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On a vu que la frégate la Sensible, capitaine Escoffier, et la corvette de 22 la Sardine, capitaine Icard, avaient quitté la rade de Smyrne, au mois de décembre 1795, et s'étaient dirigées sur Tunis avec l'ex-frégate anglaise de 28 la Něměsis, capitaine Chautard. Le capitaine Escoffier ne fit qu'un court séjour sur cette rade; il y laissa, en outre des deux bâtiments qui viennent d'être indiqués, la corvette le Postillon, capitaine Rapon, et le brig de 12o le Gerfaut, capitaine Cavalier. Ces navires étaient encore sur la rade de Tunis, le 9 mars, lorsque les vaisseaux anglais BARFLEUR, EGMONT, BOMBAY CASTLE et ZEALOUS, la frégate TARTAR et un cutter, sous les ordres du vice-amiral honorable William Waldegrave, mouillèrent dans la baie. Sur l'invitation qui lui en fut faite, le capitaine Chautard se rendit à bord du BARFLEUR, où le vice-amiral Waldegrave lui apprit que l'agent consulaire de la Grande-Bretagne près le bey de Tunis avait pris ses passe-ports et que le gouvernement anglais ne pouvait tarder à déclarer la guerre à la Régence. Il ajouta que les bâtiments français ne devaient par conséquent pas se considérer comme en pays neutre et il déclara avoir l'intention de les couler si, tentant une défense inutile, leurs capitaines ne consentaient pas à amener de suite leur pavillon. La résistance n'était pas possible les Anglais prirent possession de la Némėsis, de la Sardine et du Postillon.

Le capitaine Cavalier seul refusa d'obtempérer à l'invitation du vice-amiral anglais; il jeta le Gerfaut à la côte et, trois fois, il repoussa l'attaque des embarcations de la division ennemie. Le vice-amiral Waldegrave ne poussa pas plus loin l'agression; il appareilla avec ses prises, après avoir mis à terre les capitaines, les officiers et les équipages des bâtiments qu'il emmenait. Le Gerfaut ne put être relevé.

de la marine, le curieux paragraphe que voici : « Dans le nombre des frégates armées, on n'a pas compris les dépenses de celles qui sont dans l'Inde, parce que le gouvernement n'entretient pas de communications avec ces colonies.

L'enseigne de vaisseau Chautard dut rendre compte de sa conduite. Prenant en considération l'énorme disproportion des forces qui s'étaient trouvées en présence, le jury déclara qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre cet officier.

Le capitaine Jaslin du côtre l'Aspic, en croisière à l'entrée du canal Saint-Georges aperçut, le 10 mars dans l'après-midi, un fort navire sous le vent. La mer était grosse et couvrait le côtre de l'avant à l'arrière. Par un temps semblable, il lui était difficile d'échapper à la poursuite du bâtiment aperçu et, à 5 30m, il reçut ses premiers boulets. Le capitaine français essaya de tous les moyens possibles pour se faire perdre de vue; ce fut en vain. A 61 moins un quart, l'Aspic amena son pavillon et fut amariné par la frégate anglaise de 40° QUEBEC, capitaine John Cook.

Le capitaine Jaslin fut traduit devant un conseil martial qui, à l'unanimité, le déclara non coupable.

Comme je l'ai déjà dit (1), dans les premiers jours du mois de mars, et alors qu'il faisait route pour l'île de France, sur l'ordre des deux commissaires de la Convention nationale passagers sur la Forte pour se rendre dans cette colonie, le contre-amiral Sercey avait signalé liberté de manœuvre aux deux corvettes de sa division qui, ayant fait quelques avaries, retardaient sa marche. La Mutine, on doit se le rappeler, était entrée à Lorient. L'autre, la Bonne Citoyenne, avait démâté de son petit mât de hune et avait bientôt perdu la division de vue. Le capitaine Mahé de Labourdonnais se dirigea de suite sur l'Espagne. Le mauvais temps l'empêcha de songer d'abord à remplacer son mât de hune; plus tard, il fut impossible de mettre le mât de rechange en clef, quelque

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effort qu'on fit pour y réussir. Chassé, le 10 mars, par 3 frégates anglaises sous les ordres de sir Robert Stopford et joint après douze heures de poursuite, le capitaine de Labourdonnais ne crut pas devoir exposer par une défense inutile la vie des hommes qu'il commandait. A 31 de l'après-midi, il déchargea sa batterie par le travers de la frégate de 48° PHAETON et amena son pavillon.

Le jury qui examina la conduite du lieutenant de vaisseau Mahé de Labourdonnais le déchargea d'accusation.

Le 11 mars, lendemain de son départ de la Guadeloupe, la flûte le Marsouin, capitaine Gois, fut chassée par une frégate qui la gagna facilement. La brise était fraîche de l'E.-N.-E. Espérant pouvoir se dérober aux poursuites de l'ennemi pendant la nuit, le capitaine Gois changea de route à 7h du soir. Une demi-heure plus tard, la frégate, à la corne de laquelle on put distinguer le pavillon de la Grande-Bretagne, était par la hanche de bâbord et hélait le Marsouin sans recevoir de réponse. La canonnade s'engagea alors avec vigueur et elle continua jusqu'à ce que le nombre des tués et des blessés eût rendu la défense impossible; la flûte avait perdu sa vergue barrée, celle du perroquet de fougue, et le reste de sa mâture était criblé. A 1015, le capitaine Gois, blessé lui-même, ordonna d'amener le pavillon. Le Marsouin fut amariné par la frégate anglaise de 44° BEAULIEU, capitaine Skiner.

