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fut renvoyée au comité général, qui fit décréter (séance du 24 août) la mise en liberté de Maugé ; l'arrestation et la traduction à la barre de Villot, procureur de la commune de Nancy, de Genaudet et Olheim, officiers municipaux, et la destitution de Duquesnoy, directeur des postes.

-Ce n'était pas à Nancy seulement que des entreprises avaient été dirigées contre les sociétées populaires. Le président des Jacobins de Beaune avait été renversé de son siége par les fédéralistes. Royer l'annonça à la société mère, au moment même où elle délibérait sur les dépêches de Nancy: il avait lui-même, disait-il, manqué devenir victime de ces scélérats.. Douze grenadiers patriotes se tenaient sous ses fenêtres pour le mettre en état

été le foyer de patriotisme et des rochers contre lesquels se sont brisés tous les complots de l'aristocratie. Des autorités corrompues et contre-révolutionnaires persécutent ces sociétés populaires et en dispersent les membres. Je demande que le comité de législation soit chargé de nous présenter une loi pénale contre les administrations qui empêcheraient les sociétés populaires de s'assembler. » Cette motion fut faite au plus fort de la lutte que la Convention soutenait contre Je fédéralisme, et dans une séance où elle recevait une adhésion à ses décrets du 31 mai, 4er et 2 juin de la part d'un grand nombre de sociétés populaires. BillaudVarennes remplaça Delacroix à la tribune pour faire la lecture suivante :

Billaud Varennes. «Quarante-deux sociétés populaires se sont réunies dans la ville de Valence, chef-lieu du département de la Drôme, pour y protester contre les arrêtés contre-révolutionnaires des administrateurs du Gard, de Rhôneet-Loire, des Bouches-du-Rhône, etc. Les membres qui composaient cette assemblée ont dressé procès-verbal de leur séance. Je vais vous lire les principales dispositions qui y sont contenues:

<< L'assemblée déclare 1° que la Convention est le seul centre d'unité, le seul >point de ralliement de tous les patriotes;

» 2° Que les membres qui composent maintenant la Convention méritent la .> confiance de la France;

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& 3° Que les sociétés populaires ont puissamment concouru à l'établissement » de liberté et au succès de la révolution ;

» 4° ́ Qu'elle voue à l'exécration publique tous ceux qui voudraient usurper une > autorité quelconque ;

» 3° Qu'elle fera la guerre aux fédéralistes, aux anarchistes, aux provocateurs » au meurtre et au pillage, et à tous ceux qui attenteront à l'unité de la Répu> blique ;

» 6° Qu'elle attend avec impatience l'heureuse époque du 10 août pour fra» terniser avec les Parisiens et les députés de toute la République, et présenter à » le Convention l'hommage de sa reconnaissance. »

Saint-André. « Le secrétaire n'a pas fait lecture de quelques passages qu'il serait bon de connaître. Les patriotes réunis à Valence ont reconnu que la Convention avait été parfaitement libre dans les journées des 34 mai et 2 juin. (De violens

d'arrestation, parce qu'il avait fait refuser la porte de la salle des séances aux autorités constituées qui s'y portaient suivies d'une force armée, à l'effet de dissoudre la société. Le peuple, continue l'orateur, fit rentrer dans la poussière ces insolens conspirateurs ; mais ils font une guerre de détail aux républicains, et cette guerre peut diminuer nos forces. Je demande donc que, par un serment solennel, les Jacobins s'engagent à se soutenir réciproquement dans toute l'étendue de la République, à se mettre tous en cause, si la plus petite société, si un seul de ses membres est attaqué, et à prouver à ces perfides que ce qu'ils regardent comme leur salut ne ferait que hâter leur ruine, puisqu'avant

murmures s'élèvent dans la partie droite. ) Cette question ayant été agitée, l'assemblée passa à l'ordre du jour, motivé sur ce que la Convention avait déclaré qu'elle avait été libre les 31 mai et 2 juin, et qu'elle avait décrété que les sections de Paris avaient bien mérité dela patrie dans ces journées. » ( Applaudissemens.)

