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CARTULAIRES FRANÇAIS

EN

ANGLETERRE.

Vers 1820, plusieurs manuscrits disparurent des archives de Maineet-Loire, entre autres deux cartulaires originaux, très-importants par le grand nombre et la date reculée de leurs chartes, de même que par les diverses provinces et localités auxquelles elles se rapportaient le Livre Noir de Saint-Florent, près Saumur, et la Grande Pancarte de Fontevraud. Des recherches furent faites à différentes reprises, mais toujours sans succès; et l'archiviste, M. Jubin-Dedouvres, fut obligé de reconnaître qu'il y avait eu soustraction, soit par un jeune homme qu'il employait comme garçon de bureau, soit par une personne à laquelle de hautes recommandations avaient donné de grandes libertés dans les archives. L'opinion générale attribuait le vol au premier. Trouvant insuffisante la somme allouée à son service, il aurait succombé à la tentation d'augmenter son salaire par la vente de volumineux registres en parchemin. Cependant des manuscrits aussi précieux ne pouvaient entrer dans une collection publique ni même privée sans qu'il fût possible d'en suivre la trace; la transmission des documents n'était pas encore dissimulée par les mystères et les habiletés qu'on a employés depuis. On en arriva donc à conclure que l'auteur du vol, pour éviter d'être découvert, avait dû démembrer nos cartulaires et finir par les vendre à des relieurs, dont le ciseau les a coupés pour garnir les dos et les coins de grammaires et de catéchismes. Cette conviction était si profonde, que le successeur de M. Jubin, après avoir fait lui-même d'actives recherches, crut ne pouvoir mieux signaler son entrée en fonctions qu'en travaillant à reconstituer les deux cartulaires dont on déplorait 1. (Quatrième série.)

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le perte. La considération que ces manuscrits n'existaient plus fut d'un grand poids auprès de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, lorsqu'elle attribua, en 1844, une médaille d'or aux Archives d'Anjou, pour la reconstitution, feuillet par feuillet, du Livre Noir de SaintFlorent.

Toutefois les manuscrits des archives d'Angers n'étaient pas détruits, probablement parce qu'ils n'avaient pas été volés par le garçon de bureau. Vendus à un libraire de Paris, ils étaient passés en Angleterre, et ils y avaient formé le noyau de la collection particulière la plus riche en manuscrits qui existe de nos jours, celle de sir Thomas Phillipp's, baronnet. En 1849, mon confrère M. André Salmon profita de la noble et gracieuse hospitalité de Middle-Hill pour transcrire plusieurs documents relatifs à la Touraine. S'il ne constatait que plus tard l'existence de la Grande Pancarte de Fontevraud, il m'écrivait déjà le 15 août : « Sir Th. Phillipp's m'a donné à admirer le joyau de sa bibliothèque, le fameux Livre Noir de Saint-Florent. Les plus belles et « savantes reconstitutions de cartulaires ne valent pas, mon cher ami, « la vue de ce magnifique document, auquel je ne trouve à reprocher « qu'une chose, c'est qu'il ne soit pas à Angers ou même à Paris. Quoi qu'il en soit, il est sauvé à jamais... Sir Th. Phillipp's a parcouru avec « intérêt tes Archives d'Anjou, qu'il serait très-désireux de posséder, «< comme aussi de voir l'auteur; je lui ai promis les deux, c'est-à-dire « un exemplaire de ton livre le plus tôt possible, et ta visite pour l'an« née prochaine. »>

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Cette lettre arriva à Angers pendant la session du conseil général. Instruits aussitôt de la découverte du Livre Noir et de l'empressement avec lequel sir Th. Phillipp's offrait de le communiquer et d'en laisser prendre copie, MM. les conseillers du département émettent, le 31 août, le vœu que M. le ministre de l'instruction publique alloue à l'archiviste de Maine-et-Loire une somme de 800 francs, en lui donnant la mission spéciale d'aller rechercher et copier en Angleterre les « documents relatifs à l'Anjou, notamment le Livre Noir de Saint-Flo« rent et le Grand Cartulaire de Fontevraud. » Le 20 mars 1850, M. le ministre accordait la mission sollicitée, et, en l'annonçant à l'archiviste, il ajoutait « Tout en vous occupant du but spécial de votre mission, je désirerais, Monsieur, qu'il vous fût possible de rapporter de votre « voyage une notice des autres eartulaires de France que vous pourrez « découvrir en Angleterre. Cette notice, qui n'ajouterait que faiblement « à la durée de votre tâche, servirait de complément à l'indication des cartulaires que mon collègue M. le ministre de l'intérieur a publiée,

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. et au catalogue des manuscrits des bibliothèques des départements dont le ministère de l'instruction publique a commencé la publica« tion. Je recevrai avec un vif intérêt vos communications à ce sujet. Le travail qui suit est le résultat de cette mission, qui a duré près de deux mois, du 27 juin au 20 août 1850. Sans y faire entrer de nombreux renseignements destinés à des travaux personnels sur l'Anjou et le Poitou, je me suis renfermé dans le cercle de mes instructions. Dans la Première Partie, j'ai fait le catalogue de seize cartulaires concernant la France 1, que j'ai rencontrés au Musée britannique. Ils sont énumérés d'après l'ordre prescrit pour le classement des Archives Départementales. La Seconde Partie contient, suivant l'ordre alphabétique des localités auxquelles ils se rapportent, l'indication de vingt-deux titres, nécrologes, comptes et autres documents qui sont le complément des cartulaires de France. Enfin la Troisième Partie concerne spécialement sept cartulaires d'abbayes angevines et de quelques-uns de leurs prieurés en Angleterre.

