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ne sauraient comprendre quand même ils les liraient exprimées dans leur propre langue maternelle. Et lorsque dans la lecture de ces auteurs il se rencontre certaines choses pour eux toutes nouvelles, inconnues ou obscures et inintelligibles, on ne s'attache que peu ou point à les leur expliquer et à les leur faire bien comprendre; car il faudrait employer à cela un temps pris sur celui qu'on est chargé de donner à l'étude de la langue, et même à des tâches prescrites, ce qui mettrait les maîtres dans l'impossibilité absolue de les remplir. On s'occupe bien moins encore à faire sentir les beautés de la langue ou celles qui sont propres aux auteurs; il faudrait encore plus de temps, et cela serait même beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible, vis-à-vis de jeunes gens qui ne connaissent pas même leur propre langue, et qui manquent encore de toutes lumières qui seraient nécessaires pour bien saisir les observations qu'on pourrait leur présenter. Si on leur fait expliquer des auteurs en vers, on se borne à leur donner une légère idée du mécanisme de la poésie, de la prosodie, scansion, etc., mais on ne s'arrête guère à ce qui en fait le fonds, à ce qui caractérise essentiellement le style poétique et qui le distingue de la prose, ni à faire observer ces tournures que le poète peut adopter dans son art, mais que le génie de la langue ne souffre pas lorsqu'il s'agit du discours ordinaire; d'où il arrive naturellement que les écoliers, lorsqu'ils

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composent leur thème, ajustent à leu phrases absolument poétiques, que le teurs en prose ne se sont jamais per

8° Quand on a parcouru, suivant thode, quelques auteurs latins en vers, avec quelques livres destinés à l'intelligence, en y entremêlant quel grammaire grecque et d'interprétation grecs, suivant une méthode non m tueuse que celle qui règle la march enfin le temps vient où l'on veut don ciples quelques principes de Rhetor ces principes sont tous fondés ou su de logique et de métaphysique dont il cune connaissance, ou sur ceux de la générale qui leur est encore plus in sur la théorie du langage dont les je n'ont jamais ouï parler, ou sur les pr doivent décider de ce qu'on appelle gant, et de ce qui est du ressort du principes également ignorés et cet que elle-même, à en juger par les livr sur cet objet à l'usage des collèges, n rapsodie de termes vagues, barbares, définir et à entendre, de règles géne traites, peu déterminées, d'une applic cile, et même très peu utile, le tou avec l'appareil d'une synthèse obscu trouve tout excepté l'essentiel, je veux bondance des exemples, et des exer choisis.

9o Après qu'on a ainsi appliqué les jeunes gens à l'étude des mots, et qu'on les a poussés jusques à les mettre en état d'expliquer grammaticalement et servilement quelques auteurs, et de composer quelques thèmes ou parler en mauvais latin, après qu'on les a occupés presque uniquement de cet objet pendant huit années de leur jeunesse, depuis l'âge de sept à huit ans jusques à quinze, le temps de la vie le plus précieux et dont on pourrait tirer le plus grand parti dans un plan bien ordonné d'éducation intellectuelle, enfin on trouve qu'à cette époque leur jugement doit s'être de lui-même et naturellement assez formé et mûri pour pouvoir être exercé à son tour, et qu'après avoir bien repu la mémoire de mots, il est temps de nourrir aussi l'intelligence de la connaissance des choses.

Ici s'ouvre le vaste champ de Philosophie; il est impossible de le faire parcourir en entier aux jeunes gens; il faut choisir entre les diverses parties celles qui offrent le plus d'intérêt. Rien de plus intéressant que la Physique; mais pour faire cette étude avec fruit, il faudrait qu'elle eût été précédée de celle de l'histoire naturelle, de la connaissance historique de ce globe, de ses diverses parties, des éléments, des phénomènes de la nature, en général des faits que la physique s'occupe à expliquer tout cela jusques ici est ignoré de ceux à qui on veut enseigner cette science. Celle-ci ne peut encore être traitée exactement et d'une manière lumineuse, sans le

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secours des mathématiques au moins res; mais on ne s'est point occupé préparatifs. A quoi faut-il donc se rés principes généraux, exposés par la mais ce n'est point synthétiquement sique devrait être enseignée à des ignorent encore tous les faits.

Il faut apprendre aux jeunes gens a Logique est nécessaire pour dévelop gement; mais pour comprendre le l'art qui doivent diriger l'usage de de la pensée, il faudrait connaître instrument, l'âme humaine; il faudra dans l'analyse de ses facultés; il faud connaître l'homme et ce qui le distin tres espèces; il faudrait avoir quelo de son histoire, de la marche qu'il a s'élever en connaissances, pour se idées des choses, et s'approprier enfin du parti qu'il a su tirer de la s devenir ce qu'il est; en un mot, il fa naître jusques à un certain point l'An qui seule peut répandre un vrai jour les sciences qui se rapportent à l'ho tout cela est encore profondément ign auxquels il s'agit d'enseigner l'art qu ger l'homme dans la connaissance du

J'en dis autant de la Morale, cette importante comment serait-il possi seigner convenablement à des jeun ne connaissent encore ni l'homme,

tion, ni ses relations, ni rien de tout ce que la morale présuppose.

A quoi donc les maîtres sont-ils réduits dans leurs instructions philosophiques? A passer sur les faits, qu'ils n'ont pas le temps de détailler et développer à des jeunes gens qui les ignorent, ou à les alléguer purement et simplement comme suffisamment éclaircis, prouvés et connus, quoiqu'ils ne le soient point du tout pour ceux qu'ils enseignent, et pour l'ordinaire à en venir tout droit aux résultats, aux principes généraux, aux notions et aux formules abstraites, que les jeunes gens ne sauraient comprendre comme il faut, qu'ils prennent le plus souvent tout de travers, où ils ne voient qu'obscurité et embarras, et qui enfin, par l'impuissance où ils sont d'en faire aucune application réfléchie ni juste, deviennent nécessairement pour eux une source intarissable d'idées fausses, de préjugés, d'entêtement; d'où il ne peut résulter qu'une fausse manière de voir, d'observer, de raisonner, et le plus grand obstacle au développement de leur esprit.

On ne manquera pas de dire encore que ces éléments des sciences, comme l'étude des mots, servent du moins à exercer la mémoire des jeunes gens, en attendant que leur jugement soit plus formé, et qu'ils soient en état de les digérer, de les examiner de nouveau et les convertir en principes lumineux. A cela je réponds que si l'on veut exercer la mémoire des jeunes gens d'une manière profitable à leur esprit, il ne faut

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