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elles-mêmes; il les a ramenées à des formules compréhensives et constitué ainsi les sciences qui se lient et s'harmonisent, pour former comme un arbre immense dont les feuilles, les rameaux, les branches, se rattachent à un tronc unique, la nature.

La marche par laquelle les notions générales ont été amenées ainsi à l'état de science, est appelée par l'auteur la synthèse, la méthode synthétique. Mais il n'y a pas accord entre le développement historique des connaissances humaines et leur distribution synthétique en corps de sciences. Le développement historique a pour loi et pour cause le besoin, tandis que c'est d'après les notions abstraites des qualités, des parties, ou des points de vue des objets, que la distribution synthétique des sciences a lieu. Chavannes condamne absolument l'emploi de la méthode synthétique dans l'enseignement; il stigmatise avec une parfaite justesse les méthodes pédagogiques qui prennent pour point de départ des formules, des abstrac tions, des principes généraux, sans valeur ni clarté pour les jeunes intelligences; il rend hommage aux Bacon, aux Locke, aux Bonnet, aux Condillac, qui ont mis au grand jour cette vérité importante, en démontrant que pour bien connaître les choses et pour communiquer aux autres nos connaissances acquises, il faut commencer, non par des principes généraux et abstraits, mais par les faits dont ils sont les résultats. Notre premier maître doit être l'expérience et la génération historique des idées.

Chavannes fait observer enfin que l'on a entièrement oublié que toutes les sciences se rapportent à l'homme. C'est ainsi que notre professeur arrive à sa science qu'il appelle nouvelle.

Ce défaut général des méthodes d'instruction, doit être combattu par divers moyens: 1° étude de l'antiquité et des origines primitives; 2° étude approfondie du langage et des diverses langues; 3° introduction d'une nouvelle science, sous le nom d'Anthropologie; Chavannes en expose ici le plan général.

Le plan dont il est question est tout ce qu'il y a de plus remarquable; on ne saurait aujourd'hui, après un siècle, et quel siècle ! concevoir un plan plus complet et plus parfait de la science maîtresse de l'avenir, de l'ANTHROPOLOGIE, qui doit étudier l'homme à tous les points de vue, et dont toutes les autres ne sont au fond que des auxiliaires; Chavannes est non seulement le précurseur des anthropologistes actuels, il est l'inventeur, le vrai créateur de leur science; et il a, grâce à l'intuition propre du génie, si bien pénétré la portée immense de l'étude de l'homme, qu'il voulait faire de sa « science nouvelle » la base, le pivot et le but de l'enseignement secondaire, qui devait être le même « pour tous les jeunes gens destinés à une vocation quelconque qui exige la culture de l'esprit. >>

Après avoir exposé son plan, Chavannes dit, à la p. 142 de la première partie de son essai, avec une simplicité, une naïveté et une bonhomie qui vous font venir les larmes aux yeux: « J'ignore si elle existe en manuscrit dans quelque cabinet, mais j'annonce au public qu'elle existe actuellement dans le mien, et toute prête à voir le jour, si cela peut se faire sans inconvénient pour ma fortune, ni pour celle d'aucun imprimeur, à laquelle je serais au désespoir de porter la moindre atteinte. >>

Hélas! l'Anthropologie de Chavannes est restée manuscrite et se trouve actuellement à la Bibliothèque cantonale; elle fournirait, dit-il plus loin, une quinzaine de volumes in 8°, de 3 à 400 pages. Sera-t-elle jamais imprimée? L'auteur en a publié un résumé, en 1788, qui a passé à peu près inaperçu et est à présent tout à fait oublié.

Comme je ne réimprime dans ce volume que la seconde partie de l'ouvrage de Chavannes, parce qu'elle

contient son véritable Essai sur l'éducation intellectuelle, tandis que la première n'est en réalité qu'une très longue introduction à cet essai, je ferai un nouvel emprunt au livre de M. Gindroz, qui donne un aperçu de l'Anthropologie de Chavannes d'après le manuscrit déposé à la Bibliothèque cantonale.

L'Anthropologie est la science générale de l'homme; elle comprend plusieurs parties.

