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Sans cette espèce de miracle de l'esprit public, que serait devenue la liberté ?

> Qui aurait pu croire que cette assemblée, composée de tous les scélérats vendus à la horde contre-révolutionnaire, deviendrait en quelques jours la plus populaire et la plus démocratique de toutes les assemblées. Courage, citoyens : non, les patriotes ne peuvent pas avoir les mêmes vues que Cobourg, Brissot, les administrateurs du Calvados et du Midi.

> Je dis donc que ceux qui vont prêchant contre la Montagne de la Convention, sont les seuls ennemis du peuple. Quand nous deviendrons Brissotins, nous voulons bien être les victimes de notre apostasie; mais jusque-là défiez-vous bien de ces intrigans qui, sous le masque du patriotisme, ne cherchent autre chose qu'à vous plonger dans l'abîme dont vous ne faites que commencer à sortir.

» Croyez-vous que tel prêtre qui, de concert avec les Autrichiens, dénonce les meilleurs patriotes, puisse avoir des vues bien pures, des intentions bien légitimes? Si, depuis quatre ans, placé à la Montagne, il lui en avait fallu soutenir tous les assauts, pensez-vous qu'il eût été plus ferme? Gardez-vous de le croire, et mettez-le du moins à une si longue épreuve..

>

Croyez-vous qu'on puisse d'un coup surmonter l'Autriche, l'Espagne, Pitt, les Brissotins et Jacques Roux! Non, citoyens ; mais laissez-nous le soin de les combattre, et n'ajoutez pas vos efforts à ceux déjà trop multipliés des aristocrates et de Roland. Au surplus, les hons patriotes verront qu'un intrigant qui veut s'élever sur les débris des puissances que nous avons abattues, sur les Dumourier, n'acquiert pas l'aptitude avec l'audace, et que ce n'est pas moins un homme ignare, qu'un mauvais sujet et un faux patriote.

> Il suffit de s'en tenir aux vrais principes, de n'adopter point de fausses mesures. Surtout ne privons point Paris de ses défenseurs naturels, qui sont ceux de la République entière.

› Gardez vos armes, vos canons; la France doit se lever tout entière, mais nous resterons ici pour écraser les ennemis du peu

ple et assurer son indépendance. Le comité de salut public, qu i n'est pas, comme on vous l'a dit, contre-révolutionnaire, qui a commis des fautes qu'on peut et qu'on doit lui reprocher, mais qu'il faut surtout s'abstenir de dénoncer avec plus de fureur qu'on ne dénonçait les Brissotins et les Guadet, vous fournira les moyens de réprimer l'audace de ces hommes qui ne cherchent à attirer le soupçon sur ceux qui ont été jusqu'à ce jour les soutiens du peuple, que pour arriver de proche en proche à saper une constitution qui est leur ouvrage, et qui fait le désespoir des aristocrates. (Séance des Jacobins du 28 juin.- Compte-rendu du Républicain français, no 228.)

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Le même journal, même numéro, nous donne la conclusion de cette affaire. Il analyse ainsi les débats du club des Cordeliers, á leur séance du 30 juin. La société des Jacobins, indignée des manoeuvres que quelques individus avaient mis en usage pour égarer les Cordeliers, avait nommé douze commissaires pour se rendre au club, dimanche 30 juin, afin d'ouvrir les yeux au peuple sur la pétition de Jacques Roux, qui allait être une pomme de discorde pour la société; les Jacobins s'y sont rendus. Collotd'Herbois, Robespierre, Maine et autres, ont parlé contre Roux et ses adhérens; Collot-d'Herbois a regardé Jacques Roux comme l'agent du fanatisme, du crime et de la perfidie. Robespierre a pensé de même. Momoro a voulu concilier les esprits. La discussion a été vive. On s'est plaint amèrement des sarcasmes lâchés contre la Montagne. Jacques Roux a été successive, ment accusé de scélératesse par Hébert, par Collot-d'Herbois, par Legendre, et chassé comme un scélérat, un fanatique et un monstre; on a refusé de l'entendre.

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› Leclerc de Lyon a eu le même sort; il a été conspué, chassé comme le premier auteur des massacres qui ont eu lieu dans la ville de Lyon. Leclerc a été accusé d'être un échappé de Coblentz, un stipendié de Pitt et des intrigans de Paris, enfin chassé.

A

› Varlet sera mis à l'épreuve, et passera au scrutin épuratoire; jusque-là il ne pourra assister aux séances des Cordeliers.

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» Le plus grand tumulte a troublé la discussion; les deux expulsés n'ont pu faire entendre leurs voix, quoiqu'ils fussent appuyés par plusieurs personnes. La société arrête qu'elle ira désavouer à la barre de la Convention la pétition de Jacques Roux, qu'elle reconnaît que la Montagne a bien mérité de la patrie, et qu'elle regarde comme traître à la nation celui qui dira du mal de la Montagne. >

Le tribunal révolutionnaire fut renouvelé pendant le mois de juin. Voici les noms des nouveaux jurés :

Brichet, du département de la Sarthe; Lacrampe, des Hautes-Pyrénées; d'Herbes-Saint-Pons, des Basses-Alpes ; Tramond, de la Corrèze; Fuaidès, de l'Aveyron; Suin, d'Eure-et-Loir; Couturier, de l'Isère; Lagaralle, de la Charente-Inférieure ; Pagès, de la Lozère; Legroiverend, d'Ile-et-Vilaine; et Lapeyre, de la Gironde.

