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faire, sinon avoir recours à vous pour me mettre hors de la grant neccessité où je suys, qui m'est si forte à porter que je n'en puys plus, tant pour la presse des debteurs et serviteurs de feu monsgr mon mary, dont Dieu veille avoir l'âme, ausquelz n'ay de quoy satisfaire et chascun jour me pressent, que pour mon vivre et celuy de mes enffans; car ce que j'ay pour ceste heure entre mains est si pou que je n'en saraye honnestement vivre, veu que ce que j'ay par decza n'est pas grant chose, et ce qui est en Bretaigne a esté toujours empesché par mon absence, en manière qu'il couste plus à poursuyr qu'il ne vault. Et pour ce, Sire, que je vous tiens pour mon plus grant et seur reffuge, et à qui je vueill de tout mon cas avoir recours comme à celuy à qui j'ay toute mon espérance, vous supplye très humblement qu'il vous plaise donner provision en nos nécessités, tant en mémoire de celuy que j'ay perdu que pour la pitié de ses enffans et de moy, qui sans vostre bonne grâce ne pouvons plus. Et au regart de mes damoyselles de Taillebourg, dont vostre plaisir est en vos dictes lettres parler, elles ne sont plus icy, car presque aussi tost que la fortune me fut avenue, leur père les envoya quérir, et je ne les eusse osé refuser.

LE TRESOR

DE

SAINT-MARTIAL DE LIMOGES

AU XIII SIÈCLE.

On a compris de nos jours quels services les anciens catalogues d'objets d'art peuvent rendre à l'archéologue, et quelle lumière ces documents répandent sur l'histoire des mœurs et des usages de l'époque à laquelle ils se rapportent. D'importantes publications ont déjà été faites sur ce sujet, et de grands travaux sont actuellement en cours d'exécution. Aussi avons-nous pensé qu'il ne serait pas inutile de publier un texte inédit de ce genre, qui se rattache à l'histoire d'une des plus anciennes et des plus célèbres abbayes de la France. C'est l'in-* ventaire, composé dans la première moitié du treizième siècle, des ornements et des joyaux qui étaient conservés dans le trésor de SaintMartial de Limoges.

Cet inventaire, connu seulement par les quelques extraits qu'en ont donnés les Bénédictins continuateurs du Glossaire de du Cange1, paraît pour la première fois en entier dans ce recueil. Nous l'avons tiré du n° 1139 des mss. latins de la Bibliothèque impériale, dont il occupe les feuillets 28 et 29. Les Bénédictins en ont fixé la rédaction à l'année 1227; nous ne saurions dire à l'aide de quels documents ils sont parvenus à déterminer cette date d'une manière aussi précise, mais nous n'en contesterons pas l'exactitude, et nous l'adopterons sur la foi de ces savants religieux. Nous n'avions pour l'établir avec certitude que le nom de l'abbé Raimond Gaucelm, élu en 1225 et mort en 1245. Si nous avions pu constater avec exactitude à quelle époque Matthieu d'Uzerche est entré en fonctions comme trésorier du monastère, ou seulement découvrir l'année de sa mort, la connaissance de l'un ou de l'autre de ces faits aurait résolu la question. En l'absence

1. Aux mots Cortibaldus, Cutella, Diasprus, Estamineta, Molle ferreum, Textum et Vinatgeriæ.

de ces renseignements nécessaires, nous nous arrêterons à la date proposée par les Bénédictins, parce que nous ne doutons pas que leurs calculs ne soient fondés sur des documents peut-être aujourd'hui perdus, ou qu'il ne nous a pas été donné de consulter.

HEC EST SUMMA ORNAMENTORUM TESAURARIE, QUAM TEMPORE RAIMUNDI ABBATIS ', MATTHEUS DE USERCHIA 2 CUSTODIENDAM

ACCEPIT.

xlvi casulas; xxxta festales de cerico 3 et xv feriales. Centum et iiijor cappas ".

Tresdecim dalmaticas.

Novem cortibaus" festals et xviijto feriales.

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Vestimenta parata Ixj. Vestimenta plana centum e xlij.
Unum vestimentum paratum de estaminea 3.

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Sex stolas de aurifrigio

11

cum suis manipulis.

