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démarches, lorsqu'il serait contraint de s'éloigner avec sa famille. La constitution du clergé ne pouvant être qu'en opposition directe avec les principes de religion de Mesdames, l'on pensait que leur voyage à Rome ne serait attribué qu'à leur seule piété. Cependant il était difficile de tromper une Assemblée qui devait peser les moindres actions de la famille royale, et, dès ce moment, on eut plus que jamais les yeux ouverts sur ce qui se passait aux Tuileries.

Mesdames désiraient emmener madame Élisabeth à Rome. Le libre exercice de la religion, le bonheur de se réfugier auprès d'un chef de l'Eglise, et de vivre avec sécurité auprès de ses tantes qu'elle aimait tendrement, tout fut sacrifié par cette vertueuse princesse à son attachement pour la personne du roi 1.

Le serment exigé des prêtres par la constitution civile du clergé, avait amené, dans l'Église de France, une division qui augmentait les dangers multipliés dont le roi était déjà environné. Mirabeau passa une nuit entière chez le curé de Saint-Eustache, confesseur du roi et de la reine, pour le

'La Chronique de Paris, journal écrit sous l'influence du parti constitutionnel, fit paraître, au sujet du départ de Mesdames, l'article suivant :

« Deux princesses, sédentaires par état, par âge et par goût, » se trouvent tout à coup possédées de la manie de voyager et >> de courir le monde... C'est singulier, mais c'est possible. Elles

décider à faire le serment exigé par cette constitution. Leurs Majestés choisirent un autre confesseur qui resta inconnu.

Quelques mois après, ce trop fameux Mirabeau, démocrate mercenaire, et royaliste vénal, termina sa carrière. La reine le regretta, et s'étonnait ellemême en parlant de ses regrets; mais elle avait espéré que celui-là seulement, qui avait eu l'adresse et la force de tout désorganiser, aurait pu avoir celle de réparer le mal causé par son funeste génie. On a beaucoup parlé sur le genre de mort de Mirabeau. M. Cabanis, son ami et son médecin, niait

'» vont, dit-on, baiser la mule du pape... C'est drôle, mais c'est » édifiant.

>> Trente-deux sections et tous les bons citoyens se mettent >> entre elles et Rome.... C'est tout simple.

>> Mesdames, et surtout madame Adélaïde, veulent user des » droits de l'homme.......... C'est naturel.

>>

» Elles ne partent pas, disent-elles, avec des intentions opposées à la révolution.... C'est possible, mais c'est difficile.

>> Ces belles voyageuses traînent à leur suite quatre-vingts >> personnes.... C'est beau; mais elles emportent douze mil>> lions... C'est fort laid.

>> Elles ont besoin de changer d'air...... C'est l'usage. Mais ce >> déplacement inquiète leurs créanciers.... C'est aussi l'usage. » Elles brûlent de voyager (désir de fille est un feu qui dé» vore).... C'est l'usage. On brûle de les retenir; c'est aussi » l'usage.

» Mesdames soutiennent qu'elles sont libres d'aller où bon >> leur semble... C'est juste.

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(Note de l'édit.)

qu'il eût été empoisonné. Voici ce que j'ai entendu dire à la reine par M. Vicq-d'Azyr, le jour même de l'ouverture du cadavre. Ce médecin l'assura que le procès verbal qui avait été fait sur l'état des intestins, était aussi applicable à une mort produite par des remèdes violens, que par le poison. Il disait aussi que les. gens de l'art avaient été fidèles dans leur rapport; mais qu'il était plus prudent de le conclure par la mort naturelle, puisque, dans l'état de crise où était la France, un parti, innocent d'un tel crime, pourrait être victime de la vengeance publique.

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CHAPITRE XVIII.

Préparatifs du de Varennes voyage Par qui la reine est observée et trahie. - Anecdotes diverses. Le départ de ma

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dame Campan pour l'Auvergne précède celui de la famille
royale pour Varennes. — Madame Campan apprend l'arres-
tation du roi.
retour à Paris.

Billet que lui écrit la reine aussitôt son
Anecdotes. Mesures prises pour garder

le roi aux Tuileries: elles sont insultantes..

Adoucisse

mens qu'y apportent plusieurs officiers de la garde nationale. Les chagrins blanchissent les cheveux de la reine. Barnave, pendant le retour de Varennes, s'attire l'estime et la confiance de Marie-Antoinette. Sa conduite honorable et respectueuse : elle contraste avec celle de Pétion. courageux de Barnave. Ses conseils à la reine. larités sur le voyage de Varennes.

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-Trait Particu

Au commencement du printemps de 1791, le roi, fatigué du séjour des Tuileries, voulut retourner à Saint-Cloud. Déjà toute sa maison était partie, et son dîner y était préparé. Il monta en voiture à une heure; la garde se révolta, ferma les grilles, et déclara qu'elle ne le laisserait point partir. Ce coup était certainement monté sur des indices d'un projet d'évasion. Deux personnes, qui s'approchèrent de la voiture du roi, furent très-maltraitées. Mon beaupère fut saisi avec violence par les gardes qui lui enlevèrent son épée. Le roi et sa famille furent forcés de descendre de voiture et de rentrer dans leurs

appartemens. Cet outrage ne leur fut pas intérieurement très-sensible, ils y virent un motif de légitimer, aux yeux du peuple même, le projet qu'ils avaient de s'éloigner de Paris.

Dès le mois de mars de la même année, la reine s'occupa des préparatifs de son départ. Je passai ce mois auprès d'elle, et j'exécutai une grande partie des ordres secrets qu'elle me donna à ce sujet. Je la voyais avec peine occupée de soins qui me semblaient inutiles et même dangereux, et lui fis observer que la reine de France trouverait des chemises et des robes partout. Mes observations furent infructueuses : elle voulut avoir à Bruxelles un trousseau complet, tant pour elle que pour ses enfans. Je sortais seule, et presque déguisée, pour acheter et faire faire ce trousseau.

Je commandais six chemises dans une boutique de lingère, six dans une autre, des robes, des peignoirs, etc. Ma sœur fit faire un trousseau complet pour Madame, sur les mesures des hardes de sa fille aînée, et je commandai des habits pour M. le dauphin, sur celles de mon fils. Je remplis une malle entière de tous ces objets, et l'adressai, par ordre de la reine, à une de ses femmes, veuve du major d'Arras où elle se trouvait en congé illimité, afin qu'elle fût prête à partir pour Bruxelles ou pour tout autre lieu, lorsqu'elle en recevrait l'ordre. Cette dame avait des terres dans la partie de la Flandre autrichienne, et pouvait quitter Arras sans que cela fût observé.

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