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des services importants rendus à l'humanité, aux exemples mémorables de vice et de vertu, de malheur ou de prospérité, et à tout ce qui pourrait inspirer aux enfants l'humanité et la bienfaisance.

Je ne voudrais pas qu'on chargeât les récits de trop de réflexions, mais qu'on s'en tînt à celles qui naîtraient naturellement des faits, et qui seraient propres à former l'esprit et le cœur des enfants, à fortifier en eux l'instinct moral, qui chez tous les hommes précède même l'usage de la réflexion, et qu'on fit ainsi servir l'étude de l'histoire à les accoutumer de bonne heure à détester tout ce qui est mal, à goûter tout ce qui est bien.

Pour faciliter cette partie de l'instruction, il faudrait encore avoir plusieurs petits livres abrégés, composés par des personnes aussi distinguées par leur discernement que par leur érudition, et qui continssent les faits avec les réflexions, en sorte que les enfants n'eussent à lire et les maîtres qu'à les interroger sur ce qu'ils auraient lu, ou le leur faire raconter d'euxmêmes, ce qui leur apprendrait en même temps à lire avec fruit et à bien parler; mais malheureusement nous n'avons encore en ce genre que des livres très imparfaits.

Parvenus à l'âge de douze ou treize ans, et munis d'un bon nombre de connaissances particulières, il serait temps d'élever les jeunes gens à des connaissances générales, à des objets non

sensibles, à des principes abstraits qui servent de base au raisonnement, et les accoutumer ainsi peu à peu à voir les choses de plus haut et plus en grand qu'ils ne l'ont fait jusques alors. Les premières connaissances de ce genre qui paraissent être le plus à leur portée, sont celles des grandeurs ou des mathématiques, qu'ils comprendraient à coup sûr bien plus aisément que les abstractions grammaticales, puisque les sens, l'imagination et la mémoire concourent ici avec la réflexion pour faciliter l'intelligence des vérités les plus abstraites, et que ces vérités offrent d'ailleurs tant d'attraits et en elles-mêmes et par leur grande utilité pour les hommes. Point d'étude aussi plus propre à perfectionner l'esprit humain, puisqu'elle lui fait contracter l'habitude de combiner ses idées, de les comparer entre elles, de les lier et enchaîner l'une à l'autre, et qu'elle le force en quelque sorte à raisonner toujours juste, ou s'il vient à se tromper, lui fait reconnaître incessamment son erreur.

En supposant qu'on eût pris soin auparavant de former peu à peu les enfants aux opérations arithmétiques par une simple pratique, il faudrait à cette époque commencer par les élever à ces notions et ces principes généraux des nombres, qui servent à démontrer les fondements de ces opérations, leur développer celles-ci d'une manière raisonnée, et leur apprendre à les appliquer et en modifier les pratiques et les usages, selon le besoin et les circonstances.

Il s'agirait encore de leur faire concevoir d'une manière abstraite l'étendue avec ses dimensions, les diverses figures avec leurs rapports de quantité et leurs proportions, les diverses opérations qu'on emploie pour mesurer les lignes, les surfaces, les solides, tant sur le papier que sur le terrain, en joignant à chaque vérité sa démonstration et à chaque opération sa preuve; ce qui supposerait encore la connaissance détaillée et raisonnée de tous les divers instruments nécessaires pour prendre et déterminer les mesures dans tous les cas; il faudrait, en un mot, instruire les jeunes gens dans tout ce qui appartient à la géométrie élémentaire, théorétique et pratique, la trigonométrie et les logarithmes, avec les premiers éléments des sections coniques et de la science des courbes, autant qu'il en faudrait pour servir de préparation à l'étude de la physique proprement dite.

Car il serait temps aussi de mettre à profit les connaissances historiques qu'ils auraient acquises sur les objets sensibles pour les conduire aux résultats généraux, à la connaissance des lois générales de la nature, et des causes qui servent à expliquer les divers phénomènes naturels connus par des observations ou des expériences. Cette science qui constitue la physique proprement dite, demande nécessairement l'application des principes mathématiques qui servent à démontrer la liaison des causes avec leurs effets; ainsi elle comprend sous elle ces diverses branches de

sciences qu'on appele physico-mathématiques. Cette théorie physique deviendrait encore plus intéressante pour les jeunes gens lorsqu'on y joindrait les expériences et quelques opérations de chimie. Alors ils se trouveraient assez avancés pour recevoir des instructions plus approfondies sur les corps, leurs propriétés spécifiques, et ce qui a rapport à leur naissance, leur accroissement, leur développement, leur dépérissement et dissolution; objets du ressort de la physiologie. Ce serait le moment aussi de leur donner quelque teinture d'anatomie du corps humain, et des principales maladies auxquelles il est sujet, avec les médicaments le plus communément en usage.

CHAPITRE V

Continuation de la marche graduelle qu'il faudrait suivre dans l'éducation intellectuelle pour cé qui regarde l'instruction des jeunes gens dans les sciences.

A l'aide de toutes leurs connaissances historiques et des progrès de leur réflexion et de leur jugement, on pourrait ensuite très facilement

élever les jeunes gens à la connaissance générale de l'homme ou de l'espèce humaine, considérée comme distincte des autres espèces, et relevée sur elles par des caractères frappants de supériorité; science bien importante, qui devrait servir d'introduction à toutes les études philosophiques car que peut-on savoir d'intéressant en ce genre si l'on ne commence par connaître l'homme ? Les matériaux de cette science se trouvent dispersés dans une infinité d'écrits; mais il n'existe encore aucun traité élémentaire qui les ait rassemblés sous une forme utile pour l'instruction. Nous en avons tracé une ébauche dans la première partie de notre ouvrage manuscrit sous le nom d'Anthropologie proprement dite.

Après cela on pourrait promener les regards des jeunes gens sur l'espèce humaine, considérée comme répandue ou dispersée sur la face de la terre sous différents corps de sociétés, et rassembler tous les faits généraux qui ont rapport à leurs premières origines et aux progrès qu'elles ont faits successivement dans la recherche et l'application des moyens propres à assurer leur conservation et augmenter leur bonheur.

Telle est la science importante dont il faudrait du moins apprendre aux jeunes gens les premiers éléments; les matériaux en sont aussi répandus dans plusieurs excellents ouvrages modernes ; mais personne jusqu'ici ne s'est avisé d'en composer un abrégé élémentaire qui pût servir de

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