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guide dans l'instruction sur des objets aussi intéressants; nous en offrons une esquisse dans la seconde partie de notre ouvrage.

Parvenus à l'âge de quatorze ou quinze ans, et déjà familiarisés avec les objets non sensibles, il serait temps de fixer sérieusement l'attention des jeunes gens sur eux-mêmes et sur ce qui se passe dans leur intérieur, lorsqu'ils pensent, qu'ils jugent, qu'ils raisonnent, qu'ils se déterminent, qu'ils déploient leur activité. Il faudrait leur présenter une analyse détaillée et approfondie de leurs facultés et opérations intellectuelles, leur faire connaître à fond la marche naturelle de l'esprit humain, qui est celle même que les hommes ont suivie dans tous les temps pour s'instruire, les divers principes qui doivent servir de base aux différents genres de connaissances auxquelles ils peuvent atteindre, et les règles de logique et de critique qu'ils doivent suivre en conséquence pour arriver sur chaque objet au plus haut degré de certitude dont il est susceptible.

Mais en déduisant ces règles de la nature même des opérations de l'esprit humain, je voudrais qu'on en fit aussi à mesure une application immédiate. Rien ne serait plus propre à les leur faire bien concevoir que la lecture de quelque livre écrit avec une exactitude rigoureuse, dont on leur ferait bien observer et analyser toute la marche, ou des exercices de composi

tion uniquement destinés à les former à une méthode régulière et exacte.

Nous avons de bons traités analytiques sur l'âme, des écrits excellents sur la logique et la critique, mais nous n'avons encore point de livre élémentaire qui réunisse ces divers objets qui ne peuvent guère être séparés dans l'instruction; car comment présenter séparément la connaissance des facultés de l'âme et celle des règles qui doivent les diriger dans la recherche du vrai? Nous avons donné là-dessus un essai dans la troisième partie de notre ouvrage.

Eclairés alors sur la nature même de l'instrument de la pensée et sur la manière de s'en servir, accoutumés par là à porter leur attention sur eux-mêmes et sur tout ce qui se passe en eux, lorsqu'ils exercent leurs facultés, les jeunes gens n'auront plus aucune peine à saisir le vrai art d'observer, et de tirer de leurs observations des résultats vrais et lumineux; ils apprendront à bien penser, à juger sainement, à raisonner avec justesse, à parler avec correction, à suivre d'euxmêmes et sans efforts, avec autant de rapidité que de succès, la marche que la nature a tracée elle-même aux hommes pour s'avancer de connaissances en connaissances.

A mesure que ces connaissances se multiplieront, qu'ils verront naître de leurs observations de nouvelles vérités ou de nouvelles règles, ils sentiront d'eux-mêmes la nécessité de les réduire

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à des expressions abrégées, de les classifier, de les ranger avec ordre, pour pouvoir se les retracer et les appliquer avec plus de promptitude, et ils pourront d'eux-mêmes, chacun selon son génie, en faire une distribution méthodique en divers corps de sciences.

Après cela, on pourrait leur donner une connaissance plus approfondie de l'homme considéré du côté moral, de ses facultés morales et ses penchants moraux, des causes impulsives et finales qui le déterminent, de la fin à laquelle il doit tendre et des lois auxquelles il doit soumettre sa volonté; autant d'objets relatifs à la morale et à la religion naturelle dont nous donnons un précis dans la quatrième partie de notre ouvrage.

CHAPITRE VI

Continuation de la marche graduelle pour ce qui concerne l'instruction des jeunes gens dans la connaissance des langues.

Après avoir ainsi dirigé les jeunes gens dans l'étude des choses les plus importantes, on pourrait les conduire à une connaissance plus appro

fondie du langage pour servir, non seulement à les perfectionner dans l'usage de leur langue maternelle, mais encore à les introduire, lorsqu'ils en auront le goût ou que leur vocation pourrait l'exiger, dans l'étude des langues étrangères, qui pour lors deviendrait un excellent moyen pour étendre et développer chez eux la connaissance des choses mêmes.

Déjà instruits par les connaissances anthropologiques qu'ils auront acquises, de la marche graduelle que les hommes ont suivie dans leurs recherches et leurs découvertes, leurs lumières sur cet objet deviendront tout autrement nettes, étendues et satisfaisantes, si on en rapproche encore celles que peut fournir l'histoire et la théorie du langage, si l'on les fait remonter jusqu'aux premières origines et à ces éléments primitifs dont les hommes ont su si ingénieusement tirer parti pour l'étendre et le perfectionner, et pour former tant de langues diverses, dont les progrès ont suivi le même cours et le même sort que ceux des connaissances humaines chez les divers peuples.

Mais ici on s'attachera particulièrement à faire comprendre aux jeunes gens que c'est un préjugé très nuisible à l'étude des langues de supposer, comme on l'a toujours fait, qu'elles ne peuvent être apprises que séparément, comme si elles étaient absolument étrangères les unes aux autres, et on cherchera à les convaincre que, pour les étudier avec fruit, il faut nécessaire

ent

ment les rapprocher les unes des autres pour démêler leurs affinités et les ramener en quelque sorte toutes de front à leur origine com

mune.

Pour cet effet on prendra la peine de les initier dans le grand art étymologique jusqu'à les mettre en état de rassembler peu à peu, dans des espèces de tableaux toujours exposés à leurs yeux, les diverses familles des mots usités dans les différentes langues, et disposés selon leur ordre généalogique, afin d'acquérir par là des lumières suffisantes pour ramener les dérivés et les composés à leurs primitifs radicaux, et fixer les valeurs particulières de ceux-là par la connaissance de la valeur naturelle et nécessaire de ceux-ci, selon ce qui a été dit dans la première partie.

Ainsi on ne s'en tiendra pas aux principes généraux de cet art, mais on leur apprendra tout de suite à en faire usage, en leur aidant à se former une espèce de vocabulaire étymologique, ou, en prenant la langue grecque pour point de ralliement, on leur fera rapprocher les mots des diverses langues de cette langue ancienne, et en même temps de leur langue maternelle, et on les exercera à rassembler ainsi d'eux-mêmes tous les mots dont l'affinité est sensible pour les classer par grandes familles, rapportées dans de grands tableaux, chacune à son chef primitif.

Nous avons dressé dans notre septième partie

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