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roi et de la jeune princesse tempèrent l'allégresse universelle, qui se change tout à coup en un deuil profond, quand arrive la nouvelle inopinée de la mort du roi Ladislas, décédé le 23 novembre 1457. On n'ose prévenir de ce coup terrible le roi, déjà malade, de peur que l'émotion ne le tue; mais les petits enfants pleurent et gémissent dans les rues, en se disant les uns aux autres : « Hélas! hélas! le roi Lasslab est mort. » Les ambassadeurs désespérés, après un magnifique service célébré à Saint-Martin, reprennent le chemin de leur patrie, en passant par Paris, où une procession de douze mille étudiants vient à leur rencontre.

A ces trois volumes de Fontes, nouvellement publiés, vient s'ajouter le tome Ier d'une publication qui, plus restreinte par son sujet, paraît cependant devoir également devenir extrêmement volumineuse. Je veux parler des Monumenta habsburgica, vaste recueil de pièces et de lettres relatives à l'histoire de la maison d'Autriche, et destinées à éclairer d'un jour nouveau les relations de tout genre de cette illustre maison, depuis les premières négociations du mariage bourguignon (1473), jusqu'à la mort de l'empereur Maximilien II (1576). Le présent volume (1853, XXXVI et 565 p. in-8°), qui commence la seconde section, consacrée à Charles V et à Philippe II, va d'octobre 1513 à décembre 1521, et contient 170 pièces tirées des archives impériales de Vienne, dont les deux tiers ont rapport à l'année 1521. Ce sont, en général, des correspondances de l'empereur Charles avec son chancelier, Mercurin de Gattinara, ses ministres et ses ambassadeurs; lès affaires de France, d'Angleterre, de Portugal et d'Allemagne, s'y trouvent tour à tour débattues; il y a surtout un nombre considérable de dépêches relatives à la médiation offerte par Wolsey à Calais en 1521. L'éditeur, M. Ch. Lanz, déjà connu par des publications analogues sur le même règne, devait mettre en tête du volume une introduction détaillée; mais le guignon habituel de l'Académie impériale de Vienne s'est jeté en travers, sous forme de maladie, et, en attendant le volume suivant, qui doit nous l'apporter, nous n'avons pour nous guider au milieu de ces documents que des tables des matières et des noms propres, absolument comme dans les Fontes.

Les Acta conciliorum seculi XV sont moins avancés encore que les Monumenta habsburgica; en effet, on n'a pas même terminé encore l'impression du premier volume des Actes du concile de Bâle, par lesquels l'Académie a résolu de commencer. Elle-même elle ignore encore quelle sera' l'étendue de cette publication, faite in-4° pour qu'elle se rattache plus étroitement au concile de Constance de von der Hardt. Les matériaux s'accumulent à fur et à mesure qu'on avance, et notre Bibliothèque impériale surtout, dans laquelle est venu se fondre le riche héritage littéraire de Baluze, est une mine presque inépuisable de découvertes. Par bonheur, le principal éditeur, M. Palacky, y a trouvé dans la personne de notre confrère, M. Léopold Delisle, un collaborateur aussi complaisant qu'érudit, comme il se plaît à le constater dans son rapport officiel.

Quant aux Archives pour la connaissance des sources historiques autrichiennes (1852-1853, in-8°), je passe sous silence tous les mémoires ou collections de pièces d'un intérêt par trop local, et me contente de citer l'un ou l'autre travail qui m'a frappé davantage. Ainsi MM. Duemmler et André de Meiller y ont donné de curieuses études topographiques, l'un sur les Marches S. E. de l'empire franc sous les Carlovingiens (795-907), l'autre sur la vieille Autriche entre les années 800 et 1000, en employant tous les deux à la fois les historiens, les diplômes et les codices traditionum. Le même M. de Meiller a réuni une série de droits municipaux autrichiens du douzième et du treizième siècle, tandis que M. Pichler a fait un recueil de règlements des marchés de Saltzbourg au quinzième et au seizième siècle, d'après des documents en grande partie inédits, et publié un récit de la funeste bataille de Mohacz, fait par un témoin oculaire, qui n'hésite pas à représenter le roi Louis comme une pauvre brebis que mène à la boucherie la noblesse hongroise. La même idée se retrouve dans une autre pièce du seizième siècle donnée par M. Zeibig, et qui est tout simplement un Dialogue des morts, composé en latin pour l'instruction politique du nouveau roi de Hongrie, Ferdinand de Habsbourg.

