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LION. Malheureusement le sillage de celui-ci était encore considérable; il ne fut pas arrêté par ce choc, et le bout-dehors du Guillaume Tell se rompit au moment où son équipage allait sauter à son bord; l'abordage fut de nouveau manqué. Le LION avait toutefois son grément et ses voiles hachés; sa mâture était chancelante et il fut obligé de se retirer du feu. Le Guillaume Tell le suivit pendant quelques instants; mais force lui fut bientôt de l'abandonner et de revenir sur bâbord pour recevoir le FOUDROYANT qui arrivait alors en position de com-battre. A 6 le capitaine sir Edward Berry passa derrière le Guillaume Tell en lui criant de se rendre; et, sans attendre une réponse qu'il prévoyait probablement, il lui envoya sa bordée; venant ensuite au vent, il se trouva par le travers de tribord du vaisseau français. La PENELOPE prit poste par la hanche du même bord. Le feu fut terrible. pendant une heure; on se battait à portée de pistolet. Il y avait 36 minutes que le mât d'artimon du Guillaume Tell avait été abattu lorsque, à 7h moins un quart, son grand mât fut coupé au-dessous des jottereaux; une demi-heure plus tard, il le fut de nouveau un peu au-dessus du pont. Les voiles étaient en lambeaux, et plusieurs vergues, fracassées et à peine soutenues, menaçaient de tomber sur le pont. Le LION qui avait réparé ses avaries revint à la charge et prit poste par le travers de bâbord. Saisissant un moment où le FOUDROYANT s'était un peu laissé culer, le capitaine Saunier vint en grand sur tribord et plaça le Généreux en travers sous le beaupré de ce vaisseau. Celui-ci évita d'être accroché en mettant toutes ses voiles sur le mât; mais pris d'enfilade, ce vaisseau, qui avait déjà perdu son mât d'artimon, fut démâté de son petit mât de hune et s'éloigna. Dans cette nouvelle tentative d'abordage, le capitaine Saunier reçut à la figure une blessure qui l'obligea de quitter le pont; il fut remplacé par le premier lieutenant Donnadieu. Le Guillaume Tell qui n'avait plus que son mât de misaine et son petit mât de hune, com

battait des deux bords et de l'arrière. Ses sabords étaient cependant en partie engagés à bâbord par les débris de sa mâture auxquels le feu prenait à chaque instant; ces accidents lui enlevaient une grande quantité d'hommes, constamment occupés à éteindre l'incendie. On comptait vingt canons démontés : un vingt et unième avait crevé. Quant aux gaillards, ils étaient trop embarrassés pour qu'on pût songer à se servir de l'artillerie qui s'y trouvait. Le grand mât avait été coupé deux fois, et l'un de ses tronçons, d'environ 5 mètres, barrait le gaillard d'arrière, encombré déjà par les débris du mât d'artimon et par ceux de la dunette. La défense du Guillaume Tell était cependant toujours vigoureuse, et l'ardeur de son équipage augmentait encore lorsque, à 8h 30m, le mât de misaine tomba sur bâbord. Tout ce côté, battu par le LION, se trouva dès lors masqué par des pièces de mâture. De ce moment, le vaisseau fut entièrement abandonné au choc des lames, et ballotté par une grosse houle qui força de fermer les sabords de la batterie basse pour empêcher l'eau d'y entrer. Le contreamiral Decrès sentit que, dans cette situation, une prolongation de défense devenait une obstination; et comme elle ne pouvait avoir d'autre résultat que de faire sacrifier inutilement les hommes qui avaient échappé jusqu'alors aux boulets ennemis, il crut pouvoir céder à la fortune: à 9h 35m, son pavillon et celui du Guillaume Tell furent amenés. Le cap Passaro de la Sicile restait à 20 milles dans le Nord. La PENELOPE, seule en état d'amariner le vaisseau français, le conduisit à Syracuse. Après vingt-quatre heures employées à réparer ses avaries, le LION prit le FOUDROYANT à la remorque: le premier dut changer son beaupré; l'autre, tous ses mâts et ses vergues.

Le Guillaume Tell prit le nom de MALTA dans la marine anglaise.

Le contre-amiral Decrès fut mis à bord du CULLODEN OÙ, pendant trente-huit jours, il eut beaucoup à se plaindre

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des procédés du vainqueur. Il fut ensuite retenu à Mahon sur un ponton avec l'équipage entier du Guillaume Tell.

Cet officier général fut déclaré non coupable et déchargé de toute accusation par un conseil martial qui se réunit à Paris pour examiner sa conduite.

La corvette de 16 la Citoyenne, capitaine Butel, sortie de Flessingue pour porter des marins à Dunkerque, fut chassée, le 1er mai, par une frégate, 2 brigs et 2 cutters anglais. La marche inégale de ces bâtiments les ayant distancés, le capitaine Butel combattit un cutter qui était en avant des autres. Après une canonnade de deux heures, ce cutter se replia sur sa division, et il reçut de l'un des brigs une remorque qu'il sollicita par des signaux de détresse. La Citoyenne avait quelques avaries dans sa voilure et elle avait reçu dans son mât de misaine un boulet qui l'obligea à relâcher à Ostende.

