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Le professeur Chavannes eut ainsi une parce qu'elle fut remplie de travaux sel selon ses devoirs. Ce bonheur peut deve vie scientifique éteint souvent la vie reli pas été ainsi du professeur Chavannes; théologie avec conscience et avec foi; se tifiques étaient devenus comme des œuv Il termina sa longue carrière le 2 mai 18 moments furent parfaitement calmes; il avait cru.

On trouvera sans doute la notice bi précède trop longue et surchargée de théoriques. Notre justification sera facil lecteurs qui s'intéressent à l'Académie de cepteront sans hésiter; elle ne sera pas plus par les Vaudois jaloux de l'honneur professeur Chavannes a vécu dans l'obs tier fidèle à ses devoirs obscurs; il est mo rité; ses ouvrages sont oubliés ou négligé sière des bibliothèques. Ne fallait-il quelque lumière autour de sa tombe? H nous, si les pages que nous lui avons c laient sur sa mémoire le respect de nos çaient son nom parmi les noms vaudois que quelque gloire environne, et dont s'effacera pas encore.

Après avoir fait ressortir ainsi tout Chavannes, qui, on le voit, est à beauco précurseur des Auguste Comte et des He ainsi que des anthropologistes modern ceux qui s'efforcent aujourd'hui de met intellectuelle sur un pied rationnel et sc serait injuste de ne pas dire quelques hommes, contemporains et également furent à leur tour les précurseurs de Ch

ce qui concerne la réforme de l'enseignement classique, réclamée actuellement dans tous les pays civilisés par un nombre toujours croissant de voix toujours plus autorisées.

Je ne veux nullement faire l'histoire des idées sur l'enseignement secondaire; je tiens seulement à montrer que les idées des « réformateurs modernes » ne sont pas aussi modernes qu'on veut bien le dire, que depuis le commencement du XVIIIe siècle la Suisse n'a pas manqué d'hommes courageux qui les ont proclamées, et que, parmi les premiers et les plus dévoués champions de ces idées, se trouvent deux Vaudois, l'un Lausannois, l'autre d'Yverdon, tous les deux théologiens; je veux parler de JEAN-PIERRE DE CROUSAZ, professeur de philosophie à l'Académie de Lausanne, et mathématicien distingué, et de CHRISTOPHE-LOUIS POTTERAT, Recteur du Collège d'Yverdon.

Voici ce que dit M. Gindroz au sujet de de Crousaz :

Ramener la philosophie au véritable but de toute science, le développement des facultés humaines; l'approprier aux besoins de l'intelligence, la faire en un mot rentrer dans la vie en la faisant sortir des écoles, comme autrefois Socrate l'avait fait descendre du ciel, c'est-àdire des nuages de la sophistique, telle fut la tâche que s'imposa de Crousaz.

C'est dès le début de son enseignement qu'il rompt ainsi avec l'empire des traditions: l'époque de la publication de sa logique et quelques passages de la préface l'indiquent clairement. On ne saurait douter toutefois que les voyages, les études dans l'étranger et les relations avec des hommes distingués, tous ces faits qui séparent les deux époques de son professorat, n'aient exercé une influence marquée sur ses vues scientifiques. Mais il n'est pas nécessaire de recourir à ces circonstances pour

expliquer la position de réformateur qu'il sut prendre dans l'Académie. Un développement libre et spontané avait caractérisé les études de sa jeunesse. Les mathématiques lui révélèrent la clarté et la rigueur que doivent revêtir les méthodes scientifiques; quelques écrits de philosophie cartésienne ouvrirent devant son intelligence de nouvelles perspectives, et ces premiers élans d'un esprit actif, avide, accessible aux inspirations de la vérité, sont soutenus, dirigés et confirmés par les leçons de plusieurs des grands maîtres de l'époque.

De Crousaz apporte donc à la chaire de philosophie un esprit affranchi de l'esclavage de l'école et indépendant dans la sphère de la science.

De Crousaz a publié de nombreux ouvrages, que j'ai parcourus avec beaucoup d'intérêt, malgré leur prolixité. J'extrais de quelques-uns d'entre eux les passages qui peuvent le mieux caractériser sa manière de voir sur l'enseignement secondaire.

Réflexions sur l'utilité des mathématiques.

(Amsterdam, 1715.)

