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poursuite des chouans de Boisguy, sans se douter qu'il y en avait d'autres à ses portes'.

Le même jour ou le lendemain, Dumoulin eut une sanglante revanche aux Tombettes, près de Parigné (Ille-et-Vilaine) 3. Boisguy, qui n'avait plus de munitions, était rentré en Bretagne pour en chercher. Enveloppé par des troupes nombreuses, il lui fallait se frayer un passage à travers les rangs ennemis. Il ordonna à Saint-Gilles de tenter ce coup d'audace à la baïonnette. SaintGilles chargea, en effet, si vigoureusement les troupes qui lui faisaient face, qu'il les contraignit à changer de front. Boisguy s'échappa par la voie ainsi ouverte ; mais sa troupe, manquant de munitions et disloquée, perdit une cinquantaine de morts*. On regretta surtout le major de la division, Lambilly; il perit victime de sa générosité, en voulant sauver un paysan blessé qu'il emportait sur ses épaules".

Le 23 janvier, attaque de Barenton par un corps de quatre à cinq cents chouans venant de Passais et Mantilli. Quatre-vingt-cinq hommes détachés d'une colonne mobile et une centaine d'habitants se renferment dans l'église, sonnent le tocsin et refusent de se rendre. Les assaillants ne peuvent les forcer; ils pillent plusieurs maisons, maltraitent des habitants, enlèvent des chevaux et se retirent avec une perte de quelques hommes, en menaçant de revenir bientôt. Quatre républicains furent légèrement blessés 6.

Dans le bois de Saint-Georges, arrondissement de Mortain,

1 Arch. de la guerre. Les rapports de police, aux Archives de la sûreté générale, publiés par M. Nauroy (Curieux, 1887), dénaturent les affaires de SaintJames.

2 Les écrivains royalistes donnent à cette affaire la date du 7 février. Elle doit être antérieure de plusieurs jours.

Tout près du château de la Vieuville, propriété des Patard de la Mélinière, dans un site des plus pittoresques.

4 « Nous les poursuivions de si près, dit le brigadier Mauduit, que la bourre des fusils leur brûlait dans le ventre. » Il évalue le nombre des chouans de quinze à seize cents, et leur perte en tués ou blessés à plus de mille. Le général Dumoulin ne la porte qu'à cinquante morts et cinq cents prisonniers. (Journ. de Paris, 12 pluv.)

5 Mêmes sources que pour l'affaire de la Croix-Avranchin ; 13 pluv.

- Moniteur, 12 et

6 Rapport, 23 janvier ;

Commiss. du gouvern. à min. de la guerre, Saint-Lô,

les chouans sont attaqués et perdent trois hommes, des blessés, des fusils; on leur reprend sept prisonniers qu'ils avaient faits, le 16 nivóse, sur un détachement de Villedieu'.

La terreur qu'inspiraient les chouans était encore assez grande pour que le commandant de la presqu'île de Valognes voulût envoyer à Cherbourg les deux pièces de canon que possédait la ville, faute de troupes suffisantes pour les garder. Vives réclamations de la garde nationale contre ce manque de confiance. Elle finit par garder ses canons2. Le ministre de la guerre recommandait expressément à Brune de mettre Granville « sur un pied de défense respectable... ». La crainte d'un coup de main sur cette place est fondée « sur les hostilités des bandes nombreuses répandues dans les environs de cette commune, sur des signaux aperçus dans la baie à peu de distance du port, et répétés sur la

côte ».

Un lieutenant du 9o dragons, porteur de dépêches, avait été égorgé à Sainte-Gauburge, entre Laigle et le Merlerault. Le châtiment fut prompt. Un officier d'état-major fut envoyé en poste à Verneuil, avec mission de prendre avec lui quatre cents fantassins et soixante dragons de la réserve, de les diriger sur Sainte-Gauburge, de désarmer les habitants, de les consigner dans le bourg, d'arrêter les plus coupables, d'y rester pendant quelques jours et de battre les environs 3.

Cet assassinat d'un malheureux officier est du brigandage; ce ne fut le seul acte de ce genre'.

pas

31 janv. (Arch. de la guerre);

Administr. du dép. au Moniteur, 29 janv. (Mo

niteur, 14 pluv.); CAILLEBOTTE aîné, Journ., mss.

