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fois dans le moule, de la même manière que la première; ensuite on les met à l'établi, et quand elles y ont bien séché, on les prend de nouveau, on les plonge deux fois de suite, et on les remet encore sécher. Les autres trempes se font de même, excepté qu'on plonge les brochées trois fois de suite au lieu de deux.

On donne plus ou moins de couches, suivant la grosseur que les chandelles doivent avoir; mais il faut avoir soin, après chaque couche, de les mettre sécher à l'établi, et de les colleter, en leur donnant la dernière, c'est-à-dire, leur faire le collet, ce qui se fait en les enfonçant dans le moule où est le suif, un peu au-dessus de l'endroit où toutes les autres trempes se sont terminées, de manière que les deux branches de la mèche restent séparées, et qu'elles fassent comme deux lumignons. Quand le suif qui est dans le moule refroidit ou diminue, on doit en remettre de nouveau, qui soit bien chaud, et remuér le tout ensemble avec un bâton, appelé mouvoir, afin de l'entretenir toujours en état. Quand les chandelles ont acquis entièrement leur grosseur, on en rogne le cul au pied, avec le coupoir; c'est une platine de cuivre, plate et longue, ayant quatre petits pieds de fer, sous lequel on met un réchaud, fait exprès en long, qu'on remplit d'un feu modéré; on pose légèrement

sur cette platine plusieurs brochées de chandelles à la fois, ce qui en aplatit le cul en les fondant, et les unit parfaitement.

La chandelle moulée se commence comme la chandelle plongée; c'est-à-dire, qu'on taille les mèches, qu'on coupe le suif par morceaux, qu'on le jette dans la poêle, qu'on l'y fait fondre, qu'on l'écume, et qu'enfin on y met le filet d'eau; après cela, on survide le suif au travers d'un tamis, dans une caque, ou tinette de bois, au bas de laquelle, et à deux ou trois doigts du fond, est un robinet ou canelle, par où on le tire, pour le verser dans les moules à chandelles.

Pendant que le suif fond, ou bien avant de le mettre dans la poêle, on prend les moules à chandelles, on passe dans chacun une mèche, et on les place dans des trous faits exprès sur des tables, sous lesquelles il y a des espèces d'auges pour recevoir le suif qui peut tomber, en le versant dans les moules, qui sont ordinairement d'étain ou de fer-blanc; on en pourroit faire de plomb, mais les chandelles n'en seroient pas si belles, ni d'un si beau blanc. Ces moules sont plus ou moins longs et gros; aussi les nomme-t-on moules des six, des huit, des dix, des douze, suivant la grosseur des chandelles auxquelles ils peuvent servir. On ne fait

point de ces moules partout; il n'y a que dans les grandes communes, comme Paris, Lyon, Rouen; ceux de six se vendent à Paris vingtdeux sous, et ceux de huit, dix et douze, à proportion. Chaque moule est composé de deux pièces, qui sont la tige et le culot, qu'on joint et qu'on sépare selon le besoin. La tige est un cylindre creux, au bout duquel, par en-bas, est le collet, qui est fait en petit chapiteau cavé en dôme, avec une moulure en-dedans, et percé d'un petit trou au milieu, afin d'y pouvoir seulement passer la mèche. A l'autre bout est placé le culot, qu'on ôte et qu'on remet, comme nous l'avons dit', suivant les différens besoins; il est fait en forme de petit entonnoir, pour verser le suif plus aisément dans le moule. Lorsqu'on veut passer la mèche dans un moule, on prend l'aiguille à mèche, qui est un fil d'archal, long de quatorze à quinze pouces, ayant un anneau à l'un des bouts, et à l'autre un crochet; on passe cette aiguille dans le moulé par le côté du culot, et on la fait sortir par le collet; ensuite on attache la mèche avec un petit bout de fil au crochet de cette aiguille, et on la retire; ce quí fait que la mèche suit l'aiguille, et qu'il n'en reste au-dehors que ce qui est nécessaire pour le collet de la chandelle; puis on détache la mèche de l'aiguille, et on l'attache par le moyen du

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petit bout de fil, à un crochet qui est au centre du culot, pour la tenir droite au milieu de la tige.

Les moules garnis de leurs mèches étant placés dans les trous des tables dont nous avons parlé ci-dessus, on prend un pot, on le remplit de suif liquide, qui ne soit ni trop chaud ni trop froid, qu'on tire de la tinette par la canelle ou robinet qui est au bas, et on le verse dans les moules.

Quand le suif des moules est refroidi, et que les chandelles ont pris de la consistance, on les en retire. Pour cela, on ôte le culot de chaque moule; la chandelle qui est attachée au crochet suit, et on détache le fil qui la tient; ensuite, en la courbant un peu à l'endroit où elle étoit arrêtée, elle s'y casse promptement, et par-là, on ne se trouve pas dans l'obligation de lui faire le cul, comme on fait à la chandelle plongée.

Les chandelles finies, on les enfile par le collet à des baguettes, et on les expose dix à douze jours au grand air pour les blanchir, ayant soin de les garantir de l'ardeur du soleil, qui les feroit fondre, et de la pluie; ensuite on les met dans des boîtes, ou bien par paquets de cinq livres, qu'on enveloppe de papier gris.

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La saison la plus favorable pour faire la chandelle est le printemps; les petites gelées et la rosé

la blanchissent parfaitement. Quelques personnes = disent que, pour avoir des chandelles très-blanches, qui ne coulent point, et qui durent deux fois plus que les autres, il faut jeter peu à peu une livre d'alun de roche en poudre, dans vingt livres de bon suif fondu, et remuer ensuite le tout avec un bâton. Il est certain que quand le suif est gras, et qu'il ne se détache pas aisément du moule, on peut y mêler de l'alun pour le sécher. On nomme, dans quelques endroits, chandelle de rousine, une espèce de chandelle composée de poix-résine et de mauvais suif, qui est faite pour être vendue à très-bon marché.

Arbre à suif. Le fruit de cannelier, qu'on trouve dans l'île de Ceylan, approche beaucoup du gland, pour la ressemblance; lorsqu'on le met bouillir dans de l'eau, il en sort une espèce d'huile qui surnage, et qui devient aussi. ferme que le suif de mouton. On en fait des chandelles très-blanches, qui brûlent bien, et qui jettent une odeur fort agréable.

Le saindoux est une espèce de graisse molle, qui vient aux animaux tout à fait terrestres, et c'est principalement celle qui est attachée au mésentère. Le porc en fournit plus qu'aucun animal. On bat et on fond cette graisse, pour en faire des beignets, de la friture, de la pommade, etc.

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