Je finirai l'exposition de ma méthode en ajoutant que je voudrais faire commencer l'étude des mathématiques dès le premier âge. Si l'on s'y prend bien on trouvera que les enfants en sont capables à dix ans et plus tôt. Voici les fruits qu'on en tirera :

Premièrement, ils se rendront ces principes parfaitement familiers, et l'habitude qu'ils se seront faite d'y penser de bonne heure, jointe à leur certitude, les égalera presque aux notions communes. Or on sait, ou l'on doit savoir, que les principes sont d'autant plus féconds qu'ils sont plus familiers, et que l'on s'est habitué depuis plus longtemps à en faire usage alors ils s'offrent d'eux-mêmes dans le besoin, on les applique sans peine à tous les cas, et non seulement on les voit, mais avec

un peu d'attention, on voit avec eux toutes les conséquences qui en naissent. Les propositions les plus excessivement composées ne combinent guère au-delà de huit ou dix théorèmes élémentaires; or une attention médiocre suffirait pour faire ces combinaisons, si les principes qu'on y assemble étaient assez familiers pour ne la point partager, mais dès que les principes eux-mêmes occupent une partie de l'attention, la combinaison qu'on en fait devient pénible et confuse. Un grand nombre de jeunes gens commencent les mathématiques entre quinze et vingt ans. Ils interrompent leurs plaisirs de quelques heures, pour faire chaque jour une course dans un pays de nouvelles idées, qui n'ont aucun rapport à tout ce qu'ils ont pensé jusques alors; hé le moyen qu'une habitude si nouvelle se grave profondément au milieu de tant de distractions! L'expérience fait voir qu'à l'exception de ceux qui font des mathématiques leur profession, et d'un très petit nombre d'autres, on ne les apprend dans cet âge que pour les oublier bientôt.

En second lieu, on évitera un des plus grands inconvénients où l'on tombe dans l'éducation de la jeunesse. On se contente pour l'ordinaire d'exercer la mémoire dans cet âge, et par là les jeunes gens deviennent des échos et des perroquets. Uniquement occupés à des mots, sur le sens desquels ils ne font pas d'attention, ils s'accoutument à se payer toute leur vie de cette monnaie, et à se contenter de sons qui ne signifient rien, de sorte qu'ils ne se font plus de peine d'acquiescer à ce qu'ils n'entendent pas, et d'admettre sans examen tout ce qu'on leur propose d'un air d'autorité.

Mais le moyen de faire raisonner des gens en qui la raison est encore si faible? Je réponds qu'à la vérité la plupart des matières de Morale, de Physique, de Théologie, sont trop composées pour eux; qu'il serait trop facile de les tromper dans ce premier âge sur ces grands sujets, et que ces erreurs tireraient à conséquence. Je reconnais de plus qu'ils s'accoutumeraient à ne comprendre qu'à

demi ce qu'on leur enseignerait, et qu'ils seraient fort satisfaits de leur attention, pourvu qu'elle leur fit entrevoir quelque lueur parmi bien des ténèbres, ce qui est encore une très fatale habitude. Mais tous ces inconvénients servent à autoriser ma pensée. Instruisez-les dans les mathématiques, vous les faites raisonner sur des sujets qui ne sont pas exposés à l'erreur, et où tout le mal de leur erreur, quand il y en aurait, se bornerait à errer, sans aucune suite dangereuse; vous les faites raisonner sur des sujets sur lesquels il faut ou tout comprendre, ou s'apercevoir qu'on ne comprend rien. Il y a plus, on les met dans la nécessité de s'instruire très nettement, et de s'éclairer à fond, s'ils veulent retenir ce qu'ils ont appris; car le moyen de conserver dans sa mémoire une démonstration qu'on ne comprend pas exactement! Rien n'est plus épineux quand on ne voit qu'à demi; rien n'est plus satisfaisant quand on conçoit tout. Et pour combien ne doit-on pas compter ce goût de vérité et d'exactitude, auquel on se forme de bonne heure, et le plaisir qu'on se fait de se laisser charmer par l'évidence?

Le conseil que je donne ne manquera pas de paraître étrange à une infinité de gens, et ils me regarderont comme un homme singulier, qui se plait dans les paradoxes; car la plupart des hommes sont des machines assujetties à la coutume, ils se gendarment et se soulèvent dès qu'on veut tant soit peu les tirer du train ordinaire. La plupart des gens font rouler les principaux points de l'éducation de la jeunesse à l'occuper sans cesse, à lui bien farcir la mémoire, et à la fesser impitoyablement. (*) Loin de nous ces nouveaux philosophes avec leurs subtilités; nous avons été fouettés, nos enfants le seront aussi, pourquoi serait-on plus délicat aujourd'hui qu'autrefois ? Je voudrais bien savoir ce qui nous manque et ce qui manquera à nos enfants, s'ils nous ressemblent, et s'ils

(*) Aujourd'hui dans nos Collèges on se contente de gifler au lieu de fesser! Voir la note à la page 30. A. H.

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