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muniquer cette nouvelle à l'adjudant général Delaage. Achevez l'ouvrage, en vous concertant avec lui sur les moyens d'éloigner du pays les vagabonds qui seraient tentés d'emprunter les couleurs des chouans pour piller, et qui ne seront considérés que comme voleurs. Il me tarde de vous voir et de vous témoigner la satisfaction que j'éprouve que vous trouviez la récompense de votre amour pour le pays dans le sein d'une famille chérie.

Les chefs royalistes ainsi amenés par la force des circonstances sans doute à rompre le pacte solennel arrêté entre eux, il était naturel que leurs officiers, de leur côté, s'affranchissent de leurs devoirs de subordination et montrassent une certaine tendance, ou même un certain empressement, non pas à accepter la paix, déjà conclue, mais à déclarer qu'ils l'acceptaient, avec l'espoir de trouver dans cet empressement même des titres particuliers à la faveur du gouvernement consulaire.

Les choses allèrent si loin, que d'Autichamp lui-même, le plus doux et le plus modéré des généraux, finit par se plaindre; il écrivait à Hédouville, le 23 janvier, quatre jours après :

« J'ai appris par voie indirecte que des officiers de l'armée s'étaient permis, de leur chef, de vous porter la nouvelle de la pacification. S'ils s'en sont tenus là, ils n'ont d'autre tort que de l'avoir fait sans mon ordre; mais s'ils se sont dits munis de quelques pouvoirs de ma part, ils vous en ont imposé, et il est de mon devoir de vous prévenir que tout ce qui émanerait d'eux est absolument nul. Vous m'avez fait connaître que vous étiez instruit des cabales que quelques individus ont faites dans ce pays-ci. Ceux dont je vous parle en sont les chefs, et je vous engage à vous en méfier comme je m'en méfie moi-même 1..... »

Les différentes soumissions se succédèrent rapidement.

Celles de d'Autichamp et de Pallu-Duparc étaient du 28 nivòse (18 janvier).

Le lendemain, Châtillon, qui commandait la division de la haute Bretagne et du bas Anjou, et que madame de Turpin s'était hâtée de prévenir de ce qui se passait, annonçait à Hédouville qu'il allait réunir ses officiers pour délibérer sur la paix; mais il

Arch. de la guerre. Il est évident que le nom de Bernier est sous-entendu dans les récriminations du général en chef. V. aussi BEAUCHAMP, t. IV, p. 475-476; l'abbé DENIAU, t. VI, p. 48, et DE MARTEL, p. 66.

lui faisait savoir que, d'avance, il donnait des ordres pour le licenciement, ce qui prouve que le résultat du conseil n'était douteux pour personne. Il demandait toutefois quelques explications et faisait certaines réserves sur des points de détail : attitude plus digne et plus sage, ce semble, que celle de Pallu-Duparc conseillée par Bernier'.

Le 30 nivôse (20 janvier), les officiers de l'armée de Châtillon firent, en effet, leur soumission officielle.

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« La paix est acceptée par la division de la haute Bretagne et bas Anjou; l'ordre pour le licenciement des troupes qui la composent est donné; nous procédons de suite à son exécution. Nous vous envoyons MM. d'Andigné, de Kainlis, de Fougeroux et de Turpin, qui vous en rendront compte, ainsi que des différents objets qui intéressent le pays. Le désir d'épargner à nos malheureux concitoyens les malheurs de la guerre et d'éviter l'effusion du sang français, sera dans tous les cas la base de notre conduite. Nous n'avons écouté que ce sentiment dans la détermination que nous venons de prendre et que nous avons l'hon

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J'assemble demain les principaux officiers de mon armée et donne des ordres pour préparer le licenciement. Demain, à l'issue du conseil, j'aurai l'honneur de vous envoyer quelques articles déjà consentis par vous, et qui, représentés par M. d'Andigné à M. Talleyrand, n'ont paru devoir souffrir aucune difficulté. Nous vous demanderons sur ces différents articles ce que vous et le général Brune croyez pouvoir garantir au nom du gouvernement ; j'aurai l'honneur de vous représenter que ce licenciement ne peut être complété dans un jour, et qu'il serait dangereux que les colonnes républicaines sortissent sur les campagnes avant qu'il fût totalement effectué, sans quoi il pourrait en résulter quelques voies de fait que vous et moi désirons également éviter, puisque ce serait un nouveau malheur de plus.