La Convention décréta la mention honorable de la conduite des sociétés populaires réunies à Valence.—La proposition de Delacroix fut adoptée, et, le 27 juillet, un membre du comité de législation fit décréter la loi suivante dont la peine la plus forte est fixée à dix ans de fers.

« La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de législation, décrète :

» ART. 1o. Toute autorité, tout individu qui se permettrait, sous quelque prétexte que ce soit, de porter obstacle à la réunion, ou d'employer quelque moyen pour dissoudre les sociétés populaires sera poursuivi comme coupable d'attentat contre la liberté et puni comme tel.

» 2. La peine contre les fonctionnaires publics qui se seraient rendus coupables de l'un ou de l'autre de ces délits est de dix années de fers.

» 3. Les commandans de la force publique qui agiraient ou qui donneraient des ordres pour agir, à l'effet d'empêcher la réunion, ou pour dissoudre les sociétés populaires, s'ils sont porteurs d'une réquisition écrite, seront condamnés à cinq années de détention; s'ils ont agi sans réquisition, ils subiront dix années de fers.

»4. Les particuliers coupables des délits ci-dessus, et ceux qui auraient enlevé ou donné l'ordre d'enlever les registres ou documens des sociétés populaires seront poursuivis et punis de cinq années de fers.

» 5. Les administrations de département et de district, et les municipalités sont tenues, sous leur responsabilité, de veiller à ce que les délits de cette nature, qui se sont commis avant la promulgation de la présente loi, soient promptement réparés.

» 6. Les procureurs-généraux-syndics, les procureurs-syndics et procureurs des communes seront tenus de dénoncer, et les accusateurs publics de poursuivre tous les délits de cette espèce qui viendront à leur connaissance, à peine de destitution. » (Note des auteurs.)

qu'ils fussent parvenus à anéantir la liberté, nous les ferions tous descendre dans la nuit du tombeau. Hebert parla sur le même sujet. Nous n'extrairons de son discours qu'un passage où se trouve une étrange anecdote; ce passage prouve d'ailleurs que, depuis sa dernière candidature, le père Duchesne se préoccupait volontiers de l'idée d'être ministre. Considérant l'état actuel de la France, dit la feuille que nous analysons (Journal de la Montagne, n° LXXXIII), Hébert assure qu'un ministre des affaires étrangères qui serait adroit pourrait tirer le plus grand parti pour elle de la situation actuelle de l'Europe. Il cite un trait qui eut lieu l'année dernière, et dont la municipalité seule eut connaissance. Un républicain, nouveau Scévola, s'y présenta un jour, et lui confia le projet qu'il avait formé de délivrer la terre de la présence d'un monstre qui la souillait. Il ne demandait que mille écus de rente, assurés à sa famille, et, si nous n'eussions pas eu un ministre des affaires étrangères pusillanime et malveillant, le roi de Prusse ne verrait plus la lumière. › La société prêta le

serment proposé par Royer.

Bordeaux était rentré dans le devoir. Des commissaires de ses vingt-quatre sections se présentèrent, le 30 août, à la barre de la Convention, demandant son indulgence et le rapport du décret qui mettait hors la loi les membres de la commission populaire, créée, disaient-ils, par le peuple. Chabot déclara que, depuis l'acceptation de la Constitution, les habitans de Bordeaux avaient interrogé les réprésentans du peuple comme des criminels; il demanda que le comité de salut public rendit compte de ce fait. Lacroix proposa que le rapport fût fait séance tenante. Cette motion fut décrétée, mais elle ne reçut point d'exécution; c'était une manière de repousser formellement la pétition des Bordelais. Au reste, ils furent plus mal accueillis encore aux Jacobins. Gaillard ayant annoncé leur démarche du matin auprès de la Convention, Robespierre dit : « Ceux qui viennent ainsi, au nom du peuple, demander la grâce des traîtres, sont tous démentis par le peuple. Le peuple est bon partout: ainsi, à Bordeaux, à Lyon, à Marseille, on ne doit accuser que les autorités

constituées des malheurs qui y sont arrivés, et de la nécessité de faire bombarder une de ces villes. Je déclare que se montrer indulgent envers les traîtres, serait se montrer plus cruel, plus criminel envers le peuple que les traîtres-eux mêmes. Le peuple réclame vengeance; elle est légitime, et la loi ne doit point la lui refuser.» (Journal de la Montagne, no XCI.)

