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COURS DE LITTÉRATURE

ANCIENNE ET MODERNE;

PAR J. F. LAHARPE.

NOUVELLE ÉDITION,
AUGMENTÉE DE LA VIE DE L'AUTEUR,
ET ORNÉE DE SON PORTRAIT.

Indocti discant, et ament meminisse periti.

TOME TREIZIEME.

PARIS,
AMABLE COSTES, Libraire, rue de Seine, no 12.

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DE LITTÉRATURE

ANCIENNE ET MODERNE.

TROISIEME PARTIE.

DIX-HUITIEME SIECLE.

LIVRE PREMIER.

POÉSIE.

APPENDICE.

M. DE LAHARPE est mort sans avoir terminé les différentes parties de son Cours de littérature, qui concernent le dix-huitième siècle; il n'a donc pu traiter de la SATYRE, de la FABLE, de l'EGLOGUE, de l'IDYLLE, et des POÉSIES LÉGÈRUS. de toute espèce, de ce même siecle.

Nous avons recueilli, de cet auteur, plusieurs morceaux séparés, et nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en les imprimant sous le titre de FRAGMENS.

FRAGMENS

SUR la seconde satyre de Gilbert, intitulée Mon Apologie.

Voici un de ces hommes qui s'appellent dis ciples de Boileau: il faut donc leur apprendre leur devoir, les comparer à leur maître.

13.

Boileau, dans la satyre adressée à son esprit, ne se dissimule pas tout le mal qu'on dit de lui.

Mais savez-vous aussi comme on parle de vous?
Gardez-vous, dira l'un, de cet esprit critique;
On ne sait bien souvent quelle mouche le pique.
Mais c'est un jeune fou qui se croit tout permis,
Et qui, pour un bon mot, va perdre vingt amis.
Il ne pardonne pas aux vers de la Pucelie,
Et veut régler le monde au gré de sa cervelle.
Jamais dans le barreau trouva-t-il rien de bon?
Peut-on si bien prêcher qu'il ne dorme au sermon?
Mais lui qui fait ici le régent du Parnasse

N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace.
Avant lui Juvénal avait dit en latin,

Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin, etc.

Il y a du sel dans ces vers, de la bonne plaisanterie, de la gaîté, de ces traits heureux qui frappent et qu'on ne peut pas oublier, tel que celui des deux derniers vers; et voyez d'ailleurs comme la tournure en est aisée ! Comme ils sont du ton de la conversation, sans rien perdre du côté de la précision et de l'élégance! Comme le satyrique trouve à mordre gaîment, jusque dans le mal qu'il suppose qu'on dit de lui! Voilà comme avec un bon esprit, un goût délicat, un vrai talent, on sait égayer la satyre et faire pardonner ce qu'elle peut avoir d'odieux quand elle n'est pas une juste représaille. On y voit d'ailleurs un honnête homme qui se respecte luimême, qui avoue qu'on peut lui reprocher son penchant à la médisance, mais qui sent qu'on ne peut lui imputer des motifs bas, ni attaquer son caractere et ses mœurs. Voilà le maître; voyons le disciple. Il introduit un philosophe qu'il se donne pour interlocuteur, et qui lui dit dans un lieu public et devant des témoins:

De la religion, soldat déshonoré,

Vous qui croyez en Dieu daus un siecle éclairé,
Gilbert, de votre cœur savez-vous ce qu'on pense?

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