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détails sur les nègres qui habitent entre le Sénégal et la Gambie. Il est fait mention de cet écrit dans Wadding, Script. ordinis Min. il l'appelle : Alexius Lopez.

E-s. SAINT-LUC (FRANÇOIS D'ESPINAY DE), l'un des plus braves capitaines du seizième siècle, descendait d'une ancienne famille de Normandie. Doué d'un esprit agréable, qu'il enrichit par la culture des lettres, il avait des mœurs douces, et se montrait adroit à tous les exercices du corps. Chéri de Henri III, qui le nomma gouverneur de Brouage et de la Saintonge, il fut seul confident de l'amour du roi pour la duchesse d'Aumale: mais il eut l'indiscrétion d'en parler à sa femme; et bientôt toute la cour en fut instruite. Cette faute devait entraîner sa disgrace : pour éviter la colère du monarque, il s'enfuit à Brouage (1580), où il chercha des consolations dans l'étude. Ce fut alors qu'il composa des discours militaires (1), et des vers que Scévole de Sainte- Marthe trouvait très-ingénieux. Saint Luc suivit le duc d'Anjou dans les PaysBas. Un jour, dans la chambre de ce prince, il s'emporta contre un gentilhomme, au point de lui donner un soufflet. Le prince d'Orange, présent à cette scène, dit tout haut que l'empereur Charles-Quint n'aurait pas laissé une telle action impunie: « A quel propos, lui dit Saint>> Luc, nous parlez-vous de Charles» Quint, vous qui, s'il vivait, n'au>> riez ni vie, ni biens ? » Il sortit, laissant tout le monde étonné de son audace, et revint à Brouage, qu'il défendit en 1585, contre les protestants. Prisonnier à la bataille de

(1) Les Observations militaires de Saint-Luc sout conservées parmi les manuscrits de la bibliothèque du Roi, no. 7112.

Coutras, où il avait signalé sa bravoure, il resta fidèle à Henri IV, et le servit avec beaucoup de zèle. Chargé de négocier avec Cossé, son beaufrère, pour la reddition de Paris (V. Cossé, X, 44), il entra dans cette ville à la tête des premiers détachements. Nommé commandant avec le maréchal d'Aumont, des troupes royales dans la Bretagne, il entreprit, pour plaire à la veuve du comte de Laval, le siége du château de Comper (2): le maréchal y fut tué (V. D'AUMONT, III, 70); et Saint-Luc fut obligé de se retirer. En 1595, Henri IV lui donna le collier du Saint-Esprit ; et l'année suivante, sur la démission de Philibert de La Guiche (V. GUICHE, XIX, 77 ), il fut nommé grand-maître de l'artillerie. Au siége d'Amiens, comme il regardait, dit Sully (Mémoir. liv. Ix), entre deux gabions où à peine y avait-il passage pour un boulet, il en vint un qui le renversa mort, le 8 sept. 1597. « Saint-Luc, très-gentil et accompli cavalier en tout, s'il en fût un à la cour, dit Brantome, est mort très-regretté, en réputation d'un très-brave, vaillant et bon capitaine. » Son corps fut rapporté à Paris, et inhumé dans l'église des Celestíns.

W-s.

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SAINT-LUC (TIMOLÉON D'ESPINAY DE), maréchal de France, fils du précédent, était né vers 1580. Un jour, ayant été poussé un peu rudement contre une muraille par le fils du duc de Maïenne, il lui demanda si c'était par jeu ou pour l'offenser. Le jeune Maïenne lui dit qu'il pouvait le prendre comme il le voudrait, et ajouta : « Ne me reconnaissez-vous » pas ? » Oui, répondit Timoléon,

(2) Ce château est à quatre lieues de Rennes, et non pas de Tours, comme on le dit par inadvertan ce à l'art, d'AUMONT.

:

je vous reconnais pour le fils du duc de Maïenne; mais je veux que vous me reconnaissiez pour le fils de SaintLuc, gentilhomme qui a toujours fait service à son prince, et n'a jamais levé les armes contre son roi. Cette querelle pouvait avoir des suites fâcheuses mais le roi s'empressa de l'apaiser (Journ: de Henri IV, ann. 1596). Timoléon accompagna Sully dans son ambassade en Angleterre. Il se distingua depuis dans la guerre contre les Rochellois révoltés. Nommé vice - amiral, il contribua beaucoup aux avantages remportés sur la flotte des protestants, et obligea Soubise à quitter l'île de Ré. Après la prise de la Rochelle, il se démit de son gouvernement de Brouage, que desirait le cardinal de Richelieu, et obtint en échange le titre de lieutenant-général de la Guienne. Il reçut, en 1628, le bâton de maréchal, et mourut à Bordeaux, le 12 sept. 1644. Son corps, rapporté à Paris, fut déposé dans le tombeau de son père, aux Célestins. La famille d'Espinay SaintLuc subsiste de nos jours, et continue d'honorer son nom dans la carrière des armes. W-s. SAINT-MARC (BARTHELEMI DE). Voy. BACCIO.

