ne dit mot; c'est la bonté seule qui parle au cœur de la jeune créature, et à laquelle elle répond par la gratitude, qui est aussi bonté.

Et pourquoi les parents ne font-ils pas toujours ce qui seul peut la leur mériter? Si la mère ne peut, ou ne veut pas être la nourrice de son enfant, qu'elle soit au moins assidue auprès de son berceau, et qu'elle lui donne les autres soins, pour devenir ensuite sa première maîtresse de langue, son éducatrice et son ange tutélaire. En retour elle sera tendrement aimée toute la vie, et elle aura rempli son devoir. La reconnaissance et l'attachement ne se commandent pas; il faut les inspirer par la bonté. Il n'y a pas d'autres moyens. Et pourquoi ne pas entrer dans l'ordre établi par le Créateur et le Père? Savez-vous mieux que lui?

La reconnaissance au cœur de l'enfant produit la piété filiale tout entière, son respect, sa foi, sa soumission, sa gratitude et sa confiance. C'est donc elle qu'il faut nourrir et exciter dans l'éducation, et lui laisser le soin de se développer d'après sa nature, comme la fleur que le jardinier ne fait qu'arroser à propos.

C'est ce que fait le Cours de langue dans le long développement de ses propositions, de ses phrases et de ses périodes. Comme les parents sont quelquefois dans la nécessité de se refuser aux désirs inconsidérés de leurs enfants, de les arracher à leurs jeux pour les astreindre

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