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CHAPITRE XVIII.

Des abeilles.

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Τούτες TOUTES les abeilles, soit sauvages, soit domestiques, vivent en société, et forment entr'elles des espèces de républiques, dont un chef unique dirige tous les individus. L'histoire de cet insecte est véritablement merveilleuse; mais il seroit bien puéril et bien ridicule de placer son admiration sur une mouche, sans remonter à la source qui produit les prodiges qu'on va décrire car si l'on ne voit pas uniquement, dans ce tableau, la main toute-puissante qui seule fait agir ces insectes, il faudra croire que les abeilles joignent, à de grands principes politiques, des connoissances géométriques, l'esprit de divination; et cette science universelle, uniforme, accordée à chaque espèce d'animaux, et qui forme, suivant leur destination, cette multitude infinie de prodiges divers que nous nommons instincts, n'est pas seulement un bienfait, elle est encore une impulsion irrésistible donnée par la suprême sagesse. Les castors, les abeilles, etc., ne sont que des instrumens qui obéissent aveuglément à des lois générales et souveraines. L'homme créé lible et avec une âme immortelle, ne devoit point

avoir un instinct servile et mécanique : cependant, il en falloit un à cette créature, à la fois si noble et si fragile, à cet être forcé tant de fois, dans ses erreurs et dans ses foiblesses, d'implorer la miséricorde divine! Dieu mit au fond de son cœur la pitié; voilà son instinct, sentiment sublime qui le distingue de tous les animaux, qui, privés d'âme et de liberté, ne pouvoient avoir besoin de pardon.

Ainsi, mes enfans, dans tout ce que je vais dire, n'admirez le véritable auteur de ces que merveilles; c'est Dieu qui les opère, c'est Dieu qui dirige tout, qui fait tout.

On distingue quatre espèces d'abeilles domestiques celles de la première espèce sont grosses, longues et très-brunes; celles de la seconde sont moins grosses, leur couleur est presque noire; celles de la troisième sont grises et de moyenne grosseur; celles de la quatrième, beaucoup plus petites que les deux premières, sont d'un jaune aurore, luisant et poli: on les nomme communêment les petites hollandaises ou les petites flamandes, parce qu'elles nous viennent de la Hollande et de la Flandre. Ces dernières abeilles sont les plus laborieuses et les meilleures ; après celleslà, on préfère la seconde espece. Celles, au contraire, de la première et troisième espèce, sont presque toujours sauvages, farouches et pillars.

Dans chaque espèce d'abeilles, on distingue des individus de trois genres; la reine, qui est la seule femelle d'un essaim, les faux-bourdons (1), qui sont les mâles, et les ouvrières qui n'ont aucun sexe, et qu'on nomme, pour cette raison, les neutres ou mulets. On ne trouve pas en tout temps des abeilles de ces trois genres dans une ruche; les faux-bourdons, vers la fin de l'été, sont exilés de la ruche, ou massacrés par les abeilles ouvrières; il n'en paroît plus qu'au printemps suivant, après la première ponte de la reine.

Quoiqu'il y ait plusieurs jeunes femelles dans, la ruche, après la première ponte de la reine, il n'en est pas moins vrai que la reine, qui est le chef unique de l'état, en est aussi la seule femelle, parce que les jeunes ne pondent point dans le lieu de leur naissance; elles attendent le départ des essaims pour se mettre à leur tête, et aller fonder quelqu'établissement hors de leur domicile. Celles qui ne sont point choisies pour conduire les colonies, sont chassées ou massacrées si elles s'obstinent à vouloir rester dans la ruche, parce que les abeilles ne veulent qu'un chef les gouverner.

pour

(1) Ainsi nommés pour les distinguer de ces bourdons velus qui volent dans la campagne.

Les anciens n'ont point connu le sexe du chef de la république des abeilles, auquel ils donnoient le titre de roi; mais il est constaté, d'après les expériences de M. de Réaumur, de Swammerdam, etc., que ce chef est une reine.

Il est très-aisé de distinguer la reine, ou mèreabeille, des ouvrières et des faux-bourdons : elle surpasse en longueur et en grosseur les abeilles ouvrières et les faux-bourdons; ses ailes aussi grandes que les leurs, paroissent plus petites, parce qu'elles n'accompagnent pas le corps dans toute sa longueur. Avec ces ailes disproportionnées, elle ne peut voler qu'avec peine, aussi en fait-elle rarement usage; elle se tient constamment dans la ruche, elle n'en sort que pour voltiger à l'entour quand le temps est beau. Elle est armée d'un aiguillon qui surpasse de beaucoup en grandeur celui d'une abeille ordinaire; mais qui, au lieu d'être droit, est un peu courbé sous le ventre; elle ne s'en sert jamais que lorsqu'elle a été irritée fort long-temps. Ainsi, avec de plus grands moyens de faire du mal, elle est et moins irritable et moins vindicative que ses sujettes; véritable image de la royauté; car la puissance et l'autorité ne méritent la vénération, que lorsqu'elles sont réunies à la bonté et à la générosité.

L'abeille commune, ou mouche à miel (en

latin apis), est un insecte de l'espèce des mouches à quatre ailes; elle est à peu près trois fois aussi grosse que la mouche commune.

Entre les parties extérieures de l'abeille ouvrière, les plus remarquables sont la tête, le corcelet ou la poitrine, le corps ou le ventre : à la

tête, on remarque deux yeux à réseaux placés

sur les côtés, deux antennes, deux dents, serres ou mâchoires, qui jouent en s'ouvrant et se fermant de gauche à droite: ces serres leur servent pour recueillir la cire, la pétrir, en bâtir leurs alvéoles, jeter hors de la ruche ce qui les incommode. Au-dessous de ces deux dents, on aperçoit une trompe, machine admirable, formant un canal par lequel le miel est conduit ; cette trompe, par ses mouvemens vermiculaires, fait monter le miel dans le gosier. L'abeille a six jambes, dont les deux dernières sont plus longues que les autres, et ont extérieurement dans leur milieu un enfoncement en forme de cuillère, bordé de poils un peu roides, et c'est ce que M. de Réaumur appelle la palette triangulaire. C'est dans ces espèces de corbeilles que les mouches ramassent peu à peu les particules de cire brute qu'elles recueillent sur les fleurs. Les extrémités des six pattes se terminent en deux manières de crocs avec lesquels les mouches s'attachent ensemble aux parois de la ruche et les unes aux

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