Signalons enfin quelques-uns des mémoires contenus dans les Comptes rendus des séances de la classe philosophico-historique de l'Académie (1852-1853, in-8°). Dans un travail sur les diptyques et les calendarii du moyen áge, M. Zappert a réuni les renseignements les plus circonstanciés et les plus divers sur les différentes espèces d'obituaires. M. Hopf présente, comme spécimen d'une histoire de l'Attique au moyen âge, un Précis des destinées de la seigneurie de Karystos en Eubée, depuis 1205 jusqu'en 1470, d'après des documents presque exclusivement inédits. M. Phillips a soumis à une étude longue et approfondie la Vie et les œuvres de Gautier Map, mais surtout son de Nugis curialium, publié en 1850 par M. Wright pour la Camden-Society. Enfin, M. Wattenbach publie, d'après un manuscrit de Gotha, une Passio Sanctorum IV coronatorum, bien plus complète que tout ce qu'on a eu jusqu'ici sous ce nom, et que, d'accord avec M. de Karajan, il n'hésite pas à attribuer au quatrième siècle de notre ère. A. H.

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- HISTOIRE du droit privé

GESCHICHTE der deutschen Privatrechts; allemand, par J. H. K. Förster. Kënigsberg, 1853. Nous ne donnons place à cet ouvrage dans notre bulletin que pour engager nos lecteurs à ne pas l'acheter sur la foi du prospectus. On croirait, en le lisant, qu'il a quarante ans de date; l'auteur ne semble pas se douter que Pertz a publié les Capitulaires; Merkel et Gaupp, les lois barbares citées perpétuellement d'après les éditions de Georgisch, Lindenbrog et Canciani; la Lex saxonum, de Gartner, est, à ses yeux, une « très-bonne édition » (p. 34). Pour donner une idée des nouveaux résultats auxquels est arrivé M. le conseiller d'appel Förster, citons quelques exemples,

pris dans les premières pages seulement. Pag. 1: La loi des Wisigoths est la plus ancienne des lois barbares; p. 2: La lex salica reformata est beaucoup plus germanique que le pactus antiquior; le major de la loi salique est un médecin ; — p. 6: Les antrustions sont des membres de la noblesse. Ici l'auteur nous avertit, dans une note, que Waitz a une autre opinion!

UBER die historische Entwickelung des Systems des deutschen Rechts; -ÉTUDES sur le développement historique du système du droit allemand, par V. Platner. T. I et II. Marbourg, 1854.

Cet ouvrage ne tient pas non plus ce que le titre promet : les recherches historiques y sont rares et peu intéressantes. Le plan de l'auteur, qui traite successivement des principes généraux de droit sur la preuve, les ordalies, les actions, l'erreur, l'usufruit, etc., etc., lui aurait permis cependant de faire des monographies étendues qui eussent justifié le titre et la préface; tandis que son livre n'a de valeur que comme collection de textes et de matériaux sur les questions qui y sont traitées.

AD. T.

ANSELMINUS DE ORTO super contractibus emphytheosis et precarii et libelli atque investiture; textum ex libris mss. primus recensuit et commentariis quinque instruxit Rud. Jacobi. Vimariæ, Boehlau. 95 pag. in-8.

