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Le vieux-oing est la graisse de porc, qui tient aux reins; il en faut provision dans une ferme, pour en frotter les essieux des roues, le rouleau des presses, etc. L'oing, qu'on appelle autrement axonge, est la graisse la plus molle et la plus humide du corps des animaux : elle est différente du lard, qui est une graisse ferme, et du suif, qui est une graisse sèche. On se sert, en médecine, de l'axonge d'oie, de canard, de vipère et de plusieurs autres, même de celle de l'homme, qu'on estime beaucoup pour résoudre les tumeurs.

Ainsi, il y a, suivant les médecins, quatre sortes de graisses. La première, qui est molle et humide, s'appelle axonge ou oing, pinguedo; la seconde, où vraie graisse, est le saindoux, adeps; la troisième, plus ferme et plus dure, est le lard, laridum; et la quatrième, qui est plus sèche et plus épaisse, est le suif, sevum.

Les flambeaux ou flambarts sont toutes les graisses qui se tirent des chairs qui en ont trop, et que l'on dégraisse, ou qui se trouvent sur le bouillon, quand il est refroidi. On fond toutes ces graisses, et on les brûle dans des lampes; on en fait aussi souvent flamber le feu pour le ranimer. On fond cette graisse une seconde fois pour l'épurer, et la rendre plus semblable au saindoux. On en consomme beaucoup

dans les manufactures de savon, et pour l'ensimage des étoffes de laine; les chandeliers en mettent même quelquefois frauduleusement dans leurs chandelles.

CHAPITRE XIII.

Commerce et débit du cuir, peaux, etc.

C'EST un des plus lucratifs commerces qu'il y ait en France, parce qu'il n'y a pas assez de cuirs pour la grande consommation qui s'en fait, dans la ci-devant Provence principalement, et en Languedoc, où on ne tue presque point de bœufs. Les étrangers qui tirent de nous presque toutes les autres choses de première nécessité, nous fournissent de cuirs: toutes sortes de peaux, soit de chevaux, poulains, bœufs, vaches, veaux, moutons, boucs, chèvres, même peaux d'ânes et de truies, sont d'un sûr débit en France. On en fait les bottes, bottines, souliers et pantoufles, tant d'hommes que de femmes, des couvertures. de carrosses, de meubles, de livres, du marroquin, du chagrin, de la basane, du parchemin, du vélin, etc. on vend jusqu'aux peaux de lièvres, de lapins, de chiens, de chats et de loups, etc.

Dans l'usage, on nomme cuirs toutes les peaux qu'il faut tanner pour en faire tomber le poil ou la bourre; et on appelle simplement

peaux, les plus foibles ou délicates, qu'on passe seulement en mégie.

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Les cuirs ou peaux sont très susceptibles de corruption, parce qu'ils ont encore, lors de l'abattis, toute leur chaleur et toute leur humidité. Il n'y a qu'à exposer, dans un lieu sec et au grand air, les peaux délicates, comme celles de moutons, pour qu'elles se dessèchent et se conservent assez long-temps; mais comme les cuirs ont plus de consistance, et qu'ils gardent long-temps leur humidité, pour les préserver de la corruption, on employoit autrefois de la soude et de la gravélée; dont on se sert dans les manufactures de savon, et à Paris, dans les lessives: ensuite, on a employé du natron, sel grisâtre, tirant sur le noir, qui se forme en Égypte ; et enfin, on a quitté toutes ces drogues, pour ne saler les cuirs qu'avec le sel qui reste au fond des vaisseaux après la salaison des morues, parce qu'il est moins corrosif et à meilleur marché.

Les cuirs de Hongrie sont de peaux de cheval; ceux de Russie, qu'on appelle, par corruption, de Roussie, et qui nous viennent de Pologne et de Moscovie, sont de vaches On appelle cuirs verts ou cuirs crus, ceux qui n'ont eu encore aucune préparation, et qui sont tels qu'ils sortent de dessus le corps de la bête. On

doit prendre garde que ceux qui l'ont écorchée, n'en aient point troué ou coutelé la peau; cela diminue considérablement le prix de celles de boeufs et de vaches : il faut qu'elles soient bien séchées au soleil quand on veut les garder; car si elles n'étoient qu'à moitié sèches, elles seroient en danger de se pourrir. En Barbarie, d'où l'on tire beaucoup de cuirs pour la France, les Maures les vendent à la pièce et non au poids, ainsi qu'on le pratique dans la plupart des pays de France et des autres climats plus humides, afin d'en tirer plus d'argent. Il y a plusieurs sortes de marchands de cuirs: le tanneur vend les gros cuirs passés à la tannerie; pour cela, ayant pris les peaux du boucher, il les met boire un certain temps à la rivière, les rabat ou les jette dans les plains, en ôte le poil, les écharne et les quiosse, c'est-à-dire, les nettoie, leur donne le tan, les met à l'essuie, et les rend en état de passer entre les mains du corroyeur. Le tan, qui sert pour la première préparation des cuirs, et pour en faire tomber le poil ou la bourre, est une poudre menue, qu'on fait d'écorces de jeunes chênes, battues dans de gros mortiers, par la force des roues d'un moulin à tan ce tan sert ensuite à faire des mottes à brûler, dont il se fait une très-grande consommation. Le corroyeur prend les cuirs du tanneur,

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