1 Moniteur, 10 pluv. (30 pluv.).

2 Journ. des hommes libres, 18 et 29 pluv. (7 et 18 févr.).

13 pluv., premier Consul à général Lefebvre. (Arch. de la guerre et Corresp.

impr.)

4 Janvier 1800. La diligence de Pont-Audemer à Rouen, attaquée à quatre kilomètres de la première de ces villes par vingt brigands, qui enlèvent une partie des fonds qu'elle transportait. Ce vol, comme la plupart des autres arrestations commises dans l'Eure, fut attribué aux frères Duchesne, dont la légende grossissait beaucoup les exploits. (Journal des hommes libres.)

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Désordres isolés dans le Calvados. Pillages du côté de Vire (9-13 janvier), du côté de Tournebu (20 janvier). · A Clinchamps, surprise, au milieu de la nuit, dans une maison qu'ils allaient dévaliser, de sept brigands qui sont tous tués ou capturés. Flotard, chef du détachement de six hommes qui les suivait à la piste depuis vingt-quatre heures, est nommé lieutenant dans un bataillon auxiliaire'.-Dans la nuit du 24 au 25 janvier, les chouans occupent Béni-Bocage, forcent le corps de garde, enlèvent les armes et munitions et pillent plusieurs maisons; le 25, mêmes excès à Burci; — le 29, arbre de la liberté coupé à la Graverie3. -Les gardes nationaux de Falaise font une pointe dans le département de l'Orne, du côté de Bazoches-au-Houlme et de Putanges. Les chouans venaient de décamper; ils les poursuivirent, réunis à un fort détachement de ligne sorti d'Argentan pour le même objet, sans les atteindre. Le château du Sacq-Étroit fut pillé et

brûlé3.

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L'état de siége de la place de Caen fut levé le 23 janvier.

Commarque n'était pas à Cossé; depuis la reprise des hostilités, il courait la campagne sur la lisière de la Mayenne, évitant les républicains et n'osant rien tenter tout seul. Il coucha le 25 à Madré, le 26 à Chevaigné, le 27 au Horps, le 28 à Chantrigné; il rentra alors dans le département de l'Orne et s'avança jusqu'au delà d'Argentan. Une escarmouche eut lieu près du Ménil-Gondouin, le 4 février, entre sa troupe, composée d'en

1 Moniteur, 10 pluv.

2 Journal des hommes libres, 8 et 16 pluv.

3 Commissaire près admin. munic. de Falaise à commiss. central, 4 fév. (Arch. nat.) — Voici, en témoignage des paniques ridicules qui obsédaient alors certains esprits, ce qu'il ajoute : « Les chouans portent la scélératesse jusqu'à empoisonner le pain dans les endroits où ils soupçonnent que la troupe va se rendre. On a trouvé ainsi deux cent cinquante livres de pain en tourtes entamées chez une femme avec un paquet d'arsenic. Au lieu de le manger, on l'a jeté dans la rivière. » Comment les administrés n'auraient-ils pas perdu la tête, quand les administrateurs la perdaient ainsi eux-mêmes?

viron quatre cents hommes', et Chambarlhac, très-supérieur en nombre. Elle n'eut pas grand résultat; mais Commarque, excédé de fatigue, eut la fâcheuse idée d'aller chercher un peu de repos au château de la Chaux. C'était un manoir de la renaissance2, n'offrant pas dans sa construction des ressources de défense, mais protégé, en apparence, par l'impraticabilité des chemins d'accès, par les bois, les étangs, les marécages dont il était entouré. Commarque avait laissé une petite arrière-garde à SaintGeorges d'Annebecq. Elle se fit surprendre par Chambarlhac, qui avait rallié en passant Dormenault et son détachement cantonnés à Briouze, au moment où son chef lui donnait des instructions magistrales sur la manière de confectionner la soupe aux choux du matin, et se dispersa dans les bois. Dormenault, guidé par un nommé Laplanche, marcha rapidement sur la Chaux. Nouvelle surprise. Commarque dormait dans le château avec une quarantaine de ses hommes, le reste était dispersé dans les villages voisins; si Dormenault avait eu la précaution d'investir le château de tous côtés, il ne s'en serait pas échappé un seul. Le major Fierville, avec quelques braves, essaya une sortie; il fut tué, une douzaine de ses camarades tombèrent à côté de lui. Pendant ce temps, Commarque, à peine vétu, et sa petite troupe, s'échappaient par derrière. Deux malheureux, cachés sous des bottes de paille, furent massacrés; un autre, grimpé sur un arbre, fut abattu à coups de fusil et achevé à coups de baïonnette. Des femmes, des enfants, rassemblés dans une salle basse, se croyaient menacés de mort; ils poussaient des cris lamentables. Le jeune Dupont, futur soldat de la guerre d'Espagne, futur maire de Joué du Bois, demanda grâce pour les autres et pour lui; on ne leur fit pas de mal. Le château fut pillé; le cheval de Commarque, ses papiers, des armes, des croix de Saint-Louis restèrent aux mains des républicains3.