(Arch. de la guerre.)

« CHATILLON. »>

2 Et non pas le 21 ou le 22, comme le croit l'abbé Deniau, t. VI, p. 51, 52; LA FRÉGEOLIÈRE, p. 56; M. DE MARTEL, p. 64.

Après la soumission de Châtillon, un de ses officiers, nommé Terlot, se mit à

Le même jour, Quatrebarbes, un des signataires de cette lettre, envoyait à Hédouville sa soumission particulière, avec la demande de sa radiation de la liste des émigrés et d'un passeport pour Paris'.

Nous n'avons pas la date précise de la soumission de Suzannet, qui commandait la division du Marais (ancienne division de Charette); mais elle eut lieu certainement à cette même époque2.

Quelques jours se passèrent. Bernier s'était rendu à Paris, avec Paultre de la Motte, aide de camp de Hédouville, pour y plaider, disait-il, la cause des pays insurgés auprès des ministres et du premier Consul, sans doute aussi pour y exposer ses services et en réclamer le prix. Il fut bien accueilli3, il obtint quelques grâces particulières pour d'anciens amis. Il invoqua, parfois avec un cer

la tête d'une bande d'une trentaine d'individus et se déclara chef de la division; mais cette manifestation tomba à plat. (Hédouville au ministre de la guerre, 8 pluviôse.) Il avait été question plus sérieusement du remplacement de Châtillon par le chevalier d'Andigné, un de ses principaux officiers. D'Andigné déclina ce tardif et périlleux honneur. (BEAUCHAMP, t. IV, p. 492.)

1 « J'ai le bonheur de voir réaliser, Général, ce qui faisait l'objet de mes vœux les plus ardents. Il ne me reste qu'à vous prier de me rendre à ma patrie, à ma famille; veuillez favoriser ma réclamation, l'appuyer auprès du Consul, la faire valoir; je vous devrai tout le bonheur de ma vie. Je ne vous parle pas de ma recon

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« J'ai le désir de partir pour Paris. Veuillez me procurer un passe-port pour aller solliciter sous vos auspices, et faire écouter mes réclamations. »

(Arch. de la guerre.)

49;

2 Abbé DENIAU, t. VI, p. Lettre de Bourmont, 22 janvier. On a prétendu (Biographie moderne, Leipzig) qu'à Montfaucon, Suzannet s'était prononcé pour la continuation de la guerre. La Frégeolière (p. 156) en fait, au contraire, un des tenants de la paix dans cette conférence. Il n'y assistait pas. Son père, qui arrivait de Londres, et quelques-uns de ses officiers, essayèrent inutilement de l'empêcher de déposer les armes. « Fusillez-moi », aurait-il répondu; «je préfère la mort, même « donnée par mes compagnons d'armes, à la triste obligation d'exposer sans espé«rance leur fortune et leur vie. »

3 « Bernier a été parfaitement accueilli du Consul, » 3 février.)

(Paultre à Hédouville,

tain succès, la pitié, l'humanité, la justice, la liberté commune, civile et religieuse, en faveur de ses compatriotes; mais on est révolté du sans gène avec lequel il abandonne ceux des autres insurgés qui n'ont pas suivi sa direction. Il semble même appeler sur eux, dans une certaine mesure, les rigueurs du gouvernement pour lui, Bourmont est devenu un étranger, Georges et Frotté sont presque des ennemis'.

L'armistice expirait le 22 janvier, et les chefs qui tenaient encore la campagne allaient avoir à combattre un ennemi auquel la soumission des autres généraux royalistes permettrait de réunir contre eux toutes ses forces, avec des hommes dont le bruit de ces soumissions avait naturellement abattu le courage et diminuait chaque jour le nombre.