L'enseigne de vaisseau Gois fut déchargé d'accusation.

Chassé, le 17 mars, par une division anglaise, un convoi parti de Brest sous la protection de la corvette de 16 l'Étourdie, capitaine Dusaulchoy, des lougres le Rayon de 10 et le Neptune Hardi qui n'en avait qu'un, se réfugiá dans la baie d'Erqui, à l'Est de la baie de SaintBrieuc, où les bâtiments d'escorte s'embossèrent. La brise était faible du N.-E. Après avoir fait sonder le chenal, le

capitaine sir Sidney Smith, de la frégate de 48° Diamond, donna dans la passe avec le brig de 22° LIBERTY, capitaine George M'Kinley, et le lougre ARISTOCRAT, capitaine Abraham Gassett, malgré le feu d'un canon de 12 qui faisait toute la défense de cette passe. A midi 15", la division anglaise parut à l'ouvert de la baie, et la flottille joignit son feu à celui de la pièce de canon établie à terre; celle-ci cessa de tirer presque de suite, faute de munitions. Les Anglais s'en emparèrent d'abord. A 1a 30m, la frégate mouilla à une encabiure par la hanche de l'Étourdie; le brig et le lougre se placèrent derrière et l'attaque commença immédiatement. La défense fut vigoureuse, mais elle devait avoir un terme, et les Anglais pouvaient espérer que la lutte se terminerait par la capture de tous les bâtiments français; ils se trompaient. Le capitaine Dusaulchoy venait d'être tué et le second de la corvette, grièvement blessé. L'enseigne de vaisseau Montfort (Gilles-François), qui prit le commandement, ordonna à tous les capitaines d'incendier leurs navires. Cet ordre fut ponctuellement exécuté. Les embarcations anglaises voulurent arrêter l'incendie à bord de l'Étourdie; mais le feu de mousqueterie qu'on dirigea sur elles du rivage fut si vif qu'elles se virent obligées de se retirer. L'explosion de la corvette eut lieu vers 91. La division ennemie prit le large pendant la nuit.

Un convoi de 74 navires, parti de Brest pour Nantes et Rochefort, fut chassé, le 19 mars, par le travers de la baie d'Audierne, par la division du commodore anglais Sir Borlase Warren, en croisière sur la côte de Bretagne avec les frégates POMONE, ANSON de 48°, ARTOIS de 44 et GALATEA de 40. La brise était fraîche de l'E.-S.-E. Le capitaine Pillet, de la corvette la Cigogne, était spécialement chargé de la conduite des convois dans cette partie du golfe; mais l'importance de celui-ci ayant fait sentir la nécessité

d'augmenter le nombre des convoyeurs, l'escorte se trouvait composée des frégates la Proserpine de 42o, capitaine Daugier, la Tamise, la Variante (1) et la Coquille de 40, capitaines Fradin, Durand et Chesneau; des corvettes la Cigogne, l'Intrépide et de l'aviso les Trois Couleurs. Le capitaine Daugier avait pris le commandement provisoire en vertu de son ancienneté. Signal fut fait au convoi d'entrer dans le raz de Sein. Pendant qu'il manoeuvrait pour se conformer à cet ordre, les frégates qui protégeaient sa retraite engageaient la canonnade avec la division ennemie. Malheureusement les navires du commerce ne prirent pas tous la route qui leur avait été indiquée; quelques-uns se dirigèrent sur Audierne avec l'Intrépide et les Trois Couleurs; d'autres crurent trouver un abri derrière les Glenans. Les Anglais en prirent 6 et la flûte l'Étoile, capitaine Berthelin. Les frégates rentrèrent à Brest avec le reste.

L'enseigne de vaisseau Berthelin, traduit devant un conseil martial, fut acquitté à l'unanimité.

Le capitaine Letorzec, commandant la corvette de 20° la Sagesse, chargé de la protection des convois dans le Sud de la Loire, se rendant de la Rochelle à Nantes avec 4 navires et la flûte l'Éclatant qu'escortait aussi la corvette la Volage, capitaine Dubochet, eut connaissance, le 20 mars au matin, d'une division anglaise qu'il supposa être celle du commodore sir Edward Pellew. A 31 de l'après-midi, la Volage qui était de l'arrière, recevant les boulets des frégates avancées, mouilla auprès du Croisic, sous la protection d'une batterie de deux canons. La division ennemie laissa également tomber l'ancre, mais elle ne fit aucune démonstration pendant la nuit. Le lendemain elle se rapprocha et canonna la corvette de 61 à midi. Le capitaine Dubochet, qui s'était décidé à échouer la Volage aussi près

(1) L'ancienne Unité.

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