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sibles avant de les élever aux non sensibles et les conduire toujours graduellement du simple au plus composé.

J'y joins une seconde règle non moins importante et liée à cette maxime fondamentale, qu'il ne faut apprendre aux enfants que ce qu'ils peuvent comprendre, c'est qu'on ne doit leur faire connaître et apprendre les mots qu'autant qu'on peut en même temps leur expliquer nettement le sens de ces mots et les choses qu'ils signifient, ni avancer leurs progrès dans le langage que dans la même proportion que leur connaissance des objets et des faits se développe, s'étend et se perfectionne; marche qui répond exactement à celle que la nature a prescrite aux hommes, et qu'ils ont suivie dans tous les temps.

Il en résulte encore cette troisième règle aussi essentielle que les précédentes, c'est que dans la première éducation des enfants on doit se borner absolument à les instruire dans leur langue maternelle, puisque c'est la seule qu'ils puissent bien apprendre actuellement, à mesure qu'ils avancent dans la connaissance des choses, et qu'ils ne sauraient en apprendre aucune autre, comme il faut, qu'ils ne sachent premièrement bien celle-là, comme nous l'avons déjà montré au chapitre premier.

Mais dans les instructions qu'on leur donne sur cette langue maternelle, on doit mettre de côté tous les principes de grammaire et de rhétorique qui supposent des notions abstraites, une

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réflexion profonde, un raisonnement dont les enfants sont incapables, et s'e pour le coup aux idées les plus simples q vent être à leur portée, à l'usage, l'exe l'habitude, qui doivent leur tenir lieu de comme ils en tiennent à toutes les pe du monde qui parlent assez bien, sans a mais été initiées dans aucun art du disco

Mais il faut inculquer avec soin et bonne heure cette maxime aux enfants, c le langage étant uniquement destiné au d pement et à la communication de la pen ne saurait en faire un abus plus ridicu celui de parler sans attacher aucun sens pressions qu'on emploie, c'est-à-dire comprendre soi-même, rien dès là me plus important dans l'éducation intellectu de veiller continuellement à ce que les n'emploient aucun mot sans y attacher bien déterminé, et qu'ils ne prennent pas, cela n'arrive que trop souvent, la mauva bitude de babiller sans sujet et sans a gner la parole d'aucune pensée propreme par là on les accoutumera à bien chois expressions pour les approprier à chaqu à s'énoncer avec exactitude et justesse parviendra même à les initier peu à p les tours, les images, les beautés de leur qu'on prendra la peine de leur faire o dans les bons auteurs dès qu'ils seront d'en entreprendre la lecture.

Ces principes une fois posés, entrons dans quelque détail sur la graduation qu'exigerait le cours des études pour qu'elles formassent par leur enchaînure et leur correspondance un ensemble assorti aux vues qu'on doit raisonnablement se proposer dans l'instruction des enfants.

CHAPITRE IV

Application des principes précédents au détail d'une marche graduelle dans le cours des premières opérations de l'éducation intellectuelle, qui ont rapport à l'instruction dans la connaissance des faits.

Dès que les enfants commencent à distinguer les objets et à articuler des sons, il faut mettre sous leurs yeux tous les objets qui peuvent les intéresser, et leur laisser d'abord une sorte de liberté par rapport aux sons qu'ils emploient pour exprimer ces objets, ainsi que leurs sensations et leurs désirs; il faut les abandonner ici jusques à un certain point à l'impulsion de la nature qui est actuellement le principal maître qui puisse les diriger dans le choix des signes.

Mais dès aussitôt qu'ils prennent assez de conception pour saisir par l'usage les expressions du langage, et se les rendre familières par l'habitude, dès qu'ils commencent à comprendre jusques à un certain point les discours des autres, et à pouvoir les imiter, dès lors on doit sans délai substituer à leur vocabulaire enfantin celui de leur langue maternelle, en les accoutumant à exprimer les choses comme les autres les expriment; il faut surtout veiller de bonne heure à ce qu'ils n'altèrent pas les mots du langage par une prononciation négligée; ce qu'on ne leur permet que trop souvent, quoiqu'on ne puisse ignorer combien il est difficile de corriger ce défaut lorsqu'on l'a laissé dégénérer en habitude.

Quand à force d'usage et d'habitude les enfants sont enfin parvenus à étendre leur vocabulaire à tout ce qui est du ressort de la vie commune, et à s'exprimer d'une manière intelligible, ce qui n'arrive guère avant l'âge de six ou sept ans, je crois que c'est alors le temps de leur apprendre à lire.

Lorsqu'on réfléchit à toute la combinaison des mouvements nécessaires pour former la parole et à toutes les difficultés qui semblent accompagner l'apprentissage dans l'art de parler, on est surpris que les enfants puissent, en si peu de temps, y faire d'aussi grands progrès. Mais la surprise cesse quand on considère que c'est la nature qui leur sert ici principalement de guide,

et qu'ils font aisément tout ce qui se fait naturellement, quelque compliqué qu'il soit, surtout lorsque le besoin est plus pressant et sensible.

Il n'en est pas de même de la lecture dont les enfants sentent beaucoup moins la nécessité, qui leur offre une suite d'opérations fort compliquées, et où la nature n'a que peu ou point de part; ils répugnent pour la plupart à un apprentissage dont ils aperçoivent d'abord toutes les difficultés et les longueurs. Mais j'estime que ces difficultés et ces longueurs rebutantes viennent principalement de deux causes, auxquelles on pourrait aisément remédier la première c'est qu'on apprend à lire aux enfants avant qu'ils sachent parler, c'est-à-dire, exprimer d'une manière intelligible tout ce qui a rapport à la vie commune; la seconde c'est qu'on emploie pour cela une multitudes d'opérations aussi fastidieuses qu'inutiles, qu'on les exerce sur un nombre effrayant de mots sans valeur pour eux, qu'ils n'ont jamais eu, et qu'ils n'auront peut-être jamais occasion de prononcer. Qu'on n'apprenne à lire aux enfants qu'après qu'ils auront appris à bien parler; qu'on ne les exerce que sur des mots intelligibles pour eux, sur des livres dont ils puissent comprendre toutes les expressions, et qui aient pour eux quelque chose d'attrayant, j'ose répondre qu'ils apprendront à lire sans répugnance, sans effort et en très peu de temps.

On aidera aux progrès de la lecture, en y joi

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