I. L'Anthropologie proprement dite, ou science de l'homme considéré dans la constitution de sa nature, dans tous les traits qui le rapprochent et dans ceux qui le distinguent des autres espèces. Triple vie - végé tative, animale, intellectuelle, détails d'histoire naturelle, d'anatomie et de physiologie comparée. 2 vol. in-8°. II. L'Ethnologie, ou science de l'homme considéré comme appartenant à une espèce répandue sur le globe et divisée en divers corps de sociétés ou nations occupées à pourvoir à leurs besoins ou à leurs goûts, et plus ou moins civilisées. Elle comprend trois parties ou sections: 1 Section, où, après avoir considéré les nations dans leur état actuel, quant aux divers points qui les distinguent, on remonte jusqu'aux premières origines de la séparation de l'espèce en peuplades, pour en suivre les destinées jusqu'à l'époque des sociétés imparfaites et de l'introduction de l'agriculture. — 2me Section, où l'on considère les peuplades depuis l'établissement des sociétés imparfaites et l'introduction de l'agriculture jusqu'à leur transformation en sociétés régulières et civiles. 3 me Section, où l'on considère les peuplades dans leurs transformations en sociétés régulières et civiles et les effets qui en sont résultés quant à leurs progrès dans la civilisation, entre autres dans la culture des arts, des sciences et de la philosophie. Chaque section forme un

volume in-8°.

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III. La Noologie, ou science de l'homme considéré comme être intelligent, développant sa pensée et ses

opérations, pour connaître tout ce qui l'environne et l'intéresse. 1 vol. in-8°.

IV. La Boulologie, ou science de l'homme considéré comme doué de volonté, d'activité, de liberté, et des règles morales qu'il doit suivre dans ses déterminations en vue du plus grand bien. 1 vol. in-8°.

V. La Glossologie, ou science de l'homme parlant, laquelle traite du langage parlé et écrit, pour en montrer les premières origines, la formation, le développement et les progrès. 1 vol. in 8°.

VI. L'Etymologie, ou science qui apprend à saisir les rapports d'affinité et la vraie généalogie des mots, pour les ramener à leurs primitifs et tirer de là le moyen d'en fixer la vraie signification. 1 vol. in-8°.

VII. La Lexicologie, où l'on fait servir la glossologie et l'étymologie à dresser les tableaux des familles principales des mots selon l'ordre de leur filiation, et qui, en présentant un plan en forme d'essai, instruit sur la méthode à suivre pour composer un vocabulaire étymologique universel. 3 vol. in-8°.

VIII. La Grammatologie, ou science de la grammaire générale, qui rend compte des procédés que l'homme parlant a mis en usage pour assortir son discours de toutes les espèces de mots nécessaires à l'expression de la pensée et les arranger de la manière la plus convenable pour la rendre intelligible. 1 vol. in-8°.

IX. La Mythologie, de l'origine de la Mythologie et du paganisme, et de l'explication des fables. 1 vol in-8°.

Cette partie n'a pas été complétement traitée par Chavannes; elle devait comprendre les volumes 14 et 15 du grand ouvrage; nous avons dit que l'on n'en possédait que treize. L'abrégé ne contient que la table des matières. Le théisme, suivant Chavannes, a été la première religion, il a dégénéré en polythéisme et en idolâtrie. Discussion de systèmes divers proposés pour expliquer l'idolâtrie. Moyens que Dieu a employés pour retirer les hommes de cet état. Christianisme.

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Tel est le plan général de Chavannes. beaucoup de connaissances dans ces mati précier quelle masse de recherches, de faits, d'érudition en un mot, il a fallu ra foule de questions dont la difficulté égale se présentaient à l'auteur, sur l'état des ples, leur développement, la marche de l'origine des langues, leur diffusion, etc., et

On se rappelle quelle est la méthode d procède constamment du connu à l'inconn est le flambeau qui éclaire sa marche. Pre de départ dans l'état actuel en toutes chose à l'état primitif et aux éléments de l'huma calme, ferme et pénétrant le préserve des thèses. Dans la partie consacrée au lang étendue qui annonce les prédilections de l' marque quelquefois les tendances auxquel ordinairement la passion des étymologies des racines; mais aussi bien des aperçus in jetés çà et là; on découvre des perspectiv on entrevoit des horizons inconnus. Cel science de l'anthropologie a fait, depuis la siècle, d'immenses pas, dans toutes les dire cherches d'érudition sur les langues ancie nous dirions presque la découverte de la dans plusieurs contrées de notre globe re nos jours inexplorées, les voyages, les prog ces physiques, tous ces mouvements d'un dans laquelle la culture de l'esprit occupe mières places, ont mis à la disposition de gistes des richesses dont Chavannes était p

(") Nous devons dire qu'un savant naturaliste, a distingué, notre concitoyen, qui a eu connaissan de l'ouvrage de Chavannes relatives à l'histoire étonné du savoir de l'auteur dans cette partie.

(Note de M. G

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