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de tous ses pouvoirs), je procéderai au licenciement de tout mon arrondissement'.

« J'adhère aux conditions acceptées par MM. d'Autichamp et de Châtillon relativement à la pacification, sous la condition que les mêmes avantages accordés à ces Messieurs auront lieu pour la division de Rennes, commandée par M. de La Prévalaye.

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Les chefs bretons allaient signer à leur tour.

Pontbriand, qui commandait dans les Côtes-du-Nord, accepta la pacification, le 13 février, au Chêne-Ferron, près Dinan 3. Du Boisguy, son beau-frère, le suivit. Il commandait dans les environs de Fougères; vainqueur à Saint-James (Manche), le 3 pluviôse (23 janvier), vaincu à Parigné, près Fougères, le lendemain, sans munitions, écrasé par des forces toujours

1

1 Beauchamp dit, et ses copistes répètent, qu'il la fit le 24 janvier (4 pluviôse): erreur évidente.

K

Il avait sur le désarmement des vues particulières : Il faudrait », écrivait-il à Hédouville, le 17 février, « une proclamation où l'on annoncerait que tous ceux qui ne sont pas propriétaires et fermiers doivent rapporter leurs armes; ces derniers et tous les gens paisibles seraient les premiers à les y engager, et le désarmement se ferait sans secousse et sans trouble.

2 Arch. de la

guerre.

MURET, t. V, p. 194; tonne, art. de LEVOT.

CRÉTINEAU-JOLY, t. IV, p. 93;

Biographie bre

Le commandant de Dinan, Mattat, fut puni de quinze jours d'arrêts pour avoir, à cette occasion, malgré la défense du premier Consul, communiqué avec les rebelles et fait un traité particulier; il avait empiété sur les prérogatives réservées au général en chef. Le chef de la 70o demi-brigade, en lui en donnant avis, exprimait le regret « d'être forcé de le punir d'avoir voulu bien faire », et l'engageait à adresser au général en chef ses moyens de défense, qu'il appuierait de tout son pouvoir ". (Lettre du 28 pluviôse 17 février.)

4 MURET, t. V, p. 201; CRÉTINEAU-JOLY, t. IV, p. 93;

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Abbé DENIAU,

t. VI, p. 64; Biographie bretonne, art. de LEVOT. Ce dernier indique la date du 18 févr. (29 pluviôse) comme celle de la soumission de Boisguy; elle eût été postérieure à celle de Georges, et la dernière de toute la Bretagne.

Patu-Deshautchamps, p. 607, dit que « les clauses de la pacification pour les départements des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan, furent définitivement arrêtées le 14 février». Il n'y eut point de soumission collective.

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Rapports de police, 14, 24, 26 fév.

croissantes, il lui était impossible de tenir davantage la campagne.

Georges lui-même, le terrible Georges, signa la paix, le 13 février (24 pluviôse)', aux conditions de l'Anjou. Dans l'affaire de Grandchamp ou du Pont de Loch, dans le Morbihan (24 janvier), il avait lutté pendant toute une journée contre les généraux Harty et Genty, supérieurs en forces, sans succès bien décidé d'un côté ni de l'autre. D'autres combats avaient été honorables pour lui, mais sans lui permettre de reprendre l'offensive.

Frotté restait seul en armes.

L'affaire du Sap (5 janvier), par laquelle se rouvrirent les hostilités, est une des plus sinistres de la chouannerie. Les chouans, du reste, étaient à peu près maîtres du département de l'Orne tout entier, infestaient le pays d'Auge et cernaient la ville d'Argentan2.

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1 Quelle est la date exacte de la soumission de Georges? L'auteur de l'article Cadoudal, dans la Biographie bretonne, Le Jean, se trompe gravement en la fixant au lendemain de la bataille du Pont de Loch, c'est-à-dire au 25 janvier. La plupart des historiens, sans distinction de nuance politique, indiquent le 2 février 1800 (13 pluviôse an VIII): CRÉTINEAU-JOLY, t. IV, p. 85, et Histoire des généraux et chefs vendéens, t. 324; Notice sur Georges Cadoudal et le Morbihan pendant la Revolution, par Joseph CADOUDAL, Paris, Delaunay, 1829, in-8°, p. 73; BEAUCHAMP, t. IV, p. 494; comte Ch. DE BOURMONT, Notice, p. 28; LEPELLETIER (de la Sarthe), t. II, p. 497; abbé DENIAU, t. VI, p. 58; LA FRÉGEOlière, 157; p. Georges Cadoudal, p. 230. Beauchamp, dans la Biographie Michaud, art. Georges, avait donné la date du 9 février; Séguin, t. 11, p. 360, l'a suivi. Muret parle d'une entrevue qui aurait eu lieu, le 2 février, entre Georges et les généraux Brune et Debelle; elle aurait été fort dramatique. Brune tendit la main à Georges, mais Debelle lui dit brusquement: « Je suis chargé de la part du premier Consul de vous proposer le grade de lieutenant général et le commandement d'une division dans l'armée de Moreau, et, en cas de refus, de lui envoyer votre tête. — Ma tête? répondit fierement Georges. Pour cela il faudrait l'avoir, et je ne suis pas disposé à la céder. L'entretien continua sur un ton plus doux. Georges demanda trois jours pour se décider. Ce délai s'écoula sans solution. Ce n'est que le 13 que la paix aurait été définitivement conclue, au château de Beauregard. (T. V, p. 190.) Muret, dans sa Vie populaire de Georges Cadoudal, 1845, avait d'abord parlé du 12. Le traité est en réalité du 13, croyons-nous.