SAINT-MARC(CHARLES-HUGUES LEFEBVRE DE ), littérateur savant et laborieux, naquit à Paris, en 1698, de parents originaires de Picardie, qui possédaient, dans les environs de Morenil, la terre de Saint-Marc, dont il conserva le nom. Son père était le secrétaire du marquis de Lionne; et il eut pour parrain ce seigneur, qui semblait prendre ainsi l'engagement de le protéger un jour. Placé de bonne heure an collégedu Plessis, Saint Marc y fit ses études d'une manière brillante. Il avait la promesse d'une place

dans les bureaux du ministère des affaires étrangères; maisil ne put l'obtenir. Il entra sous-lieutenant dans le régiment d'Aunis, quitta bientôt l'épée pour le petit collet, et, ayant vu s'évanouir successivement toutes ses espérances de fortune, fut obligé, pour vivre, de se charger de quelques éducations particulières. La conformité de goût et d'opinion l'avait lié de bonne heure avec l'abbé Goujet, qui l'encouragea dans ses projets littéraires, et lui facilita les moyens d'étudier. Il se délassait de l'aridité des recherches en composant des vers; et, en 1735, il fit représenter le Pouvoir de l' Amour, pièce lyrique, qui dut une espèce de succès aux ballets dont elle était ornée. Mais la carrière du théâtre ne pouvait pas convenir à l'ami de Goujet et des disciples de Port-Royal. Saint-Marc publia le Supplément au Nécrologe de cette abbaye célèbre (V. D. RIVET). Une pension que lui assura le marquis de Sennectère, son élève, le mit à l'abri du besoin. Il enrichit les éditions de plusieurs poètes français, de notes abondantes, mais quelquefois futiles et minutieuses. L'étude seule avait le pouvoir de charmer les maux qui l'accablaient, comme il nous l'apprend dans les vers suivants :

Privé d'un œil, sans cesse en proie
A de trop constantes douleurs;
Chargé d'aus en butte aux malheurs,
D'un long travail je fais ma joie.

Le long travail dont il parle était l'Abrégé chronologique de l'histoire d'Italie: il en avait déjà publié cinq volumes quand il mourut d'un coup de sang, dans la rue du Mail, le 20 novembre 1769, à l'âge de soixanteonze ans. Saint-Marc était membre de l'académie de la Rochelle. Il avait des connaissances étendues et variées : mais son style est sec ; et ses Remar

ques sur Boileau ne donnent pas une opinion avantageuse de son goût en poésie. Outre les ouvrages dont on a parlé, on a de Saint-Marc, des Notices sur Nicolas Pavillon, évêque d'Alet; Philippe Hecquet, et Claude Capperonnier (V. ces noms); une Lettre sur la tragédie de Mahomet II (V. LANOUE); et un Mémoire sur la dignité de Patrice, dans le tome III du Recueil de l'académie de la Rochelle : il a traité le même sujet dans le tome rer. de son Abrégé chronologique de l'Histoire d'Italie, p. 379. Il a rédigé les tom. XVII, XVIII, et partie du xix de l'ouvrage périodique intitulé, le Pour et le Contre; mais il n'a ni la variété, ni les agréments de l'abbé Prevost (V. ce nom). On doit à Saint-Marc des éditions, des Mémoires de Feuquières, 1736; de la Médecine des pauvres, par Phil. Hecquet, 1745; de l'Histoire d'Angleterre de Rapin-Thoyras, 174549, 16 vol. in-40.; des OEuvres de Boileau, 1747, 5 vol. in-8°., avec des notes, dans lesquelles, dit M. Daunou, il est toujours sévère et souvent injuste à l'égard de ce grand poète; des additions au Boleana, et des Essais philologiques, ou Suppléments aux Remarques critiques sur les OEuvres de Boileau (1); des OEuvres d'Etienne Pavillon, 1750; de Chaulieu, 1751; du Voyage de Chapelle et Bachaumont, 1755; des Poésies de Malherbe, 1757, in 8°.; il a joint à cette édition un. Discours sur les obligations que la langue et la