1. C'est l'abbé Raimond Gaucelm, qui fut élu le 6 juillet 1225, et qui mourut le 5 septembre 1245. Voy. D. Bouq., t. XVIII, p. 237, et Gall. Christ., t. II, col. 562. 2. Un des obituaires de Saint-Martial nous fait connaître quelques particularités sur le compte de ce Mathieu d'Uzerche : « Nonas (febr.), ob. Matheus d'Usercha, monachus sancti Marcialis, qui fecit ibi cappam et casulam deauratam de samiz rubeo, et quatuor vestimenta et unum prosarium. » Bibl. imp., no 5245 mss. lat., fol. 138 vo. 3. Pour serico, de soie.

4. Une note écrite de la main de Bernard Itier en 1216, nous apprend qu'à cette époque le monastère ne possédait pas moins de cent six chapes. Bibl. imp., no 1338 mss. lat., fol. 260 vo.

5. Ce mot désigne une espèce de tunique que portaient les diacres et les autres ministres inférieurs du culte. V. Raynouard, Glossaire de la langue romane.

6. Un vêtement complet se composait d'une chasuble, d'une aube, d'une étole et d'un manipule. Voy. Mélanges historiques publ. par Champollion, t. 1, p. 627. · . 7. Parés, par opposition à plana, unis.

8. Etoffe très-légère. Il y en avait en laine et en soie. Voy. D. d'Arcq, Comptes de l'argenterie, p. 374.

9. Collets de soie brodés d'or, quelquefois ornés de perles, de pierres précieuses et de plaques d'émaux, qui étaient au moyen âge l'accessoire ordinaire de l'amict. Ils retombaient comme les collets de nos habits modernes. V. le glossaire de M. de Laborde, placé à la suite de sa Descr. des émaux du Musée du Louvre.

10. Pour perlis.

11. D'orfroi, c'est-à-dire bordés d'un galon ou d'une frange d'or ou d'argent.

viitem manipulos cum pernis.

1

Tres balteos cum pernis.

Tria paria candelabrorum argenteorum.
Duo turibula argentea 2.

Tria texta aurea 3. Quatuor texta argentea. Duo libri evangehorum argenteorum.

Vita sancti Marcialis cum argento.

Quatuor philacteria: duo sunt aurea cum ligno crucis; unum servatur in tabulis argenteis ; et duo sunt argentea; unum ad signandum populum et aliud cum oleo sancte Caterine".

7

8

1. C'est le baudrier, la ceinture, une des pièces de l'habillement sacerdotal. Il est ainsi décrit par Guillaume Durand (Rational. divin. offic.): « Baltheus .i. zona vel cingulum latius quasi digitis quatuor sic reticulatus ut quasi pellis vipera videretur, contextum de bisso, cocco, purpura et jacinte. »

2. Une note écrite de la main de Bernard Itier en 1216 porte que le nombre des encensoirs de Saint-Martial s'élevait à quatre, deux de plus que dans notre invenlaire. Bibl. imp., no 1338 mss. lat., fol. 260 vo.

3. Il s'agit ici du livre des évangiles, peut-être seulement de la couverture on de l'étui enrichi d'or et de pierres précieuses qui le renfermait. V. du Cange.

4. Le catalogue de la bibliothèque de Saint-Martial, rédigé au treizième siècle par Bernard Itier ou par un de ses successeurs, nous apprend que le monastère possédait cinq manuscrits de la vie de son illustre patron. Bernard Itier, dans une note, signale le moine Adémar comme ayant fait écrire une vie de saint Martial en lettres d'or: « Anno gratie мo. xxx ш, obiit Ademarus monacus qui jussit fieri vitam sancti Marcialis cum litteris aureis et in Jerusalem migravit ad Christum. Ms. no 1338, fol. 36 ro.

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5. C'étaient, suivant Guillaume Durand (Ration. divin. offic.), des vases d'or, d'argent, de cristal ou d'ivoire, destinés à recevoir les cendres ou les reliques des saints.

6. Tabernacles à deux battants en forme de diptyques, dans lesquels on plaçait les reliques des saints. On trouve dans l'inventaire de la Sainte-Chapelle la mention d'une table d'argent doré « qui se clost et ferme à deux clamydes ou guischetz, dedans laquelle il y a plusieurs et diverses reliques;» notre texte désigne sans doute quelque chose de semblable. Voy. du Cange, au mot Tabula.

7. Pour donner la bénédiction,

du Cange.