2 Journ. des hom. libr., 15 nivôse.

La municipalité cantonale du Sap, composée de patriotes exaltés', était particulièrement désignée à la vengeance des chouans. Elle le savait si bien, que ses membres, après avoir envoyé à Paris deux des leurs pour solliciter de prompts secours, s'étaient réfugiés avec leurs femmes et leurs enfants dans la maison commune, solidement construite en pierres de taille et adossée au mur de l'église. Sous le portail même donnait une porte en bois très-épaisse et très-forte, dont la garde avait été confiée à un des leurs, ancien militaire, Dutheil aîné. Le 5 janvier (15 nivôse), les chouans, au nombre d'environ trois cents, avec cocarde blanche et drapeau blanc, se présentèrent dans le Sap. Ils arrivaient du château de Monnai, alors inhabité, qui leur servait souvent de lieu de rendez-vous; un nommé Delahaye marchait à leur tête. Avaient-ils des intentions pacifiques, comme l'ont toujours soutenu leurs partisans? Arrivaient-ils avec un parti pris d'exécutions sanglantes? On ne sait au juste. Avant toute violence de leur part, un coup de feu part de la maison commune, et étend Delahaye roide mort. Vengeance! vengeance!» s'écrie son fils, qui marchait à côté de lui avec nombre d'autres jeunes gens de quinze à dix-huit ans, et les chouans se précipitent vers cette maison. Sommation est faite de se rendre, la vie sauve, aux défenseurs réfugiés au premier étage.

"

1 Adresse de l'adm. munic. du Sap au Direct. exéc.; 1er thermidor an IV. (Arch. de la guerre.)

6 ...

Plusieurs cantons de notre département et des départements voisins prirent les armes... Séduits par les ténèbres de l'infidélité venant de celles du cœur, ils s'humilièrent avec bassesse devant des amis trompeurs. Ce qui est plus étonnant, ils devinrent les adorateurs des nations voisines, naturellement jalouses de leur gloire et de leur prospérité. Salariés, dégradés, devenus leurs mercenaires, elles insultèrent à leurs misères, à leurs besoins...

"

La corruption de ces profanes prétextait une religion qu'ils méconnaissaient, une liberté qu'ils ne voulaient pas...

« Le canton du Sap, plus assuré de son courage que de ses forces physiques, au premier choc de rencontre, son bonheur venant de ce qu'il était juste, terrassa d'un coup mortel un des chefs et de son sang impur traça à sa troupe fugitive des limites que jusqu'à ce jour elle a toujours respectées...

"

Il demande que sa liberté ne soit plus ombragée de cette espèce d'interdit, et que l'état de siége soit levé.

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• Est-ce une allusion à l'assassinat abominable de Le Roy du Bourg (15 août 1792)?

Ils refusent. De nouveaux coups de feu sont échangés. Les chouans approchent alors du bâtiment des matières combustibles et y mettent le feu, mais sans grand résultat. Pendant ce temps, Dutheil, le gardien de la porte d'en bas, resté seul au rez-dechaussée, parlemente avec les assaillants, et, sur la promesse qu'il ne lui sera fait aucun mal, sans consulter ses camarades, sans même les avertir, laisse entrer les chouans, qui gravissent l'escalier et se jettent sur les assiégés. Ainsi surpris, entourés de femmes et d'enfants, ceux-ci se défendent à peine ; quelques-uns essayent de protéger les papiers de la mairie, d'autres s'enfuient dans diverses directions et avec des fortunes bien différentes : Goman, secrétaire en chef de l'administration municipale, fut tué par un factionnaire; Hubert, cultivateur, celui-là même qui avait frappé Delaunay, fut abattu, après avoir culbuté deux factionnaires, par un troisième; deux officiers municipaux, liés ensemble, purent s'évader, protégés par de courageuses femmes ; trois autres, Desjardins, cordonnier, Vallée et Paquet, furent sauvés par de B..., un des chefs des chouans qui ne put, malgré ses instances, obtenir la vie d'un nommé Picot, tailleur. Ce malheureux, qui n'était pas membre du conseil, et cinq autres victimes: Guilbert, greffier du juge de paix; Delamarre, président de l'administration cantonale; Maignet, lui aussi étranger à la municipalité; Pérotte, cordonnier, et Beaudouin, secrétaire adjoint de l'administration municipale, furent accouplés et fusillés dans le cimetière, au midi, devant la porte de l'église, à deux heures du soir.

