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nous est rendue, je vous lirai ce manuscrit à mesure que nous avancerons dans nos travaux,

et

vais commencer. A ces mots, Julie, pour mieux écouter son père, posa son aiguille. Elmire vit ce mouvement: Ma fille, dit-elle, il faut qu'une femme s'accoutume à écouter en travaillant; le travail des mains est tellement fait pour notre sexe, qu'il est pour nous un maintien nécessaire; il faut qu'il nous soit si familier qu'il ne puisse pas nous distraire de la conversation. C'est dans les entretiens de votre père, beaucoup plus que dans des livres, que j'ai puisé le peu d'instruction que j'ai, et c'est en l'écoutant que j'ai fait ce meuble si considérable et presque complet que nous achevons présentement. Quoi qu'en dise votre mère, interrompit Volnis en souriant, elle a beaucoup lu, mais elle n'en est pas moins la femme la plus laborieuse et la plus adroite que je connoisse. Ah! reprit Elmire, l'instruction la plus solide que nous puissions acquérir, est toute de tradition; nous la devons à un père, à un époux, celle-là ne se perd point; elle se grave dans le cœur, ainsi que dans la mémoire, et elle n'inspire point de vanité, elle ne donne

que de la reconnoissance; mais, poursuivit-elle, commencez donc cette lecture si intéressante pour

nous.

Volnis déploya son manuscrit. Je vais, dit-il, vous lire le premier chapitre; et si vous trouvez dans ces instructions quelque chose d'obscur, ou qui ne soit pas assez détaillé, je vous demande de m'arrêter et de me questionner; car on ne retient bien que ce que l'on comprend parfaitement. Après ce petit préambule, Volnis lut tout haut ce qui suit :

De l'acquisition d'un bien, de la bonne terre, de ses productions. Du devis.

pays

Avant d'acquérir un bien de campagne, il faut examiner si la situation en est saine. Les où l'on cultive le chanvre, quelle que soit la bonté naturelle de l'air, ne sont pas habitables dans la saison où l'on fait rouir le chanvre; car les émanations du chanvre qui pourri dans l'eau, infectent l'atmosphère, et produisent des fièvres épidémiques. Dans les lieux qui manquent d'eau, l'air est aussi nécessairement mauvais, surtout durant l'été, parce que tous les paysans ont devant leurs maisons de grandes marres d'eaux croupissantes qui, desséchées par les chaleurs de l'été, rendent l'air excessivement malsain. Dans tous les cas, il est bon qu'il y ait une certaine distance entre l'habitation et le village, afin d'éviter la contagion

des rougeoles, des fièvres rouges, etc., si communes parmi les paysans au printemps et en automne. Une maison entourée d'étangs, ou située au bas d'une montagne, ou immédiatement environnée d'ombrages, est toujours, humide, et par conséquent malsaine; il faut aussi examiner avec soin la qualité de l'eau; la bonne eau à boire est celle qui fait mousser le savon, dans laquelle les légumes cuisent facilement, et dont la saveur est agréable : l'eau fade est mauvaise et dangereuse; sa limpidité est aussi une qualité essentielle; enfin, il faut s'informer de tout ce que la terre peut rapporter, et de la dépense dans laquelle elle peut entrainer.

La bonne terre franche, grise, rouge ou noire, et douce, se connoît à l'oeil par les gens expérimentés et par ses productions. La terre grasse se connoît si, en versant sur une motte de l'eau douce et la pétrissant, on la trouve un peu gluante, et ses parties adhérentes entr'elles. Pour s'assurer de la profondeur de la bonne terre et des différentes couches, on peut faire des trous en différens endroits. Plus la bonne terre a de profondeur, meilleure elle est ; et, en général, si la terre tirée du trou ne suffit pas pour le recombler, elle est maigre et mauvaise, si elle le remplit exactement, elle est médiocre ; mais s'il en reste, le trou rempli et comblé, elle est grasse et bonne.

La variété des productions peut être plus ou moins avantageuse, suivant l'intelligence du priétaire, le local et les débouchés.

pro

Les prés et les bois de bonne qualité sont, de tous les biens, ceux qui exigent le moins de soins et de frais, surtout quand ils sont à portée des rivières, des grands chemins, et principalement de quelque grande ville où on peut les débiter.

Trop de vignes est souvent à charge, et surtout si le vin n'est pas de garde.

L'eau qui sert à abreuver les bestiaux ne doit pas être éloignée de la maison. Il faut éviter de faire boire les bestiaux dans les eaux stagnantes ou de marre: c'est de cette boisson que viennent la plupart des épizooties, dont très-souvent on ignore la cause.

On doit s'éloigner en général des grands chemins et des grandes rivières.

Il faut que la maison soit élevée de terre, au moins de trois marches, qu'elle ait tout au plus deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, que l'exposition en soit bonne, les faces au midi et an nord, ou les encoignures aux quatre points cardinaux, en sorte que toutes les faces voient le soleil sa situation entre cour et jardin est la plus commode et la plus agréable.

Le devis est un marché par écrit, contenant toutes les clauses et conditions convenues avec

l'entrepreneur, pour la construction où le rétablissement d'un bâtiment, ou le marché en détail, l'ordre et la disposition de l'ouvrage, la qualité et quantité des matériaux, leurs prix et les frais de la main-d'œuvre.

On observera, choses essentielles, que le tout sera toisé de bout avant, sans retour et non selon les us et coutumes. On n'oubliera pas la garantie pour un temps quelconque, à compter du jour que les bâtimens seront achevés. La maxime reçue est que les maçons, charpentiers, et autres ouvriers de cette sorte, sont garans de leurs ouvrages pendant dix ans, à compter du jour qu'ils sont achevés, quand ce sont des our vrages d'une matière solide; et pendant six ans seulement, quand l'ouvrage est de terre ou d'une autre matière médiocre. Les architectes, et généralement tous ceux qui prennent les ouvrages en leur nom, sont assujétis à cette garantie. Mais elle ne s'étend pas aux cas fortuits, tels que feu, le tonnerre, les inondations extraordinaires, la guerre, etc. On ne voit pas qu'on assujétisse à cette garantie les menuisiers, plombiers, carreleurs et paveurs : cependant ils ne devroient pas moins être responsables que les autres, des vices de leurs ouvrages, du moins pendant six ans; savoir, les menuisiers, de la verdeur et autres défectuosités des bois et de leur mauvais assemblage; les

le

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