Anselme est le fils du consul de Milan Obertus ab Orto, dont on a, dans le IIe livre des Libri feudorum, une lettre à ce même Anselme. On sait peu de chose sur sa vie; il était vraisemblablement praticien. On a déjà de lui un Instrumentum actionum. Les deux ouvrages ont, du reste, peu d'importance et de valeur. Cette édition a été faite sur une copie préparée par M. Merkel, d'après quatre mss.: le ms. 4676 de la Bibl. impériale, du treizième siècle; le ms. 1435 du Vatican, également du treizième siècle; le ms. no 73 du collége des Espagnols, à Bologne, du douzième siècle; et un ms. du quatorzième siècle, conservé à Saint-Marc de Venise: dans trois, le Traité d'Anselme est à la suite des livres des fiefs. Le Commentaire de M. Jacobi est beaucoup plus intéressant que le texte qu'il publie; il traite avec érudition : 1o de emphyteusi; 2° de juribus cognatis emphyteuticario; 3o de precaria vel prestario, vel commendaticia; 4° de jure libellario vel livellario; 5o de investitura vel concessione. AD. T.

GERMANISTISCHE ABHANDlungen. DISSERTATIONS sur le droit germanique, par E. Th. Gaupp. Manheim, Bassermann et Mathy, 1853. VII et 139 p. in-8.

Dans la première dissertation, l'auteur traite du wehrgeld et des compositions dans l'ancienne loi des Frisons; et il soutient que, dès l'époque de la rédaction de la loi, le wehrgeld, dont il est question dans le premier

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titre, n'était plus payé au simple, mais au triple. La deuxième dissertation est consacrée à rechercher si la Lex antiqua wisigothique est de Reccared, comme le prétendent Blume et Merkel, ou du roi Euric, comme l'a déjà soutenu l'auteur; les nouveaux arguments qu'il produit donnent au moins une grande probabilité à cette opinion. Dans la troisième dissertation, sur quelques principes du droit allemand, l'auteur se livre à des recherches sur la manière de compter la parenté, et sur les droits de propriété de la femme pendant le mariage. La quatrième dissertation est une critique des travaux récents sur l'époque de la rédaction du Miroir de Saxe: Gaupp réfute l'opinion de Sachsse, de F. Walter, de Daniels, et incline à rapporter cette rédaction à la fin du douzième siècle ou au commencement du treizième. La cinquième et dernière dissertation traite de l'importance du Miroir de Saxe et du Miroir de Souabe pour les temps postérieurs. Comme tous les travaux de Gaupp, ces dissertations se font remarquer par leur simplicité, leur clarté et leur caractère éminemment scientifique.

AD. T.

LE COMTE LUCANOR, apologues et fabliaux du quatorsième siècle, traduits pour la première fois de l'espagnol, et précédés d'une notice sur la vie et les œuvres de Don Juan Manuel, ainsi que d'une dissertation sur l'instruction de l'apologue d'Orient en Occident, par M. Adolphe de Puibusque. 1 vol. in-8° de 500 pages. Paris, Amyot, 1854.

Don Juan Manuel était un infant de Castille, petit-fils du roi Ferdinand III. Il joua un grand rôle sous le règne d'Alfonse XI, d'abord entraîné dans les guerres civiles que suscita la minorité de ce prince, longtemps persécuté, et enfin rétabli dans ses honneurs, où il eut l'occasion de s'illustrer par ses exploits contre les Maures. Il mourut en 1347, léguant aux dominicains de Peñafiel les manuscrits de plusieurs ouvrages qu'il avait composés. Le Comte Lucanor était du nombre. A la fin du seizième siècle, Argote de Molina, ayant par hasard déterré ce livre, le trouva si beau qu'il se hâta de le faire imprimer. On en connaît deux autres éditions données depuis à Madrid et à Stuttgart. Telle est, en peu de mots, la destinée du livre dont M. Ad. de Puibusque vient d'enrichir notre langue.