Bourmont le comprit le premier. Il connaissait trop bien les motifs qui avaient dicté les résolutions de Suzannet, de d'Autichamp et de Châtillon, et ses cantonnements étaient trop voisins des leurs, pour qu'il pût garder des illusions sur les suites de la guerre. Ce dernier le poussait de toutes ses forces à la paix3. Il était loin d'avoir sous ses ordres les douze mille soldats dont parlent certains historiens. Il ne s'obstina pas, quoi qu'on ait pu dire à cet égard, à vouloir recommencer une guerre à outrance, il songea, au contraire, à s'assurer les mêmes conditions naient d'obtenir les autres chefs.

...

que ve

I Je suis désolé plus qu'étonné de la résistance de MM. Georges et Frotté. On sait qui les mène. L'Angleterre ne le dissimule pas. Elle dit nettement que leur opposition armée empêchera au moins trente mille hommes d'être, à l'ouverture de la campagne, sur les bords du Rhin. Voilà la mille et unième fois qu'elle n'agit que pour elle. Comment, après cela, ne pas ouvrir les yeux ?... (Lettre à Hédouville, Paris, 1er février 1800; Arch. de la guerre.)

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2 Les circonstances dans lesquelles sa soumission fut négociée et signée avaient été ignorées de tous les historiens. M. Charles de Bourmont lui-même, dans sa Notice pour servir à la Biographie de M. le maréchal comte de Bourmont, ne les avait pas exactement connues. Nous pouvons les préciser d'après des documents authentiques. V. aussi de Martel, p. 122.

3 Lettres des 3 et 8 février, très-pressantes. « Un homme de qui veut-il parler? vous pousse, qui a voulu négocier quand personne n'y songeait, et veut aujourd'hui la guerre. » (Bibl. nat., vol. 1029.) Montardas, au contraire, l'encourageait à la résistance. (Lettre du 21 janvier, ibid.)

Le 22 janvier, il écrivit en ce sens au général Hédouville :

« GÉNÉRAL,

« Je viens d'être informé qu'en raison des adoucissements apportés par le premier Consul aux conditions que ses proclamations semblaient exiger, MM. d'Autichamp, de Suzannet et de Châtillon avaient conclu la paix.

« Je vous prie de vouloir bien me faire part des adoucissements proposés, afin que je puisse prendre le parti le plus convenable aux inté rêts qui m'ont été confiés.

« Veuillez bien aussi, Général, me faire savoir ce que je dois faire dans le cas où je trouverais utile d'adhérer à ce qu'ont fait MM. les chefs de la Vendée.

« J'attendrai votre réponse à Meslai et ne commettrai, en attendant, aucune hostilité, à moins que je ne sois attaqué.

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Malheureusement, les troupes républicaines étaient déjà en marche de Laval sur Meslai: le général Chabot reçut cette lettre en route. Il était trop tard pour la transmettre à son supérieur. Soit qu'elle ne lui parût pas assez explicite, soit même qu'elle excitât son désir d'en venir aux mains avec les chouans, en lui promettant un succès plus facile, il les attaqua le 23 au matin. Ils furent surpris, ils n'avaient pas même de cartouches. Quelques-uns d'eux se battirent avec un grand courage; deux de leurs meilleurs officiers, La Volvène (Paratowski) et Tiercé (Adolphe), furent tués. La déroute fut complète 3.

L'affaire de Meslai n'eut donc pas le caractère qu'on lui attribue généralement : elle n'inaugura point de la part des royalistes une reprise d'armes : elle les surprit trop confiants dans le résultat des ouvertures pacifiques qu'ils avaient déjà faites et qui furent

1 Arch. de la guerre.

2 Thiers, Histoire du Consulat, t. I, p. 204, suppose que La Prévalaye et Bourmont auraient été réunis à ce moment; c'est une erreur, Bourmont était seul. (DE MARTEL, p. 144.)

3 Abbé DENIAU, t. VI, p. 60. Nous avons publié dans la Revue du Maine, 1882, d'après les Archives de la guerre, d'importants documents relatifs à l'affaire de Meslai. V. aussi DE MARTEL, p. 117.

▲ Beauchamp, d'ordinaire mieux renseigné, écrit que « Bourmont n'apprit qu'a

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