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Voilà ce que comprendront nos élèves, parce qu'ils y seront préparés par leurs leçons et leurs exercices. Ils sentiront la justesse de la grande vérité évangélique, et ils ne pourront qu'y trouver un puissant motif de fidélité au devoir.

Le Cours de langue n'entrera pas dans le détail des mesures que la justice divine prendra pour donner à chacun ce qui lui revient d'après son caractère et sa conduite. Ce point n'est pas de son ressort, et il n'a d'ailleurs pas besoin d'y toucher pour obtenir le résultat qu'il doit avoir

en vue.

Le Cours de langue se donne encore un mérite en morale, c'est d'attacher fréquemment au bien qu'il présente dans ses exemples, les qualifications de beau, noble, grand, honorable, etc.; et au mal celles de vilain, bas, petit, honteux, etc. C'est sans doute peu de chose en apparence, mais il sera encore vrai de dire que les petites causes produisent de grands effets, comme la goutte d'eau, en tombant fréquemment, finit par creuser la pierre.

CHAPITRE V.

CULTURE DE LA TENDANCE RELIGIEUSE AU MOYEN DU COURS DE LANGUE.

Les élèves qui arrivent à nos leçons, sont de jeunes chrétiens qui croient en Dieu et en Jésus-Christ, qui les prient, et qui désirent leur plaire. C'est là l'œuvre de l'éducation domestique, et notre tâche est de développer de plus en plus ce que la sollicitude maternelle a produit. Nous nous occuperons d'abord de la piété envers Dieu, et nous passerons ensuite à la piété envers le divin Sau

veur.

PREMIÈRE SECTION.

CULTURE DE LA PIÉTÉ ENVERS DIEU.

La croyance en Dieu est comme la racine de la piété

D'elle naissent naturellement le respect, la gratitude et la confiance, nobles affections dont l'ensemble est ce que nous appelons la religion, ou le lien sacré qui attache l'homme à son Auteur. Elles rentrent les unes dans les autres, s'élèvent ou tombent ensemble dans l'âme qui n'est qu'une et la même; cependant lorsqu'il s'agit de les cultiver dans la jeunesse, on est obligé de les prendre à part, pour pouvoir en parler convenablement.

§ I. Culture de la croyance en Dieu.

Il a été dit plus haut que cette croyance qui s'élève dans le monde invisible, est produite en nous par une rencontre. Dieu vient au-devant de nous par ses œuvres qui nous réflètent son image, et nous allons au-devant de lui par les plus belles affections de notre cœur. Cette rencontre est le point d'où part le Cours de langue, pour imprimer de la force et de la vie à la foi de ses élèves.

Tant que dans sa première partie il n'est occupé que de la proposition et de sa conjugaison, il a trop peu de marge pour pouvoir relever en grand dans la nature les reflets de la Divinité. Il ne peut le faire qu'avec peu de détails, et d'une manière bien décousue. Cependant ces détails, quels qu'ils soient, ne sont pas à mépriser. Ils présentent peu à peu les traits de l'adorable objet; traits qui vont non-seulement se graver dans la mémoire des élèves, mais encore s'y réunir au moyen de l'association naturelle des idées. Ils appellent d'ailleurs leur attention sur le spectacle de la nature, qui leur parlera hautement de son Auteur, une fois qu'ils auront commencé à le regarder et à comprendre son langage.

La syntaxe de la proposition et sa conjugaison ne permettent que de nourrir en passant la foi et la piété que les enfants apportent de la maison à l'école, et ceci n'est pas oublié. Le vocabulaire s'acquitte mieux de cette tâche. Il a plus de latitude, puisqu'il emploie des phrases et même des périodes. Cependant tout y est encore néces

sairement décousu. Le remède à cet inconvénient était réservé aux récapitulations.

La première partie de la syntaxe en renferme trois, qui sont des conversations d'une mère avec sa fille d'environ six ans, et qui se composent de trois séries placées à distances parmi les exercices. La mère y part d'objets connus de son enfant, et elle y rattache la pensée de Dieu, pour émouvoir le cœur de sa jeune élève. Ces objets dans la première série (chap. VIII) sont: Le soleil; la lumière et les yeux; la parole, l'air et l'oreille. Ceux de la deuxième série (chap. x) sont: Les fruits; les animaux domestiques; les divers aliments; le pain. Ceux de la troisième série (chap. XIV) sont: La conscience; le Père céleste; les instincts des animaux. La quatrième et dernière récapitulation (chap. XVII) est un soliloque en plusieurs parties dont l'une a pour sujet Dieu et l'homme.

La deuxième partie de la syntaxe s'élève aux phrases de deux propositions. Nous n'avons pas besoin de dire que nous avons mis ce nouveau degré d'enseignement au service de l'éducation religieuse. La phrase nous permettait non-seulement de lier les pensées de cet ordre, dans la conjugaison comme dans la syntaxe, mais encore de les raisonner. Et cela s'est fait.