Pour ce dernier travail, je n'ai pas profité seulement des nombreuses et admirables collections du Musée britannique, administrées avec un ordre si parfait, une libéralité si exemplaire, et sur lesquelles il m'avait été possible de travailler dès le jour de mon arrivée à Londres, grâce à l'extrême obligeance de M. Holmes, conservateur adjoint des manuscrits, auquel j'étais recommandé par M. Ch. Lenormant.

D'honorables professeurs d'Oxford, pour lesquels Dom Pitra, bénédictin de Solesmes, m'avait donné des lettres, m'ont fait pénétrer dans le chartrier du collège de la Madeleine, afin de consulter le cartulaire du prieuré de Selé, dépendant de Saint-Florent de Saumur.

Sir Th. Phillipp's a exercé à mon égard cette hospitalité vraiment anglaise don't on conserve toujours un touchant souvenir.

Je ne dois pas oublier non plus le savant conservateur adjoint des Rôles. Sir Francis Palgrave ne s'est pas contenté de faire mettre à ma disposition les documents et surtout les Rôles de la Tour de Londres; par son initiative aussi bienveillante qu'éclairée, j'ai pu rapporter à la bibliothèque d'Angers trente-six des plus importants volumes publiés par la Commission des Records,

1. Dans son rapport à M. le ministre de l'instruction publique, Dom Pitra a décrit le cartulaire du prieuré de Domnène, diocèse de Grenoble. Voy. Archives des missions scientifiques, t. I, p. 492.

PREMIÈRE PARTIE.

I. ROYAUME DES DEUX-SICILES.

Musée britannique. Mss. Harley, n° 902, fol. 108-133.

Mémoire; inventaire sommaire de lettres, bulles et autres enseignements; conclusions; copies de bulles et lettres par lesquels apert le bon droict que très-christien roy de France, Charles, VIII de ce nom, a au royaulme de Sicile.

In-folio en papier de 26 pages, daté du 7 février 1493 (vieux style).

Ce manuscrit est de la main de Guillaume de Sailly, l'un des clercs ordinaires de la Chambre des comptes, qui certifie les bulles et chartes copiées par lui conformes aux originaux conservés dans ladite Chambre.

Parmi les pièces transcrites, se trouve un inventaire des titres touchant le royaume de Sicile, fait au château d'Angers, le 27 janvier 1491, vieux style, par Léonard Baronat.

II. UNIVERSITÉ DE PARIS.

Musée britannique, Additional Mss., n° 17304.- Acquis le 12 février 1848 de Boone, qui le tenait de Moore, de Paris. Liber privilegiorum et statutorum universitatis Parisiensis. In-4° en parchemin; 220 folios écrits. Écriture du quatorzième au dix-septième siècle. 172 pièces, d'après l'Index (qui donne les passages cités par Duboulay); du 11 mai 1218 (bulle d'Honoré III, fol. 29 vo) au 20 avril 1652 (acte du rectorat de Claude de la Place, fol. 213).

Ce manuscrit est en assez bon état, sauf un petit nombre de feuillets qui sont fatigués ou usés. Il a une belle et ancienne reliure en veau vert, parmi les ornements de laquelle figurent des fleurs de lis. On a, sur les deux ailes du volume, coupé la portion sur laquelle étaient apposées les armoiries. L'écriture est disposée en pleine page, dont chacune contient 28 lignes pour les folios cotés anciennement 1-155, 172 et suivants; et 33 lignes pour les folios 156-171.

La partie ancienne, celle du quatorzième siècle, la seule qui mérite d'attirer l'attention, est d'une bonne et belle écriture. Les

titres et les chapitres des diverses pièces y sont tracés à l'encre rouge, et les initiales enluminées en or, azur et violet. La première page a un encadrement et une initiale enluminée à personnages, qui ont beaucoup souffert, ainsi que la miniature qui représente le crucifiement, placée au folio 8, vo.

En tête de ce cartulaire, on lit le commencement de l'Evangile selon saint Jean, fol. 1, après lequel viennent le Calendarium academicum; puis les formules de serment, priviléges royaux, bulles en grand nombre, décrets, statuts et nominations de recteurs, dont le dernier est Claude de la Place.

III. DUCHÉS D'AQUITAINE ET DE GASCOGNE.

Musée britannique, Mss. Cotton, Julius, E. 1.

Literæ, Chartæ et Tractatus Vasconiæ et Aquitaniæ, tempore Henrici I, Edwardi I et II et Henrici III.

In-4°; parchemin; 356 folios, y compris les feuillets de papier qui séparent les divers cahiers ou registres formant ce volume. Écriture du quatorzième siècle. Il y a 299 pièces, d'après la table, écrite sur papier et remontant au dix-septième siècle, qui est placée en tête du volume; mais plusieurs sont souvent comprises sous un seul numéro. Elies vont de 1027 (Charte de Guillaume, duc d'Aquitaine, en faveur de SainteCroix de Bordeaux) à 1325.

Bon manuscrit, composé de plusieurs parties, et dans lequel sont aussi reliés quelques titres originaux. Au bas du premier folio, on lit: Scribitur par manum Thome de Chesy, dont on reconnaît la main en divers endroits, du folio 1er au 177e. L'écriture est disposée en pleine page. Elle est fine et serrée, et contient de 40 à 42 lignes à la page pour les folios 1 à 279. Pour le reste du volume, elle est d'une main toute différente, et d'autant plus régulière, que les caractères y sont gros et allongés.

Ce manuscrit est un véritable Cartulaire d'Aquitaine, et on peut, pour l'importance, le comparer aux cartulaires de Philippe-Auguste.

Il contient non-seulement des chartes des souverains de France et d'Angleterre, et de leurs grands vassaux, mais encore des bulles et des actes émanés tant des communautés religieuses et municipales que des particuliers de toutes classes;

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