(1) Une partie des réflexions dont se composent ces Essais philologiques, sont tirées d'un ouvrage périodique publié depuis le mois de novembre 1731, jusqu'au mois de septembre 1733, sous ce ti.

tre: Réflexions sur différents sujets de physique, de guerre, de morale, de critique, d'histoire, de mathématiques, etc. L'auteur, dit Saint Marc, qui ne s'est pas fait connaître, a de l'esprit, du sens et du goût; et son style est ingénieux dans sa simplicité. Voy. tom. V, p. 283.

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poésie française ont à Malherbe, des Remarques historiques et critiques et une Table raisonnée; des Poésies de Lalanne, et du marquis de Montplaisir; de Saint-Pavin et de Charleval, 1759, IV part., ordinairement reliées en 2 vol. in 12 (2). Toutes les éditions publiées par Saint-Marc offrent des avantages sur celles qui les avaient précédées; et il en est quelques-unes qui n'ont point été surpassées. Son ouvrage le plus important est l'Abrégé chronologique de l'Histoire d'Italie, depuis la chute de l'empire d'Occident c'est-à-dire depuis l'an 476 de l'ère chrétienne, Paris, 1761-70, 6 vol. in-8°. Il est rédigé sur le plan de l'Abrégé de l'Histoire de France par le président Henault; mais la nouveauté du sujet exigeait plus de développements et de détails. L'ouvrage est d'une lecture fatigante par sa prolixité, et par la singularité de l'orthographe que l'on y a employée: l'on y voit d'ailleurs percer les efforts de l'auteur pour contourner les faits en faveur de la petite église. Saint-Marc s'est beaucoup aide des Annales de Sigonius et de Muratori, dont il traduit souvent des passages en les abrégeant; mais ses recherches lui avaient procuré des faits en grand nombre, dont il a enrichi cet ouvrage, qu'il se proposait de continuer jusqu'au traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748: les six volumes que nous avons ne s s'étendent pas au-delà de l'année 1229. Tiraboschi a relevé quelques-unes des erreurs de SaintMarc, dans le tome 11 de la Storia della letterat. ital. Le vie. volume

publié par Lefèvre de Beauvray, est précédé de l'Eloge de l'auteur. On

(2) Quelques personues attribuent encore à SaintMarc l'édition des Poésies de Lainez, 1753, in-8°.; mais on la doit à Titon du Tillet (V.LAINEZ).

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SAINT-MARC (JEAN-PAUL-AN-

DRÉ DES RASINS, marquis DE), poète

lyrique, était né dans la province de

Guienne, en 1728, d'une famille

noble, originaire de Venise, et alliée

à celle de Montesquieu. Il fut admis,

en 1744, dans les Gardes-Françaises;

mais un accident l'ayant obligé de

quitter le service en 1762, il cher-

cha, dans la culture des lettres, moins

un moyen de succès qu'une ressource

contre l'ennui. Saint-Marc raconte

lui-même assez gaîment sa métamor

phose. « Une nuit, dit-il, je rêve que

»je suis poète je me lève, j'écris ;

» et bientôt je me trouve auteur de

» quelques pièces fugitives ». En-

couragé par les suffrages de Dorat,

il s'essaya dans le genre lyrique, et

fit représenter, en 1770, la Fête de

Flore, pastorale, que le public ac-

cueillit avec indulgence. Cette pièce

fut suivie d'Adèle de Ponthieu, opé

ra, dans lequel il voulut donner une

idée des usages et des tournois de

l'ancienne chevalerie. La nouveauté

du spectacle, la beauté des décora-

tions, et quelques coups de théâtre as-

sez heureux, firent le succès de cette

pièce. Elle fut reprise, en 1781, avec

une nouvelle musique de Piccinni (V.

ce nom); et bien qu'on ne l'ait pas

représentée depuis, elle est restée au

répertoire. Saint-Marc composa les

vers qui furent récités sur le Théâtre-

Français, en 1778, lorsque le buste

de Voltaire y fut couronné (V. VOL-

TAIRE); et, suivant sa coutume,

philosophe de Ferney ne manqua pas

de lui rendre tous lescompliments qu'il

en avait reçus. Loué par tous les jour- en a que deux : la dernière, Paris ( Bordeaux ),

nalistes et par l'abbé Sabatier (V.