Ici encore les récapitulations ont l'avantage qui m'en a donné l'idée, et cet avantage a grandi avec la phrase. C'est encore la mère qui parle, mais dès à présent elle s'entretient avec son fils, Charles, qui est plus développé que sa sœur. La première série de conversations (chap. XIII) remonte à Dieu, Créateur de l'univers, et voici les sujets de cinq d'entre elles : L'origine des plantes; l'instinct des animaux; l'origine des animaux et de l'homme; les bêtes carnassières; Dieu Père des hommes.

La deuxième série des conversations (chap. XXIV) est intitulée: Le monde des esprits dans le monde des corps. Son but est de réagir puissamment contre le matérialisme qui empêche le développement des tendances morale et religieuse, et qui malheureusement n'est que trop com

mun à tous ceux qui toujours regardent en dehors, et jamais en dedans. En conversant avec son fils, la mère lui fait trouver en lui-même les preuves nombreuses et palpables de la différence totale qui existe entre le moi et ses organes, entre l'âme et le corps. Dès lors l'œuvre de Dieu commence à prendre majestueusement aux yeux de Charles étonné son caractère éminemment divin, celui d'innombrables esprits de divers ordres, qui vivent invisiblement dans ce monde visible, comme chacun de nous vit dans son enveloppe de chair et d'os.

La troisième récapitulation qui se compose aussi de plusieurs entretiens de la mère avec Charles, travaille directement dans l'intérêt de la foi, pour la fonder de plus en plus en raison. Les sujets des cinq premiers sont (chap. XXVI) les suivants : Le grand Esprit; l'unité de Dieu; Dieu Créateur; Dieu Père tout-puissant ; l'immortalité de l'âme et la Providence.

A leur âge nos élèves n'auront pas devant les yeux l'image imposante de l'univers, de ses grandeurs, de ses combinaisons, de ses merveilles et de ses beautés, comme les avait le philosophe de Koenigsberg à la fin de ses jours, lorsqu'il s'écriait : « Oui, il est un Dieu!» mais ils se le diront avec tout autant de certitude, quoique avec incomparablement moins de science. Ils sentiront aussi à leur manière la présence de la Divinité dans son œuvre, et si jamais un moment d'indécision pouvait les atteindre, ils en sortiraient aussi comme d'un rêve, en jetant un coup d'œil sur la majesté et les merveilles de la nature.

Tout en tournant leurs regards vers ce tableau parlant, le Cours de langue ne néglige pas de diriger vers Dieu toutes les tendances naturelles du cœur humain, pour les conduire à sa rencontre. Il leur met en conséquence ces pensées dans l'âme et sur les lèvres. « J'ai une noble ori» gine, puisque je suis un enfant du Créateur et Maître » de l'univers. —Le monde est dans la main du Tout-puis» sant, et c'est lui-même qui prend soin de moi. —Je vi» vrai à tout jamais ; car Dieu n'est pas le Dieu des morts,

>> mais des vivants.

Je perdrai quelque jour mes meil» leurs amis, mais Dieu me les rendra dans un monde >> meilleur. Que l'innocence se console; car il y a au » ciel un Dieu juste qui la récompensera, etc. » Et c'est ainsi, comme on le voit par ces exemples, que le Cours de langue cherche à intéresser à l'existence de Dieu les tendances personnelle, sociale et morale.

Il faut ajouter que tout ce qu'il fait en faveur de la culture morale (et il fait beaucoup) tourne aussi au profit de la culture religieuse. Il y a action et réaction entre la moralité et la piété. La conscience nous impose une loi sainte, et celle-ci nous conduit à un Dieu saint, qui en est l'auteur, et qui veille à son exécution. A son tour la piété, digne de ce nom, vient à l'appui de la conscience, donnant à ses ordres non-seulement plus d'autorité, mais aussi plus d'attrait, parce que ce sont les volontés de notre bienfaiteur suprême qu'elle nous intime. Les instituteurs doivent bien connaître cette influence réciproque, pour la mettre au profit de l'éducation.

§ II. Exciter le respect pour Dieu.

Ce sont les grandeurs de Dieu qui inspirent à l'homme ce respect que la langue appelle adoration, parce qu'il ne revient qu'à Celui que le jour nomme à la nuit, et la nuit au jour.

« Il est le Créateur et le Maître tout-puissant dans son » univers. Il est le Saint des Saints. Il est le conservateur de » tout ce qui existe. Il est un pur esprit, présent partout par » sa pensée et par sa puissance. Il n'a besoin de personne, » quand tout ce qui respire a besoin de lui. Il gouverne » toute sa création dans sa sagesse et sa bonté. »

Voilà sous quels traits le Cours de langue peint constamment Celui qui n'a pas son semblable, et il n'a pas besoin de solliciter pour lui des hommages que les enfants lui apportent d'eux-mêmes, à mesure qu'ils saisissent ses grandeurs. Les instituteurs et les institutrices seront appelés dans leurs leçons à ajouter quelques dé

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