Une inscription portant: Le Sap est conquis au Roi, avait été affichée à l'entrée des principales rues; abominable inauguration de cette prétendue conquête !

Les maisons des patriotes furent pillées, les papiers des administrations brûlés dans le cimetière, l'arbre de la liberté abattu. Les chouans enterrèrent leur chef dans le cimetière, en grande pompe, après l'avoir bardé de la tête aux pieds de longues pièces de linon, de batiste et de dentelles, volées chez Picot, une des victimes de la journée.

Avertis de l'approche des colonnes mobiles, ils déguerpirent

pendant la nuit, et le lendemain les colonnes n'en trouvèrent plus un seul dans la petite ville: leurs partisans s'étaient même réfugiés dans les bois et les carrières du voisinage, dans la crainte de sanglantes représailles'.

La légion du Perche, qui battit pendant longtemps la lisière des trois départements de l'Orne, de la Sarthe et d'Eure-et-Loir, sans avoir de rencontres véritablement sérieuses, était placée sous le commandement supérieur de Bourmont; une partie de ses officiers et de ses soldats avaient cependant été levés dans le département de l'Orne. Il ne paraît pas qu'elle ait jamais lié ses mouvements d'une manière bien utile avec ceux de Frotté2 ni même de Bourmont. Elle devança la reprise d'armes; Chandelier en était le principal chef3.

1 COURIOL, Histoire de la commune du Sap, Paris, 1860, in-12, p. 205. Nous avons particulièrement suivi son récit, écrit sur les lieux mêmes, sur le vu des registres de l'état civil et avec les souvenirs (ou les ressentiments) contemporains. L'opinion publique désigna comme ayant pris part cette sanglante expédition beaucoup de gens qui y étaient tout à fait étrangers, notamment un abbé Coupey (qui se trouvait alors en Westphalie). Les coupables faisaient partie de la bande de Picot. Aussi, dans le procès de Georges et de Moreau, où il était inculpé de complicité, une des charges relevées contre lui résultait-elle de l'assassinat de douze conseillers municipaux du Sap. C'était un chiffre inexact. Le Journal des hommes libres, 26 nivôse, l'avait déjà donné. Les administrateurs de l'Orne, en écrivant au ministre de la guerre, le 18 janvier, que « les brigands avaient haché par morceaux huit administrateurs et brûlé vif le juge de paix du canton » raient aussi des attentats assez odieux déjà par eux-mêmes.

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exagé

2 Séguin, t. II, p. 364, se trompe absolument en supposant qu'elle aurait été dirigée par Frotté personnellement dans cette campagne.

3 Nicolas Pilibert. Né à Beautot (Seine-Inférieure), 1771; déserteur d'un bataillon de la Montagne, 1794 ; — entré dans l'insurrection, 1795; ayant d'abord servi bravement dans le Maine et commandé les environs de Jublains et de Bazougers; chevalier de Saint-Louis, 1796; blessures;

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réuni de nouveau à Frotté, 1799;

détention,

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1798; ayant épousé mademoiselle de Rougemont, fille de l'ancien gouverneur de Vincennes et cousine de Puisaye, cancanière et intrigante. (État de 1814; DUCHEMIN DES CÉPEAUX, p. 425; Abbé PAULOUIN, t. III, p 71; BEAUCHAMP, t. IV, p. 17, 18; Comte DE L'ESTOURBEILLON, La noblesse francaise à Jersey; Biographie moderne, 1816 (art. très

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fautif); Biographie des hommes vivants; SEGUIN, t. II, p. 5, Comte DE CONTADES, Puisaye et d'Avaray, dans le Correspondant du 10 octobre 1883; PUISAYE, Memoires; Archives de l'Orne.) Chandelier est une des haines de Billard, qui l'accuse de toutes les infamies (t. I, p. 66, 385, 386, 414; t. II, p. 1 ets., 16 et s, 30 et 3., 59, 161, 230 et s., 239 et s., 251 et s., 371; t. III, p. 205 et s., 293 et s., 357).

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