Le Comte Lucanor, malgré le peu de retentissement qu'il a eu jusqu'à présent, même en Espagne, peut passer pour l'une des plus remarquables productions de l'ancienne littérature castillane. C'est un livre de morale pratique, conçu sur le plan du Pantcha-Tantra, et, jusqu'à un certain point, imité de ce vieux code de la sagesse indienne. Il est divisé en cinquante chapitres, qui sont autant de conversations entre le comte Lucanor, personnage imaginaire, et un confident appelé Patronio. Le comte Lucanor est un seigneur appliqué à bien faire, mais défiant de luimême au plus haut point. Toutes les fois qu'il a un parti à prendre, il consulte Patronio, et Patronio lui répond, à la manière orientale, par un conte ou par une fable, dont il résume la morale dans un distique. Au

tant de chapitres, autant de paraboles, et de là le nom d'Ejemplo que le texte espagnol donne à chacun d'eux. Trente-cinq exemples peuvent être classés parmi les fabliaux, anecdotes ou légendes; quinze rentrent directement dans le genre de l'apologue. Dix de cette dernière catégorie ont une origine indienne facile à constater. D. Juan Manuel a rencontré Ésope et Phèdre dans trois autres, mais probablement d'après des paraphrases arabes de ces fabulistes. Parmi les contes, il y en a trois qui ont la France pour théâtre, ou des Français pour acteurs. Voici leurs titres : « De ce qui advint au comte de Provence, et comment il fut délivré de captivité par le conseil que Saladin lui donna (no 25). Du jugement que rendit un cardinal dans un procès entre le clergé et les frères mineurs de Paris (no 31). - Pourquoi un sénéchal de Carcassonne perdit son âme (no 40). »

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M. de Puibusque est à la fois un littérateur et un savant. Il n'ignore aucun des procédés de la critique. Son Histoire comparée des littératures espagnole et française a donné la preuve de son érudition et de son bon goût. Les mêmes qualités recommandent sa traduction du Comte Lucanor. Ce livre, d'une lecture agréable par l'élégance avec laquelle a été rendu le style simple et mâle de Don Juan Manuel, est encore une source des plus utiles renseignements pour l'histoire de l'apologue. Indépendamment d'un traité complet sur ce que l'Espagne a fourni en ce genre, on y trouve, à la suite de chaque exemple, un commentaire particulier sur les diverses formes que le même sujet a reçues dans d'autres langues.

N'oublions pas de dire que M. de Puibusque, laissant de côté les éditions, toutes vicieuses et incomplètes, a pris pour base de son travail les manuscrits de Madrid attention consciencieuse dont il a été récompensé par la découverte d'un chapitre qui avait échappé à Argote de Molina.

J. Q.

ANDRÉ BOULLE, ébéniste de Louis XIV. Alençon, 1854, in-8° de 13 pag., extrait du Journal d'Alençon et tiré à 25 exemplaires, par M. Charles Asselineau. JEAN DE SCHELANDRE, par le même. Paris, 1854, in-8o de 30 pag., extrait de l'Athenæum français et tiré à 100 exemplaires.

Ces deux brochures se rapportent à des sujets différents; mais, comme elles sont l'œuvre du même auteur, on nous permettra de les réunir dans une notice commune. La première est plutôt une note qu'un travail. On sait l'art particulier de Boulle, dont le nom est passé dans la langue, à l'état de substantif technique, pour signifier l'incrustation, sur un fond d'écaille, de dessins de cuivre découpé et gravé, tandis que l'incrustation de dessins d'écaille sur un fond de cuivre, qu'on se mit à faire ensuite en renversant la donnée du premier inventeur, est désignée sous le nom de contre-boulle. M. Asselineau a réuni les quelques renseignements que l'on possède sur cet habile artiste. Malheureusement, ils sont peu nombreux et bien courts. L'abbé de Fontenay, dans son Dictionnaire des artistes I. (Quatrième série.)

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