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Le département de Mayenne et Loire ne fournit pas de liste de candidats. - Noms des suppléans. — Blanc, du département de l'Ain; Nourat, de la Haute-Saône; Thourrier, de la Mayenne; et Guillet, de la Nièvre.

La principale affaire jugée par ce tribunal fut celle de la conspiration de Bretagne, dont nous avons placé les détails importans dans notre histoire du mois de mars 1793. Les douze accusés dont les noms suivent furent condamnés à mort, et exécutés le 18 juin sur la place de la Révolution, comme atteints et convaincus d'être les complices et agens d'une conspiration des nobles de la ci-devant province de Bretagne, sous l'autorisation des frères du ci-devant roi, de laquelle le ci-devant marquis de La Rouarie était le chef: - Gabriel-François de Lamotte la Guiomarais, ci-devant gentilhomme breton; Marie-Jeanne Mirault, femme Lamotte la Guiomarais; Élie-Alexandre-Victor Thébault, instituteur; Julien-Alain-Picot-Limoëlien, ci-devant gentilhomme breton; Angélique-Françoise Defilles, femme de Jean Roland; Desclos de la Fauchai, ci-devant gentilhomme breton; Guillaume-Maurice de Launay, ci-devant lieutenant de l'amirauté de Saint-Malo; Félix-Victor Locquet de Grandville, ci-devant gen

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tilhomme breton; Nicolas-Bernard Grout de Lamotte, ci-devant gentilhomme breton; Thérèse Limoëlien de Fougère; Jean-Baptiste-Georges Fontevieux; Louis-Anne Pontavice, ancien-officier au ci-devant régiment d'Armagnac ; Georges-Julien-Jean Vincent, interprète de la langue anglaise à Saint-Malo.

JUILLET.

Les derniers jours du précédent mois avaient été marqués par des défaites. L'armée des Pyrénées-Orientales avait été battue le 22 juin par les Espagnols, au combat de la montagne de Louis XIV, colline sur la Bidassoa, appelée de ce nom depuis le traité de 1659. A Perpignan, le général Defler avait laissé tomber Bellegarde au pouvoir de Ricardos (24 juin). En Vendée, les royalistes maintenaient leur supériorité. Nantes, assiégée trois jours par cinquante mille rebelles (27, 28 et 29 juin), n'avait dû son salut qu'à une résistance désespérée. Cathelineau, nommé depuis peu général en chef des armées combinées de l'Anjou et du Poitou, fut blessé mortellement à ce siège; atteint, le 28, d'une balle qui le jeta à bas de son cheval, il succomba douze jours après. Le succès d'une défense où ils perdirent deux mille hommes, et le faible avantage remporté à Luçon le 28 juin, ne changèrent pas la mauvaise fortune des républicains. Maître un instant de Châtillon par le combat du Moulin-aux-Chèvres (5 juillet), où il avait vaincu Lescure, Westermann subit, trois jours après, une entière déroute. Il fuit avec trois cents cavaliers, abandonnant aux Vendéens ses armes, ses munitions, ses canons, ses bagages, et trois mille prisonniers. Les combats de Vihiers et de Coron (18 juillet), eurent le même résultat; le commandant en chef Santerre y vit son armée se disperser aux cris de nous sommes trahis! sauve qui peut! Lui-même, objet particulier de la haine des Vendéens, parce qu'il avait présidé au supplice de Louis XVI, fut sur le point d'être atteint ; heureusement il put faire franchir à son cheval un mur trèsélevé.

Mais ce fut à la frontière du Nord qu'eurent lieu les plus sanglans désastres. Trois places fortes tombèrent successivement au pouvoir des ennemis: Condé, le 12; Mayence, le 25; et Valenciennes, le 31 juillet. La seule expédition favorable aux armes républicaines fut le combat de Pacy-sur-Eure, où les fédé ralistes de Bretagne et de Normandie virent s'évanouir en quelques heures leurs criminelles espérances. Le rapport de SaintJust sur les Girondins, l'assassinat de Marat, quelques émeutes à l'occasion des subsistances, et le décret d'accusation contre Custine, complèteront la série des principaux événemens dont se composera notre histoire du mois de juillet 1793.

La présidence de la Convention était passée irrévocablement du côté droit au côté gauche. Depuis Ispard, sorti de fonction le 30 mai, Mallarmé, Collot-d'Herbois, Thuriot, Jean-Bon-SaintAndré et Danton, furent successivement élus en juin et en juillet. Lebrun et Clavières avaient été remplacés à l'intérieur et aux finances, l'un par Desforges, l'autre par Destournelles. Le ministère de la guerre, le plus important de tous, fut maintenu à Bouchotte, tour à tour démissionnaire, accusé d'ineptie et d'incapacité, destitué implicitement par un décret: les Cordeliers firent une démarche en sa faveur le 26 juillet, et Robespierre, prenant immédiatement la parole pour le défendre, obtint le rapport du décret relatif à la formation d'une liste de candidats entre lesquels on devait choisir son remplaçant.

Aux adresses pour ou contre le 31 mai, succèdent maintenant celles des assemblées primaires convoquées par un décret du 27 juin, pour l'acceptation de la Constitution. Cette opération, hâtée sur tous les points de manière à être terminée le 10 août, fut compromise dès le début par une manoeuvre fédéraliste qui pouvait avoir les conséquences les plus funestes. De fausses éditions de l'acte constitutionnel, où l'on avait introduit un grand nombre de principes anti-sociaux, circulaient dans la République dès le 1er juillet. Ce jour-là Hérault-Séchelles fit décréter la peine de mort contre les auteurs et éditeurs de ces libelles contre-révolutionnaire. »

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