En quittant Flers, il avait enlevé deux mille livres de pain de munition qu'il fit distribuer aux familles nécessiteuses de ses chasseurs. (Lettre à Frotté, 29 janv.; Arch. nat.)

2 Il a disparu au commencement de ce siècle.

Une quinzaine de chouans, « tous de qualité », furent passés par les armes, écrivait le général Lefebvre. Un républicain fut tué, plusieurs blessés. Les victimes.

Une autre rencontre d'une bande de chouans avec soixante hommes de la colonne mobile de Durcet eut lieu vers cette époque; les chouans, plus nombreux, se sauvèrent à la première décharge, abandonnant quatre chevaux chargés de brodequins et de souliers1.

Après Cossé, la petite armée de Frotté avait dû se disperser de nouveau. C'était l'habitude. Les troupes républicaines devraient se disperser elles aussi, ne pouvant se nourrir toutes sur le même pays et forcées de protéger une vaste étendue de territoire; il reprendrait alors sa tactique d'attaques partielles et multipliées. Mais de mauvaises nouvelles vinrent successivement fondre sur lui. Ce n'était pas seulement la défaite et la destruction de la légion du Perche qui le dégarnissait absolument du furent enterrées dans un pré, près de la barrière d'entrée du logis. Une tradition ridicule veut que les chouans fussent commandés à la Chaux par le dernier évêque d'Avranches, et l'on montre encore l'endroit où il aurait été inhumé. Godard de Belbœuf, évêque d'Avranches, était alors en Angleterre, où il mourut en 1808.

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Administrateurs de l'Orne à ministre de la guerre.

« 18 pluviôse an VIII (7 févr.).

Le 14 pluviose, près de Putanges, les chouans, au nombre de cent cinquante et quinze cavaliers, ont été attaqués à la baïonnette et ont laissé plusieurs morts; beaucoup de blessés.

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Le 17, surpris au château de la Chaux par l'adjudant général Dormenault, ils ont perdu plusieurs hommes. Hugon, Bruslart, Soiville (Fierville?) tués; un fort beau cheval au baron de Cornac (sic) pris. On a saisi une correspondance. Éloges de l'activité de Chambarlhac.

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Les chefs qui sont à la tête des insurgés sont extrêmement adroits, toujours attentifs sur la force et les mouvements de la troupe de ligne... Ils ne se considèrent point comme vaincus. Ils savent se dissoudre, quand les forces républicaines sont considérables; ils savent se réunir quand elles sont passées. Voilà la tactique qu'ils ont toujours employée. »

(Arch. de la guerre).

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V. Lettre du général Lefebvre, 18 pluv. (Journ. des hommes libres); — Monit., 19 pluv.; Journ. de Paris, 20; Beauchamp, t. IV, p. 495; MURET, t. V, SEGUIN, t. II, p. 365; — Notes de CAILLEBOTTE aîné, Journ., mss.;

Abbé DENIAU, t. VI, p. 65; p. 204; M. le curé MACÉ; BILLARD, t. I,

p.

384;

Rapports de police, publiés par M. NAUROY.

-

Les morts furent dépouillés de leurs galons, et ces galons vendus au profit des soldats qui les avaient enlevés. (Autorisation du capitaine Barrois, 15 févr. 1800 Papiers Caillebotte.)

1 CAILLEBOTTE aîné, Journ., mss.

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