SAINT-MARD. V. RÉMOND.

SAINT-MARTIN (Michel de),

personnage qui n'est guère connu que
par ses ridicules, naquit à Saint-Lô,
le 1er. mars 1614. Il était le fils d'un
marchand, qui, s'étant enrichi dans
le commerce de l'Amérique, acheta
des lettres de noblesse, et se faisait
appeler sieur de La Mare du Désert,

(1) La première est de 1775, 1 vol. in-8°.; la
seconde, 1781, a 3 vol. in-8°.; la troisième, 1785,
1809, n'a qu'un volume.

marquis de Miskon (1), etc. Seul
héritier de la fortune de son père,
le jeune Saint-Martin le surpassait
par la vanité. Quoiqu'il fût d'une
laideur repoussante, et qu'il n'eût
qu'une dose d'intelligence très-mé-
diocre, il était aussi fier de sa fi-
gure et de son esprit que de sa no-
Blesse. En un mot, jamais homme
n'afficha plus de prétentions avec
moins de moyens de les justifier
Ayant embrassé l'état ecclésiastique,
il visita l'Italie, et reçut, à Rome, le
double titre de docteur en théologie
et de protonotaire apostolique. A son
retour, il s'établit à Caen, et se fit
agréger, en 1650, à l'université,
dont il fut élu recteur, trois ans
après. Get honneur inattendu ne pou-
vait qu'accroître son orgueil. Beau-
coup de poètes célébrèrent, son élec-
tion, par des pièces grecques, latines
et françaises, dont il fit imprimer le
Recueil in-4°. Ce fut moins à sa bien-
faisance qu'à sa vanité que la ville de
Saint-Lô dut plusieurs établisse-
ments charitables; et il orna de sta-
tues et de bas - reliefs les églises et
les principales places de Caen. I
avait fondé une nouvelle chaire de
théologie, qui devait être occupée
par un professeur de la maison de
Î'Oratoire mais ce premier traité
fut rompu du consentement des par-
ties; et il en signa un second avec
les Jésuites. Ambitionnant le titre
de protecteur des lettres et des arts,
il remit une somme à l'académie di-
te le Palinod, pour un prix annuel de
poésielatine,et une autre à la confrérie
de Sainte-Cécile, pour un prix de mu
sique. Le costume grotesque qu'avait
adopté l'abbé de Saint-Martin, ajou-
tait encore à sa laideur. Se plaignant

(1) Ce marquisat était situé, selon Saint-Martin,
dans le Canada.

sans cesse du froid, il portait, pour
s'en garantir, sept chemises, sept
paires de bas et autant de calottes,
qu'il recouvrait d'une perruque. Vê-
tu de cette sorte, il se faisait traîner
par un laquais, dans une de ces voi-
tures nommées vinaigrettes, dont il
se prétendait l'inventeur. Il couchait
dans un lit de briques, sous lequel
était un fourneau pour entretenir la
chaleur. La curiosité, le désenvre-
ment, et l'espoir d'être témoin de
quelques aventures divertissantes,
attiraient chez l'abbé de Saint-Mar-
tin une foule de personnes, qu'il re-
cevait avec une importance comi-
que, persuadé que c'était à son mé-
rite seul qu'il devait de si nombreu-
ses visites. Quelquefois cependant il
s'apercevait que la société s'amusait
à ses dépens; et alors i entrait dans
une colère proportionnée à l'offense
qu'il prétendait avoir reçue, et in-
tentait aux rieurs des procès qui le
rendirent le jouet du public, et même
de ses parents (Voy. GONFREY). On
peut voir, dans les ouvrages cités
à la fin de l'article, quelques uns
des tours que jouèrent à l'abbé de
Saint-Martin ses prétendus admira-
teurs. On sait qu'en 1686, le cheva-
lier de Chaumont (V. ce nom) ra-
mena en France des ambassadeurs
du roi de Siam. Quelques plaisants
profitèrent de cette circonstance pour
persuader à l'abbé de Saint - Martin
qu'ils étaient députés par ce prince
pour l'engager à passer dans ses états,
afin d'y remplir le poste éminent de
grand-mandarin. L'abbé traita magni-
fiquement les ambassadeurs, et fut
reçu mandarin, avec les cérémonies
bouffonnes imaginées par Molière,
dans le Bourgeois gentilhomme (2).

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(2) Les auteurs du Dict. universel prétendent
(art. Porée), que les extravagances de Saint-Martin
2

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