Marseille était vaincue. La nouvelle de l'entrée du général Cartaux dans ses murs parvint à la Convention le 31 août. Les représentans du peuple Albitte, Salicetti, Escudier, Gasparin et Nioche étaient avec lui. Bo et Autiboul, leurs collègues, prisonniers des Marseillais, furent délivrés d'une longue et dangereuse captivité. Ils s'empressèrent également de mettre en liberté les patriotes incarcérés. — Le général Cartaux écrivait au ministre de la guerre:

Marseille, 25 août. - Citoyen ministre, l'armée de la République, que j'ai l'honneur de commander, a attaqué, le 24, à dix heures du matin, la colonne marseillaise qui s'était retranchée sur la hauteur de Septêmes, à deux lieues du château d'Albertas. C'était leur dernière ressource, et leur position était excellente. Nous nous sommes emparés de la grosse artillerie qu'ils avaient placée sur les auteurs. Ils avaient deux pièces de trente-six qui furent bientôt en notre pouvoir, quinze pièces de quatre, de huit et de douze, et beaucoup de munitions de guerre ; leur défaite est complète. Nous avons fait beaucoup de prisonniers de troupes de ligne; je les ai fait dégrader et conduire en prison, pour être conduits à Grenoble y subir leur jugement. Nous sommes entrés, ce matin à neuf heures, dans Marseille, où j'ai trouvé les restes de leur barbarie; du canon braqué dans presque toutes les rues, les maisons criblées de boulets, enfin tout ce que la rage contre-révolutionnaire peut inventer a été mis en usage par ces scélérats. Signé, CARTAUX. Pour copie, signé BOUCHOTTE. ›

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Danton demanda la parole sur cette lettre. ‹ La nation, dit-il, vient de donner une grande leçon à l'aristocratie marchande dans la personne des Marseillais. Il faut que cette leçon ne soit

pas perdue; que ceux qui ont conquis Marseille à la liberté soient récompensés, et que les contre-révolutionnaires soient punis; il faut que les commerçans qui ont vu avec plaisir l'abaissement des nobles et des prêtres, dans l'espérance de s'engraisser de leurs biens, et qui aujourd'hui désirent la contre-révolution avec plus de perfidie, soient abaissés; il faut se montrer aussi terribles envers eux, qu'à l'égard des premiers. Je demande que les comités de salut public et de législation soient chargés de présenter à la Convention les moyens de faire payer les frais de cette guerre par les contre-révolutionnaires de Marseille, et le mode d'application de la loi qui doit faire tomber la tête de ces scélérats. » (On applaudit.) -Les propositions de Danton furent adoptées.

Les représentans du peuple, plus haut désignés, transmirent à la Convention le mémoire suivant sur ce qui s'était passé à Marseille, le 23 et le 24 août. (Ce mémoire, daté du 2 septembre, fut communiqué le 11 à la Convention.)

Les citoyens composant la section no 11 avaient déjà manifesté le 21 août aux autres trente et une sections de la ville de Marseille, leur vou pour l'acceptation de la Constitution, et l'entrée dans leurs murs de l'armée commandée par le général Cartaux. Le 25, les sections numéros 9, 12, 15 et 14, adhérèrent au vœu fortement prononcé par la section n° 11. Ce qu'il y avait de bons républicains dans les autres sections, euhardis par cette démarche, vinrent s'y réunir et faire cause commune. Le point de rassemblement fut à la place des Prêcheurs; leur nombre s'éleya à 5 ou 6,000, et ils furent soutenus par les canons des cinq sections no 9, 11, 12, 15 et 14. Alors le comité général et les corps administratifs, effrayés de cette réunion, et craignant que le commandant de l'escadre ennemie, qu'ils avaient appelé pour s'emparer de Toulon et de Marseille, ne vint pas assez tôt, demandèrent à Toulon, par un courrier extraordinaire, deux frégates, afin de s'y embarquer, et éviter par la fuite la punition due à leurs forfaits. Le même jour l'amiral Anglais envoya trois parlementaires; ils débarquèrent cinquante-trois prisonniers français, et

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