Cette corvette était celle qui, en mars 1797, avait soutenu, près de l'île de Bas, un combat à la suite duquel son nom de Choquante avait été changé en celui de Citoyenne.

Le 5 mai, l'aviso le Dragon, capitaine Lacheurié, parti de Rochefort pour la Guadeloupe, fut pris par les frégates anglaises CAMBRIAN et FISHGARD que la brume l'avait empêché d'éviter.

La corvette de 14o l'Albanaise, sortie de Toulon pour porter des approvisionnements à Gênes fut chassée, le 2 juin, à 35 milles dans l'Ouest du cap Corse, par le brig anglais de 20° PORT MAHON; la brise était faible du O.-S.-O. et la mer houleuse. A 3" de l'après-midi, le brig commença à lui envoyer des boulets; mais la marche des deux navires était si peu différente, que la nuit se fit sans que la distance qui les séparait eût sensiblement diminué. Au jour, le vent passa à l'Est. Le brig anglais, toujours de l'arrière, re

commença la canonnade; elle eut, cette fois, pour résultat d'attirer une frégate de sa nation qui fut aperçue dans le N.-O. Le capitaine Rolland (Étienne) se dirigea sur Porto Fino de l'île d'Elbe, distant encore de 6 milles. Mais à 61, et avant qu'il eût pu atteindre ce port, la frégate de 44o PHOENIX, capitaine Thomas Baker, joignait son feu à celui du brig. L'Albanaise tira deux bordées et son pavillon fut amené.

L'enseigne de vaisseau Rolland fut déclaré non coupable.

Dans les premiers jours du mois de juin, le commandant en chef de l'armée navale anglaise de la Manche, comte Saint-Vincent, expédia le capitaine sir Edward Pellew dans la Méditerranée avec 7 vaisseaux, 5 frégates, une corvette et 5 transports portant 5,000 hommes de troupes, en lui enjoignant de fouiller en passant la baie du Morbihan, dans laquelle bon nombre de navires cherchaient journellement un abri contre les croiseurs anglais. La division ennemie laissa tomber l'ancre dans cette baie et, dans la nuit du 5, les troupes s'emparèrent sans difficulté de Port Navaló. Ce village, situé à l'embouchure de la rivière de Vannes, n'avait aucune fortification. Pendant que ce facile coup de main était exécuté, les embarcations de la division étaient dirigées sur la corvette de 18° l'Insolent et 2 avisos qui étaient à ce mouillage. Le capitaine Voisin fit de suite couper les câbles de la corvette pour la jeter au plain; mais il envoya auparavant deux volées aux embarcations ennemies. Abordé par tous les bords, ce bâtiment fut enlevé. Les Anglais ne purent le remettre à flot et l'incendièrent.

Pendant que cela se passait, le capitaine Allanioux, de F'Anne, faisait couper les câbles de ce lougre et le jetait à la côte. Il déchargea ses canons sur les embarcations ennemies et fit évacuer son bâtiment. Il restait encore cinq hommes à bord lorsque les Anglais s'en emparèrent.

La canonnière la Curieuse, capitaine Pasquier, fut éga

lement enlevée à la côte où elle avait été mise. L'équipage avait pu être entièrement débarqué.

Le lieutenant de vaisseau Voisin, l'enseigne de vaisseau Allanioux et l'enseigne auxiliaire Pasquier furent déclarés non coupables.

Les avisos l'Entreprenant et le Redoutable, capitaines Podesta et Barrallier, se rendant de Toulon à Malte, furent chassés, le 25 juin, dans le Sud de l'île de la Pantellerie, par la frégate anglaise de 40 SUCCESS, capitaine Shuldam Peard. Le capitaine Podesta ayant signalé liberté de manœuvre, les deux avisos se séparèrent. L'Entreprenant fut atteint par la frégate après une chasse de huit heures et amena son pavillon.

La brise était fraîche et la mer grosse. Le Redoutable cassa son beaupré et relâcha le soir à l'île Lampedouze. Il fut aperçu, le lendemain, à ce mouillage par la frégate anglaise et tenta vainement de lui échapper en mettant sous voiles.

L'enseigne de vaisseau Podesta et l'enseigne auxiliaire Barrallier furent déclarés non coupables.

Le capitaine Kerisac de Kermasson, dé la corvette la Thérèse stationnée sur la rade de Fromentine, fut prévenu, le 1er juillet, par la vigie de l'île de Noirmoutiers, que 2 vaisseaux anglais, alors au mouillage du Pilier, une frégate et un cutter mettaient leurs canots à la mer. Cette manœuvre était significative; aussi fit-on bonne garde à bord de la corvette. Vers 11h 30m du soir, ces embarcations furent aperçues à l'entrée de la rade, se dirigeant sur la Thérèse qu'elles abordèrent après avoir reçu sa bordée. De ce moment, la résistance devenait impossible, car la corvette était entièrement dépourvue d'armes blanches; force fut donc au capitaine de Kermasson de se rendre. Il fut embarqué, ainsi que l'équipage, dans les canots an

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