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signatio, benedictio quæ fit signo crucis,» dit

8. Le ms. porte propulum, faute évidente du copiste.

9. Une lettre de Roger, abbé de la Trinité du Mont, à Rouen, fait connaître quelle était cette huile de sainte Catherine. Sous la date du 24 août 1197, il annonce aux prêtres de l'église Notre-Dame, près la cour de Valenciennes, l'envoi d'une portion : « de illo oleo precioso quod sine humani ingenii artificio et absque alterius olei naturalis mixtura, sed per divine virtutis et pietatis voluntatem, defluit a tribus parvis ossibus sanctissimi corporis beatissime virginis Katherine, que habemus in ecclesia nostra. » Bibl. impér., Chartes et diplómes, 98, 25. Citons en

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Tres calices in quibus cantatur 1.

Tres parvos calices ad offerendam faciendam '.

4

Concha argentea cum talpa 5.

Major cutella et minor argentææ.

Unum coclear magnum argenti ".

Vas argenteum cum quo ostie in refectorio portantur, quod Wus La Concha donavit.

7

core un passage de Boethius (Scotorum historia, éd. sans date de Jod. Badius Ascensius, fol. x1): « Ab hoc oppido (Edimburgum ) plus minus duobus passuum millibus, fons cui olei guttæ innatant scaturit, ea vi ut, si nihil inde collegeris, nihilo plus confluat; quantumvis autem abstuleris, nihilo plus remaneat. Natum esse aiunt effuso illic oleo Diva Catharinæ quod ad Divam Margaritam ex Monte Sinai adferebatur. Fidem rei faciunt, fonti nomen divæ Catharina inditum, atque in ejusdem honorem sacellum, juxta divæ Margaritæ jussu edificatum. Valet hoc oleum contra varias cutis scabrities. »

Nous ajouterons ici la note des reliques contenues dans une châsse du monastère de Saint-Martial : « Reliquias eas habet capsula argentea a sinistro latere altari senioris posita sanctorum Mari et Leodegarii, sancta Sussanna, de terra quam Dominus calcavit, sancti Pauli apostoli et sancti Martini episcopi, s. Briccii episcopi et s. Menne martyris, sancti Eusebii martyris et s. Pastoris, sancti Petri apostoli et s. Mariæ, s. Albini et s. Sulpicii et s. Susanna, s. Eparchii. » Bibl. imp., no 1785 mss. lat., fol. 2 ro.

1. D'après une note rédigée par Bernard Itier en 1216, le monastère de Saint-Martial possédait alors quatorze calices d'argent. Ms. lat. 1338, fol. 260 vo.

2. Qui servent à la célébration des saints mystères; c'est dans ce sens qu'on dit chanter la messe. Voy. du Cange, au mot Cantare.

3. Ces calices servaient sans doute à recueillir les dons en nature offerts pour la célébration du saint sacrifice.

4. Un bassin, une conque.

5. Couvercle, «< a Vasconio tapo vel talpo, operire, » dit du Cange au mot Talpa, qui cite notre texte à l'appui de cette interprétation.

6. Serait-ce la grande cuiller dont les Grecs se servent pour distribuer l'eucharistie? Voy. le glossaire de M. de Laborde.

7. Voici les détails que nous avons pu recueillir sur ce religieux: Il figure comme operarius sur une liste des moines de Saint-Martial dressée vers l'an 1209 (ms. lat. n° 1993, fol. 119 1o). Bernard Itier le place au nombre des prédicateurs qu'il a entendus, dans une note rédigée en 1210 (ms. n° 1338, fol. 230 ro). Il devint sacristain en 1216 (D. Bouq., t. XVIII, p. 234 E). Il était grand sacristain en 1218 (ms. lat. n° 3237, fol. 101 vo). Il exerçait encore les mêmes fonctions en 1223, à la Pentecôte (ms. n° 2400, fol. 1 et 2). Il fut, le 6 juillet 1225, un des électeurs de l'abbé Raimond Gaucelm (D. Bouq., t. XVIII, p. 237 C). Il figure encore à divers titres dans les mss. 1121, fol. 247 vo; 2262, fol. 166 v°; 5137, fol. 147 vo, et 5321, fol. 14 v°. Enfin le ms. lat. n° 1139 contient (fol. 1 ro, 9 v°, 30 et 31 ro) la mention des dons qu'il fit an monastère, avec un état sommaire des travaux exécutés par ses soins, et un compte des fonds qu'il avait dépensés. L'obituaire de Saint-Martial (no 5243, fol. 112 ro) fixe sa mort au vi des ides de juin.

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